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Gai savoir, gai devoir

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Yoni Wolf
Raoulraoul
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Message  Raoulraoul Mar 18 Fév 2014 - 10:22

Gai savoir, gai devoir

Face au sceptique, nous sommes aventurier.
L’expérience est une vérité vérifiée.
Dans le vent, le froid, chaque pèlerin avance.
De sa fatigue, il tire une digne transe.
                                                  89

Si la mode est au retour des passions physiques,
Demain viendront les sauvageries authentiques.
Dans son fauteuil, le prince attend sa courtisane.
Elle lui a promis une chaude tisane.
                                               41

La cause d’un acte nécessite d’y croire.
Mais cette cause, elle provient de quel vouloir ?
La fillette tristement berce sa poupée,
Puis dans son lit, elle commence à la frapper.
                                                             44

Nous fuyons le silence et la méditation.
Toutes nos pensées sont le fruit d’une attention.
Ce vieil homme qui reste calme dans la rue,
On le voit, de ses pensées, guetter la venue.
                                                              6

De celui qui renonce, un combat est visible.
Dans son âme se lit sa geste positive.
Au fond de sa grotte, un ascète, amèrement,
Cherche encore à oublier son renoncement.
                                                         76

La conscience, cette vertu modératrice,
Continûment elle souffre, rongée par nos vices.
Dans les bois, en toutes saisons, un gibier court.
Devant le chasseur, il ouvre un œil de velours.
                                                               11

Nommons ce qui est sous nos yeux pour qu’il paraisse.
Le nom des choses seul fait la chose maîtresse.
Le long du chemin l’enfant ne s’arrête pas.
Sa mère s’arrête, plein de fleurs dans les bras.
                                                             261

L’ivresse nous fait traverser bien des dangers.
Sans elle, la chute est là, le fil peut casser.
Chaque matin le mari embrasse sa dame.
Chaque soir une femme espère en une flamme.
                                                              154
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Message  Yoni Wolf Mar 18 Fév 2014 - 11:00

Euh... Comment dire... C'est pas fameux, je veux dire, le rythme, les rimes. La disposition est sympa. Mais je te préfère largement en prose.
Tu écris des nouvelles incroyables, toujours à la recherche du mot juste, de l'image lumineuse.
Mais là c'est raté.
Dommage.
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http://lespigeonsecrases.blogspot.com/

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Message  Annie Mer 19 Fév 2014 - 8:10

En première lecture je ressens surtout de la maladresse, les vers coupés à la recherche d'une mesure, et les rimes forcées.
En y revenant des observations inattendues retiennent mon attention
"le prince attend sa courtisane.
Elle lui a promis une chaude tisane"
"De celui qui renonce, un combat est visible."
Et les nombres me laissent perplexe.

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Gai savoir, gai devoir Empty re : Eclaircissement

Message  Raoulraoul Mer 19 Fév 2014 - 10:13

Bien sûr ces alexandrins n'ont rien d'académique ni de parnassien... Ils sont inspirés du "Gai savoir" de Nietzsche. Chaque quatrain correspond à un paragraphe, les numéros permettent de les retrouver dans l'ouvrage de Nietzsche. Les deux premiers vers sont mon interprétation personnelle (du moins ce que j'ai voulu en retenir...) et les deux autres vers sont une analogie, une mise en situation, une illustration (parfois poétique...) du concept philosophique. Cette démarche m'a été suggérée par les "dainas", poèmes-quatrain de Lettonie, dont l'idée abstraite et suivie d'une image concrète.
Merci à Annie et Yoni.
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Message  jfmoods Mar 25 Fév 2014 - 9:38

Évidemment, la musicalité ne saute aux yeux d'emblée... mais écrire un texte en corrélation avec un autre n'est pas chose aisée. Surtout quand le propos est d'ordre philosophique, un brin aride, à caractère généralisateur. Toutefois, il suffit parfois de peu de choses pour redonner un peu d'élasticité. Au vers 11, par exemple, une inversion aurait été la bienvenue...

"Tristement, la fillette berce sa poupée"

Le passage le plus problématique pour le lecteur se situe aux vers 9 et 10.

Certains vers me plaisent particulièrement...

"Continûment elle souffre, rongée par nos vices."
"Le nom des choses seul fait la chose maîtresse."

Tu as toujours ce mérite d'être en recherche, de poursuivre sans cesse de nouvelles pistes d'expression et j'apprécie chez toi cette démarche qui force ton lecteur à remettre en cause ses habitudes, à "… faire sortir la léthargique en blouse de ses gonds encrassés...", comme disait Desproges.

Trouverions-nous, encore ici, en cherchant bien, quelques "binômes" ? Un fonctionnement par paires ?

Nietzsche, connais pas. C'est peut-être l'occasion de lire "Le gai savoir"... et de revenir vers ce texte.
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Message  Louis Mar 25 Fév 2014 - 16:11

Gai savoir : on pense immédiatement  à l'ouvrage de Nietzsche qui porte ce titre. Tu ajoutes « gai devoir », de façon surprenante, alors que Nietzsche voulait penser « Par-delà le bien et le mal. »
Un essai ici pour réconcilier Nietzsche et la morale ! ?

