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L'avant, l'après

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Message  Cerval Jeu 5 Déc 2013 - 2:37

Lorsque je ferme les yeux, je me souviens de l’essentiel : j’ai toujours été un garçon sage. Je regardais tout : les robes, les costumes ça se repasse mais les visages je ne les touchais pas, et si je devais parler je mettais au pupitre ma voix, les mains bien allongées. Les enfants sages comprennent tout : ils épient, alors que les garnements passent trop de temps à se faire rouspéter. Je comprenais l’ordre, mais pas la dispute : ainsi on ne me grondait pas puisque je respectais l’ordre. Je vivais pourtant moi-même dans un grand désordre. Mais c’est toujours ainsi à vouloir connaître le monde. Par mon activité mentale de moi-même ignorée, tout de ses principes participait aux éléments des choses. Je restais des heures, sur n’importe quel lit, quelle plage à caresser les cheveux des flots, à remettre sa mèche à tout ce que mes gestes décoiffaient, je dormais longtemps sous ce grand ciel monté sur ressors. Ce que Dieu disait, j’y jouais tout le jour, pour mieux sauter du gratte-ciel que l'imagination fait. Chacun des pas était précédé par un craquement de feuilles, définition du mot soulier, et le soir, la nuit est tout le parfum de la lavande. Le houx mis aux portes comme des cils et dans la cour il y avait comme un jeu de pions de chaises niellées, puis le souffle brûlant les poumons les matins que l'on est en retard. Il y avait dans ce pays aisément de quoi fabriquer avec les échos des formes humaines.

Puis un jour il faut le quitter, on n'y laisse pas son marque-page. On se demande quoi faire des camarades d’alors. Nous vous mettons dans des cadres, chères images de la vie. Vous avez bien changé. Ne sont aimables que ceux qui n’ont pas enlaidi. On se dit que l’âme humaine est bien labile : certes un linge peut se plier de cette façon-là ou celle-ci. Alors avant de fermer je convoque la petite collection de mes redondances, puis fini. Je mets sous mon oreiller l’ensemble de mes spectres. De cette vie le soleil a joué à cache-cache avec l’ombre, si bien que les ombres, se tenant la main, sont devenues la nuit. Il est déjà voyez-vous l’heure de dormir dans l’ordre des choses humaines. Je ne veux pas trouver le sommeil, et le trouvant, je détourne les yeux. Car la nuit tout est mêlé de l’or des livres. Mes gestes soutenus par d’invisibles guillemets. Cette cigarette que je fume est bien la millième. Je croise les jambes et ne fais que penser à toi.

Je pouvais penser à toi durant des heures et des heures. On m’aurait demandé ton prénom que je n’aurais pas su quoi dire. Tu promenais partout avec toi tes joues fraîches qui sont comme une eau pure avant que l’on y mette à tremper les ombres. Je te regardais allumer tes cigarettes comme si tu leurs demandais pardon pendant que tes gestes, rubans dénoués, tombaient à mes pieds les uns après les autres : toute une collection de la douceur. Puis il fallait tout ranger, et tu mettais à la nuit les étoiles et ta chevelure en un chignon.

Ah. Tu as du feu ? Merci, cher ange. Je te parle, oui, puisque tu es là, que tu te as décidé de venir, alors tu n'as qu'à t'asseoir, et faire comme si je n'étais pas là, c'est bien ça que veut dire "fais comme chez toi" que je sache ? puisque toi si tu étais chez moi tu ne me laisserais pas sur ce canapé... mais qu'importe. Fais comme où il te plaît. Tu peux enfiler n'importe quelle panoplie de gestes. Je t'ai aperçue, tout à l'heure : tu étais sur mes lèvres ; juste avant, tu lisais contre l'armoire, et pas plus tard qu'hier tu fumais à l'ombre de la plante verte. Cette robe aujourd'hui te va bien mais ce n'est pas dire qu'autrement quelque chose te dénotait, c'est toujours si doucement que tu t'habilles, comme s'il y avait derrière chacun de tes pas un grand langage, et ta lèvre un peu timide.. sa façon un peu timide d'entrer dans la lumière, oui. Mais une fois qu'elle y est, elle y reste, en tout cas tout à mon regard.

Je te garde près de mon coeur énorme, ouvert, chaud, assieds-toi. Ce lierre que j'ai mis c'est bien pour te faire plaisir. Je ne voudrais plus t'écrire mais te parler. La parole se déploiera entre deux gestes, dans les marches calfeutrées de tes lèvres, elle s'irisera en un jet d'eau.

