Mots en monde
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Ento
post scriptum
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Mots en monde
A nos mondes perçus, s’imposent
Mots.
Tous ces semblables compagnons
Colorent voie et voix déposent
Un son brillant, le trait d’union.
Perçois, reçois belle étrangère,
Perce et rejoins vive vision,
Engendre et berce passagère,
Passion sonore d’illusions.
Et d’un cri d’aile,
A tire-d’aile,
Les voix s’étendent,
Fixant des graines sur les feuilles,
Sur les consciences où se tendent
Les vents palabres qui s’effeuillent.
Vol délesté de tout silence,
Ce noir chemin vif mais fendu
Par les dires que l’être lance,
Lettres-noyaux, sens défendus.
Et d’un cri d’aile,
Sur cire d’aile, voix étendue,
Remise au monde jamais nu.
Lue, ressentie ou entendue,
Une missive, vie tenue.
Parole forte des écorchés,
Tous des braillards, ces détenus,
Destins écrits, doigts arrachés,
Loin du message maintenu.
Mots.
Tous ces semblables compagnons
Colorent voie et voix déposent
Un son brillant, le trait d’union.
Perçois, reçois belle étrangère,
Perce et rejoins vive vision,
Engendre et berce passagère,
Passion sonore d’illusions.
Et d’un cri d’aile,
A tire-d’aile,
Les voix s’étendent,
Fixant des graines sur les feuilles,
Sur les consciences où se tendent
Les vents palabres qui s’effeuillent.
Vol délesté de tout silence,
Ce noir chemin vif mais fendu
Par les dires que l’être lance,
Lettres-noyaux, sens défendus.
Et d’un cri d’aile,
Sur cire d’aile, voix étendue,
Remise au monde jamais nu.
Lue, ressentie ou entendue,
Une missive, vie tenue.
Parole forte des écorchés,
Tous des braillards, ces détenus,
Destins écrits, doigts arrachés,
Loin du message maintenu.
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 42
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: Mots en monde
Lu plusieurs fois, histoire d’être sûr. D’un point de vue strictement formel, je dirais que vos vers sonnent, mais pèchent par un rythme trop appliqué, prévisible. Il y a des structures qui reviennent comme des motifs, et cela donne une fausse impression de refrain. Pour être tout à fait concret : « Un son brillant, le trait d’union », « Lettres-noyaux, sens défendus. », « Sur cire d’aile, voix étendue », « Une missive, vie tenue », « Tous des braillards, ces détenus », « Destins écrits, doigts arrachés » ; six fois deux groupes nominaux sur quatre pieds chacun, avec effet de symétrie, la virgule comme axe, et la similitude est encore renforcée par l’ellipse quasi-systématique des déterminants. Tout cela, hélas, donne à l’ensemble un côté assez méthodique qui n’est pas forcément des plus heureux, en poésie me semble.
A part ça, vos verbes, surtout dans la deuxième moitié, disparaissent parce qu’ils ne demeurent plus que sous la forme de participes passés ou présents. L’impression qui en résulte est celle d’une écriture statique, sans muscle, qui ne fait rien donc n’a pas d’effet.
Quant au fond, j’ai eu du mal à cerner le sujet mais je pense y être parvenu en m’aidant du titre et de la première phrase. Et c’est peut-être dans le sujet que je découvre ce qui me gêne le plus : quand j’attends de la poésie un « Monde en mots », quelque chose d’expressif, un rendu d’impressions, bref, de la vie sur papier (ou écran), ici vous voulez faire l’inverse. Mais cela fait-il sens ? Lorsqu’on ne met pas le concret du monde dans l’abstrait des mots, peut-on mettre des mots concrets dans un monde abstrait ? Existe-t-il des « Lettres-noyaux » où sont les « sens défendus » ?
Vos mots sont donc dans le monde, quelque part, mais où ? Mais que disent-ils ? Et c’est là peut-être que j’ai du mal, parce que beaucoup de vos vers manipulent et tordent des concepts abstraits, et donc parlent peu aux sens. Je ne dis pas qu’ils n’ont aucune signifiance, mais la compréhension est difficile autant qu’un texte de philosophie. Lorsque vous évoquez les sens, c’est de front, c’est avec ce lexique : voix, son, sonore, vision, ressentie, entendue, parole…
Dans tout cela, il y a deux strophes qui se démarquent : « A tire-d’aile… » et « Parole forte… ». Ces deux-là comportent plus ou moins d’images. La dernière ne me parle pas à cause de l’absence de verbe. Quant à la première, c’est celle que je préfère ici car, quoique non-évidente, contournée, difficile, elle mêle avec habileté le concret et l’abstrait.
Bonne continuation !
A part ça, vos verbes, surtout dans la deuxième moitié, disparaissent parce qu’ils ne demeurent plus que sous la forme de participes passés ou présents. L’impression qui en résulte est celle d’une écriture statique, sans muscle, qui ne fait rien donc n’a pas d’effet.
