Petit cadeau pour toi
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Jonjon
Yali
6 participants
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Petit cadeau pour toi
Pour christelle
J’avais cinq ans et, dans le papier cadeau du père Noël, je déchirais un lecteur cassette et la cassette allant avec. Rappelez-vous, l’objet plastique : entre deux roues des kilomètres de bande magnétique
Ô vie heureuse des bourgeois
Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle,
Ils sont fiers et contents
Ce pigeon est aimé,
Trois jours par sa pigeonne
Ça lui suffit il sait
Que l'amour n'a qu'un temps
Et un ballon de basket
Ce dindon a toujours
Béni sa destinée
Et quand vient le moment
De mourir il faut voir
Cette jeune oie en pleurs
C'est la que je suis née
Je meurs près de ma mère
Et je fais mon devoir
Je me souviens pas avoir joué avec ledit ballon, je me souviens surtout m’être assis dessus, avoir enclenché la touche « Play » avoir entendu :
Elle a fait son devoir
C'est a dire que Onques
Elle n'eut de souhait
Impossible elle n'eut
Aucun rêve de lune
Aucun désir de jonque
L'emportant sans rameurs
Sur un fleuve inconnu
« Onques » je savais pas ce que ça voulait dire. Ne savais pas non plus le sens des vers de Richepin, j’aimais la voix, la mélodie de Brassens.
Et tous sont ainsi faits
Vivre la même vie
Toujours pour ces gens là
Cela n'est point hideux
Ce canard n'a qu'un bec
Et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir
Ou bien d'en avoir deux
Sitôt finie la chanson : « rewind » et« play » encore et encore :
Ils n'ont aucun besoin
De baiser sur les lèvres
Et loin des songes vains
Loin des soucis cuisants
Possèdent pour tout cœur
Un viscère sans fièvre
Un coucou régulier
Et garanti dix ans
Les années passent, bien sûr qu’elles passent, passèrent tant que le ballon fini au placard, tandis que je fredonnais :
Ô les gens bien heureux
Tout à coup dans l'espace
Si haut qu'ils semblent aller
Lentement en grand vol
En forme de triangle
Arrivent planent, et passent
Où vont ils? ... qui sont-ils ?
Comme ils sont loin du sol
Passèrent encore :
Regardez les passer, eux
Ce sont les sauvages
Ils vont où leur désir
Le veut par dessus monts
Et bois, et mers, et vents
Et loin des esclavages
L'air qu'ils boivent
Ferait éclater vos poumons
Si bien que jamais le ballon n’a vu ni jamais vécu un panier, si bien que jamais je n’ai atteint la taille minimal du basketteur. Jamais. Un mètre quatre-vingt c’est peu pour l’exercice, sauf que :
Regardez les avant
D'atteindre sa chimère
Plus d'un l'aile rompue
Et du sang plein les yeux
Mourra. Ces pauvres gens
Ont aussi femme et mère
Et savent les aimer
Aussi bien que vous, mieux*
J’avais cinq ans, puis déjà six et, dans le papier cadeau du père Noël, je découvrais un ballon, un autre, dont je me foutais tout à fait et, une bande magnétique, une autre, après Richepin et la voix de Brassens venait celle de Ferrat et les vers d’Apollinaire pour Lou. Guillaume disait :
Lou si je meurs là-bas souvenir qu'on oublie
Souviens-t'en quelquefois aux instants de folie
De jeunesse et d'amour et d'éclatante ardeur
Mon sang c'est la fontaine ardente du bonheur
Et sois la plus heureuse étant la plus jolie
Tu vois. Jouer au ballon je ne sais pas. Je n’ai jamais appris, je n’en ai même jamais eu l’envie, mais jouer avec toi et les mots, je sais faire ça depuis toujours :
Ô mon unique amour et ma grande folie.**
* Les oiseaux de passage : Jean Richepin
** Poème à Lou : Apollinaire (Lisez-ça, c'est tellement ça)
Yali- Nombre de messages : 8624
Age : 59
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Petit cadeau pour toi
L'intertextualité à son meilleur, c'est plein de nostalgie et de tout-joli. J'aime beaucoup Yali.
