Je vois…

[Rêvelin]

je vois toujours
le même visage imprimé
sous ma paupière
la nuit
je tends les bras
cherche la lumière
il n’apparaît qu’au fond
de mes yeux tristes
sans doute
il fait le tour de mon corps
chaque jour
et revient dans mon œil
quand mes mains fatiguées
de caresser le vide
se couchent avec le soleil

Spoiler:

[jfmoods]

Ce qui frappe, d'emblée, c'est le jeu de la répétition ("toujours le même"), de la régularité ("chaque jour") et de l'exclusivité ("n'apparaît qu'au fond de mes yeux") qui confère à ce moment très prégnant ("imprimé"), du fait de son caractère obstiné et insaisissable, le statut du fantasme. Les adjectifs qualificatifs à connotation négative qui accompagnent la description physique du locuteur ("yeux tristes", "mains fatiguées") plaident pour une projection, impossible à juguler, du besoin de l'autre, du désir insatisfait ("caresser le vide"). L'idée d'une circularité ("le tour de mon corps") qui puisse s'accomplir le jour hors de toute perception, hors de toute atteinte du sujet, sur une simple hypothèse ("sans doute") est singulière, fascinante. C'est donc, à chaque fois, le surgissement de la nuit qui, faisant aboutir le cycle schématiquement mimé par le poème ("yeux", "corps", "oeil"), ferait prendre conscience au sujet, par le truchement des mains, que son rapport au monde est entaché d'un manque fondamental.

[Cerval]

C'est joli

je vois toujours le même visage imprimé sous ma paupière la nuit
je tends les bras cherche la lumière il n’apparaît qu’au fond de mes yeux tristes
sans doute il fait le tour de mon corps chaque jour et revient dans mon œil
quand mes mains fatiguées de caresser le vide se couchent avec le soleil

je préfère ainsi

[Sahkti]

Ce même visage qui hante et qui marque...
Je me demande si une autre disposition, moins rigide, plus aérée avec des espaces, des blancs, des respirations, n'aurait pas davantage convenu au texte. Simple suggestion bien sûr.

[Contenu sponsorisé]