Quant au fond, j’ai eu du mal à cerner le sujet mais je pense y être parvenu en m’aidant du titre et de la première phrase. Et c’est peut-être dans le sujet que je découvre ce qui me gêne le plus : quand j’attends de la poésie un « Monde en mots », quelque chose d’expressif, un rendu d’impressions, bref, de la vie sur papier (ou écran), ici vous voulez faire l’inverse. Mais cela fait-il sens ? Lorsqu’on ne met pas le concret du monde dans l’abstrait des mots, peut-on mettre des mots concrets dans un monde abstrait ? Existe-t-il des « Lettres-noyaux » où sont les « sens défendus » ?
Vos mots sont donc dans le monde, quelque part, mais où ? Mais que disent-ils ? Et c’est là peut-être que j’ai du mal, parce que beaucoup de vos vers manipulent et tordent des concepts abstraits, et donc parlent peu aux sens. Je ne dis pas qu’ils n’ont aucune signifiance, mais la compréhension est difficile autant qu’un texte de philosophie. Lorsque vous évoquez les sens, c’est de front, c’est avec ce lexique : voix, son, sonore, vision, ressentie, entendue, parole…
Dans tout cela, il y a deux strophes qui se démarquent : « A tire-d’aile… » et « Parole forte… ». Ces deux-là comportent plus ou moins d’images. La dernière ne me parle pas à cause de l’absence de verbe. Quant à la première, c’est celle que je préfère ici car, quoique non-évidente, contournée, difficile, elle mêle avec habileté le concret et l’abstrait.
Bonne continuation !
Ento- Nombre de messages : 103
Age : 32
Date d'inscription : 08/06/2009
Re: Mots en monde
Merci Ento.
Je rejoins vos remarques. J'ai eu du mal à écrire ce poème qui évoque un thème important pour moi : nous ne sommes que mots.
Je mettrais bien ce texte dans la section : "Textes ambitieux mais bons pour la corbeille". Mais bon, ce forum est aussi fait pour ces tentatives ...
Je crois que j'ai besoin de faire table rase, de ne plus écrire, d'entendre le brouhaha, de lire, pour lâcher certains automatismes d'écriture.
J'essaierai de réécrire ce poème, plus tard.
A bientôt.
Je rejoins vos remarques. J'ai eu du mal à écrire ce poème qui évoque un thème important pour moi : nous ne sommes que mots.
Je mettrais bien ce texte dans la section : "Textes ambitieux mais bons pour la corbeille". Mais bon, ce forum est aussi fait pour ces tentatives ...
Je crois que j'ai besoin de faire table rase, de ne plus écrire, d'entendre le brouhaha, de lire, pour lâcher certains automatismes d'écriture.
J'essaierai de réécrire ce poème, plus tard.
A bientôt.
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 42
Date d'inscription : 18/11/2011
Re: Mots en monde
pour la corbeille, je crois que ce serait une mauvaise idée )))
après, après,
tant que l'on ressent une virgule inopportune...
en relecture à froid
ici, si ces mots étaient à moi
je continuerais à ciseler leur musique
pour que dans mon esprit d'auteur, je sois en raccord complet
entre phrasé, image, et sens
amitié post
après, après,
tant que l'on ressent une virgule inopportune...
en relecture à froid
ici, si ces mots étaient à moi
je continuerais à ciseler leur musique
pour que dans mon esprit d'auteur, je sois en raccord complet
entre phrasé, image, et sens
amitié post
Re: Mots en monde
Trop peu de temps pour en dire tout ce que j'en pense. Mais il y a quelque chose. Avec du travail (le tien) pour en faire un très beau texte. Envie de dire qu'il le mérite, qu'il y a un son "Apollinaire". Belle clarté, chère raison... Non, il n'est pas bon pour la corbeille, juste rallumer la lampe.
'toM- Nombre de messages : 278
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Re: Mots en monde
Je suis complètement d'accord avec les trois avis précédents.
Les parties les plus percutantes sont aussi les plus âpres -peu de déterminants et d'adjectifs-
par exemple, mon passage préféré:
Tous ces semblables compagnons
Colorent voie et voix déposent
Un son brillant, le trait d’union.
Perçois, reçois belle étrangère,
Perce et rejoins vive vision,
Engendre et berce passagère,
Passion sonore d’illusions.
J'y entends presque la syncope des couplets de lola rastakouère (gainsbourg), et c'est un compliment.
'toM a raison pour Apollinaire. Mallarmé? "passion sonore d'illusions"
(son "aboli bibelot d'inanité sonore " t'a fait flipper , toi aussi?!!!)
Les autres parties font plus "nunuche", et ce contraste ne sert pas ton projet, ta belle idée.
Les parties les plus percutantes sont aussi les plus âpres -peu de déterminants et d'adjectifs-
par exemple, mon passage préféré:
Tous ces semblables compagnons
Colorent voie et voix déposent
Un son brillant, le trait d’union.
