Syllogismes d'un gars qui fume

[Raoulraoul]

Syllogismes d’un gars qui fume

Chaque question dérange un mystère dormant.
Chaque solution déplace un questionnement.
Dans sa chambre un garçonnet feuillette des livres.
Devant les miroirs il voit sa tête pensive.

Foi et politique aggravent le désespoir.
Une tristesse seule nous reste le soir.
La savane offre sa lumière au voyageur.
Quelques herbes bougent un peu dans la moiteur.

Un jour, vous n’aurez plus de honte ni de masque,
Car plus de secret, ces chagrins qui vous détraquent.
Jean est allé marcher au bord de la rivière.
Il y passe son temps à compter les poussières.

L’humain vit de ses chimères, seul le sceptique
Ne souffre plus, martyre du bon sens critique.
Enfant, après le cinéma, sur le trottoir,
Comme ses héros, il avançait dans la gloire.

On se cramponne au Temps, à toute heure on y songe.
On n’est jamais dedans. Comment vivre un mensonge ?
Le train passe à huit heures. Sur la voie j’me couche.
Il va bientôt passer, me dit vite une mouche.

Entre le colère et l’ennui où sommes-nous ?
Soi-même, à quel degré on existe, un peu fou ?
Madame ce matin s’est levée à midi,
Pleurant son amant parti en Patagonie.

Tout compte fait, l’envie connaîtra sa déprime,
Par cette vérité qui détruit le sublime.
Le captif sort de prison. L’air frais du matin
A une saveur qui enivre l’assassin.

Agissements et exploits répondent souvent
A des causes aux mobiles insignifiants.
Il conduit son bateau au-milieu des icebergs.
Il craignait autrefois que ses jouets, on lui perde.

Nous serons toujours insatiables. Un roi de Perse,
Déjà, cherchait des inventeurs de joies perverses.
Lili reçoit son mac. Ils boiront du thé vert,
Joueront au backgammon, lui fera sa prière.

**

[Legone]

Bonjour Raoul. En toute bonne foie, je suis ravi de ce passage en poésie, vous y gagnez selon mois beaucoup de percutant. Vos idées y sont plus ramassées et le lecteur entre dans votre univers plus aisément , il y reconnaît vos thèmes de prédilection, thèmes d'ailleurs quasi cervaliens.
Bravo et continuez.

[Raoulraoul]

Merci Legone pour tes encouragements. Tu es le seul, mais un lecteur attentif vaut bien une foule d'absents silencieux.

[Pussicat]

Merci Legone pour tes encouragements. Tu es le seul, mais un lecteur attentif vaut bien une foule d'absents silencieux.

ah, ah...
je viens grossir la "foule d'absents silencieux"
posté quand ce texte ? "Mar 4 Mar 2014 - 17:43"
Raoulraoul, laisse-nous le temps de lire, et relire... et relire... )))

bon je ne suis pas fan
je ne vais pas te mentir
encore moins te sortir mon refrain sur la musique
comment la lecture m'a posée problème
comment la lecture m'a posée problème...

j'aime ce que contient ton texte, ce que tu déploies, sa densité,
(malgré les contraintes de l'alexandrin - j'ai bien aimé ton 5/7 mais à trop en abuser, on s'en lasse... enfin je m'en lasse et il m'enlace dans une habitude... j'aurais aimé des variantes)
j'aime ce que contient ton texte, ce que tu déploies, sa densité,
mais je dois me forcer
et cela me gêne
et où y'a de la gêne
y'a pas de plaisir...

mais doit-on toujours trouver du plaisir à lire ?
je ne sais pas...
il y a des textes qui font mal et qui pourtant dégage une force
alors je dirais :

j'ai aimé ton texte
il dégage une puissance
des forces de propositions
des questionnements
des frayeurs
des peurs
des emballements

mais

j'ai encore du mal à lire ta poésie... j'aime le titre !

[Louis]

Le titre « Syllogismes d’un gars qui fume » semble constituer un pastiche de l'ouvrage de Cioran : «  Syllogismes de l'amertume ».
Il me semble aussi constituer un oxymore. Si le syllogisme, en effet, désigne un raisonnement soumis rigoureusement aux lois de la logique, la fumée que rejette le fumeur évoque, elle, tout à l'opposé de la contrainte et de la nécessité exigeantes du raisonnement, le mouvement erratique, aléatoire, désordonné.
Et c'est effectivement dans un ordre désordonné, que tu présentes, Raoul, ces quatrains, produits méditatifs du « gars qui fume ».
Ils sont construits comme ceux qui constituent ton précédent texte ( Gai savoir et gai devoir ). Ils nous invitent, à notre tour, à les méditer.

Il serait trop long de commenter chaque quatrain, chaque vers.
Ils méritent chacun, au fil du temps, une réflexion.

Merci, Raoul, de nous donner matière intéressante à méditation.

[Pussicat]

si au contraire cela entrait non pas dans une contrainte mais dans une voie le gars fume non par contrainte mais par choix, plaisir et on file le raisonnement du fumeur est de fumer ainsi gommant la vertu la fumée n'est plus un brouillard une "entité" aléatoire désordonnée elle est le produit d'un raisonnement d'un choix
et alors
le texte de Raoul tisse une poésie de la réflexion sous l'emprise du tabac
cigarette après cigarette Raoul construit une pensée qui "se cramponne au Temps"

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