Les mains dans mes espoirs

[JI]

- Tu devrais garder tes espoirs au fond de tes poches ! 

Il m'adressa ces paroles, aux premières heures d'un mauvais soir.

- Tu sais Gamin...

Il m'appelait toujours comme ça, Gamin.

- Ce n'est pas le genre de chose qui peut briller dans le noir !
Ou alors, pas longtemps.
Dès que tu en deviens conscient...

Parfois, il ne terminait pas ses phrases.

- ...C'est moche ! 

Quand son moral n'était que mille éclats,
Soudain, il invitait au silence,
Le temps d'une larme.

- Tu devrais dormir, Gamin !
On devrait plutôt se voir
Demain.

Alors, les mains dans mes espoirs,
Je me couchais sans jamais connaître
Les dernières heures de ces mauvais soirs.
Ni le pleur,
D'un homme aujourd'hui disparu.

- Tu sais, Pépère...

Je l'appelais toujours comme ça, Pépère.

- Ça ne brille peut-être pas dans le noir,
Mais quand ça fait mal au cœur...

Parfois, moi non plus
je ne termine mes phrases.

[Annie]

J'aime bien ce récit, touchant au sens le plus positif, la tendresse y paraît sans mièvrerie, ni académisme, mais il me semble qu'il relève de la prose narrative.

Vraiment attachant (quand je me sens plutôt brute!)

[jfmoods]

Ce texte, tout en allusions, en non-dits, fait mouche. Un jeu constant de parallélismes contribue à en rendre la lecture facile et plaisante. Le partage des événements de la vie a construit cette relation filiale ou de type filial (conseil : "Tu devrais", fruit de expérience : "Tu sais"). Les zones d'ombre sont mises en lumière par l'antithèse ("aux premières heures d'un mauvais soir"/ "Les dernières heures de ces mauvais soirs"), par l'hyperbole ("mille éclats") et par les négations ("n'était... que", "sans", "ni"). Le glissement de la métonymie ainsi que le passage de la deuxième à la première personne du singulier ("les espoirs au fond de tes poches" / "les mains mêlées dans mes espoirs") illustrent l'importance, chez le locuteur, de cet échange formateur, désormais perdu.

Merci pour ce partage !

[So-Back]

il y avait une expression "" les mains dans les riens""
rien étant soit la solitude soit l'attente
j'aime bcp

[isa]

Je me rapproche du commentaire d'Annie: pour moi, le texte relève plus d'une prose aux accents poétiques que de la poésie à proprement parler.
Ceci dit, la relation spécifique entre les deux personnages est très bien rendue, avec ces petites zones de brouillard qui font tout l'intérêt du texte.

[Gyver]

Plus prose que poésie, ok... Je suis directement touché par ce texte, et dès le tout début, avant même de savoir que tu l'appelais "pépère"...
Bien, très bien...
Lui arrivait il de dire : "Tu ne le diras pas à mamie, hein..." ^^

[JI]

Ce petit message pour vous remercier de vos commentaires.
Ce texte a été conçu comme une poésie, mais il est vrai que la forme dialoguée amène inévitablement sur le chemin de la prose...
J'ai apporté quelques modifications à ce texte depuis sa publication sur VosEcrits :



– Tu devrais garder tes espoirs au fond de tes poches !

Il m'adressa ces paroles, aux premières heures d'un mauvais soir.

– Tu sais Gamin…

Il m'appelait toujours comme ça, Gamin.

– Ce n'est pas le genre de chose qui peut briller dans le noir !
Ou alors, pas longtemps.
Dès que tu en deviens conscient…

Parfois, il ne terminait pas ses phrases.

– … C'est moche !

Quand son moral n'était que mille éclats,
Soudain, il invitait au silence,
Le temps d'une larme.

– Tu devrais dormir, Gamin !
Dis-moi au revoir,
Je te dirai à demain.

Alors, les mains mêlées dans mes espoirs,
Je me couchais sans jamais connaître
Les dernières heures de ces mauvais soirs.

Ni le pleur
D'un homme disparu.

– Tu sais, Pépère…

Je l'appelais toujours comme ça, Pépère.

– Ça ne brille peut-être pas dans le noir,
Mais quand ça fait mal au cœur…

Parfois, moi non plus
Je ne termine pas mes phrases.


Encore Merci !

[Polixène]

C'est vraiment un très bon texte. Un régal.

['toM]

Comme une esquisse, mais avec l'impression que tout y est. Et avec la juste distance. Des fois on se dit qu'il ne faut pas trop en ajouter: c'est bien.

[Frédéric Prunier]

cet instant de vie est un vrai poème
merci

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