Le texte se présente en une série de strophes qui renvoient à l’œuvre de Nietzsche, faite d'une série de paragraphes.
Le numéro qui figure sous chacune de tes strophes renvoie probablement à ces paragraphes constitutifs du Gai savoir.
Chaque vers sonne comme un aphorisme, dont Nietzsche était coutumier.

Pourtant, le premier paragraphe ne semble pas avoir de rapport avec celui numéroté 89 du Gai savoir.  
Mon édition du livre de Nietzsche est celle traduite par Alexandre Vialatte. Au paragraphe 89 qui commence par Maintenant et jadis, il est question de l'art, or tes vers traitent un autre thème : la vérité.
Ce que tu en dis semble assez différent de la position de Nietzsche sur cette notion.
Mais il s'agit de s'en inspirer, il est vrai, non de le commenter ou l'expliquer.  
« Face au sceptique, nous sommes aventurier » : le sceptique doute toujours, nous nous distinguons de lui par notre esprit « aventurier », nous tentons une vérité, nous l'osons, nous prenons ce risque de la vérité, alors que le sceptique, très exigeant, préférera douter en l'absence d'une absolue certitude. Trop risqué pour lui de se prononcer, l'absolue vérité s'avère hors d'atteinte, il convient donc pour lui de toujours suspendre son jugement.
« L’expérience est une vérité vérifiée. » : l'expérience fait appel aux sens, dirait le sceptique, or comment faire totalement confiance aux sens, eux qui nous trompent si souvent ? Toutes nos perceptions ne sont peut-être qu'illusion !
Le « pèlerin », lui, « avance », dans la difficulté, « le vent, le froid », mais il avance : vers quoi avance-t-il ? Pèlerin, il ne doute pas, il croit, il a la foi. Pèlerin, il avancerait donc vers le sacré, vers le divin, vers la vérité en personne, vers Dieu ?
Mais « Dieu est mort » a écrit Nietzsche. Il est vrai toutefois qu'aujourd'hui il survit à sa propre mort...

Entre ton deuxième paragraphe et celui numéroté 41 du Gai savoir, on ne voit pas non plus le lien. Nietzsche y évoque « le remords », tu évoques le « retour des passions physiques ».
Les « grandes passions du passé », que sont-elles ? Quels sont ces désirs exaltés liés au corps  susceptibles de faire retour ? Quelles « passions » se seraient interrompues pour revenir ainsi au risque des « sauvageries authentiques » ?

Le troisième paragraphe semble, lui, bien inspiré du paragraphe 44 du livre de Nietzsche.
« La cause d’un acte nécessite d’y croire » : c'est une lecture de Nietzsche, or je le lis autrement : il distingue les « vraies » causes de nos actes et les croyances dans ce que sont les mobiles de nos actes ; les mobiles auxquels nous croyons ne sont pas les vraies causes de nos actes, Nietzsche anticipe ici sur ce que pensera Freud. La vraie cause d'un acte ne nécessite donc pas que l'on y croie ; le plus souvent cette cause est ignorée, ou alors, lorsqu'elle est révélée, on n'y croit pas.
Nietzsche considère qu'il est plus important de connaître nos croyances plutôt que les vraies causes qui « font agir l'humanité ». Pourquoi ? Ce qui est en jeu dans cette connaissance de nos croyances, c'est « le bonheur et la misère »
Nietzsche ne dit pas, du moins dans ce paragraphe 44, que la croyance est cause, cause plus efficace que la « vraie cause », ce qui ne serait pas très cohérent, mais que la croyance dans ce qui est vrai ou faux ( vraie ou fausse cause ), nous rend heureux ou malheureux. Ailleurs il dira, si je me souviens bien, que nous avons besoin d'illusions, en particulier, d'illusions d'art pour supporter la vie. Et chez Nietzsche, l'art est la plus haute puissance du faux, il est ce « beau mensonge » dont nous avons besoin pour nous stimuler à vivre. Seul l'art, puissance du faux, peut nous rendre moins malheureux.
Ce qui importe n'est pas le vrai, mais la croyance. Et la croyance désillusionnée, celle qui n'abuse pas, puisque aimer l'art, c'est aimer une illusion dont on sait qu'elle est illusion. L'illusion qui s'ignore elle-même, c'est elle qui doit être combattue.
L'image illustrative de ce paragraphe est celle d'une fillette dont le comportement peut surprendre :
«  La fillette tristement berce sa poupée,
Puis dans son lit, elle commence à la frapper »
Elle berce sa poupée, manifeste pour elle une tendresse, comme s'il s'agissait de son enfant, puis subitement la frappe avec violence. Mais que « croit » -elle la fillette, et que « veut »-elle ? La poupée est un substitut de ce à quoi, ou de la personne à qui elle veut faire violence. Son geste suppose qu'elle croie que la poupée soit, en effet, celle qui mérite des coups ; sa poupée subitement est devenue, à ses yeux, vilaine ; c'est elle qui est cause, croit la petite fille, des coups qu'elle lui assène. Elle se trompe, bien sûr, et ignore la vraie cause de son acte. Elle ne croit pas dans cette vraie cause, puisqu'elle l'ignore, mais ce qu'elle croit oriente son acte vers la poupée. Sans cette croyance, le comportement de la fillette serait inexplicable. Mais la croyance n'est pas malgré tout « nécessaire » à la cause de l'acte, tout au plus à l'orientation qu'il lui est donné.

