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Perturbation

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Message  Madeleine Adèle Mar 17 Juin 2014 - 7:37

Dans la continuité de la vie de notre Adèle ... Espérant avoir des retours. Bonne lecture ...

Perturbation
*
Adèle s’accroche dès qu’elle le peut à un moment ; un souffle ; une intention. Elle cherche à combler ce je ne sais quoi qu’elle ne comprend toujours pas. .

Elle aime à se torturer, aussi simple que cela puisse paraître, par la première situation venue.
Elle s’est encore fait prendre au jeu, mais cette fois-ci, elle ne l’a pas vu venir.

Un baiser et elle fond de reconnaissance, un simple regard et elle se sent aimée, une caresse et tout son corps devient à l’autre. Elle a un sentiment de dépendance tel qu’elle ne sait pas vivre sans. Dès que cela n’est plus, parti, envolé ou effacé, elle souffre. Elle repense, se crée ce besoin d’appartenance à l’absent.
Elle en a conscience pourtant. Elle en remercie à chaque séance son merveilleux divan qui lui fait cracher tous ses interdits. Elle se raisonne, promet de cesser, et d’arrêter de céder. Et pourtant, le moindre écart de conduite se transforme en un raz de marée d’émotions qu’elle ne contient plus et qui la rend complétement aliénée. Les pulsions la guident alors, et deviennent obsessions.
La moindre excitation, petite chaleur dans le ventre se transforment en une histoire passionnelle romanesque. Qu’elle est démodée notre Adèle. D’où tient –elle ce besoin limite enfantin de croire au prince charmant ?

Elle a pourtant essayé en donnant vie à Violette. Ainsi elle vivait ses fantasmes sans atteindre Adèle et son équilibre. Violette exauçait pour Adèle ses vœux de liberté, à travers la magie de l’imagination.

Elle ne l’a pas vu venir celui-là. Adèle a succombé sans même avoir cherché.

Nous allons revenir à la nuit dernière.

Hier soir rien n’était prémédité. Elle vous le certifiera. Ayant déjà trop souffert de ces rêvasseries de jeune demoiselle courant après l’infidélité de la vie domestique, elle avait fait vœu d’abstinence de toute forme d’interdit. Pourtant, dans un réel moment d’innocence, un inconnu a détourné sa route. Etrange ; classique ; improbable. Sincèrement, elle ne saurait que répondre.
En terrasse, par une belle soirée de fin juin, elles refaisaient, elle et ses amies, le monde. De franches rigolades à de discussions plus sérieuses autour des enfants, divorce et autres problèmes féminins de société, tout laissait présager une soirée classique entre de bonnes copines qui ne se sont pas vues depuis un moment, pour cause, toutes ont des enfants, un ex, un actuel ou un futur. Quelques verres, une assiette ‘parisienne’, tout était parfait. Adèle souriait, rigolait, jouait de ses mains. D’humeur joyeuse, elle vivait un réel instant de détente sans passer au lendemain et aux représailles du retour car quoi qu’il arrive, son bel et tendre, n’aime pas la savoir dehors. Et ce quelle qu’en soit la raison. Elle avait donc pris le parti de s’amuser sans penser à lui ni  même à rentrer dans son jeu du mari jaloux.

Et puis, un homme s’approcha d’elle. Prétextant la couleur de son tee-shirt, orange, et le match de foot qui se jouait sur le grand écran de circonstance en cette saison de coupe du monde, lui demanda pour quelle équipe elle était. Les filles n’étant absolument pas concernées par le jeu ne savaient que répondre. Mais le regard de cet étranger se portait de plus en plus sur Adèle. Oui. Elle et non ses amies. Il était accompagné d’un autre jeune homme, qu’elle qualifierait bien de très charmant. Très discret en retrait, les yeux malins, il se tenait non loin du premier inconnu venu l’accoster. La soirée continua par des regards intempestifs qui en disaient long sur l’envie d’en savoir davantage, d’en dire plus … Ils finirent par terminer la soirée ensemble autour d’une bouteille de rosé. De cigarettes en cigarettes, de verres en verres, la nuit s’allongeait inévitablement et l’heure du retour ne tarderait pas à sonner de sa mauvaise fortune. Un dernier au revoir et Adèle se leva prenant le chemin de sa maison comme ligne d’horizon.

