Rumeurs d'assassinats
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Rumeurs d'assassinats
Routes de nuit (Col de la Chavade)
C’était autrefois, ce récent moyen âge où l’on allait encore sans se soucier de rien. Des heures, des jours, des nuits passées dans ce vieil Henschel au tableau de bord en tôle. Un camion d’autrefois pour routes incertaines, mécanique Saxonne conçue pour le travail au flegme de bétail.
Souvent ma route c’était la Nationale 102 qui va du Puy à la vallée du Rhône par Aubenas. Une route dure et inquiétante l’hiver sur le plateau de Peyrbeille peuplé de rumeurs d’assassinats.
Au départ avant d’atteindre la Chavade une longue épreuve commence, partant de la haute Loire et courant vers le Sud. Une rampe continue sur son versant Atlantique, paysage d’altiplano constellé de tourbières, gravie péniblement parce que ses rampes sont traîtres à en disjoindre l’effort de la machine.
Le paysage est vite mélancolique, les rangées d’arbres qui bordent par moment le chemin attendent longtemps le printemps. Des villages linéaires muraillés de basalte aux fenêtres minimes, Costaros, Landos, panoramas furtifs roulants comme des congères.
Et puis le désert du plateau Ardéchois, plus rien avant Lanarce si ce n’est que l’auberge rouge rapetassée dans la Burle quand l’hiver le passage est impossible. L’ennui d’une toundra rallonge les minutes et l’asphalte résonne dans la cabine en fer. Le diesel alors, se met à ondoyer ronronnant sous le couple.
Le métal semble se remettre en ligne pour tout à l’heure, l’impitoyable descente de la Chavade qui portera au rouge le ventre des tambours qui geindront sous l’effort de freinages continus
Avant le col, il y à Lanarce, le gardien de la pluie qui s’arrête sur ses pentes. Lanarce est un village d’où au-delà tout change, une sorte de lime saisissable entre deux mondes. Le vert, celui de l’atlantique où les rivières vont puissantes et chargées de limons. Le blanc, celui de la méditerranée aux sublimes vallées où parfois l’eau se perd.
C’est la nuit, les routes sont toujours longues et je n’ai que vingt ans, une colère d’inculte me taraude déjà. Mais parfois des fenêtres s’entrouvrent sous la lune…
Une lune ahurie qu’adoucit ma colère, roule sur les étoiles de journées endormies
L’asphalte resplendit en cette nuit déserte, escaladant les côtes de vallons raisonnables
Mon silence s’éblouit
Cadrans de la machine qui laisse par derrière
Un soupir qu’ensommeillent
Les ruisseaux désertés en d’étroites ravines
Je bascule doucement vers les Sud grandioses
La chanson des tambours au royaume du frein
Une attente insoluble, prisonnier de la charge
Un destin solitaire
Au-delà des plateaux sur les routes nocturnes
La neige amoncelée en des congères sales enlumine le froid
Une torpeur glaçante, le temps comme arrêté
Et ces étranges songes qui hâtent nos réveils
Brisures d’une vie aux âpres pertinences
Qu’on voudrait fuir encor
Parce qu’ils nous offensent .
C’était autrefois, ce récent moyen âge où l’on allait encore sans se soucier de rien. Des heures, des jours, des nuits passées dans ce vieil Henschel au tableau de bord en tôle. Un camion d’autrefois pour routes incertaines, mécanique Saxonne conçue pour le travail au flegme de bétail.
Souvent ma route c’était la Nationale 102 qui va du Puy à la vallée du Rhône par Aubenas. Une route dure et inquiétante l’hiver sur le plateau de Peyrbeille peuplé de rumeurs d’assassinats.
Au départ avant d’atteindre la Chavade une longue épreuve commence, partant de la haute Loire et courant vers le Sud. Une rampe continue sur son versant Atlantique, paysage d’altiplano constellé de tourbières, gravie péniblement parce que ses rampes sont traîtres à en disjoindre l’effort de la machine.
Le paysage est vite mélancolique, les rangées d’arbres qui bordent par moment le chemin attendent longtemps le printemps. Des villages linéaires muraillés de basalte aux fenêtres minimes, Costaros, Landos, panoramas furtifs roulants comme des congères.
Et puis le désert du plateau Ardéchois, plus rien avant Lanarce si ce n’est que l’auberge rouge rapetassée dans la Burle quand l’hiver le passage est impossible. L’ennui d’une toundra rallonge les minutes et l’asphalte résonne dans la cabine en fer. Le diesel alors, se met à ondoyer ronronnant sous le couple.
