Labours d'hiver

[Arielle]

Infiniment
se taire et tendre
à se déprendre :
Effacement

Coucher son cri
sous une pierre
sous la paupière
close des champs

Labours d’hiver
sommeil de terre
la vie se terre
au creux du temps

Tandis qu’au plus profond
mûrit du noir limon
la semaison

[Lucy]

Toujours beaucoup de mal à commenter des poèmes, pour ce que mes commentaires n'apportent absolument rien. Néanmoins, je tiens à souligner que j'ai apprécié ces quelques vers, leur sobriété.

[Polixène]

Rêche et riche, sombre et sobre, irisé d'espérance.

[Annie]

Arielle tu trouves le moyen d'aimer et de nous faire apprécier le sombre de l'hiver.
Silence et mystère où la vie secrète,
ininterrompue va, déclore s'y s'apprête

[CROISIC]

Bouleversant dans sa sobriété.
Le cri sous la pierre...
imaginer l'oeil assoupi des champs
j'ai mal et j'aime... car tu annonces quand même le printemps !

[Soliflore]

en silence la terre oeuvre pour une nouvelle naissance. C'est ce que me dit votre poème et j'aime beaucoup cette simplicité dans cette observation .
Toutefois, la deuxième strophe ne m'agrée pas du tout, qu'il s'agisse de "coucher le cri" ou bien "la paupière des champs"...deux images que je ne trouve pas heureuses, tant pour leur sens que pour leur mélodie.
Mais les deux dernières strophes: magnifiques!

[jfmoods]

Le pluriel du titre ("labours") suggère immédiatement au lecteur que sous le sens propre agricole du terme la poétesse file la métaphore de la création littéraire, ce que confirment l'allégorie ("Coucher son cri") et la personnification ("la paupière close des champs"). De fait, une ligne de fracture thématique - qui signale la double lecture - se dresse comme un jalon entre les deux premières strophes et les deux dernières. La tâche en elle-même (l'expression "sommeil de terre" marquant la nécessité d'une jachère) est exigeante ("se taire") à un degré extrême, comme le signale l'adverbe introductif ("Infiniment"). C'est l'image d'un repliement, d'un renoncement total à l'intention même de noircir ("effacement"), d'un renoncement à être dans une dépendance à l'écriture ("se déprendre"). Il ne s'agit rien moins que de parvenir à s'éprouver détaché de l'oeuvre, dans le sommeil des mots. En s'en retournant  "au creux du temps", c'est-à-dire dans la vie à même le sol ("se terre"), à même le temps vécu, le temps de l'échange, on laissera monter lentement, graduellement en soi ("mûrit"), comme malgré soi, sans y prendre part consciemment ("au plus profond"), cette sédimentation ("noir limon") porteuse de l'oeuvre à venir. Le raccourcissement progressif de la dernière strophe illustre le fait que cette privation janséniste sera le gage d'une récolte abondante.

Merci pour le voyage !

[Pussicat]

no comment !
sinon dire mon admiration renouvelée pour le choix des mots et ta science de l'écriture juste,
qui tape là,
merci,
très beau texte,
encore )))

[Legone]

Là ya de la musique même si certaines images sont discutables.

[Arielle]

Merci à tous pour vos lectures et vos commentaires.
Lucy il n'y a jamais de commentaire inutile pour quelqu'un qui publie un texte dans le but de savoir comment il peut être lu par un autre regard que le sien et j'apprécie tout particulièrement ton effort.
Soliflore je te remercie pour ta franchise concernant la deuxième strophe, cette personnification de la nature peut surprendre dans un contexte naturaliste mais je crois que jfmoods traduit, comme toujours bien mieux que je ne saurais le faire, l'allégorie qu'on peut deviner dans ces quelques lignes.

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