Ce qu'il se passe à force
+2
Pussicat
Cerval
6 participants
Page 1 sur 1
Ce qu'il se passe à force
je suis parti de ma vie, fermé la porte et perdu les clefs
j'ai gagné l'immensité bleue des miroirs
le reflet de l'eau se meut comme un réseau de feuilles
le vent m'a pris par la main
je suis allé dans cent maisons au moins
j'ai allumé une cigarette et j'ai souri
à tout ce qui me souriait en retour
pour mes mains, j'ai trouvé d'autres fonctions
la fonction du sable et de la mer
la fonction du chant et de la caresse
la fonction de la brise sur les fruits talés
j'ai pris la structure d'une fenêtre ouverte
où tombe le soleil comme un fruit
et lorsque je m'assois la nuit aussi s'assied
je prends tes mains comme des chemises
je vais avec elles où vont les chemins perdus
j'ai gagné l'immensité bleue des miroirs
le reflet de l'eau se meut comme un réseau de feuilles
le vent m'a pris par la main
je suis allé dans cent maisons au moins
j'ai allumé une cigarette et j'ai souri
à tout ce qui me souriait en retour
pour mes mains, j'ai trouvé d'autres fonctions
la fonction du sable et de la mer
la fonction du chant et de la caresse
la fonction de la brise sur les fruits talés
j'ai pris la structure d'une fenêtre ouverte
où tombe le soleil comme un fruit
et lorsque je m'assois la nuit aussi s'assied
je prends tes mains comme des chemises
je vais avec elles où vont les chemins perdus
Cerval- Nombre de messages : 286
Age : 32
Date d'inscription : 09/09/2012
Re: Ce qu'il se passe à force
Oui, rien que pour ça. Un coup de force, comme toujours. Ce qui me plaît tant avec ta poésie, je crois, c'est cette façon de subvertir les clichés du lyrisme, avec des images qui paraissent faussement plates et déconnectées les unes des autres au premier abord, presque saccadées. Je ressens à chaque fois comme une forme de détachement, de nonchalance et peut-être aussi de résignation, qui va sans doute de pair avec le personnage que tu as bâti en parallèle.Cerval a écrit:pour mes mains, j'ai trouvé d'autres fonctions
la fonction du sable et de la mer
la fonction du chant et de la caresse
la fonction de la brise sur les fruits talés
j'ai pris la structure d'une fenêtre ouverte
où tombe le soleil comme un fruit
et lorsque je m'assois la nuit aussi s'assied
Le phrasé lui-même me semble faire l'exhibition de son prosaïsme, du moins est-ce le sentiment que l'on peut avoir si l'on ne s'y penche pas de plus près : les patrons syntaxiques s'enchaînent à peu près tous selon le même ordonnancement, sujet-verbe-complément, mais quelques variations stylistiques subtilement orchestrées grippent la machine, à l'exemple de ce très bel alexandrin que j'ai mis en gras, disséminé parmi d'autres vers qu'il est bien plus dur d'enchâsser dans un cadre prosodique fixe.
J'ai aussi un faible pour le titre, très adéquat.
Pardon pour l'indigence du commentaire ; bonne continuation !