Le métal semble se remettre en ligne pour tout à l’heure, l’impitoyable descente de la Chavade qui portera au rouge le ventre des tambours qui geindront sous l’effort de freinages continus
Avant le col, il y à Lanarce, le gardien de la pluie qui s’arrête sur ses pentes. Lanarce est un village d’où au-delà tout change, une sorte de lime saisissable entre deux mondes. Le vert, celui de l’atlantique où les rivières vont puissantes et chargées de limons. Le blanc, celui de la méditerranée aux sublimes vallées où parfois l’eau se perd.
C’est la nuit, les routes sont toujours longues et je n’ai que vingt ans, une colère d’inculte me taraude déjà. Mais parfois des fenêtres s’entrouvrent sous la lune…
Une lune ahurie qu’adoucit ma colère, roule sur les étoiles de journées endormies
L’asphalte resplendit en cette nuit déserte, escaladant les côtes de vallons raisonnables
Mon silence s’éblouit
Cadrans de la machine qui laisse par derrière
Un soupir qu’ensommeillent
Les ruisseaux désertés en d’étroites ravines
Je bascule doucement vers les Sud grandioses
La chanson des tambours au royaume du frein
Une attente insoluble, prisonnier de la charge
Un destin solitaire
Au-delà des plateaux sur les routes nocturnes
La neige amoncelée en des congères sales enlumine le froid
Une torpeur glaçante, le temps comme arrêté
Et ces étranges songes qui hâtent nos réveils
Brisures d’une vie aux âpres pertinences
Qu’on voudrait fuir encor
Parce qu’ils nous offensent .
Re: Rumeurs d'assassinats
va falloir que vous choisissiez entre prose et poésie. ca commence dans un registre et ca vire à 90 degrés. => sortie de virage.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Rumeurs d'assassinats
inscrit depuis 2011 tu devrais connaître l'écriture de loic...hi wen a écrit:va falloir que vous choisissiez entre prose et poésie. ca commence dans un registre et ca vire à 90 degrés. => sortie de virage.
ton message m'étonne,
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Rumeurs d'assassinats
entre la poésie en prose ou en vers, non... il ne me semble pas,loic a écrit:On est obligé de choisir ?
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Re: Rumeurs d'assassinats
toi, comme souvent, tu me parles
tu me parles de mes souvenirs
j'aimais aussi conduire ce vieux poids lourd
et tu m'as remonté des odeurs de chiffons graisseux
de poussière de diesel
celle qui s'accumule sur le chaud de fonte
sous les pieds du conducteur
du côté du bloc moteur
celui qui a une voix de salaire de la peur
j'ai toujours tenu à garder valide mes permis PL et TC
et ton texte me parle aussi
j'suis broc, j'aime ressentir le vécu dans les choses
c'est l'ombre de l'auberge rouge
pour moi ce serait en plus la bande d'Orgères
et puis le vent
la beauce comme un océan
où le plateau de millevaches au sortir de la neige
étang vidé de son manteau de flotte
ton texte me parle
continue ce mélange de vivant à l'intérieur d'une cabine de 38 tonnes
et de paysages qui se déroulent
défile à l'envers
quand tu arrives au bon équilibre
il est un chouette dessin d'enjoliveur
une apesanteur entre la vitesse
et le temps suspendu
j'aime beaucoup ce texte
ça se voit non ? ))
tu me parles de mes souvenirs
j'aimais aussi conduire ce vieux poids lourd
et tu m'as remonté des odeurs de chiffons graisseux
de poussière de diesel
celle qui s'accumule sur le chaud de fonte
sous les pieds du conducteur
du côté du bloc moteur
celui qui a une voix de salaire de la peur
j'ai toujours tenu à garder valide mes permis PL et TC
et ton texte me parle aussi
j'suis broc, j'aime ressentir le vécu dans les choses
c'est l'ombre de l'auberge rouge
pour moi ce serait en plus la bande d'Orgères
et puis le vent
la beauce comme un océan
où le plateau de millevaches au sortir de la neige
étang vidé de son manteau de flotte
ton texte me parle
continue ce mélange de vivant à l'intérieur d'une cabine de 38 tonnes
et de paysages qui se déroulent
défile à l'envers
quand tu arrives au bon équilibre
il est un chouette dessin d'enjoliveur
une apesanteur entre la vitesse
et le temps suspendu
j'aime beaucoup ce texte
ça se voit non ? ))
Re: Rumeurs d'assassinats
Cela se voit, Sir Frédéric
Ces rumeurs d'assassinats
Ce texte me fait penser à
Cet écrit automatique
Caché dans l'inconscient : ô le
Cadenas a sauté
Crachant des myriades en
Caisse de résonance
Cajolant ta
Calanque en
Calèche
Calfeutrée la
Calligraphie petit est 1
Calque
Cambouis
Camisard
Campagnard
Canalisant
Candide la
Captivante Pussicat !
