Il a fait nuit tout le jour

[Catre]

Il a fait nuit tout le jour


Les branches des arbres semblaient vouloir s'accrocher au ciel
Tout en se balançant pour ne pas s'ennuyer
Et quand tombe le soleil
Le réverbère croit faire naître dans sa tête la seule lumière du monde.

Il y a quelque chose d'étonnant chez ces promeneurs nocturnes
Comme s'ils voulaient être les seuls à toucher le monde.

Viens ! on va jouer
A s'amuser.

[Annie]

Bienvenue Catre.

Je trouve délicieuse cette façon d'être au monde et de le regarder.
Toutefois, le poème est écrit comme on parle, je crois que la forme pourrait être davantage travaillée, par ex
"Les branches des arbres semblaient vouloir s'accrocher au ciel"
-l'imparfait ne se justifie pas compte tenu du présent du vers 4
-n'est-ce pas plutôt les arbres qui, de leurs branches, voudraient accrocher le ciel?

Ceci dit, quelques indications, pour ne pas avoir l'air de critiquer dans le vide, vous êtes maître de votre poème et je suis pas maître artisan!
Prenez le comme une marque de sympathie attentive.

[jfmoods]

Ce qui affleure, d'abord, du poème c'est le jeu des modalités qui présente le jour et la nuit comme deux candidats en lutte pour une suprématie ("semblaient vouloir s'accrocher" / "croit faire naître"). Le jeu des personnifications conforte cette impression première (les "branches des arbres" qui figurent des bras / la "tête" du réverbère). À cette aune, le jour pèse par sa durée (imparfait "semblaient", complément circonstanciel de but "pour ne pas s'ennuyer"). L'inversion du sujet et le passage au présent ("tombe le soleil") soulignent assez la fracture soudaine, le caractère salutaire du surgissement de la nuit, ce qui nous est confirmé par les deux expressions à valeur superlative qui suivent ("la seule lumière du monde", "les seuls à toucher le monde"). L'adjectif qualificatif "étonnant", comme un miroir inversé au verbe pronominal « s'ennuyer », illustre le fait que l'essentiel se passe ici, maintenant, comme le corrobore le déictique ("ces promeneurs nocturnes"). "Il a fait nuit tout le jour" : le jour n'a été que cette attente sans cesse repoussée de la nuit. Une nuit qui nous invite ("Viens !") aux plaisirs. La forme pléonasmique ("jouer / À s'amuser") insiste sur l'énergie à laquelle on va à présent donner libre cours.

[Frédéric Prunier]

Il a fait nuit tout le jour


Les branches des arbres semblaient vouloir s'accrocher au ciel
Tout en se balançant pour ne pas s'ennuyer
Et quand tombe le soleil
Le réverbère croit faire naître dans sa tête la seule lumière du monde.

Il y a quelque chose d'étonnant chez ces promeneurs nocturnes
Comme s'ils voulaient être les seuls à toucher le monde.

Viens ! on va jouer
A s'amuser.

.... juste la répétition du mot monde, quand je suis tombé dessus, me cassa un peu l'énorme musicalité de tout le reste... (il suffit de piocher dans les synonymes, il y en a bien quelque un qui m'explose l'univers ))))
après, c'est toije qui décide, c'est ta musique !!!


bravo de chez bravo
j'aime ce texte, image, symbolique, musicalité de lecture...
et bienvenue dans notre microcosme aussi éclaté aujourd'hui que tes étoiles dans ton ciel

dernier truc qui me passe par la tête
je pense que tu abordes la poésie dans le bon sens
c.a.d.
l'émotion avant tout ))

je clique sur envoyer et je m'en vais te relire

[Yoni Wolf]

Je suis assez impressionné, les images sont immédiates, ne sont pas lestées par le style, ou la volonté de rajouter du sucre dans le yahourt. La durée est parfaite, et la fin apporte une petite ironie, la marque d'une forme de retour sur l'émotion, vue à travers un autre filtre. Très bon. Et très agréablement imparfait.

[seyne]

oui, tout à fait d'accord.
Il y a ce déséquilibre auquel, pour moi, renvoie "s'accrocher au ciel", déséquilibre à mi-chemin entre plaisir et inquiétude, sans aucune dramatisation. Et puis la douce lumière de la naïveté, des choses et des gens.

[Catre]

Merci à vous d'avoir pris de votre temps.
Je suis touché.

[Cerval]

j'aime beaucoup aussi.

[Invité]

C'est de la vraie poésie, pour moi : thème original mais simple, traitement plein de fraîcheur sans mièvrerie, une sorte de joie naïve tout à fait contagieuse, on sort de ce texte heureux !

[pousse de bambou]

oui c'est très chouette, j'aime beaucoup. Ta poésie est directe, dépouillée d'attaches. L'image frappe directement l'oeil

[Lucy]

Tout a été dit par les autres commentateurs, je ne peux qu'aller dans leur sens.

[Pussicat]

il y a quelque chose détonnant dans ce texte qui me parle, qui déclenche des flashs...
je n'ai pas envie de comprendre pourquoi ce soir... j'ai juste envie de profiter...
je reviendrai...
bienvenue et merci pour la lecture,

[Sahkti]

Un texte frais, qui fait du bien.
J'ai un coup de coeur pour Tout en se balançant pour ne pas s'ennuyer, image délicieuse qui donne pleinement vie à ces arbres.
Au pliaisir de te lire, Catre.

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