Brutalement elle fut sortie de ses songeries, quand il l’attrapa par le bras, la déposa délicatement mais fermement contre un mur. De sa main affamée prit sa bouche entre ces lèvres et lui offrait alors un baiser dont elle en avait oublié la saveur. Douce entremêlée de langues, sensuelles et légèrement alcoolisées. La taille serrée contre son torse, elle se laissa tomber dans ses bras et bercer par l’improbable magie de l’instant. Rien ne laissait présager cette rencontre. Ses mains caressaient d’un geste adroit son dos, ses fesses rebondies et accessibles par sa jupe longue. Il lui susurra qu’elle avait la peau douce, qu’il n’avait pu résister.

Et puis, comme il est venu, il est reparti. Sans un bruit, sans un mot. Une ombre au loin, fuyant vers une autre vie.

Adèle est restée là, plantée, chamboulée, enivrée.

Elle ne se sentit coupable de rien car cette fois-ci elle n’avait rien cherché, rien provoqué. Elle était restée elle-même comme révélée par cet inconnu qu’elle n’attendait plus.

Adèle est donc restée accrochée à cet impossible retour à la réalité.

Elle ne cesse d’y penser car elle n’a plus. Rien. Pas de téléphone, pas de contact, juste un baiser volé, dans une rue teintée d’étoiles.

Quel est donc cet équilibre à trouver ? Peut-on réellement être fidèle toute sa vie sous prétexte que le consentement mutuel nous interdit par sa loi induite tout écart de conduite ? Peut-on se laisser un soir, une nuit, l’espace d’un baiser pervertir au point d’y prendre gout et de rester sur sa faim ? Toutes ces questions, ou vous diriez au vue de son état, toutes ces angoisses, envahissent l’esprit d’Adèle qui perd ses repères un peu plus chaque jour ; trop facilement,  comme inévitablement ; elle s’effondre, fragile tel l’enfant abandonné. Elle cherche un refuge dans la mélodie de la tentation ; son rythme lancinant puis combattant ; apothéose de sensations ; elle est en manque d’émotions.

Il lui faut ce cocon dans lequel se replonger comme quand elle était enfant. Les pas de la toute-puissante se faisaient si audibles, qu’elle s’enfonçait alors sous sa couette, lit protecteur pour fuir les heurts.

Elle doit souffrir, c’est ainsi, c’est écrit. Le corps en émoi elle lui inflige toute sorte de frustration et de perversion. En réponse au grand-père aux envies à la limite de la morale, elle succomba tout d’abord à l’appel de l’anorexie, puis prendra gout à l’alcool pour être aujourd’hui sous camisole chimique.

Est-ce ses années perdues qui l’appellent pour tenter un deuil improbable ?

Elle n’a jamais connu l’insouciance des corps juste épris d’un désir simple : le plaisir.

Adèle a trente-deux ans, deux filles, dont l’une approche déjà dangereusement de la phase critique de l’adolescence avec tous ces tourments, une vie de couple bien installée depuis presque dix années, un mort en héritage et deux ou trois histoires d’amour en bout de souffle en souvenir.

Et si un enfant lui redonnait cette petite excitation, ce petit ‘quoi’ auquel se raccrocher, comme elle aime à le dire. Un bébé médicament ? Hérésie, vous diriez justement. Probablement qu’à cet instant elle vous diriez que ce n’est pas vous sur ce divan ; en souffrance face à la douleur des pleurs qui ont du mal à sortir et qui font mal. La psychanalyse et sa contestable catharsis.
Tout s’emmêle dans sa tête, elle ne parvient pas à s’affranchir de ce petit mur qui la maintient debout où l’espace de quelques minutes l’absent est devenu sa nouvelle obsession.

Violette : Sauve-là de ta candeur, redonne-lui chaleur dans ses rêves et sort là de cette rue sinueuse et sombre à cette heure-ci avancée.

Toutes les croyances d’Adèle qu’elle commençait à construire en jetant au cimetière ses envies adultérines se délitent en cet instant et s’effritent telles les larmes qui commencent à couler, compatissantes.
La nuit gronde, les nuages s’épaississent, la lune tente une apparition pour éclairer de sa lumière blafarde ses rues attristées par l’appel du sommeil. La clameur des nocturnes laisse place à la désolation d’un environnement hostile.

Cours, Adèle ; Ce n’est pas l’amour qui te rattrapera mais bel et bien la mort.
Prie, Adèle ! A la bienveillance des âmes déchues qui te regardent et prennent soin de toi.

