Tiago

[Hue]

Tiago loup des plaines Tiago loup des bois
court encore et toujours dans les champs de lavande
bercé par les brigands
élevé dans le foin et dormant sur la paille
cherche encore l'aiguille
mais Tiago tu sais bien
que ton cœur suspendu
à la lune par des lianes
que ton cœur suspendu
n'ira jamais plus loin

Tiago roi des loups mon empire ne vaut rien
mais j'invente pour toi des horizons secrets
au milieu des cachots et des lieux égarés
pour que les vagues restent accrochées à tes yeux
que ton cœur suspendu
au berceau des soupirs
comme un millier de roses aux oreilles des fous
que ton cœur suspendu
me donne le vertige

Tiago roi de rien mon loup de pacotille
je dessine au crayon ce que tu ne cries pas

et j'aimerais seulement que ces cris soient les miens

que ton cœur suspendu
à des milliers de mains
à ces autres amours que tu frôles au hasard
coure encore et toujours dans les champs de lavande

que mon cœur suspendu
d'un battement se taise.

[David]

Salut,

C'est chouette, j'ai pensé à "Santiago" au début, la ville, mais j'ai l'impression que c'est à la mémoire d'un chien, un partenaire du réel et du rêve. Il y a une petite musique très enjoueuse, rythmée et mélancolique à la fois. Je devine une structure d'alexandrins mais ça reste bien loin des caciques de ce genre là. Le poème se porte facilement, il plairait sans doute aux enfants dans sa simplicité et son énergie.

[Polixène]

Un bon rythme bien souple comme je les aime, et la simplicité de la tendresse.
J'aime beaucoup , et j'aime beaucoup que tu reviennes sur le forum aussi!!

[So-Back]

j'aime bien le rythme et en cherchant Tiago j'ai trouvé cela


Tiago est un être bouillonnant, autoritaire, ambitieux, confiant en lui-même et passionné. Cet homme d'action a besoin de se dépenser physiquement et d'aller de l'avant. Il en impose de prime abord, et apparaît comme quelqu'un de fort, sérieux et digne de confiance. C'est souvent aussi un caractère trempé, poussant parfois jusqu'à la contradiction, l'arrogance, qui déteste la flatterie et les contraintes. Impatient, doué d'une agilité d'esprit surprenante, il peut se montrer aussi irritable, très nerveux, agressif et même violent, lorsqu'il estime que les bornes risquent d'être dépassées... Il sait surtout être agréable, très responsable, curieux, adaptable, et n'hésite pas le cas échéant à se remettre en question, l'aventure et la nouveauté ayant tendance à le stimuler. Il hésitera d'ailleurs souvent dans sa vie entre son sens des responsabilités et du devoir, son esprit de famille, et l'envie de tout remettre en cause, de vivre pour lui et non pas pour les autres. Selon les époques, ou selon les circonstances, ce sera une tendance ou l'autre qui l'emportera. Tiago apparaîtra le plus souvent comme une épaule stable et solide sur laquelle s'appuyer, même s'il préférerait être un peu moins responsable des autres, alors qu'on profitera le plus souvent de sa serviabilité et de sa manière de prendre les choses au sérieux. Enfant, il déborde de vitalité, et ce n'est certainement pas une autorité rigide qui aura de l'ascendant sur lui. Il respectera bien davantage ceux qui adopteront une attitude franche et directe, ou ceux qui lui feront confiance et respecteront son sens de la justice et de l'équité. Il possède l'amour de la famille et se montre un enfant affectueux et responsable, bien que parfois quelque peu tête brûlée. Le sport est nécessaire à son équilibre. Ni nuancé, ni impressionnable, ni influençable, il est consciencieux, courageux et, bien que parfois abrupt, il est le plus souvent cohérent dans son comportement.

[minuit]

Longtemps que je n'avais lu quelque chose d'aussi beau.
Mais quoi de plus subjectif que le beau...
Par beau j’entends que c’est à la fois doux et profond, qu’il y a ce balancement musical qui accroche, et fait que tout retombe sur ses pattes (blanches ?), avec ce pli parfait.
Pourtant ça reste simple, et c’est là qu’est la clef.
Sobriété, retenue, mais rondeur généreuse.
Pudique dans l’élan…
Ça valait le coup de laisser couler l’eau sous les ponts.
Pas besoin de dictionnaire des prénoms,
Tiago est loup de rien, mais il a le pouvoir d’inspirer ce grand « tout ».
Réjouissant.