Invité- Invité
Re: Ce qu'il se passe à force
l'éclaircie
j'ouvre une fenêtre dans mon regard
tu as bien fait de mettre cette robe
cette robe comme une idée te suit
le vent la touche la souffle la pluie
et c'est la balle du jour au bout des lèvres
qui bascule entre ciel et vie
heureusement que je ne connais rien au cinéma
ma seule attention est pâle
du blanc des lettres sans adresse
ma seule attention est à mes mains
et roule comme la pulpe du fruit
ma seule attention est le silence
que concluent tes pas au corridor de l'âge
tu as marché dans les miroirs
la rue a tourné une autre de ses pages
comme dans les rêves c'est le murmure
du sable qui donne chair à tes pieds
à croire que la galanterie est naturalisable
à croire qu'à ne rien faire il vous vient des idées
j'ouvre une fenêtre dans mon regard
tu as bien fait de mettre cette robe
cette robe comme une idée te suit
le vent la touche la souffle la pluie
et c'est la balle du jour au bout des lèvres
qui bascule entre ciel et vie
heureusement que je ne connais rien au cinéma
ma seule attention est pâle
du blanc des lettres sans adresse
ma seule attention est à mes mains
et roule comme la pulpe du fruit
ma seule attention est le silence
que concluent tes pas au corridor de l'âge
tu as marché dans les miroirs
la rue a tourné une autre de ses pages
comme dans les rêves c'est le murmure
du sable qui donne chair à tes pieds
à croire que la galanterie est naturalisable
à croire qu'à ne rien faire il vous vient des idées
Cerval- Nombre de messages : 286
Age : 32
Date d'inscription : 09/09/2012
Re: Ce qu'il se passe à force
étrange ce premier vers, comme une explication...Cerval a écrit:je suis parti de ma vie, fermé la porte et perdu les clefs
comme un réseau...Cerval a écrit:j'ai gagné l'immensité bleue des miroirs
le reflet de l'eau se meut comme un réseau de feuilles
et j'ai jeté la cigarette dans la maison...Cerval a écrit:je suis allé dans cent maisons au moins
j'ai allumé une cigarette et j'ai souri
à tout ce qui me souriait en retour
….Cerval a écrit:pour mes mains, j'ai trouvé d'autres fonctions
et tout finit...Cerval a écrit:et lorsque je m'assois la nuit aussi s'assied
pas pour tout le monde...Cerval a écrit:je vais avec elles où vont les chemins perdus
étrange, vraiment très étrange,
cette lecture me laisse perplexe,
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Ce qu'il se passe à force
J'avais loupé ce texte avec cette histoire de fous. Encore une fois tu m'as bluffé. Je ne pourrais décrire mieux qu'alex ce qui est à l'oeuvre dans ta poésie... Je me réjouis de voir les récurrences qui te sont propres si épanouies dans tes dernières productions !
Loïc Relly- Nombre de messages : 120
Age : 31
Date d'inscription : 29/04/2013
Re: Ce qu'il se passe à force
Je suis vraiment profondément émue par ta poésie. J'essaie de saisir pourquoi.
Il y a cette sensation d'une parole qui laisse tomber tout ce qui est inutile, qui l'abandonne sur le chemin, pour ne garder que l'important. Dire sans rien remplir, sans rien fermer.
Et puis les images, qui ne sont pas des métaphores mais des accolements, d'où la réalité apparaît...une réalité évidente, simple, ou plus voilée, intime.
Et puis la tonalité émotionnelle aussi, cette légèreté sans emprise, gaieté et tristesse fondues, un peu comme du Mozart.
Il y a cette sensation d'une parole qui laisse tomber tout ce qui est inutile, qui l'abandonne sur le chemin, pour ne garder que l'important. Dire sans rien remplir, sans rien fermer.
Et puis les images, qui ne sont pas des métaphores mais des accolements, d'où la réalité apparaît...une réalité évidente, simple, ou plus voilée, intime.
Et puis la tonalité émotionnelle aussi, cette légèreté sans emprise, gaieté et tristesse fondues, un peu comme du Mozart.
Re: Ce qu'il se passe à force
La sensation d'écouter "Grace" en boucle. Aussi décoiffant et génial !
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Ce qu'il se passe à force
Ha ! ça j'aime encore mieux,
sauf
l'immensité bleue des miroirs.
C'est ça que je voulais te dire par "tu forces la poésie"
Ce vers fait poétique, veut être poétique, je le trouve, justement, "forcé"
comme une petite facilité, du moins c'est comme ça que je le perçois.
Mais tout le reste est plutôt bonnard
sauf
l'immensité bleue des miroirs.
C'est ça que je voulais te dire par "tu forces la poésie"
Ce vers fait poétique, veut être poétique, je le trouve, justement, "forcé"
comme une petite facilité, du moins c'est comme ça que je le perçois.
Mais tout le reste est plutôt bonnard
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|