ma timbale à la mer

[Frédéric Prunier]

ma timbale à la mer


à tournoyer cette mer entière
d'un coup de vent coup de dé
marche avant marche arrière
mon gouvernail s'est arraché
marche avant marche arrière
et ma volonté laisse emporter
marche avant marche arrière
il me faudra bien m’arrêter
si j'oublie le débarcadère
jeter dehors écope misère
tout mouillé tout oublié
et aussi de me noyer

[So-Back]

sympathique ce texte, sur une mer complice

[Gyver]

Oui, bien vu. Mais moi je lis plus une mer dominatrice que complice.
Et puis je vois dans la mise en page la timbale ^^ (peut être que je délire !)

[So-Back]

et si c'était la Turballe
Ps, mer complice reste toujours dominatrice

[Pussicat]

poésie calligramme sur... sur quoi ? rien ne va plus dans cette timbale-barque-bouteille à la mer sans gouvernail qui va avant et arrière... plus maître à bord, l'homme "mouillé oublié" ne sait plus quoi faire, ni même s'il doit en finir...
j'aime la concision du texte, sa langue, ce qu'il charrie et le calligramme...
à relire...

[teverino]

Divertissantes forme et rythmique, plus un jeu qu'un poème à mon avis. Affaibli toutefois par deux insuffisances (Prunier se serait-il laissé aller) :
- le Tournoyer du premier vers : tournoyer veut dire tourner sur soi-même, décrire des cercles. Ici le gouvernail ne peut s'arracher à forcer de tournoyer la mer, mais à force d'y tourner (fût-ce en rond) oui.

- le "oublié / et aussi de" final quantàpersomoije me gêne la musique par son double hiatus (-yééo), j'en ai encore le gosier qui sursaute...

[Frédéric Prunier]

mon cher teverino (que je t'ai reconnu mrv) :-)

que tourner fut-ce en rond ne peut être tournoyer... me quetschionne l'entendement (normal vu mon patronyme dirais-tu...)
... donc pour le gouvernail... il me semble que si le bateau tournoie et tournevire, tant est si bien que la force de l'eau face au navire, et plus encore ballote son petit corps, alors, que le gouvernail s'arrache n'est pas impossible imposture..... non ? .... et que j'ai des références, et de qualité... pirates des caraïbes, astérix face aux pirates, Omer Hello disait, élodie plut quand le déluge... etc..etc... :-)

quand à ton historique peur du hiatus
il faut s'ouvrir les chakras
c'est comme les suites de quintes en écriture musicale
c'est interdit à l'école mais bowdel qu'est-c'que ça sonne !!!

poussimerci :-) pour ta lecture que je sais attentive

so-back... : la Timbale... de la Turballe.... vaut bien la Bouteille de Marseille... Bonne Mère !!!

mac Gyver : exaquetely, cecisse est une timbale comme n'a pas dit Magritte ^^ !

merci à tous, à plus !!

[jfmoods]

L'anaphore ("marche avant marche arrière" x 3) reflète bien le caractère picaresque de l'existence humaine, ballottée sur un océan d'aléas (gradation anaphorique : "coups de vent coups de dé"). La métaphore filée maritime, qui rappellera forcément au lecteur "Mon corps est un naufrage" (http://www.vosecrits.com/t12233-mon-corps-est-un-naufrage), assure la cohésion du poème. En calligramme, on lit, en forme de menace latente, une sorte de mise en abyme de l'expression imagée "boire la tasse". Le mouvement en lui-même, vertigineux (hyperboles : "tournoyer", "mer entière"), fait littéralement éclater les repères, les caps, générant une perte brutale et irrémédiable de la direction ("mon gouvernail s'est arraché"). Le locuteur, contraint de dériver, n'a d'autre recours que la passivité (paradoxe : "ma volonté laisse emporter", pronoms personnels à la forme complément : "me" x 2, "m'") face aux événements. Sa conscience des enjeux reste cependant vive (modalisation : "il me faudra bien m'arrêter"). Il ne s'agit rien moins que de trouver à accoster, que de retrouver pour de bon la terre ferme ("débarcadère"), de quitter cette route océane au long cours acharnée, épuisante, mortifère ("noyer") qui déstructure, déprécie, désocialise l'individu (expression péjorative : "écope misère", gradation anaphorique : "tout mouillé tout oublié").

Merci pour ce partage !

[Annie]

Contente de te lire Frédéric !

J'ai plutôt pensé au bateau ivre en abordant ce poème, ce n'est pas qu'il y ait une ressemblance, mais un bateau ballotté ... ce sera pour toujours et à jamais celui du vieil Arthur.
La forme est assez curieuse pour que je m'interroge, prendre la mer sur une timbale, c'est un parti risqué sinon désespéré (puisque tu renonces à te noyer) j'y verrais bien un développement de l'image : "noyer son chagrin dans le blanc sec".

[JI]

C'est marrant, mais la mise en page me fait plutôt penser à la vue d'un bateau de face. Bon, après, ce n'est qu'une question de point de vue.
J'aime bien aussi l'idée du "coup de dé"... Comme s'il y avait un peu de hasard dans tout ça...
A bientôt !

['toM]

Dans le corps du texte on note deux soulignements (la jauge?),
Lire du dessus directement vers le dessous saborde un peu l'aérodynamique de la mise en page du texte mais pas celle de la lecture (j'ai écopé le refrain, tonnerre de Brest)

A la tienne

[Pascal-Claude Perrault]

Excellent texte ; je mets ça tout de suite en musique !

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