Rue des imbéciles

[gaspard]

Rue des imbéciles (chanson)

On voit vraiment, sur les trottoirs des villes,
Des imbéciles.
Des types bizarres, à l'insulte facile,
Les imbéciles.
Il sont vraiment, plutôt antipathiques,
Diaboliques.

Ils ont des gueules sales et laides,
Des traits burinés et raides,
Des cheveux longs, crasseux et fous
Des tatouages un peu partout ;
Et tu croises leur regards flous,
Qui te fixent, par hasard,
Dans la rue,
…et voilà !

“Eh toi là bas !
Dis moi c'est quoi ton nom ?
Où c'est que tu vas ?
File moi deux ou trois ronds !“

***

Je presse le pas, je regarde mes godasses,
Quel imbécile !
Je n'entend pas, je me sens dégueulasse,
Quel imbécile !
Le type vacille, Il lâche un gros rot :
J'ai eu chaud !

Sur le dos de mon paletos,
Douillet confortable et beau,
Je sens flotter le parfum d'un reproche,
Pour l'avarice de mes poches.
Et je vois le regard fou,
Qui me fixe, par derrière,
Dans la rue,
…et voilà !

“Eh toi là bas !
C'est bien toi ? dis pas non !
De quoi t'as l'air ?
T'as vraiment l'air d'un con !“

***



J'ai bien sentis, qu'il y a un truc qui cloche
Quel imbécile !
Que c'est bizarre, d'avoir peur d'une cloche
Quel imbécile !
Et j'ai pensé, que si c'était mon môme
Ça m'ferait drôle…

Car ce sont bien nos enfants
Ces jeunes assis sur le banc
Ces égarés remplis de Mort Subite
Aux nez percés, à la mine détruite
Qui choississent de se passer de toit
Ils te voient, bon bourgeois,
Dans la rue,
…et voilà !

“Eh toi là bas !
Tu t'rapelles de mon nom ?
Aller Papa
Fais signe à ton fiston !“

***




…et peut-être une coda ? :

On est toujours,
Comme la plupart des gens,
Pas bien méchants ;

On est seulement,
Et la plupart du temps,
Plutôt indifférents.

…tsoin, tsoin !

[Yoni Wolf]

Mouais. Il y a des trucs pas mal mais le rythme est parfois maladroit. Pis la description des jeunes, même s'il y a de l'ironie, me gène. Toujours le même problème quand on met le mot imbécile, ou con: c'est toujours réducteur.

[So-Back]

assez d'accord avec Yoni
et puis des jeunes qui rançonnent ( les bourgeois)ne sont pas imbéciles, mais pragmatiques

[Invité]

Le rythme de ce texte est celui d'une chanson, (ok, l'auteur le dit et il a raison)
Le thème et la manière de le traiter me gêne un peu. Le fait de partir de jugements de valeur sur l'autre me dérange. Même si au cours du texte on sent la dérision, l'autodérision, les jugements sont tellement partout à chaque coin de vie que j'ai du mal à apprécier les poèmes qui les mettent en scène.
On a bien compris le but de l'auteur, tenter de balayer toutes ces mauvaises habitudes que nous avons tous mais le texte est là qui présente un monde assez manichéen et surtout basé sur le jugement selon l'apparence avec en opposition, le travailleur et le fainéant, le jeune et le vieux, le beau et le laid.

[gaspard]

Je pense, au vu de vos commentaires, avoir loupé ce que je voulais faire :  un tango des imbéciles. Car nous sommes tous l'imbécile de quelqu'un. Mais je ne parviens pas à passer devant ces types dans la rue sans ressentir une certaine crainte. j'ai pourtant moi-même été assez proche d'eux lorsque, jeune, je voyageais sac au dos sans conscience du danger. Maintenant j'ai des enfants et j'ai peur. je vieilli. Je crois que le mot “imbécile" est en effet mal choisi. Je le croyais dérisoire et presque infantile. En fait il est trop chargé. Je l'avais pensé comme le piéton qui devient automobiliste et dit : “ces piétons sont vraiment des cons“. Et vice versa.
Mais j'ai mal distingué le côté pathologique de ces gens qui n'ont rien à voir avec les clochards rimbaldiens de mon enfance.
“Je m'en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal“, etc.
Ce que je voulais dire, c'est : ce n'est plus comme ça, ce ne sont pas des bohèmes : ce sont des déchets de notre société. Mais c'est un raisonnement de vieux con.
Qu'ils nous égorgent nom de Dieu ! Et que Louise Michel se réveille pour les conduire…

Bon, c'est loupé ! Mais c'est un tango !