Jonjon- Nombre de messages : 2908
Age : 40
Date d'inscription : 21/12/2005
Re: Petit cadeau pour toi
Après la lecture de ton texte, je constate que je n’accroche pas au poème même écrit par de grand auteur et que je ne suis pas du genre nostalgique. J’ai relu une deuxième fois et je n’arrive toujours pas à m’immerger dans ce récit, désolé !
Je préfère quand tu écrits des textes comme « Les anges tombent des rideaux », surement que j’accroche plus aux vers de Léo Ferré :-)
Je préfère quand tu écrits des textes comme « Les anges tombent des rideaux », surement que j’accroche plus aux vers de Léo Ferré :-)
Numériplume- Nombre de messages : 543
Age : 53
Localisation : Au-delà des dunes
Date d'inscription : 31/10/2007
Re: Petit cadeau pour toi
Ce à quoi je n'accroche pas, de mon côté, c'est le mélange des deux. Le texte de Yali peut paraître pâlot à côté du poème, qui est tout de même quelque chose et qui prend peut-être trop de place, faisant de l'ombre à l'émotion des lignes du souvenir.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Petit cadeau pour toi
Note autobiographique : J'ai été élevé avec "Bécassine, c'est ma cousine", de Chantal Goya, alors évidemment...
Le texte "écrit" est évidemment en retrait des textes "cités", mais c'est un cadeau, et aussi un exercice d'admiration alors...
PS : Le "Un mètre quatre-vingt c’est peu", je trouve ça un peu court comme remarque :-))))
Le texte "écrit" est évidemment en retrait des textes "cités", mais c'est un cadeau, et aussi un exercice d'admiration alors...
PS : Le "Un mètre quatre-vingt c’est peu", je trouve ça un peu court comme remarque :-))))
Loupbleu- Nombre de messages : 5838
Age : 52
Localisation : loupbleu@vosecrits.com
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Petit cadeau pour toi
... mais ça peut peser lourd...Loupbleu a écrit:PS : Le "Un mètre quatre-vingt c’est peu", je trouve ça un peu court comme remarque :-))))
"Et moi, j'étais là, cent treize kilos, perpétuellement paumé et déboussolé, court sur pattes et comme un singe au-dessus de la ceinture, pas de cou, une tête trop grosse, les yeux larmoyants, les cheveux en bataille, un mètre quatre-vingt de bouffonnerie qui l'attendait, elle." (Women, C. Bukowski)
claire- Nombre de messages : 590
Age : 56
Date d'inscription : 07/05/2007
Re: Petit cadeau pour toi
J'ai adoré ! Merci de m'avoir rappelé ces vers âpres de Richepin que Brassens a admirablement servis avec sa musique. Une merveille, cette rencontre...
Invité- Invité
Re: Petit cadeau pour toi
Ah, tiens, je ne résiste pas. Un autre Richepin chanté par Brassens.
Philistins, épiciers,
Tandis que vous caressiez
Vos femmes
En songeant aux petits
Que vos grossiers appétits
Engendrent,
Vous pensiez : "Ils seront
Menton rasé, ventre rond,
Notaires !"
Mais pour bien vous punir,
Un jour vous voyez venir
Sur Terre
Des enfants non voulus
Qui deviennent chevelus,
Poètes.
Philistins, épiciers,
Tandis que vous caressiez
Vos femmes
En songeant aux petits
Que vos grossiers appétits
Engendrent,
Vous pensiez : "Ils seront
Menton rasé, ventre rond,
Notaires !"
Mais pour bien vous punir,
Un jour vous voyez venir
Sur Terre
Des enfants non voulus
Qui deviennent chevelus,
Poètes.
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