« Ma belle, mon amour, mon Adèle chérie. Rente.
- J’ai rien demandé et te voilà … Tu me vois n’est-ce pas ? Je suis seule. Quel est donc ce baiser fougueux pour en retour me laisser pantelante au milieu de nulle part ? J’avais pris une décision et voilà qu’on me la vole sans crier gare.
- Je ne sais pas ma douce ? Probablement un moment d’égarement.
- J’avançais tranquillement vers la maison, et le voilà qui surgit derrière moi pour me faire croire aux histoires à l’eau de rose auxquelles j’essaie de me détacher !
- Ma rose, mon Adèle. Rentre s’il te plait. Ce n’est plus une heure pour rester dehors. Tu as l’âme en vrac. Je le ressens, tes émotions filtrent à travers le sel de tes larmes. Je les goute pour t’apaiser.
- Tu sais que je vais m’accrocher encore une fois. Encore et toujours me voilà confronter à ce besoin que j’ai de me savoir prise par la main, aimée, convoitée, désirée. L’absent comme toi qui n’es plus là et m’amène à délirer, à parler aux cieux, à porter aux nues mes peines, au firmament notre amour mort. »

D’un pas hésitant, elle rentre. Elle se déshabille. Adèle s’allonge. Encore aujourd’hui, elle aime à se coucher sous son épaisse couette. Ici son lit bienveillant la protège des tempêtes de l’extérieur ; comme coupée du monde elle se renferme dans son antre. Il y fait chaud, la sensation y est douce et confortable. Cette épaisseur de plumes lui vaut encore aujourd’hui le mérite d’être un excellent rempart. Les coups pleuvaient mais glissaient sous les plumes. Rien ne parvenait jusqu’au petit corps d’Adèle comme si ses propres odes à la Nature Humaine avaient sifflé jusqu’aux oreilles des anges.

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Message  Raoulraoul Ven 20 Juin 2014 - 15:09

Adèle dans sa fracture entre rêve et réalité. La prégnance de l'absence plus fascinante que n'importe quelle présence. C'est normal. Pareil pour tout le monde. Le "traumatisme" est dans l'asservissement aux pulsions. Avec un effet réel cependant : Violette. Tu nous racontes la vie, un cas banal, mais évidemment "tragique" quand il est vécu intérieurement par chacun. Il me semble que le ton, l'écriture, le style ne porte pas ton sujet à "l'universalité" qu'il contient. Ainsi ton texte demeure une "prise de notes" sur un cas particulier qui interroge, certes, mais, puisque nous parlons écriture, ne nous touche pas. Il y manque la construction d'un récit. Une narration. Est-on chez le psy ? Quelle est la personne dans ton texte qui se permet d'en savoir tant sur ton personnage (Adèle) ? Ces commentaires un peu moralisant. L'écriture aussi est un souvent relâchée, manque de rigueur dans les phrases, le lexique. Ce texte te sert sûrement à éclairer ta pensée (sur cette histoire), faire le point. Maintenant, avec le recul, il te reste à en faire un texte littéraire, et non compulsif, perso. Cela n'est que mon avis, il demande à être relativisé.
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Message  Madeleine Adèle Mar 1 Juil 2014 - 12:34

Bonjour Raoulraoul,

Merci d'avoir pris le temps de le lire.
Tu évoques une prise de notes? C'est vrai. Dans l'esprit c'est ainsi que me sont apparues les émotions autour de ce texte. De plus, si parfois le texte est relâché c'est par volonté d'alléger ... Mais à croire que ...
J'ai tenté une correction. Maintenant, savoir écrire n'est pas chose aisée

Avis à la modération : je ne souhaite pas remettre le texte en tête de fil, juste apporter une correction au texte.

Pour avis.

Bonne journée.

Perturbation
*
Adèle s’accroche dès qu’elle le peut à un moment ; un souffle ; une attention afin de combler ce je ne sais quoi qu’elle ne comprend toujours pas.
Elle aime à se torturer, aussi simple que cela puisse paraître, par la première situation venue. Passer outre, quelle idée ! Se raisonner, Impossible ! Pathétique, oui.
Elle s’est encore fait prendre au piège, mais cette fois-ci, la situation n’a pas été provoquée par la folie de contradiction à la morale. Hasard de la vie où, malgré ses efforts, la clémence de l’instant a laissé place aux tumultes d’une rencontre improvisée, inhabituelle, insolite.