[seyne]

oui, c'est beau, quelle danse savante, quelle course et quel beaux cris !

[minuit]

C'est total, sans chichi ni résidu
et tout un monde débarque entre les lignes.
Mais l'une d'elle :
"comme un millier de roses aux oreilles des fous"
est moins accessible dans l'évocation.
Une frustration voulue qui ferait écho ?
C'est là qu'on se demande trois secondes
s'il est bien venu que cela coince, ou pas.

[joe-joe]

Emouvant.

[jfmoods]

Si l'on suit l'hypothèse des hexasyllabes et des alexandrins, le prénom est à lire en diérèse (Ti-a-go) aux vers 1, 11 et 20, ce qui contribue à le mettre particulièrement en relief à ces trois endroits. Les occurrences de la seconde personne, qu'elles soient matérialisées par les pronoms personnels ("tu" x 3, "toi") ou par les possessifs ("ton" x 5, "tes") sont beaucoup plus nombreuses que celles de la première personne ("j'" x 2, "je", "me","mon" x 2), affirmant la présence prépondérante du loup dans cette petite histoire. L'élément le plus remarquable, sans doute, de ce poème, c'est le glissement des deux anaphores. La première passe du présent de l'indicatif à une forme conditionnelle ("court / coure encore et toujours dans les champs de lavande"), la seconde de l'allocutaire au locuteur ("que ton / mon coeur suspendu"). Ce retournement de la perspective entérine le véritable enjeu du texte qui est celui de la projection. Le fantasme se déploie notamment à travers l'utilisation du groupe nominal à connotation péjorative ("mon loup de pacotille"), l'image du dessin ("j'invente") et l'expression à caractère généralisant "des milliers de mains". Les champs lexicaux du mouvement ("court / coure", "cherche", "ira", "frôles") et de l'envol ("suspendu" x 6, "horizons", "lianes", "vertiges") jalonnent le poème, signalant la soif du locuteur, celle d'épouser une forme de liberté accessible à l'animal sauvage seul. Cette liberté est matérialisée par la revendication modeste (diérèse de "seulement") d'une voix qui serait donnée en partage par le truchement du papier (effet paradoxal : "ce que tu ne cries pas", "que ces cris soient les miens"). Une liberté qui rimerait forcément avec ces moments toujours premiers de l'émerveillement que cultive l'enfance, moments où les sens sont convoqués avec le plus de force (ouïe : "oreilles", "berceau", "soupirs", toucher : "mains", "frôles", vue et odorat : "champs de lavande", "roses").  L'image de l'aiguille figure celle, ambivalente, alternative, de l'aiguillon que l'on "cherche" et qui nous pousse, nous aidant à rejeter sans cesse le confort paralysant du lieu qui bride notre faim de découverte. Cependant, la seule forme futur du poème est négative, catégorique dans sa perspective ("n'ira jamais plus loin"). Le point d'appui du texte (qui figure à la fois la fuite et de comblement du fantasme) repose sur l'instant limite fixé par le paradoxe du dernier vers ("d'un battement se taise."), cet instant où la vie s'éteint paisiblement, à l'image de la flamme d'une bougie, pourvoyeuse de chaleur et de luminosité, qui parviendrait au bout de sa mèche.

Merci pour ce partage !

[teverino]

Bien que je n'aime guère les textes où il s'interpelle d'un Tu, Toi etc. j'ai beaucoup aimé celui-ci. Je crois qu'il est un cri de l'enfance et de l'enfance qui s'éloigne. D'une enfance quelque peu emprisonnée dans l'être ou dans le corps. Il y a du Lunalice dans ce texte touchant.
Par ailleurs Tiago en cette période particulière me fait aussi penser à certains brésiliens qui en ce moment courent encore et toujours dans les champs de lavande trop souvent
bercé(s) par les brigands pour des empires qui souvent ne valent rien.

[Pussicat]

BienvenHue et ravie de te lire à nouveau,
et pour un retour, c'est plutôt réussi !
ton texte déroule une simplicité touchante... mais pas que,
une simplicité qui cache une grande richesse,
j'aime !

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