[seyne]

quand j'étais petite, on disait "les clochards" et il n'y en avait pas tellement, et on disait qu'ils préféraient vivre libres dans la rue...tout un folklore...sans doute c'était assez faux, mais c'était le plein emploi, c'était un peu plus vraisemblable.
Maintenant le spectacle de certains coins me retourne, surtout ces jeunes avec leurs chiens patients, rouges et déjà détruits par l'alcool, qui ont l'âge d'être mes enfants, dont j'imagine facilement ce qu'ils ont vécu d'échecs et d'impasses, et ce qui les attend.
Et puis ces fous qu'on a "désinstitutionnalisés" avec tant de beaux projets, et qui gesticulent et parlent tous seuls, dorment dans des renfoncements, meurent invisibles.

Moi j'ai aimé ton poème, il dit les choses. Juste quelques maladresses à revoir dans le choix des mots. Mais ne tombe pas dans le politiquement correct, par pitié.

[joe-joe]

Quelques fautes, de langue, de ponctuation aussi.
Comme d'autres, me gêne, me trouble ce doigt pointé vers nos rejetés sans que les causes ou les coupables ne soient désignés.
Quand le sage montre la lune, l'idiot ne regarde que son doigt... C'est un peu ce sentiment qui m'habite, face à ce texte. Nos sociétés gèrent la misère, la produisent, l'encadrent- faut-il en plus que nous riions de ce que deviendront, peut-être, nos propres enfants ?

[Annie]

Je le trouve bien ce pauvre poème plein de maladresses.
exemple "On voit vraiment, sur les trottoirs des villes, / Des imbéciles."
le vraiment est de trop selon moi pour le rythme, et n'ajoute rien au sens, au contraire, si on souligne que c'est vrai, c'est sûrement que c'est faux.
et ça recommence "Il sont vraiment, plutôt antipathiques,"
"Diaboliques" ce n'est pas le mot ; je suis en train de relire Boulgakov, et la diablerie là, ça veut dire qqchose!

Pour autant le poème est bon, pas manichéen, les imbéciles sont des 2 bords, l'interpelé autant que l'interpelant, et l'auteur ne montre de dérision qu'envers sa propre attitude. La coda ma paraît superflue.
Il n'y a pas lieu de dénoncer des coupables, parce que c'est un poème, pas un pamphlet, et je pense qu'un poème porte plus lourd, plus loin, quand il est réussi. Ne pas négliger l'action politique, au moins une manif de temps en temps, mais c'est une autre face de la pensée.

[gaspard]

Je le trouve bien ce pauvre poème plein de maladresses.
exemple "On voit vraiment, sur les trottoirs des villes, / Des imbéciles."
le vraiment est de trop selon moi pour le rythme, et n'ajoute rien au sens, au contraire, si on souligne que c'est vrai, c'est sûrement que c'est faux.
et ça recommence "Il sont vraiment, plutôt antipathiques,"
"Diaboliques" ce n'est pas le mot ; je suis en train de relire Boulgakov, et la diablerie là, ça veut dire qqchose!

Pour autant le poème est bon, pas manichéen, les imbéciles sont des 2 bords, l'interpelé autant que l'interpelant, et l'auteur ne montre de dérision qu'envers sa propre attitude. La coda ma paraît superflue.
Il n'y a pas lieu de dénoncer des coupables, parce que c'est un poème, pas un pamphlet, et je pense qu'un poème porte plus lourd, plus loin, quand il est réussi. Ne pas négliger l'action politique, au moins une manif de temps en temps, mais c'est une autre face de la pensée.

Je vais tout te dire : il manque la musique. C'est calqué sur un tango de Ferré (Monsieur Williams) :
“C'était vraiment, un employé modèle,
Monsieur Williams“
Tu as donc l'air et le rythme maintenant, vraiment.

[joe-joe]

"Il n'y a pas lieu de dénoncer des coupables, parce que c'est un poème, pas un pamphlet, et je pense qu'un poème porte plus lourd, plus loin, quand il est réussi. Ne pas négliger l'action politique, au moins une manif de temps en temps, mais c'est une autre face de la pensée."
Je dirais que là n'est pas la question, mais qu'il n'y a pas lieu de stigmatiser les victimes. C'est, à mes yeux, presque indécent.