Perçois, reçois belle étrangère,
Perce et rejoins vive vision,
Engendre et berce passagère,
Passion sonore d’illusions.
J'y entends presque la syncope des couplets de lola rastakouère (gainsbourg), et c'est un compliment.
'toM a raison pour Apollinaire. Mallarmé? "passion sonore d'illusions"
(son "aboli bibelot d'inanité sonore " t'a fait flipper , toi aussi?!!!)
Les autres parties font plus "nunuche", et ce contraste ne sert pas ton projet, ta belle idée.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Mots en monde
je suis gêné par la tournure binaire/symétrique, qui donne un aspect clos et entêtant, ramassé sur soi.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Mots en monde
Merci pour vos commentaires encourageants et constructifs.
'toM et Polyxène, vous avez bien perçu les mots qui m'inspirent le plus : ceux de Mallarmé et Apollinaire. Il y a aussi Paul Valéry, René Char, Michaux, Lorca, Jean Sénac ...
Je rejoins vos remarques sur l'aspect mécanique, binaire, prévisible de l'écriture de ce poème hi wen et Ento.
Cependant, je maintiens le sens de ce poème qui souhaite rendre hommage aux mots rencontrés, choisis tels des êtres. Je les pense comme des entités propres qui sont à prendre, comprendre, manier et à remettre au monde afin de pourvoir être dans celui-ci.
Les mots, c'est bien connu resteront mais seront contraints tout de même à la mouvance de leur signifiant ou de leur signifié, à l'oubli.
Bref Ento, je prends comme postulat que le verbe est premier. Pas d'existence dans ce monde sans mots. Les mots sont aussi concrets que ce monde d'illusions ...
Je pense que la poésie est un lieu bien choisi pour évoquer des thèmes philosophiques. Surtout celui du langage. En tout cas, c'est un chemin lexical possible ...
Amitiés.
'toM et Polyxène, vous avez bien perçu les mots qui m'inspirent le plus : ceux de Mallarmé et Apollinaire. Il y a aussi Paul Valéry, René Char, Michaux, Lorca, Jean Sénac ...
Je rejoins vos remarques sur l'aspect mécanique, binaire, prévisible de l'écriture de ce poème hi wen et Ento.
Cependant, je maintiens le sens de ce poème qui souhaite rendre hommage aux mots rencontrés, choisis tels des êtres. Je les pense comme des entités propres qui sont à prendre, comprendre, manier et à remettre au monde afin de pourvoir être dans celui-ci.
Les mots, c'est bien connu resteront mais seront contraints tout de même à la mouvance de leur signifiant ou de leur signifié, à l'oubli.
Bref Ento, je prends comme postulat que le verbe est premier. Pas d'existence dans ce monde sans mots. Les mots sont aussi concrets que ce monde d'illusions ...
Je pense que la poésie est un lieu bien choisi pour évoquer des thèmes philosophiques. Surtout celui du langage. En tout cas, c'est un chemin lexical possible ...
Amitiés.
A nos mondes perçus, s’imposent
Mots.
Tous ces semblables compagnons
Colorent voie et voix déposent
Un son brillant, le trait d’union.
Perçois, reçois belle étrangère,
Perce et rejoins vive vision,
Engendre et berce passagère,
Passion sonore d’illusions.
Et d’un cri d’aile,
A tire-d’aile,
Les voix s’étendent,
Fixant des graines sur les feuilles,
Sur les consciences où se tendent
Les vents palabres qui s’effeuillent.
Vol délesté de tout silence,
Ce noir chemin vif mais fendu
Par les dires que l’être lance,
Ces lettres aux sens défendus.
Et d’un cri d’aile,
Sur cire d’aile, voix étendue,
Prise et mise au monde connu.
Lue, ressentie ou entendue,
Une missive et vie tenue.
Parole forte des écorchés
Egorge les eaux retenues.
Os, mots lancés bientôt lâchés,
Loin du message maintenu.
Mots.
Tous ces semblables compagnons
Colorent voie et voix déposent
Un son brillant, le trait d’union.
Perçois, reçois belle étrangère,
Perce et rejoins vive vision,
Engendre et berce passagère,
Passion sonore d’illusions.
Et d’un cri d’aile,
A tire-d’aile,
Les voix s’étendent,
Fixant des graines sur les feuilles,
Sur les consciences où se tendent
Les vents palabres qui s’effeuillent.
Vol délesté de tout silence,
Ce noir chemin vif mais fendu
Par les dires que l’être lance,
Ces lettres aux sens défendus.
Et d’un cri d’aile,
Sur cire d’aile, voix étendue,
Prise et mise au monde connu.
Lue, ressentie ou entendue,
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Parole forte des écorchés
Egorge les eaux retenues.
Os, mots lancés bientôt lâchés,
Loin du message maintenu.
post scriptum- Nombre de messages : 252
Age : 42
Date d'inscription : 18/11/2011
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