Involutif
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Involutif
le soir tombait sur sa bouche, elle l'a remis d'un geste de la main au miroir, elle a dit : cela n'a plus d'importance, et tout s'est séparé, on aurait dit des larmes; puis, ainsi éclairé, c'est assez de toutes les lueurs que l'imagination met au ciel, elle n'a plus besoin des réverbères : allume une cigarette et prend, dans les pas de son langage, toutes les mains qui veulent bien s'offrir, les enroule ainsi que le vêtement fait de la naissance (le sourire du visage, et plus encore des yeux) : les mains des buissons, des branches, celle du portillon de bois du jardin, tout va dans un sens choisi, et moi c'est ma respiration que contenue je garde en ma poitrine.
j'accouche ainsi chaque soir d'un soupir.
alternativement je choisis ou non un sens à ce que je dis. je ferme les yeux et rassemble sous eux les couleurs, les parfums; le bruit du pas sur l'herbe brisée : glace fragile de la mémoire. cela n'a plus d'importance. la pluie a les hanches fragiles. je me mets sous une lèvre quelconque. la neige de l'attente a commencé.
je me demande bien quoi faire, et comment se servir de tout ça;
les manèges se tiennent calfeutrés dans les surfaces de la robe (éventail que le vent plie et redéplie : jeu de cartes entre dieu et les créés) les manèges lumineux des regards qui viennent accrocher les fragments déccrochés (c'est une bâtisse dont le patio est au trois-quart mangé d'ombre. il y a dedans de la place pour les quelques brises qui passent, qui s'y arrêtent, comme les couleurs dans la peinture. la musique dehors est bien connue, bientôt on la croirait aussi nécessaire que la lumière... l'olivier est descendu jusqu'à terre : on le dirait un lit. le carrelage répond aux reflets de l'eau. leur chant n'est ni dans l'un, ni dans l'autre : il est suspendu. c'est comme la lecture entre les yeux et le texte.) ou bien, les manèges, c'est à dire les suites logiques de pas, d'inflexions, de paroles, (causes à conséquences, et alors lorsque le briquet s'allume un oiseau s'est envolé, il se rappelait du feu, et venu migrer à tes paupières) et alors qu'on croit tout réglé comme sur le papier à musique, on ne sait plus trop ce qu'au juste on fait, ce qu'on voulait faire. non : on ne sait plus trop, au juste.
le ciel n'a que du mépris pour les gens comme moi qui veulent changer leurs pensées comme lui son visage. piètre imitateur, dit-il. il passe en moi un vent moins doux que les regards sur les corps. c'est de ce qu'on peut connaître (tout à coup un accident : je t'aime), le seul désir.
je choisis, je ne choisis pas. j'attends et puis un jour on comprend : les choses choisissent pour vous. eh bien:
la pluie termine sur moi; je ne dis rien d'elle. mon pas a mangé toute l'herbe, on le dirait sa barbe. je garde le souvenir de tous les lieux dans l'angle que fait aux destinations ma jambe, je ne sais plus où aller. je pose mon corps comme un vêtement; le reprend; l'essaye; le repose; je l'échangerais bien contre un autre - lequel ? :
il faut tout oublier.
j'accouche ainsi chaque soir d'un soupir.
alternativement je choisis ou non un sens à ce que je dis. je ferme les yeux et rassemble sous eux les couleurs, les parfums; le bruit du pas sur l'herbe brisée : glace fragile de la mémoire. cela n'a plus d'importance. la pluie a les hanches fragiles. je me mets sous une lèvre quelconque. la neige de l'attente a commencé.
je me demande bien quoi faire, et comment se servir de tout ça;
les manèges se tiennent calfeutrés dans les surfaces de la robe (éventail que le vent plie et redéplie : jeu de cartes entre dieu et les créés) les manèges lumineux des regards qui viennent accrocher les fragments déccrochés (c'est une bâtisse dont le patio est au trois-quart mangé d'ombre. il y a dedans de la place pour les quelques brises qui passent, qui s'y arrêtent, comme les couleurs dans la peinture. la musique dehors est bien connue, bientôt on la croirait aussi nécessaire que la lumière... l'olivier est descendu jusqu'à terre : on le dirait un lit. le carrelage répond aux reflets de l'eau. leur chant n'est ni dans l'un, ni dans l'autre : il est suspendu. c'est comme la lecture entre les yeux et le texte.) ou bien, les manèges, c'est à dire les suites logiques de pas, d'inflexions, de paroles, (causes à conséquences, et alors lorsque le briquet s'allume un oiseau s'est envolé, il se rappelait du feu, et venu migrer à tes paupières) et alors qu'on croit tout réglé comme sur le papier à musique, on ne sait plus trop ce qu'au juste on fait, ce qu'on voulait faire. non : on ne sait plus trop, au juste.
le ciel n'a que du mépris pour les gens comme moi qui veulent changer leurs pensées comme lui son visage. piètre imitateur, dit-il. il passe en moi un vent moins doux que les regards sur les corps. c'est de ce qu'on peut connaître (tout à coup un accident : je t'aime), le seul désir.
je choisis, je ne choisis pas. j'attends et puis un jour on comprend : les choses choisissent pour vous. eh bien:
la pluie termine sur moi; je ne dis rien d'elle. mon pas a mangé toute l'herbe, on le dirait sa barbe. je garde le souvenir de tous les lieux dans l'angle que fait aux destinations ma jambe, je ne sais plus où aller. je pose mon corps comme un vêtement; le reprend; l'essaye; le repose; je l'échangerais bien contre un autre - lequel ? :
il faut tout oublier.