Ces rumeurs d'assassinats
Ce texte me fait penser à
Cet écrit automatique
Caché dans l'inconscient : ô le
Cadenas a sauté
Crachant des myriades en
Caisse de résonance
Cajolant ta
Calanque en
Calèche
Calfeutrée la
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Calque
Cambouis
Camisard
Campagnard
Canalisant
Candide la
Captivante Pussicat !
Jyde- Nombre de messages : 26
Age : 61
Date d'inscription : 23/05/2014
Re: Rumeurs d'assassinats
Près de chez moi, tout ça.
Merci du voyage pourtant.
Merci du voyage pourtant.
joe-joe- Nombre de messages : 441
Age : 42
Date d'inscription : 01/05/2013
Choisir
On n'est pas obligé de choisir mais je choisis de choisir. Je suis quant à moi préféreux de la variante poéteuse. J'ai donc tenté -et sans doute à le faire failli - de rétablir la poétique que j'essentai dans la malencontreuse prose (à mon avis forcée alors que l'ami est sinon alexandrinophile du moins rythmophore) de la première partie loïcienne toute en phrases phraseuses ellongée. Addoncques voilà un possible (et sans doute malencontreux) résultat. J'espère du moins que Loïc, n'étant pas morvandiau, ne m'en voudra pas (chapeau l'artiste, quand même):
Loïc : Routes de nuit (Col de la Chavade)
C’était autrefois, en ce récent âge moyen
Où l’on allait encore sans se soucier de rien.
Des heures, aussi des jours, des nuits encor passées
Dans ce vieil Henschel au tableau de bord en tôle.
Un camion d’autrefois pour routes incertaines,
Mécanique Saxonne, satanique dans son rôle
Et conçue pour un travail au long flegme de bétail.
Souvent ma route était la Nationale 102
Qui du Puy en vallée du Rhône va sans détail
Par Aubenas, rumeurs d’antiques capitaines.
Route dure, inquiétante l’hiver au plateau
Peyrebeille peuplé de rumeurs d’assassinats.
Au départ avant que d’atteindre la Chavat
Une longue épreuve avance, partant de la Haute Loire
Et courant vers le Sud. Une rampe encavat
Continue son versant Atlantique et de gloire,
Paysage altiplan constellé de tourbières,
Gravi péniblement tant ses rampes sont traîtres
A disjoindre l’effort de la machine altière.
Paysage bien vite mélancolique à voir,
Longues rangées d’arbres qui bordent par moment
Le chemin si longtemps attendant le printemps.
Des villages linéaires muraillés de basalte aux fenêtres minimes,
Costaros ou Landos, panoramas furtifs
Roulants comme des congères vers d’impossibles cimes
Et puis le désert du plateau Ardéchois, et ses ifs
Plus rien avant Lanarce, si : l’auberge et ses toits,
Rouge rapetassée dans la Burle en l’hiver
Au passage impossible. Dans la cabine en fer
L’ennui d’une toundra rallonge les minutes
Et l’asphalte résonne entre soupape et culbute.
Le diesel alors, se met à ondoyer ronronnant sous le couple.
Le métal semble se remettre en ligne pour tout à l’heure
Quand l’impitoyable descente de la Chavade
Portera le rouge au ventre de tambours rageurs
Qui geindront sous l’effort de freinages continus.
Avant le col se tient Lanarce, camarade
Et gardien de la pluie qui s’arrête sur les pentes.
Lanarce est un village au-delà duquel tout change,
Une sorte de limes saisissable entre deux mondes.
Le vert, celui de l’atlantique où les rivières
Vont chargées de limons et puissantes qui grondent.
Le blanc, celui enfin de la Méditerranée
Aux sublimes vallées où parfois l’eau se perd.
