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Autoportrait au gouffre intérieur

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Frédéric Prunier
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Autoportrait au gouffre intérieur Empty Autoportrait au gouffre intérieur

Message  gaspard Ven 9 Mai 2014 - 10:00

Autoportrait au gouffre intérieur.

J'aime être Gaspard Delhuître.

La machine écrivante à l'intérieur de moi s'attache à son nouvel avatar.
Je me penche différemment sur ce néant qu'est l'intérieur de mon corps. Avec un regard neuf. Car la machine ayant changé de nom n'est plus semblable. Et c'est une nouvelle révélation qu'il faut chercher.
Ce vide là dedans est beaucoup plus vaste que ne le laisse penser l'enveloppe extérieure. C'est vrai pour la tête. Elle est le siège du monde entier. C'est aussi vrai pour le reste du corps. Je parle du charnel. Il y a là dedans des vastitudes considérables.
Et je penche cette tête que j'ai prise dans mes mains pour qu'elle se penche et scrute la cavité de ce nouveau corps..
Et je cherche à distinguer ce qui se passe en observant la ténèbres intérieure par tous les orifices possibles.
Je suis dans une représentation de moi même schizophrénique. Tous mes membres tournent autours de moi comme des astres mécaniques —pelles et pinces, pénis et paluches— reliés à un essieu par des jeux complexes de cardans, de poulies et de tendons plus ou moins organiques et incompréhensibles. Tout ce qui est dedans cherche à sortir. L'avatar essaye désespérément de mettre un peu d'ordre dans le chaos. C'est ça écrire pour Gaspard. C'est l'obligation faite au chaos de s'écouler en goutte à goutte.

C'est mal m'expliquer. Je reprends.

Il y a au dedans une immensité de l'être qui ne se perçoit pas de l'extérieur.
Qui se regarde dans une glace se regarde comme s'il était un autre.
Il contemple cet autre qui serait moi. Avatar différent, moi différent.
A l'intérieur de ce reflet, il n'y a à l'évidence rien. Mais un rien un rien différent.
Ce qui est en moi n'est pas dans mon double qui n'est qu'un fantôme, pour ne pas dire un fantoche.
D'un côté, il faut tenter de rassembler d'absurdes juxtaposition, comme un surréaliste. De l'autre, il s'agit de laisser filer une continuité. Comme un musicien.
On conçoit aisément que notre regard fait exister notre reflet. Le regard des autres nous positionne à l'intérieur de la réalité quotidienne. Mais, au dedans, rien ne subsiste de ces évidences. On se perd immédiatement dans un dédale de suppositions.
Le ressenti reste que c'est le vide qui domine. Alors écrire ce n'est plus s'exprimer —ce que pensait encore le précédent avatar—  c'est à présent tricoter.

Je me demande si c'est clair : tricoter un texte ?

Dans la plénitude zen de l'instant rythmé par les clapotis des touches de l'ordinateur ou le feulement lointain du stylo sur le papier —qu'importe, c'est un faux problème— l'ouvrage patiemment avance. J'allais dire “sans rime ni raison“.
Et pourtant si.
Bien obligé de le relire comme un œil étranger, il fait sens. C'est un chemin où il devient possible de se promener avec des amis, qui croise d'autres chemins, des routes. Et l'on a envie d'aller voir à l'intérieur d'un autre où mènent ses chemins, etc.
Et puis je regarde les chemins tracés par l'ancien avatar : celui qui s'est métempsychosé en mon moi d'aujourd'hui, ce provisoire destin. Il est rieur mais gris.
Alors que ce Gaspard est en couleur. Et ça c'est une grande nouveauté. Un surgissement. Et quel surgissement que celui de la couleur dans un texte ! Ce n'est plus le rire. C'est sérieux comme tout la couleur. C'est un supplément incontestable de réalité. Avec elle vont les odeurs, les sons, le toucher. Je veux voir où ça me mène. C'est comme un supplément d'âme.

Une petit relecture avant de poster ce texte de nouvelle aventure :
Pour l'instant, il ne se passe pas grand chose. Peut-être toutefois une manie nouvelle : celle de commencer un grand nombre de phrases par “Et“.
Et la force de faire des phrases plus courtes.
Deux signes de volonté de maîtrise et de détachement.
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Message  Frédéric Prunier Ven 9 Mai 2014 - 10:22

nous sommes vivants

qui que l'on soit

Et l'écriture

un moyen

d'être
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Message  jfmoods Ven 9 Mai 2014 - 11:26

Voilà un texte qui ne manque pas d'intérêt.