Adèle, de par son passé brisé, se laisse porter par ses émotions tant le besoin d’accroche est fort, incontrôlable. Elle prend, se délecte pour ensuite chavirer dans les abîmes de la culpabilité. Un baiser et elle fond de reconnaissance, un simple regard et elle se sent aimée, une caresse et tout son corps devient à l’autre. Dépendance inassouvie à laquelle ces inconnus, qui la gouvernent, prennent parfois plaisir. Déjà enfant, elle se laissait prendre puis jeter. Déjà jeune fille, elle se créait une image de femme enfant qui se refusait à grandir. Le corps changeant, elle ne parvenait plus à se l’approprier au point de vouloir le faire disparaitre sous des épaisses couches de vêtements informes. Absence de féminité pour faire taire les regards approbateurs de mâles en mal de jouissance inexpliquée par leur jeune âge. Relation compliquée avec soi-même, vous diriez, liée au passage obligé vers l’indépendance. Pour elle, son corps n’était que le jouet de ces premiers amours. Comment s’accepter si on ne s’appartient pas soi-même ?
Encore aujourd’hui, elle provoque, se soumet pour ensuite se renfermer dans son propre carcan de femme dévoyée. L’absent alors parti, envolé ou effacé, la souffrance revient lancinante. Quel est donc ce besoin d’appartenance à l’absent ?

La moindre excitation, petite chaleur dans le ventre, se transforment en une histoire passionnelle romanesque. Qu’elle est démodée Adèle ! D’où tient-elle ce besoin, limite enfantin, de croire au prince charmant ?

Consciente, elle en remercie à chaque séance son merveilleux divan qui lui fait cracher tous ses interdits. Elle se raisonne, promet de cesser, et d’arrêter de céder. Et pourtant, le moindre écart de conduite se transforme en un raz de marée troublant d’émois, impossible à contenir et qui la rend complétement aliénée. Folle, vous diriez ! Les pulsions la guident alors, et deviennent obsessions. Deux fois par semaine, elle se rend, à son habitude, à sa salle de cure pour approcher l’équilibre.
En donnant vie à Violette, cet acharnement masochiste aurait dû cesser, mécanisme de défense. Ainsi elle vit ses fantasmes en faisant disparaitre Adèle. Violette exauce pour Adèle ses vœux de liberté, à travers la magie de l’imagination. Rêve !

C’est ainsi, qu’allongée, elle revient sur la nuit dernière. Les mots peinent à sortir tant elle se sent ridicule. Sentiment de honte qui monte et colorie ses joues d’un délicat parfum coquelicot.

Rien n’était prémédité. Elle vous le certifiera. Ayant déjà trop souffert de ces rêvasseries de jeune demoiselle courant après l’infidélité de la vie domestique, elle avait fait vœu d’abstinence de toute forme d’interdit.

En terrasse, par une belle soirée de fin juin, Adèle et ses amies refaisaient le monde. Elles batifolaient telles des femmes libres, se racontaient des anecdotes improbables, s’amusaient des sourires de leurs enfants figés sur les photos circulant. Quelques verres, une assiette ‘parisienne’, la vie semblait  parfaite, légère, sereine. Adèle souriait, rigolait, jouait de ses mains. D’humeur joyeuse, elle vivait un réel instant de détente sans penser au lendemain et aux représailles du retour au domicile conjugal. Son mari n’aime pas la savoir de sortie, amusée. C’est un homme sûr de lui, franc et impulsif. Possessif ? Elle ne saura vous répondre. Jaloux ? Probablement. C’est ainsi, qu’elle avait fi de ses craintes coutumières pour aborder ce moment privilégié avec toute la chaleur et l’amitié qu’elle contenait bien gardées, au fond, dans ce corps endolori. Le jeu auquel il l’a soumet à chacune de ses escapades se faisait de plus en plus enfoui. Adèle reprenait le contrôle. Mais jusqu’à quand ? Vous la savez perturbée. C’est un fait. Pourtant rien ne laissait présager la détresse banale à laquelle elle allait devoir faire face. Sûre d’elle, enfin satisfaite, rassasiée, elle était en vie. Pourtant, non loin d’elle, une présence infortunée se montrait tenace. Le soleil couchant, la lune naissante, les colombes voltigeant, le tableau magnifique dessiné d’une main amoureuse et insouciante ne tarderait pas à craqueler sous le poids du couteau malintentionné  … Un nuage, puis deux … Les étoiles tentaient de percer pour la réveiller car, bientôt, la situation deviendrait sombre, morose. La chaleur de l’été naissant ne tarderait pas à se laisser rattraper par le froid glacial d’une mauvaise rencontre.