C’est la nuit, les routes sont toujours longues et je n’ai que vingt ans,
Une colère d’inculte me taraude déjà. Mais parfois des fenêtres
S’entrouvrent sous la lune…
Une lune ahurie qu’adoucit sa lumière
Roule sur les étoiles de journées endormies.
L’asphalte resplendit en cette nuit déserte,
Escaladant les côtes de vallons raisonnables.
J’aime désormais les crêtes.
Loïc : Routes de nuit (Col de la Chavade)
C’était autrefois, en ce récent âge moyen
Où l’on allait encore sans se soucier de rien.
Des heures, aussi des jours, des nuits encor passées
Dans ce vieil Henschel au tableau de bord en tôle.
Un camion d’autrefois pour routes incertaines,
Mécanique Saxonne, satanique dans son rôle
Et conçue pour un travail au long flegme de bétail.
Souvent ma route était la Nationale 102
Qui du Puy en vallée du Rhône va sans détail
Par Aubenas, rumeurs d’antiques capitaines.
Route dure, inquiétante l’hiver au plateau
Peyrebeille peuplé de rumeurs d’assassinats.
Au départ avant que d’atteindre la Chavat
Une longue épreuve avance, partant de la Haute Loire
Et courant vers le Sud. Une rampe encavat
Continue son versant Atlantique et de gloire,
Paysage altiplan constellé de tourbières,
Gravi péniblement tant ses rampes sont traîtres
A disjoindre l’effort de la machine altière.
Paysage bien vite mélancolique à voir,
Longues rangées d’arbres qui bordent par moment
Le chemin si longtemps attendant le printemps.
Des villages linéaires muraillés de basalte aux fenêtres minimes,
Costaros ou Landos, panoramas furtifs
Roulants comme des congères vers d’impossibles cimes
Et puis le désert du plateau Ardéchois, et ses ifs
Plus rien avant Lanarce, si : l’auberge et ses toits,
Rouge rapetassée dans la Burle en l’hiver
Au passage impossible. Dans la cabine en fer
L’ennui d’une toundra rallonge les minutes
Et l’asphalte résonne entre soupape et culbute.
Le diesel alors, se met à ondoyer ronronnant sous le couple.
Le métal semble se remettre en ligne pour tout à l’heure
Quand l’impitoyable descente de la Chavade
Portera le rouge au ventre de tambours rageurs
Qui geindront sous l’effort de freinages continus.
Avant le col se tient Lanarce, camarade
Et gardien de la pluie qui s’arrête sur les pentes.
Lanarce est un village au-delà duquel tout change,
Une sorte de limes saisissable entre deux mondes.
Le vert, celui de l’atlantique où les rivières
Vont chargées de limons et puissantes qui grondent.
Le blanc, celui enfin de la Méditerranée
Aux sublimes vallées où parfois l’eau se perd.
C’est la nuit, les routes sont toujours longues et je n’ai que vingt ans,
Une colère d’inculte me taraude déjà. Mais parfois des fenêtres
S’entrouvrent sous la lune…
Une lune ahurie qu’adoucit sa lumière
Roule sur les étoiles de journées endormies.
L’asphalte resplendit en cette nuit déserte,
Escaladant les côtes de vallons raisonnables.
J’aime désormais les crêtes.
teverino- Nombre de messages : 460
Age : 67
Date d'inscription : 23/05/2014
Re: Rumeurs d'assassinats
Ce texte est remarquable , justement par son déroulement, justement parce qu'il est voyage, dans le concret mais dans l'abstrait aussi. Et la première partie contient des alexandrins cachés, magnifiques ("...où l'on allait encore sans se soucier de rien" ; "...aux sublimes vallées où parfois l'eau se perd "). C'est comme une maturation, un lent processus.
Et les accroches concrètes n'empêchent pas la poésie de s'épanouir, au contraire!
Quant au titre, bien que comprenant ton idée, je le trouve réducteur.
Remarque de langue:
"d'où au-delà tout change" = au delà duquel
"à Lanarce"
Les deux occurences du mot colère sont trop proches , cela atténue leur effet. (Je préfère la première)
A te lire, encore.
Et les accroches concrètes n'empêchent pas la poésie de s'épanouir, au contraire!
Quant au titre, bien que comprenant ton idée, je le trouve réducteur.