Les choses changent, c'est vrai.

Ceci étant dit, il est des choses qui ne changent pas.

Par exemple, tu es toujours aussi fâché avec les tirets. ;-)
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Message  hi wen Ven 9 Mai 2014 - 20:35

je ne suis pas d'akort sur vastitude considérable, immensité de l'être. car partout où il y a de l'être, il y a du moins un, l'etre ne se constitue qu'à la force de ce moins un. c'est une sacrée entreprise d'être, car il faut accepter le moins un qui va avec.
la vastitude, l'immensité, est ce moins un qui se refuse, et le gouffre interieur, un plein à satiété, suturé d'absence de moins un. non vide, mais gavé comme un coq en pâte de la négation de sa négation. enchainé à une croyance ridicule, à la dérisoire tentative de juguler le manque, serait-ce au prix du non-être.
c'est mal expliquer. je reprends : il faut que le non'ètre soit. car le non'ètre est.


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Message  Pussicat Sam 10 Mai 2014 - 2:38

bonjour Gaspard Delhuître,
nouvel avatar de l'être, et de lettres )))
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Message  Ba Sam 10 Mai 2014 - 4:45

...Et chacun de se reconnaître dans ce parcours. Va-t-il se passer quelque chose de nouveau ? Allez savoir, c'est tout le charme de l'aventure des mots.
Et...
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Message  jfmoods Mer 14 Mai 2014 - 19:41

"là-dedans" x 2
"la ténèbre intérieure"
"moi-même"
"autour"
"au-dedans" x 2
"juxtapositions"

Une belle densité à explorer...

Au fait : titre peu accrocheur. "Selfie de ouf", ça l'aurait fait ! ;-)
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Message  gaspard Mer 14 Mai 2014 - 19:55

jfmoods a écrit:(…)
"la ténèbre intérieure"
(…))[/u]


Le reste OK, mais ça je comprends pas…
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Message  seyne Mer 14 Mai 2014 - 20:17

Ben, t'avais mis un s.

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Message  gaspard Jeu 15 Mai 2014 - 13:27

seyne a écrit:Ben, t'avais mis un s.


Décidément, je suis distrait : je pense vraiment à autres choses quand j'écris. Merci.
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Message  Jano Ven 16 Mai 2014 - 8:35

Je regrette le manque de clarté de votre texte. Vos introspections me semblent assez obscures mais sans doute que je ne me suis pas assez concentré pour vous comprendre. Pour dire vrai, les sempiternels discours sur l'acte d'écrire, cet égotisme sous-jacent ont le don de profondément m'ennuyer. Le lecteur se fout de ce qui nous pousse vers l'écriture, ce qu'il veut c'est s'évader dans des histoires, vibrer hors du quotidien. Vous vous racontez tout seul et l'intérêt en pâtit. Un autoportrait devient attachant quand il s'appuie sur autrui, qu'il établit des comparaisons et peut ainsi se prétendre commun.
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Message  jfmoods Dim 18 Mai 2014 - 14:37