C’est ainsi, qu’un homme s’approcha d’elle, d’un pas naturel et habitué à l’improvisation. Prises au dépourvu, elles répondirent d’un regard amusé, assuré. Il resta là debout, légèrement maladroit, de longues minutes auprès d’elles et finit par proposer de s’assoir pour partager un verre. Il était accompagné d’un autre jeune homme, très charmant, discret, les yeux malins traduisant déjà un esprit coquin déplacé vers les seins rebondis d’Adèle. Naturellement, la douceur printanière accentuant l’envie de rester à bavarder le cœur léger au rythme des badauds distraits par le tumulte des rires avoisinants, la soirée continua. Des regards intempestifs qui en disaient long sur l’envie d’en savoir davantage, des mains qui se frôlaient, des pieds qui se cherchaient, des jambes aguichantes jouant avec le vent, une sensualité certaine prenait vie. La peau légèrement dorée donnait à Adèle un éclat particulier à son visage épanoui, l’astre déclinant apportait une touche mordoré au vert profond de ses yeux enjoués. La nuit s’allongeait inévitablement et l’heure du retour ne tarderait pas à sonner de sa mauvaise fortune.
Un dernier au revoir et Adèle se leva prenant le chemin de sa maison comme ligne d’horizon. Encore toute émoustillée de cette coïncidence, elle se sentit belle, pour une fois.

Brutalement elle fut sortie de ses songeries, quand il l’attrapa par le bras, la déposa délicatement mais fermement contre un mur. De sa main affamée, il prit sa bouche entre ces lèvres et lui offrit alors un baiser dont elle en avait oublié la saveur. Douce entremêlée de langues, sensuelles et légèrement alcoolisées, tension à son comble, le cœur battant au rythme de ces doigts pressant, la taille serrée contre son ventre palpitant, elle se laissa submerger d’une vague intense, chaude, déstabilisante. Ces mains caressaient d’un geste adroit son dos, ses fesses pulpeuses et accessibles sous sa jupe longue. Il lui susurra qu’elle avait la peau douce, qu’il n’avait pu résister. Pantelante, accrochée à sa nuque, elle le dévora et la pulsion adultérine reprit le contrôle d’Adèle. Pas un instant elle pensa, pas instant elle le rejeta. Tout était beau, délicieux. Elle prit jusqu’à plus faim.

Et puis, comme il est venu, il est reparti. Sans un bruit, sans un mot. Une ombre au loin, fuyant vers une autre vie.

Adèle est restée là, plantée, chamboulée, enivrée se refusant à la douleur du retour à la conscience.  Longuement elle lécha ses doigts comme pour reprendre ce baiser volé. La rue teintée d’étoiles s’assombrit alors.

Quel est donc cet équilibre à trouver ? Peut-on réellement être fidèle au nom du consentement mutuel qui par sa loi induite nous interdit  tout écart de conduite ? Peut-on se laisser un soir, une nuit, l’espace d’une étreinte, pervertir au point d’y prendre goût ? Encore !

Trop facilement,  comme inévitablement ; elle s’effondre, fragile tel l’enfant abandonné. Seule.  Elle cherche désespérément un refuge dans la mélodie de la tentation ; dans son rythme lancinant puis combattant ; une réelle apothéose de sensations ; elle est en manque d’affection. Le souvenir douloureux, la violence de la carence d’amour maternel, ne font qu’entretenir cette abondance de comportements limites.
Il lui faut ce cocon dans lequel se replonger comme quand elle était enfant. Les pas de la toute-puissante se faisaient si audibles, qu’elle s’enfonçait alors sous sa couette, lit protecteur pour fuir les heurts.
Elle n’a jamais connu l’insouciance des corps juste épris d’un désir simple : le plaisir.
En souffrance face à la douleur de ses propres pleurs, tout s’emmêle dans sa tête, elle ne parvient pas à s’affranchir de ce petit mur qui la maintient debout où l’espace de quelques minutes l’absent est devenu sa nouvelle obsession.

Violette !  Sauve-là de ta candeur, redonne-lui chaleur dans ses rêves et sort là de cette rue sinueuse et sombre à cette heure-ci avancée.