Remarque de langue:
"d'où au-delà tout change" = au delà duquel
"à Lanarce"
Les deux occurences du mot colère sont trop proches , cela atténue leur effet. (Je préfère la première)
A te lire, encore.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Rumeurs d'assassinats
Pour ma part, je trouve que vouloir coincer la poésie dans une boîte ne lui va pas du tout ; je suis au contraire ravie de lire des textes qui mêlent adroitement la prose et le vers, comme celui-ci. Je suis néanmoins plus touchée par le "on" et le "nous" des derniers vers (qui à eux seuls sont déjà un poème et peuvent se lire indépendamment du reste, je trouve) :
"Un destin solitaire
Au-delà des plateaux sur les routes nocturnes
La neige amoncelée en des congères sales enlumine le froid
Une torpeur glaçante, le temps comme arrêté
Et ces étranges songes qui hâtent nos réveils
Brisures d’une vie aux âpres pertinences
Qu’on voudrait fuir encor
Parce qu’ils nous offensent."
Sinon, ici, les "qui" m'ont un peu titillée à la lecture :
"Le métal semble se remettre en ligne pour tout à l’heure, l’impitoyable descente de la Chavade qui portera au rouge le ventre des tambours qui geindront sous l’effort de freinages continus
Avant le col, il y à Lanarce, le gardien de la pluie qui s’arrête sur ses pentes. "
"Un destin solitaire
Au-delà des plateaux sur les routes nocturnes
La neige amoncelée en des congères sales enlumine le froid
Une torpeur glaçante, le temps comme arrêté
Et ces étranges songes qui hâtent nos réveils
Brisures d’une vie aux âpres pertinences
Qu’on voudrait fuir encor
Parce qu’ils nous offensent."
Sinon, ici, les "qui" m'ont un peu titillée à la lecture :
"Le métal semble se remettre en ligne pour tout à l’heure, l’impitoyable descente de la Chavade qui portera au rouge le ventre des tambours qui geindront sous l’effort de freinages continus
Avant le col, il y à Lanarce, le gardien de la pluie qui s’arrête sur ses pentes. "
Loreena Ruin- Nombre de messages : 1071
Age : 34
Localisation : Nancy
Date d'inscription : 05/10/2008
Re: Rumeurs d'assassinats
I) Un récit épique
1) Les forces en présence
D'un côté, dans un contexte général précisément mentionné par l'auteur (« la nationale 102 qui va du Puy à la vallée du Rhône par Aubenas »), un panorama grandiose et revêche se dresse (« une rampe continue sur son versant atlantique monte les paliers de ce paysage d’Altiplano constellé de tourbières »). De l'autre, un véhicule nous est décrit, solide sans le moindre doute, mais empreint, aussi, d'une certaine bonhomie (« Un camion ferraillant pour routes incertaines, mécanique saxonne conçue pour le travail, flegmatique bétail », « un vieil Henschel au tableau de bord en tôle »).
1) La description d'un combat
Le col est semblable à une forteresse que l'on prend d'assaut. La montée, féroce d'intensité (« Il est gravi péniblement parce que ses rampes sont traîtresses à en disjoindre l’effort de la machine »), n'est que l'envers du basculement sur l'autre versant (recours à la prolepse : « l’impitoyable descente de la Chavade qui portera au rouge le ventre des tambours geignant sous l’effort de freinages continus »). Concentration et volonté s'imposent pour venir à bout de l'obstacle (métaphores : « La chanson des tambours au royaume du frein », « Une attente insoluble, prisonnier de la charge »).
II) Un récit autobiographique
1) Un retour sur soi
L'entête (« Itinéraire ancien ») enserre les strates d'une préhistoire intime. Le présent de narration (« je n'ai que vingt ans ») plonge le locuteur, qui a atteint l'âge mûr, dans l'état d'esprit du jeune adulte. Des sentiments contradictoires se dessinent : une certaine frustration (« une colère d'inculte me taraude », « Et ces étranges songes qui hâtent nos réveils... / Qu’on voudrait fuir encor / Parce qu’ils nous offensent »), en même temps que l'espoir (« Mais parfois des fenêtres s’entrouvrent sous la lune... ») et, aussi, une forme d'apaisement (« L'asphalte resplendit », « Mon silence s'éblouit »).
2) Un point d'équilibre
Cependant, l'élément le plus marquant, le plus prégnant du texte demeure ce partage saisissant des perspectives visuelles dont le col opère la jonction (parallélisme : « Le vert, celui de l’Atlantique où les rivières vont puissantes et chargées de limons. Le blanc, celui de la Méditerranée aux sublimes vallées où parfois l’eau se perd ») et à travers lequel se mesure la perception d'un point d'équilibre entre promesse de fertilité et menace d'aridité. On pense, par analogie, à la formidable image de Michaux dans « Souvenirs » : « À une aile de condor quand l’autre aile est déjà au versant opposé de la montagne ».