Le titre, en forme de paradoxe, dresse les enjeux complexes du texte. Il est bien question ici d'identité. Non pas celle de l'individu lui-même, mais celle de cette partie intime de lui tournée vers l'écrit (métonymies : "machine écrivante", plus loin "machine") et faisant partager ses textes. Des circonstances particulières ont fait que le membre du forum a quitté les lieux puis y est revenu sous un nouveau pseudonyme pour lequel il marque ici un attachement certain ("J'aime être Gaspard Delhuître.") et sous un avatar de son invention auquel il s'est pris d'une certaine affection. Cette configuration nouvelle a  totalement modifié son rapport à l'écrit (parallélisme : "Avatar différent, moi différent", paradoxes : "moi-même schizophrénique", "Mais un rien un rien différent."). Les nombreuses hyperboles qui jalonnent la première partie du texte ("beaucoup plus vaste", "le siège du monde entier", "des vastitudes considérables", "par tous les orifices possibles", "Tous mes membres", "une immensité de l'être") ainsi que la gradation ("C'est vrai pour la tête... C'est aussi vrai pour le reste du corps.") rendent compte de ce profond bouleversement. L'impression de se trouver, tout à coup, sans repères, au bord du "vide" (mot cité deux fois). Le jeu des accumulations ("pelles et pinces, pénis et paluches", "cardans, poulies, tendons", "les odeurs, les sons, le toucher") manifeste une fascinante, débordante... et enrichissante confusion de la perspective. Comme si les rouages premiers de l'écriture s'étaient vus substitués par une improbable imbrication d'éléments nouveaux, disparates, le corporel et le mécanique articulant un inédit et troublant appareillage apte à affiner le travail de perception des sens. Le propos du locuteur se veut explicatif sur cette situation, ce qui peut se lire notamment dans la mise à distance créée par les démonstratifs, qu'ils soient adjectifs ou pronoms (abondance des "ce", présence de "cette", "celle") et par le présentatif "c'est" qui revient avec une grande régularité. Le locuteur s'efforce d'impliquer le lecteur dans le processus qui le traverse. Il prend celui-ci à témoin au travers d'une analogie, en utilisant le présent de vérité générale associé à des pronoms à valeur universelle ("Qui se regarde dans une glace se regarde comme s'il était un autre.", "On conçoit aisément que notre regard fait exister notre reflet. Le regard des autres nous positionne à l'intérieur de la réalité quotidienne. Mais, au-dedans, rien ne subsiste de ces évidences. On se perd immédiatement dans un dédale de suppositions.") pour l'amener à saisir l'étrangeté qui se joue à l'intérieur de ses propres références. Le locuteur ne peut que décrire avec étonnement le processus d'agencement progressif et contradictoire de son texte (paradoxe : "l'obligation faite au chaos de s'écouler goutte à goutte", antithèse :  "D'un côté, il faut tenter de rassembler d'absurdes juxtapositions, comme un surréaliste. De l'autre, il s'agit de laisser filer une continuité. Comme un musicien."). D'où le verbe "tricoter". Comme on entreprendrait un travail d'aiguilles, un véritable travail d'aiguilleur sur des rails qui se poseraient au fur et à mesure sur la voie, sans plan d'ensemble véritablement concerté, décidé d'avance. Une première maille que l'on devrait faire en étant projeté dans le noir ("ténèbre intérieure"), l'autre pour laquelle on serait renvoyé en pleine lumière, et ainsi de suite, en un mouvement de balancier permanent. Déconcerté, le locuteur se découvre donc en écriture, plus bigarré qu'avant (quand il se décrivait sous l'égide de l'antithèse "rieur mais gris »), de passage en l'une de ses multiples réincarnations  (paradoxe : "ce provisoire destin"), comme par un phénomène de métempsychose.

Merci pour le partage !
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Message  gaspard Dim 18 Mai 2014 - 17:52

jfmoods a écrit:(…)

Merci pour le partage !

Voici un véritable travail de lecture et d'explication de texte. Je tiens seulement à dire que je la trouve fort bien faite. Bien entendu, et monsieur Jfmoods ne s'en formalisera pas je pense, elle ne m'apprends rien. J'y souscrit toutefois totalement.
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Message  Raoulraoul Mer 21 Mai 2014 - 9:06

Très attachante ton analyse. En soi, nous sommes rien. Seule la conscience (différent en cela des animaux et encore...) crée des rapports, des jugements etc. Constatant cela, peut-on alors se répandre sur le rien, le néant, le gouffre ? J'apprécie toutefois tes questionnements, contrairement à d'autres sur ce site que ça barbe... Justement, si comme tu le fais, peut-être aurions nous des textes plus passionnant à lire, j'aime la naïveté quand elle est le produit d'une longue maturation. T'accuser de se répandre n'est pas légitime, car c'est à partir de soi qu'on écrit, et tu te penches sur le "moi" effectivement pour en ausculter tout l'éphémère, la vanité ; donc c'est une belle tentative de lucidité que nous offre là. Merci.
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Message  seyne Mer 21 Mai 2014 - 11:14

en lisant ton texte, je ne peux m'empêcher d'imaginer un peintre rupestre des âges de glace, dessinant sur la paroi irrégulière de son immense caverne favorite
remplie de noir et donc presque imaginaire
en tout cas de forme et de taille inconnue
presque à tâtons, mais à la lueur d'une torche fumeuse, les libres animaux du dehors.
Ce qui guide la sûreté de son trait. Ceux qui l'accompagnent ou pas, ceux qui viendront regarder plus tard.

Et c'est vrai, moi aussi je le voyais gris et rieur ton avatar d'avant.
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