Le quatrain inspiré du paragraphe 261 du Gai savoir, me semble le plus intéressant.
Nietzsche affirme que nous ne savons pas voir ce qui n'est pas nommé. Ce qui est sans nom n'est pas visible, n'existe pas. Nous ne savons voir la réalité qu'à travers le langage, nous ne savons percevoir que les choses indiquées par les mots existants. L' « originalité », dit Nietzsche, consiste alors dans la capacité à voir l'innomé, à percevoir ce qu'ordinairement on ne sait pas voir, faute de mots. Elle consiste à devenir « nommeur », et ainsi à faire voir. Voyants et créateurs de mots qui font apparaître les choses, ainsi se caractérisent les « originaux ».
On comprend alors l'injonction de l'aphorisme :  « Nommons ce qui est sous nos yeux pour qu’il paraisse. ». L'absence de mots est un aveuglement, ce qui est « sous nos yeux » dans cette situation ne paraît pas, ne se donne pas à nous vraiment. Rien ne nous saute aux yeux qui n'ait d'abord sauté d'un nom.
« Le nom des choses seul fait la chose maîtresse ». Maîtresse ou maîtrisée ?
Maîtresse en ce qu'elle s'impose à nous, mais par l'intermédiaire du mot qui la nomme. Mais le nom, le nom, ne reste-t-il pas le maître mot ?
L'image illustrative est bien vue, puisque bien dite :
« Le long du chemin l’enfant ne s’arrête pas.
Sa mère s’arrête, plein de fleurs dans les bras. »
Le long du chemin, l'enfant ne voit rien. Il ne s'arrête pas, rien ne l'arrête, trop peu de mots lui sont connus pour retenir son attention. Mais sa mère, qui sait le nom des fleurs, n'ignore ni la rose, ni le myosotis. Elle peut alors les voir et les cueillir. Elle sait le nom de la rose, et ainsi la rose lui paraît, et sait en faire un bouquet. Les noms nous sont aussi des yeux, un regard ; sans eux, ce que l'on voit, on ne le regarde pas.

Je crains d'avoir été trop long dans ce commentaire, je m'en tiendrai là.
L'ensemble du texte, expérimental, est intéressant, en quête d'une diversification et d'un renouvellement de la forme poétique.

Louis

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Message  Pussicat Dim 2 Mar 2014 - 16:28

j'ai lâché l'affaire très vite... je veux dire, la lecture est trop ardue pour moi...
je loue l'intention mais la forme n'est peut-être pas la bonne...
l'ensemble manque de musicalité pour moi...
et puis je te l'avoue, je ne vais pas m'aventurer dans une interprétation de ta lecture du Gai savoir, je ne l'ai pas lu.
Tu aurais choisi L'antéchrist, Par-delà le Bien et le Mal ou Ainsi parlait Zarathoustra, j'aurais pu essayer de commenter ton texte, avec modestie... mais là, désolée.
Je reviendrais,
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Message  Raoulraoul Dim 2 Mar 2014 - 18:03

jfmoods, Pussicat, qu'entendez-vous par musicalité ? Ce mot écran pour dire quoi au juste ? Ce que j'en sais demande à être vérifié, confirmé ?!... Merci
Raoulraoul
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Message  Pussicat Mer 5 Mar 2014 - 0:40

Raoulraoul a écrit:jfmoods, Pussicat, qu'entendez-vous par musicalité ? Ce mot écran pour dire quoi au juste ? Ce que j'en sais demande à être vérifié, confirmé ?!... Merci
"mot écran" je suis désolée Raoulraoul mais la poésie sans musique, ça n'existe pas.. enfin, c'est mon avis à moi... la poésie est musique... sans musique, pas de poésie.

je commencerai par le premier quatrain :

"Chaque question dérange un mystère dormant.
Chaque solution déplace un questionnement.
Dans sa chambre un garçonnet feuillette des livres.
Devant les miroirs il voit sa tête pensive."

dis-moi ?
il y a du sens, c'est tout.
il n'y a pas de musique.
quand je lis ce quatrain, je n'entends rien.
je te parle de musique.
les mots choisis ne portent pas autre chose que ce qu'ils sont par définition.
enfin, c'est petit, c'est ma lecture à moi...
voilà,


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