Toutes les croyances d’Adèle qu’elle commençait à construire en jetant au cimetière ses envies adultérines se délitent en cet instant et s’effritent telles les larmes qui commencent à couler, compatissantes.
La nuit gronde, les nuages s’épaississent, la lune tente une incursion pour illuminer de sa lumière blafarde ces rues attristées par l’appel du sommeil. La clameur des nocturnes laisse place à la désolation d’un environnement hostile.
« Cours, Adèle ! Ce n’est pas l’amour qui te rattrapera mais bel et bien la mort ! Prie, Adèle ! A la bienveillance des âmes déchues qui te regardent et prennent soin de toi ! » lui crie sa petite voix pour tenter de la raisonner et la sortir de ce cauchemar.
« Ma belle, mon amour, mon Adèle chérie. Rentre.
- J’ai rien demandé et te voilà … Tu me vois n’est-ce pas ? Je suis seule. Quel est donc ce baiser fougueux auquel j’ai succombé comme une enfant criant au sein de sa mère. J’avais pris une décision et voilà qu’on me la vole sans crier gare.
- Je ne sais pas ma douce. Probablement un moment d’égarement.
- Non. Sois plus dur, franc. Dis-moi la vérité qui toi de ton statut de fantôme voit tout, sait tout. Tu peux t’insinuer dans l’esprit des autres, prendre corps avec eux de ton apparence diffuse et délitée !
- Ma rose, mon Adèle. Rentre s’il te plait. Ce n’est plus une heure pour rester dehors. Tu as l’âme en vrac. Je le ressens, tes émotions filtrent à travers le sel de tes larmes. Je les goute pour t’apaiser. Je les bois pour te soulager.
- Tu sais que je vais m’accrocher encore une fois ! Encore et toujours me voilà confronter à ce besoin de me savoir prise par la main, aimée, convoitée, désirée. Narcissisme à son paroxysme ! Toi qui n’es plus et m’amène pourtant à délirer. Regarde-moi à parler aux cieux, à porter aux nues mes peines, à vendre au firmament notre amour mort. »

D’un pas hésitant, elle rentre. Elle se déshabille. Adèle s’allonge et s’engouffre sous sa couette  qui la protège toujours des tempêtes de l’extérieur ; comme coupée du monde elle se renferme dans son antre. Il y fait chaud, la sensation y est douce et confortable. Cette enveloppe lui vaut encore aujourd’hui le mérite d’être un excellent rempart. Les coups pleuvaient mais glissaient sous les plumes. Rien ne parvenait jusqu’au petit corps d’Adèle comme si ses propres odes à la Nature Humaine avaient sifflé jusqu’aux oreilles des anges.
Elle s’endort au rythme de sa  propre voix…

***
Le sentiment d’abandon
Est revenu
Il est têtu
S’acharne contre ma raison.

J’ai tenté de le combler
De sorties
En tromperies
En vain, il est armé.

Maléfique, il me détruit,
Me rend folle
Me console
Toujours sans un bruit.

Il se fait parfois oublié.
Je revis,
Je souris
Admiration pour mon bel aimé.

Et d’autres il revient,
M’affaiblit
Me pourrit
J’en oublie les miens.

Je provoque l’absence
D’un désir,
Dans un soupir,
Et répands mes larmes en silence.

Je souffre de dépendance
A l’absent,
A l’inconscient
Mon amertume se fait rance.

J’ai, mais je ne vois pas.
Oublie mon amour
Et provoque son désamour.
Je sais que je ne dois pas.

Dans la désillusion du fantasme,
Jamais réalisé,
Parfois idéalisé
Je dois faire taire son sarcasme.

L’abandon n’est qu’une protection,
Je le vis,
Et ainsi je le traduis
En toute absence de retour d’affection.

Désespoir.
« Nous allons arrêter là.
- D’accord. »

Les yeux encore embrumés par cette difficile expérience, le corps encore lourd, elle se relève. La séance est finie. Elle se voit comme une poupée accrochée à son ruban de papier cadeau, balancée de gauche à droite entre Adèle et Violette. La raison commence à se faire rare ….

Madeleine Adèle

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Message  Sahkti Jeu 11 Sep 2014 - 8:50

Ce qui me plaît tout particulièrement, c'est le choix narratif, parler ainsi d'Adèle, lui donnant le premier rôle tout en maintenant la distance; cela me paraît bien maîtrisé.
J'apprécie aussi ce mélange entre pudeur et exposition dans la description des émotions et des tourments qui s'emparent d'elle. On ressent la force de tout cela et en même temps, tout demeure sobre, presque élégant. Une écriture que j'aime et une protagoniste assez attachante.
Je suis moins conquise - simple ressenti personnel - par l'encart "poétique" en fin de course, cela casse un peu le rythme à mes yeux.
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