C'est bien inutile de dire que tu me fais penser à ce pays dont je parlais, le parallèle est toujours possible lorsqu'il n'y a que deux points, la droite même remarquera-t-on... mais ce serait malhonnête. Ce n'est pas de ça dont il s'agit. Tu es la pluie, tombée sur les dents pour inventer le rire, j'ai lu tous les livres dont on a fait ta peau ; maintenant je cesse de parler de toi. Je suis sans cesse, tous les soirs, dans cette chambre, dans cette chambre où tu ne viens que si tu veux, à parler de toi, entre mes dents, chique de tabac, entre mes dents, ça me berce - sorte de mer...

mais je m'ennuie

Cerval

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Message  Cerval Jeu 5 Déc 2013 - 3:35

JE CROIS QUE J'EN AI MARRE D’ÉCRIRE DE LA MERDE

Cerval

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Message  RICHARD2 Jeu 5 Déc 2013 - 9:18

J'ai bien aimé ces phrases
"les robes, les costumes ça se repasse mais les isages je les touchais pas."
"Tu peux enfiler n'importe quelle panoplie de gestes".
Un texte à la fois révolté et nostalgique pour écrire au bout du compte que l'on s'ennuie.
L'ennuie d'écrire, l'attente de quelqu'un.
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Message  Cerval Ven 6 Déc 2013 - 16:06

Voici une version autrement plus condensée.


DANS MON ENFANCE,

Je restais des heures, sur n’importe quel lit, n'importe quelle plage à caresser les cheveux des flots, à remettre sa mèche à tout ce que mes gestes décoiffaient, je dormais longtemps sous ce grand ciel monté sur ressors. Chacun des pas était précédé par un craquement de feuilles, définition du mot soulier, et le soir, la nuit est tout le parfum de la lavande. Le houx mis aux portes comme des cils et dans la cour il y avait comme un jeu de pions de chaises niellées, puis le souffle brûlant les poumons les matins que l'on est en retard... Il y avait dans ce pays aisément de quoi fabriquer avec les échos formes humaines.

PUIS,

un jour il faut le quitter, et on n'y laisse pas son marque-page. On se demande quoi faire des camarades d’alors. Nous vous mettons dans des cadres, chères images de la vie. Vous avez bien changé : ne sont aimables que ceux qui n’ont pas enlaidi. On se dit que l’âme humaine est bien labile : certes un linge peut se plier de cette façon-là ou celle-ci. De cette vie le soleil a joué à cache-cache avec l’ombre, si bien que les ombres, se tenant la main, sont devenues la nuit. Il est déjà voyez-vous l’heure de dormir dans l’ordre des choses humaines. Je ne veux pas trouver le sommeil, et le trouvant, je détourne les yeux. Car la nuit tout est mêlé de l’or des livres. Cette cigarette que je fume est bien la millième. Je croise les jambes et ne fais que penser à toi.

CONSÉQUEMMENT

Je pouvais penser à toi durant des heures et des heures, on m’aurait demandé ton prénom que je n’aurais pas su quoi dire... je te regardais allumer tes cigarettes comme si tu leurs demandais pardon pendant que tes gestes, rubans dénoués, tombaient à mes pieds les uns après les autres, toute une collection de la douceur. Puis il fallait tout ranger, et tu mettais à la nuit les étoiles et ta chevelure en un chignon.

SOUDAIN

Ah. Tu as du feu ? Merci, cher ange. Je te parle, oui, puisque tu es là, que tu as décidé de venir, alors tu n'as qu'à t'asseoir et faire comme si je n'étais pas là, c'est bien ça que veut dire "fais comme chez toi" que je sache ? puisque toi si tu étais chez moi tu ne me laisserais pas sur ce canapé... mais qu'importe. Je t'ai aperçue, tout à l'heure : tu étais sur mes lèvres ; juste avant, tu lisais contre l'armoire, et pas plus tard qu'hier tu fumais à l'ombre de la plante verte. Cette robe aujourd'hui te va bien mais ce n'est pas dire qu'autrement quelque chose te dénotait, c'est toujours si doucement que tu t'habilles, comme s'il y avait derrière chacun de tes pas un grand langage, et ta lèvre un peu timide.. sa façon un peu timide d'entrer dans la lumière, oui. Mais une fois qu'elle y est, elle y reste, en tout cas tout à mon regard.
Je te garde près de mon coeur énorme, ouvert, chaud, assieds-toi. Ce lierre que j'ai mis c'est bien pour te faire plaisir. Je ne voudrais plus t'écrire mais te parler. La parole se déploiera entre deux gestes, dans les marches calfeutrées de tes lèvres, elle s'irisera en un jet d'eau.

SACHE QUE

C'est bien inutile de dire que tu me fais penser à ce pays dont je parlais, le parallèle est toujours possible lorsqu'il n'y a que deux points, la droite même remarquera-t-on... mais ce serait malhonnête. Ce n'est pas de ça dont il s'agit. Tu es la pluie, tombée sur les dents pour inventer le rire, j'ai lu tous les livres dont on a fait ta peau ; maintenant je cesse de parler de toi. Je suis sans cesse, tous les soirs, dans cette chambre, dans cette chambre où tu ne viens que si tu veux, à parler de toi, entre mes dents, chique de tabac, entre mes dents, ça me berce - sorte de mer...

mais je m'ennuie

Cerval

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Message  Invité Sam 7 Déc 2013 - 22:25

D'abord, de la merde comme ça... beaucoup s'en contenteraient !

