Paseo

[post scriptum]

Dansez silhouettes apaisées
Sous l’instant rouge de l’île
Où picorent vos pas graciles
Le vent passé, instant baisé.

Soulevez la peau, pierre morte
Pour ressentir le vif sourire,
Pour revenir sous souvenir
Et encore inspirer sous porte

Lèvres lisses et mots complices.
Pieds absurdes à la fin du bal
Où râle et pas puis pas et râle
S’étreignent, dansent au temps supplice.

Souffle dernier sur vagues glisse
Et pour toujours la vie déplisse

Pieds reposés,
Pierres posées,

Instants dansés
Dans l’air passé.

[TerebHantin]

Salut,
J'aime beaucoup le fond. Pas grand chose d'autre à dire !

[Frédéric Prunier]

cher post sript,

ce que vous écrivez-là, j'aurais pu l'écrire, parce que j'aime bien cette musicalité en dérapage contrôlé
persoje, je donnerais peut-être juste un ou deux éléments supplémentaires pour aider, dès la première lecture, à situer le contexte.... genre cimetière, ruines nocturnes, bal des vampires... )))
..reste à l'auteur de trouver le bon compromis pour poncifier sans poncifier, donner sans donner, tout en se laissant recevoir, bien sûr... euh... non j'ai pas bu !!!
avec ce texte, vous faîtes un pas dans le bon sens, moije vouldis !!!
amitié

[post scriptum]

Merci pour vos commentaires.
Frédéric Prunier, le vôtre m'a fait retoucher la première strophe.

Vers 2 : "Sous les cyprès rouges de l’île"

On a beau dire mais c'est toujours un plaisir d'être compris ...

Amitié

[Pussicat]

ah j'aime ! et la correction est bienvenue,
pas d'accord avec toi Fred, le titre suffit,
les éléments que tu défends pèseraient sur le texte alors qu'il glisse dans l'ombre de ma nuit,
re-j'aime,

[So-Back]

je ne connaissais pas le sens de Paseo, donc Google , et tauromachie,
dans la tauromachie j'aime les arènes, les airs de musique, le folklore
mais je suis contre les banderilles la mise a mort , et autres souffrances indignes des hommes

[jfmoods]

Par l'intermédiaire de deux verbes de mouvement à l'impératif ("Dansez", "Soulevez"), le locuteur invite au prolongement d'un spectacle dont l'apparence première est celle d'une chorégraphie menée par un groupe de ballerines ("pas graciles", "fin du bal", "instants dansés"). L'antithèse ("S’étreignent, dansent au temps supplice.") met cependant en lumière le véritable enjeu sacrificatoire du lieu. Le chiasme ("Où râle et pas puis pas et râle") définit l'abjecte répartition des rôles. Les vers holorimes ("Pieds reposés, / Pierres posées") qui font écho à un premier double sens esquissé ("peau, pierre morte" / "paupière morte "), créent, dans les deux cas, un effet de calque, de superposition, comme l'évidence, insupportable, d'un glissement direct, mécanique, de vie à trépas. Les connotations péjoratives employées pour parler des intervenants ne laissent planer aucun doute sur la condamnation implicite du locuteur. Ainsi l'adjectif "absurdes", comme un état des lieux dépourvu d'aménité. Ainsi ces "pas", assimilés à de grotesques pattes de poule ("picorent"). Ainsi ces "silhouettes", dans lesquelles on ne reconnaît qu'une forme vague, comme non assumée, de l'humain. Ainsi ces "mots complices" qui élargissent le propos au public présent. L'adjectif "apaisées" met en exergue le caractère débridé, éprouvé comme nécessaire, de la violence qui vient de s'exercer. Comme si la nature de l'homme était concomitante à l'expression et au partage de cette brutalité du fond des âges, comme si tout tendait violemment vers la répétition obsédante de cet "instant" fasciné où la vie se trouve brutalement arrachée ("ressentir", "revenir sous souvenir", "inspirer", "souffle dernier", "glisse", "déplisse"), ce moment où l'on respirerait avec délectation, jouissance ("baisé"), le fumet de la mort infligée à l'éternelle victime expiatoire.

Merci pour ce partage !

[Annie]

La promenade - il me semble que c'est un sens du mot paseo (et je n'ai délibérément pas consulté gg), donc la promenade rituelle, non pas sous les tilleuls verts, ce serait plutôt les platanes, les garçons et les filles se croisent, se lancent des œillades plus ou moins accrocheuses, plus ou moins dissimulées, voire simulées ; promenades interminables jusqu'à s'user les jambes et les pieds, voilà les images que ce texte évoque pour moi.
Et c'est une belle images, donnant le rythme de cette parade, en fait c'est de ça qu'il s'agit, à la fois languissante et ardente.

Je suis moins satisfaite de la forme.
"passé, instant baisé."  hiatus, pourquoi pas l'instant?
" sous souvenir" soussou.. no comment
"Et encore inspirer sous porte" encore un hiatus, et la suppression de l'article ; Encore inspirer sous la porte ? ou nos/vos/les portes ou tout ce que vous voudrez
"Où râle et pas puis pas et râle" râle et pas, passons, mais paséral, un écho à paseo ?
"sur vagues glisse" les vagues
"Pieds reposés,
Pierres posées," une réussite pour exprimer que tout ce joli monde finira au cimetière !
"Instants dansés
Dans l’air passé." je n'ai rien à redire à instant sans article :-)

Comme dirait jfmoods, merci du voyage.

[Contenu sponsorisé]