Tremblements au creux d'un lit

[TerebHantin]

J’ai rêvé
que j’étais une âme,
Que je n’avais conscience que de moi.

J’ai rêvé d’une nuit maternelle
Où le monde entier, silencieux,
M’enveloppait comme un drap de coton
Où le seul bruit se trouvait être le bruissement de l’air.

Je ne sentais qu’une chaleur régulière.
Une douce chaleur de foyer,
Au creux de mon être.
Et quelques fois
Une douce caresse, un frisson
Au cœur.

Ce rêve, j’aimerais le refaire.

Je ne sentais plus les coups
Je n’étais plus idiot,
Et je n’étais plus triste.

Ton hoquet se taisait.
Tes larmes se dissipaient.

Ce rêve rassurant
s’est éparpillé, entre mes doigts
Je l’ai vu par terre. Cassé.

J’ai vu tes morceaux
Ceux que j’ai si longtemps chéris
Je les ai vus sans les reconnaitre

Je m’en suis voulu.
J’ai crié
comme un enfant
J’ai tremblé de peur.

J’avais ton sang sur les mains.
J’ai essayé de te montrer le couteau
Que je n’avais pas voulu te tuer

Pourtant,
tu me fixais d’un air trahi.
Tu me fixais
comme une enfant triste
sans pouvoir te calmer

Peu à peu,
une grimace s’installait.
Un miroir qui me faisait me haïr
Peu à peu
la souffrance s’est figée sur ta peau.

Et tu essayais de m’attraper
Mais tout mon être reculait
Un voile se glissait entre nous
Je me suis senti coupé
De toi, de tout

Je me suis senti partir
seul
J’ai regretté mes mots.

Je n’ai plus.

[Polixène]

ThérebH antin, c'est un peu difficile d'aborder ton texte tant il est personnel, exclusif , tant il met dehors le lecteur . il lui dit : Vois, mais vous tu pourras comprendre, seule une vie -la mienne- pourrait te donner les clés
C'est dommage, je sens que tu as envie pourtant de partager.
Sécateur?

[TerebHantin]

Tu as probablement raison. J'ai hésité au moment de le poster. Je réécrirai quelque chose sur le sujet, ou je le retravaillerai.

Merci du passage

[Polixène]

Je crois qu'en poésie, la raison n'existe pas! Tu as bien fait de poster, il se peut que des personnes soient touchées par ce poème, qu'il leur fasse du bien. Je ne t'ai donné que mon ressenti, ce n'est pas une vérité.
Par contre, retravailler est toujours enrichissant, parfois un texte prend un tout autre visage.

(Et désolée pour la coquille, il fallait lire "Vois, mais tu ne pourras comprendre"...)

A te lire

[Lucy]

Pas du tout pro en poésie, mais je pense également que ce texte - très intéressant - mériterait d'être retravaillé.

[Raoulraoul]

La poésie a ceci de pratique est d'aimable ; elle accueille tout ce qu'on y veut bien. Mais en dehors de ton urgence (légitime) à "dire" ce rêve, je ne vois d'autres entrées. Où est le travail sur le langage ? Une des spécificités de la pouaisie...

[jfmoods]

reconnaître

Impossible de parler de ce poème sans évoquer, en parallèle, celui de CROISIC (Je ne tuerai que toi). Je regrette parfois que les textes présents ici ne puissent être triés par thématique, être mis en perspective sous cet angle particulier où ils pourraient se contredire, se compléter, s'échanger, alimentant une réflexion souterraine permanente les uns avec les autres.

Le travail du deuil. La recherche, si complexe, de cet espace où la figure prégnante de l'absent / de l'absente trouverait, enfin, en nous, son apaisement. Ce qui marque la lecture parallèle de vos deux poèmes, c'est la présence, obsessionnelle, dans des contextes bien différents, de ce meurtre symbolique de l'autre. L'arme est un pistolet chez CROISIC ; chez toi, c'est un couteau. L'autre prend toute la place, forcément. Même absent, il revendique encore, par l'ombre fantomatique de ce qu'il fut, une exclusivité absolue. Il n'admet pas la moindre concurrence. Alors, il faut le tuer, symboliquement, au prix de sa propre liberté. Cependant, dans "Je ne tuerai que toi", nous avons affaire à un meurtre à venir, projeté de sang-froid par une locutrice résolue à se libérer, à faire cesser une souffrance insupportable. Ici, il s'agir d'un meurtre commis, comme malgré lui, inconsciemment, par le locuteur. L'entame même du poème est paradoxale : ce qui devrait être naturel, la conscience de soi, doit attendre de se voir réveillé par le rêve. L'esprit du locuteur, incarcéré, emprisonné dans le souvenir de l'absente, lui révèle, par l'intermédiaire du rêve, d'un rêve de re-naissance, la profondeur d'une souffrance ("Je ne sentais plus les coups"), celle de ne pas avoir fait son deuil. Est-il si surprenant de constater que l'éparpillement du rêve et les morceaux de l'absente se rejoignent quasiment en une même image ? L'arme qui laisse "ton sang sur les mains", c'est le rêve, c'est l'acte libérateur qui révèle, d'un coup, la charge de tristesse ("hoquet", "larmes") portée jusque-là, la charge d'oppression du souvenir ("peur", "trahi", "fixait", "grimace", "m'attraper"). Le couteau du rêve tranche et libère ("Je me suis senti coupé / De toi, de tout") définitivement. Il s'agit, à présent, et ce n'est certes pas la tâche la moins ardue, de continuer à avancer ("seul", "Je n'ai plus.").

Merci pour le voyage !

[Jano]

Je rejoins entièrement l'avis de Raoulraoul. Des idées, de l'émotion mais pas d'esthétique au niveau de la forme. Les vers s'enchainent au petit bonheur la chance, aléatoirement, en espérant qu'ils trouveront une musicalité. Mais cette musicalité ne peux venir toute seule, il faut du rythme, des syllabes régulières qui se répondent, une structure globale qui porte davantage votre propos. Tel quel on dirait un texte découpé en morceaux. Ce n'est pas assez pour être véritablement de la poésie mais Seyne va encore dire que je suis chiant !

[TerebHantin]

Je me permets de te contredire Jano ! Pas de forme "au petit bonheur de la chance". J'admets cependant qu'on puisse ne pas s'y accorder comme je m'y accorde.
Raoulraoul : "Où est le travail sur le langage ?" Un peu partout. Il n'est peut-être pas sidérant, éclatant, jaillissant, mais je n'ai pas voulu le forcer.

Merci à tous les quatre.

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