La deuxième version est plus concentrée, mais en revanche, je trouve les indications " dans mon enfance" "Puis" etc trop insistantes. Elles n'apportent rien et alourdissent, donnent l'impression que tu veux prendre le lecteur par la main pour l'amener là où tu as décidé. C'est dommage...
Mes phrases préférées
Ce qui me semble à revoir


DANS MON ENFANCE,

Je restais des heures, sur n’importe quel lit, n'importe quelle plage à caresser les cheveux des flots, à remettre sa mèche à tout ce que mes gestes décoiffaient, je dormais longtemps sous ce grand ciel monté sur ressorts. Chacun des pas était précédé par un craquement de feuilles, définition du mot soulier, et le soir, la nuit est tout le parfum de la lavande. Le houx mis aux portes comme des cils et dans la cour il y avait comme un jeu de pions de chaises niellées, puis le souffle brûlant les poumons les matins que ( où) l'on est en retard... Il y avait dans ce pays aisément de quoi fabriquer avec les échos formes humaines.

PUIS,

un jour il faut le quitter, et on n'y laisse pas son marque-page. On se demande quoi faire des camarades d’alors. Nous ( le passage du on au nous) vous mettons dans des cadres, chères images de la vie. Vous avez bien changé : ne sont aimables que ceux qui n’ont pas enlaidi. On se dit que l’âme humaine est bien labile : certes un linge peut se plier de cette façon-là ou celle-ci. De cette vie le soleil a joué à cache-cache avec l’ombre, si bien que les ombres, se tenant la main, sont devenues la nuit. Il est déjà voyez-vous l’heure de dormir dans l’ordre des choses humaines. Je ne veux pas trouver le sommeil, et le trouvant, je détourne les yeux. Car la nuit tout est mêlé de l’or des livres. Cette cigarette que je fume est bien la millième. Je croise les jambes et ne fais que penser à toi.

CONSÉQUEMMENT

Je pouvais penser à toi durant des heures et des heures, on m’aurait demandé ton prénom que je n’aurais pas su quoi dire... je te regardais allumer tes cigarettes comme si tu leurs demandais pardon pendant que tes gestes, rubans dénoués, tombaient à mes pieds les uns après les autres, toute une collection de la douceur. Puis il fallait tout ranger, et tu mettais à la nuit les étoiles et ta chevelure en un chignon.

SOUDAIN

Ah. Tu as du feu ? Merci, cher ange. Je te parle, oui, puisque tu es là, que tu as décidé de venir, alors tu n'as qu'à t'asseoir et faire comme si je n'étais pas là, c'est bien ça que veut dire "fais comme chez toi" que je sache ? puisque toi si tu étais chez moi tu ne me laisserais pas sur ce canapé... mais qu'importe. Je t'ai aperçue, tout à l'heure : tu étais sur mes lèvres ; juste avant, tu lisais contre l'armoire, et pas plus tard qu'hier tu fumais à l'ombre de la plante verte. Cette robe aujourd'hui te va bien mais ce n'est pas dire qu'autrement quelque chose te dénotait,( dénoter n'a pas ce sens) c'est toujours si doucement que tu t'habilles, comme s'il y avait derrière chacun de tes pas un grand langage, et ta lèvre un peu timide.. sa façon un peu timide d'entrer dans la lumière, oui. Mais une fois qu'elle y est, elle y reste, en tout cas tout à mon regard.
Je te garde près de mon coeur énorme, ouvert, chaud, assieds-toi. Ce lierre que j'ai mis c'est bien pour te faire plaisir. Je ne voudrais plus t'écrire mais te parler. La parole se déploiera entre deux gestes, dans les marches calfeutrées de tes lèvres, elle s'irisera en un jet d'eau.

SACHE QUE

C'est bien inutile de dire que tu me fais penser à ce pays dont je parlais, le parallèle est toujours possible lorsqu'il n'y a que deux points, la droite même remarquera-t-on... mais ce serait malhonnête. Ce n'est pas de ça dont il s'agit. Tu es la pluie, tombée sur les dents pour inventer le rire, j'ai lu tous les livres dont on a fait ta peau ; maintenant je cesse de parler de toi. Je suis sans cesse, tous les soirs, dans cette chambre, dans cette chambre où tu ne viens que si tu veux, à parler de toi, entre mes dents, chique de tabac, entre mes dents, ça me berce - sorte de mer...

mais je m'ennuie

La chute surprend...et oblige à relire le texte avec une autre focale.

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Message  Raoulraoul Dim 8 Déc 2013 - 10:56

Je n'ai eu le temps de lire que le premier texte. Mais il m'a enchanté. Quelle superbe écriture ! Une réflexion métaphysique sur le temps, l'absence, l'amour... mais jamais abstraite. Des beautés de pensées et de phrases. La force de ce texte est dans son impuissance à dire la complétude, pointer tout ce qui se dérobe dans le monde du sensible et des perceptions. Ainsi le texte creuse son sillon dans la tête du lecteur. Merci et bravo.
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