La bible ce matin

[Raoulraoul]

La bible ce matin

Tu lis la bible
dans le lit
le soleil fait une incursion sur le mur
otez les prépuces de vos coeurs
hommes
tu lis la bible
en territoire occupé
le soleil rentre
labourez pour vous une terre arable
et ne semez pas parmi les épines
le café refroidit
la bible est devenu ton lit
entre les mots et la vie
nous sommes

*

Galet chaud
tu reviens
parce que je t’ai pas ausculté
la fenêtre lumineuse
a suspendu mes intentions
galet chaud
tu te meurs au fond du lit
sans rivière
sous le flot de mes doigts
qui aurait pu te soulever

*

Ta main
est tombée sur ma poitrine
elle ne bouge pas
tu lis la bible
je ne bouge plus
froissement des feuilles
effleurement des doigts
sur la peau
dehors les oiseaux pépient
une réminiscence de cantique
ma verge fleurie
trouve son nid
bible
ouvre-toi

*
Le poème de ton corps
se passerait de mot
mais il n’y a que les mots pour me consoler
de ce que je ne peux en dire

*

Ton corps
que mes mains
usent de leurs caresses
jusqu’à la fatigue
et le recommencement
de mes mains
qui ne se fatiguent jamais
de ta beauté renouvelée

*

Au lit
croissants
au lait
regards croisés
merveilleux croissant de toi

*

Le sillon de ton corps
ouvre le voyage
je suis

*

Stop
dit le stylo
et il me conduit
à la table de chevet
le stylo posé
je lève l’aurore
au pied glacé
sur le tapis
debout
dit le stylo
s’endormant enfin
après tant de mots

*

[So-Back]

j'aime bien cette ballade, je le ressens comme cela

[hi wen]

première impression : gros travail d'orfèvre sur les sonorités, chapeau.

seconde impression : patchwork.
ce sont trois poèmes en un.
trois première strophes, homélie
trois suivantes, eros
la dernière, prosaïsme pied de nez. (qu'est ce que ça vient faire là?)

"sillon". tiens c'est marrant, vous l'avez noté. sur ce site y'a comme qui dirait des poèmes qui entrent en résonance et se répondent.

[jfmoods]

"ôtez"
"devenue"
"parce que je ne t’ai pas ausculté"
"aux pieds glacés"

Le point d'appui du poème ("les oiseaux pépient une réminiscence de cantique") se situe à la confluence du spirituel (paroles de Jéhovah) et du sensuel (métaphore : "croissant merveilleux de toi"). Suscitant l'émerveillement, il préfigure le temps de l'écriture poétique (allégorie : "je lève l'aurore / aux pieds glacés").

Merci pour le partage !

[Contenu sponsorisé]