Cerval- Nombre de messages : 286
Age : 32
Date d'inscription : 09/09/2012
Re: Involutif
J'accroche complètement à ce que tu écris, Cerval, jusque dans ce qui pourrait apparaitre comme de ratés ou des redites, parce qu'il y a dans tes textes, outre des images belles, un mouvement qui me fait danser !
Coquille : qui viennent accrocher les fragments déccrochés
Coquille : qui viennent accrocher les fragments déccrochés
Invité- Invité
Re: Involutif
ta bouche est une église au milieu de la campagne
les murs sont habillés de lierres épais
les larmes rebondissent aux feuilles jusqu'à terre
comme toi tu cours d'image en image
vois-tu ce sentier
le parfum des lavandes sont les feuillets de la nuit d'où elle m'écrit ses lettres
la musique a recommencé
désormais je regarderai le soleil entrer dans les choses sans qu'il ôte ses souliers
il y en a un dans moi et ce ne sera plus la nuit
ta robe sera ton corps comme les mots ceux de l'idée
il y aura des souffles dans mes ongles et mes yeux
un sucre très doux fondera sur ma langue il ne dira rien de toi
je sens la vie va la vie vient
parfois tu t'arrêtes au milieu
et il y a un vol d'éperviers
mon sang retourne chez lui
une horloge tousse en moi
ma poitrine est une porte elle s'ouvre
et ce n'est plus que toi qui passe que la lumière comprend
il souffle un vent plus froid que dans mon ventre un animal
que je nourris de mon sang
je vais par tous les noms qui semblent ton nom
je vais dans l'eau comme si c'était ton eau
et dans le froid comme dans ta bouche
ta bouche est une église...
j'ai pris la nuit dans ma main
l'ai mise au tableau noir les étoiles fixées à la craie
le sang est une mosaïque la poitrine un reflet
je me baigne dans l'été
très doucement me couvrent les feuilles
j'oublie
les murs sont habillés de lierres épais
les larmes rebondissent aux feuilles jusqu'à terre
comme toi tu cours d'image en image
vois-tu ce sentier
le parfum des lavandes sont les feuillets de la nuit d'où elle m'écrit ses lettres
la musique a recommencé
désormais je regarderai le soleil entrer dans les choses sans qu'il ôte ses souliers
il y en a un dans moi et ce ne sera plus la nuit
ta robe sera ton corps comme les mots ceux de l'idée
il y aura des souffles dans mes ongles et mes yeux
un sucre très doux fondera sur ma langue il ne dira rien de toi
je sens la vie va la vie vient
parfois tu t'arrêtes au milieu
et il y a un vol d'éperviers
mon sang retourne chez lui
une horloge tousse en moi
ma poitrine est une porte elle s'ouvre
et ce n'est plus que toi qui passe que la lumière comprend
il souffle un vent plus froid que dans mon ventre un animal
que je nourris de mon sang
je vais par tous les noms qui semblent ton nom
je vais dans l'eau comme si c'était ton eau
et dans le froid comme dans ta bouche
ta bouche est une église...
j'ai pris la nuit dans ma main
l'ai mise au tableau noir les étoiles fixées à la craie
le sang est une mosaïque la poitrine un reflet
je me baigne dans l'été
très doucement me couvrent les feuilles
j'oublie
Cerval- Nombre de messages : 286
Age : 32
Date d'inscription : 09/09/2012
Re: Involutif
j'aime assez, vraiment, bien écrit.
Chonsdevie- Nombre de messages : 124
Age : 27
Date d'inscription : 12/10/2012
Re: Involutif
Il y a dans ma poitrine un animal
Qui ne sort que la nuit quand tout le monde dort
Alors lui regarde sa vie Il dit
A quoi bon
Et je lui donnerai volontiers raison
Si ce n'était pas qu'un animal
Mais je pense à toi d'une façon qui m'enveloppe
Et ma pensée se solidifie pour que s'y posent tes pas
Tout mouvement y est une caresse inachevée
Simplement tu entres La respiration change de mètre en moi
Les couleurs se mettent à ta bouche de s'y plaire mieux qu'au miroir
Le sentiment de la nuit se précise dans ma voix
Mais ta présence a neigé sur les draps
Je t'aime et c'est plus profond que dire je t'aime
C'est la nuit dans ma main que je berce à mon tour
Et de ce que je vois choisis de l'y mettre au jour
Et ton idée suffit au poème
Qui ne sort que la nuit quand tout le monde dort
Alors lui regarde sa vie Il dit
A quoi bon
Et je lui donnerai volontiers raison
Si ce n'était pas qu'un animal
Mais je pense à toi d'une façon qui m'enveloppe
Et ma pensée se solidifie pour que s'y posent tes pas
Tout mouvement y est une caresse inachevée
Simplement tu entres La respiration change de mètre en moi
Les couleurs se mettent à ta bouche de s'y plaire mieux qu'au miroir
Le sentiment de la nuit se précise dans ma voix
Mais ta présence a neigé sur les draps
Je t'aime et c'est plus profond que dire je t'aime
C'est la nuit dans ma main que je berce à mon tour
Et de ce que je vois choisis de l'y mettre au jour
Et ton idée suffit au poème
Cerval- Nombre de messages : 286
Age : 32
Date d'inscription : 09/09/2012
Re: Involutif
continuer, c'est vraiment super
Legone- Nombre de messages : 1121
Age : 50
Date d'inscription : 02/07/2012
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