[gaspard]

"Il n'y a pas lieu de dénoncer des coupables, parce que c'est un poème, pas un pamphlet, et je pense qu'un poème porte plus lourd, plus loin, quand il est réussi. Ne pas négliger l'action politique, au moins une manif de temps en temps, mais c'est une autre face de la pensée."
Je dirais que là n'est pas la question, mais qu'il n'y a pas lieu de stigmatiser les victimes. C'est, à mes yeux, presque indécent.

On fait quoi alors ? : une petite manif (réchauffement climatique?, condition animale?) de temps en temps, et deux paters. Et puis on reprend notre chemin et on continue à détourner les yeux ?
J'y reviendrai, ce thème m'obsède…

gaspard, il est demandé de répondre aux commentaires avec parcimonie afin d'éviter de faire remonter son texte sans arrêt en haut de la page. Merci, dès lors, d'utiliser le fil dédié aux discussions autour des textes (en y indiquant de préférence le titre du texte).
http://www.vosecrits.com/t14244-discussions-autour-de-nos-textes

[Frédéric Prunier]

perso,
je n'ai plus de complexe à ne pas donner,
comme à donner d'ailleurs,

je n'ai plus de complexe à dire non
depuis le jour où devant moi
un type qui faisait la manche dans le métro
a balancer les pièces jaunes qu'une petite dame lui avait donné
il lui a balancé en disant : qu'est-ce que tu veux que je foute avec si peu
...
depuis,
je donne ou je donne pas, c'est complètement aléatoire et sans réflexion autre que l'instinct,
Mercredi, lors d'un voyage à Paris, je n'ai pas donné à ce que j'ai vu comme des faux touristes perdus... qui m'a d'ailleurs traité de sale con parce que je n'ai pas contribué à sa petite entreprise
et il y a un mois, un type est entré dans ma boutique et je lui ai donné 10 euros.
...

ce texte, me résonne un peu démago
j'ai bien sûr hésiter à écrire ceci
ne voulant pas blesser son auteur
mais bon,
j'assume


bienvenue parmi nous Gaspard
amitié,
même si d'opinion nuancée

[joe-joe]

Tu me cites citant... ça devient un peu confus.
Pour ma part, je ne crois pas avoir dit de ne rien faire, tout au contraire. Tes bondieuseries (pater, ave) ne me concernent en rien.
En revanche, je te le répète, puisque tu as l'air d'avoir des difficultés à comprendre ce que je dis: stigmatiser les victimes me semble facile, et je reste poli. Très poli.

[seyne]

Je ne trouve pas que le poème stigmatise qui que ce soit. Il dit qu'être pauvre ne rend pas meilleur, être riche ne rend pas meilleur. L'existence même de la misère met de la dureté dans les rapports humains, fait de tous "des imbéciles".
Et donner ou pas à des gentils ou des méchants pauvres ne fait qu'engluer la question dans des positions moralisantes et sentimentales assez inefficaces.

Mais en plus de le dire, c'est un poème.

[joe-joe]

Est-ce un poème ? (Je n'en jurerai pas.)

[seyne]

.....comme je ne suis pas sûre de la réponse je dirai : si les fables de La Fontaine sont des poèmes, alors c'en est un.

[joe-joe]

Pour moi, non.

[Frédéric Prunier]

si l'on considère la poétique comme une élaboration musicale et imagée de la phrase
ici
la versification crée la musicalité, le phrasé
par contre, il n'est pas vraiment une fenêtre qui ouvre un paysage au lecteur...

Pourriez-vous, comme demandé, débattre du texte, dans le fil consacré aux discussions, svp ? Merci !

[seyne]

.à modération

Quand une règle est très souvent transgressée, c'est généralement qu'elle est inadaptée. Je rappelle ce qui en avait été dit dans le fil : "proposer".

Où en est-on des différentes propositions faites à ce moment-là ?

Que la règle existe et qu'elle se doit d'être respectée, sous peine de provoquer un verrouillage du texte pour remontées intempestives. L'objectif de cette règle est justement d'éviter qu'un même texte se retrouve constamment en haut de page, au détriment des autres productions. Si pour le moment le site est calme, cela n'a pas toujours été le cas et il a été constaté que ces remontées pouvaient poser des problèmes, d'où l'actuel maintien de la règle. Merci.

Suite de la discussion, si jamais, ici: http://www.vosecrits.com/t3497-reorganisation-du-forum-vos-avis-et-idees-d-amelioration et pas dans ce fil.

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