Merci pour ce partage !
1) Les forces en présence
D'un côté, dans un contexte général précisément mentionné par l'auteur (« la nationale 102 qui va du Puy à la vallée du Rhône par Aubenas »), un panorama grandiose et revêche se dresse (« une rampe continue sur son versant atlantique monte les paliers de ce paysage d’Altiplano constellé de tourbières »). De l'autre, un véhicule nous est décrit, solide sans le moindre doute, mais empreint, aussi, d'une certaine bonhomie (« Un camion ferraillant pour routes incertaines, mécanique saxonne conçue pour le travail, flegmatique bétail », « un vieil Henschel au tableau de bord en tôle »).
1) La description d'un combat
Le col est semblable à une forteresse que l'on prend d'assaut. La montée, féroce d'intensité (« Il est gravi péniblement parce que ses rampes sont traîtresses à en disjoindre l’effort de la machine »), n'est que l'envers du basculement sur l'autre versant (recours à la prolepse : « l’impitoyable descente de la Chavade qui portera au rouge le ventre des tambours geignant sous l’effort de freinages continus »). Concentration et volonté s'imposent pour venir à bout de l'obstacle (métaphores : « La chanson des tambours au royaume du frein », « Une attente insoluble, prisonnier de la charge »).
II) Un récit autobiographique
1) Un retour sur soi
L'entête (« Itinéraire ancien ») enserre les strates d'une préhistoire intime. Le présent de narration (« je n'ai que vingt ans ») plonge le locuteur, qui a atteint l'âge mûr, dans l'état d'esprit du jeune adulte. Des sentiments contradictoires se dessinent : une certaine frustration (« une colère d'inculte me taraude », « Et ces étranges songes qui hâtent nos réveils... / Qu’on voudrait fuir encor / Parce qu’ils nous offensent »), en même temps que l'espoir (« Mais parfois des fenêtres s’entrouvrent sous la lune... ») et, aussi, une forme d'apaisement (« L'asphalte resplendit », « Mon silence s'éblouit »).
2) Un point d'équilibre
Cependant, l'élément le plus marquant, le plus prégnant du texte demeure ce partage saisissant des perspectives visuelles dont le col opère la jonction (parallélisme : « Le vert, celui de l’Atlantique où les rivières vont puissantes et chargées de limons. Le blanc, celui de la Méditerranée aux sublimes vallées où parfois l’eau se perd ») et à travers lequel se mesure la perception d'un point d'équilibre entre promesse de fertilité et menace d'aridité. On pense, par analogie, à la formidable image de Michaux dans « Souvenirs » : « À une aile de condor quand l’autre aile est déjà au versant opposé de la montagne ».
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Rumeurs d'assassinats
J'ai relu avec un grand plaisir (et je maintiens que ce texte splendide est bourré de vers, notamment des alexandrins oraux).
Nostalgie aussi du temps où VE était peuplé de forts auteurs (et animé!) et donnait lieu à des commentaires qui valaient souvent autant que bien des textes.
Loïc, ses traverses, sa rouille et ses poésies de l'industrie, du charbon et des halliers nous manque. Il n'est pas loin, tapi dans l'espoir d'autres nostalgies bleu nuit. Le temps étant cyclique, les auteurs reviendront. Comme des moineaux oublieux de l'hiver passé.
Nostalgie aussi du temps où VE était peuplé de forts auteurs (et animé!) et donnait lieu à des commentaires qui valaient souvent autant que bien des textes.
Loïc, ses traverses, sa rouille et ses poésies de l'industrie, du charbon et des halliers nous manque. Il n'est pas loin, tapi dans l'espoir d'autres nostalgies bleu nuit. Le temps étant cyclique, les auteurs reviendront. Comme des moineaux oublieux de l'hiver passé.
teverino- Nombre de messages : 460
Age : 67
Date d'inscription : 23/05/2014
Re: Rumeurs d'assassinats
connaissant bien cette route, j'en apprécie chaque virage, la vue par beau temps sur le plateau est magnifique, ensuite la décente vers Aubenas ou l'Ardèche limpide est une étape pour le bain
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 100
Date d'inscription : 04/04/2014
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