Abyssinie d’Ouessant
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Mélusine
Gobu
'toM
loic
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Abyssinie d’Ouessant
Abyssinie d’Ouessant
C’est un chemin de quartz qui tranche la tourbière
Adossés sous les grès errants dans les halliers
De grands moutons obscurs hèlent les trépassés
La lime des nuages, agneaux qui s’effilochent
Gambadant sous l’écume de disettes anciennes
Contemple nos silhouettes, fondues dans le décor
Les pans anéantis d’estives désertées
Chantant sur l’agonie des heures disparues
Etirent le décor du chemin parcouru
Les terres sont d’énergie, aux prouesses de nos pas
Elles sondent nos pensées et nous donnent l’osmose
Et le miracle d’être dans les brumes s’allège…
C’est un chemin de quartz qui tranche la tourbière
Adossés sous les grès errants dans les halliers
De grands moutons obscurs hèlent les trépassés
La lime des nuages, agneaux qui s’effilochent
Gambadant sous l’écume de disettes anciennes
Contemple nos silhouettes, fondues dans le décor
Les pans anéantis d’estives désertées
Chantant sur l’agonie des heures disparues
Etirent le décor du chemin parcouru
Les terres sont d’énergie, aux prouesses de nos pas
Elles sondent nos pensées et nous donnent l’osmose
Et le miracle d’être dans les brumes s’allège…
Re: Abyssinie d’Ouessant
Salut, cher géologue.
Je ne connais pas bien l'Abyssinie, pas beaucoup mieux les abysses. Un peu Ouessant. Je ne la connais qu'un peu mais je l'aime. Beaucoup. Peut-être, je la trouve plus sereine - à l'image de son bétail en liberté, moins nostalgique, moins lyrique que ce que je trouve (à première lecture), dans ton texte. J'aime bien les références de la fin. Ce "terres d'énergie" et "sondent nos pensées". Mais ce n'est pas abyssal pour autant. C'est la mer, toute simplement, et énergiquement.
J'aime bien ton écriture, sa recherche, son travail sur la couleur des expressions. Mais je me demande -sur ce sujet qui m'est proche, donc que je lis avec un regard particulier- si ça ne peut pas être épuré. Mais c'est vachement dur, la simplification du compliqué. Un coup de vent, peut-être...
Salut, et content de ton retour.
Je ne connais pas bien l'Abyssinie, pas beaucoup mieux les abysses. Un peu Ouessant. Je ne la connais qu'un peu mais je l'aime. Beaucoup. Peut-être, je la trouve plus sereine - à l'image de son bétail en liberté, moins nostalgique, moins lyrique que ce que je trouve (à première lecture), dans ton texte. J'aime bien les références de la fin. Ce "terres d'énergie" et "sondent nos pensées". Mais ce n'est pas abyssal pour autant. C'est la mer, toute simplement, et énergiquement.
J'aime bien ton écriture, sa recherche, son travail sur la couleur des expressions. Mais je me demande -sur ce sujet qui m'est proche, donc que je lis avec un regard particulier- si ça ne peut pas être épuré. Mais c'est vachement dur, la simplification du compliqué. Un coup de vent, peut-être...
Salut, et content de ton retour.
'toM- Nombre de messages : 278
Age : 68
Date d'inscription : 10/07/2014
Re: Abyssinie d’Ouessant
Salut Loïc.
Pas mal de souffle (marin ?) dans ce poème. Fluidité et remous. J’aime le quartz et la tourbe de l’intro, qui parlent à mon cœur de nostalgique des paysages bretons.
Deux images me gênent un peu. En premier lieu « la lime des nuages » surtout pour évoquer des « agneaux qui s’effilochent », et puis aussi le miracle qui s’allège ; d’abord le verbe « être » peut-être aurait-il fallu choisir un terme qui évoque davantage la lourdeur. Des broutilles, cependant, qui n’ôtent rien au charme de la lecture.
En revanche, s’agissant d’alexandrins, je vais tenter de me montrer aussi pointilleux que certains des commentateurs de l’ « Age d’Or » de VE qui ont décortiqué (et affiné) plusieurs de mes sonnets.
J’en ai déniché deux qui me paraissent litigieux :
Les/ter/res/sont/d’én/er/gie, aux/prou/ess/es/de/nos/pas
Qui compte 14 pieds quand on scande toutes les syllabes, et
Ell/es/son/dent/nos/pen/sées et/nous/don/nent/l’os/mose
Qui en compte 13.
On pourrait aussi épiloguer sur le mot « silhouette », qui devrait s’articuler : « sil/hou/et/te »
avec une scansion parfaitement orthodoxe mais cela me gêne moins car c’est en 2 syllabes qu’on le prononce généralement et le « e » final tombe à l’hémistiche.
Compte tenu de ton aisance à versifier, tu devrais pouvoir arranger tout cela sans difficultés.
Au plaisir de te relire.
Gobu
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Abyssinie d’Ouessant
Errata :
Il fallait naturellement lire : d’abord le verbe « être », et puis peut-être aurait-il fallu choisir un terme qui évoque davantage la lourdeur que le mot miracle.
Mille excuses.
Gobu
Il fallait naturellement lire : d’abord le verbe « être », et puis peut-être aurait-il fallu choisir un terme qui évoque davantage la lourdeur que le mot miracle.
Mille excuses.
Gobu
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Abyssinie d’Ouessant
J'aime toujours autant ce bain de nostalgie
avec une mention toute particulière pour :
"De grands moutons obscures hèlent les trépassés"
Bonne et heureuse année à tous les lecteurs et acteurs
de ce site
avec une mention toute particulière pour :
"De grands moutons obscures hèlent les trépassés"
Bonne et heureuse année à tous les lecteurs et acteurs
de ce site
Mélusine- Nombre de messages : 185
Age : 63
Localisation : sous l'ondée
Date d'inscription : 13/03/2009
Re: Abyssinie d’Ouessant
L'alexandrin n'est pas forcément ce qui te va le mieux, mais pourquoi pas. La régularité des vagues, l'ostinato...
Pour moi deux choses pêchent : bien sûr la quatrième strophe , musicalement et par le sens; mais aussi le titre (trop explicatif mais peu explicite, et pas engageant)
Et, comme Mélusine, je garde l'image des grands moutons obscurs.
Ta marque de fabrique? Embrasser d'un regard, même s'il est intérieur, l'immensité et le dérisoire.
Pour moi deux choses pêchent : bien sûr la quatrième strophe , musicalement et par le sens; mais aussi le titre (trop explicatif mais peu explicite, et pas engageant)
Et, comme Mélusine, je garde l'image des grands moutons obscurs.
Ta marque de fabrique? Embrasser d'un regard, même s'il est intérieur, l'immensité et le dérisoire.
Polixène- Nombre de messages : 3287
Age : 61
Localisation : Dans un pli du temps . (sohaz@mailo.com)
Date d'inscription : 23/02/2010
Re: Abyssinie d’Ouessant
j'en ai l'iode à la bouche, c'est un îlien qui m'a dit çà
So-Back- Nombre de messages : 3652
Age : 100
Date d'inscription : 04/04/2014
Re: Abyssinie d’Ouessant
ça c'est drôle, c'est le même poème que tom, en version classique.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
Re: Abyssinie d’Ouessant
Le titre - qu'on peut lire comme une métaphore ou comme une périphrase d'ordre intime désignant le lieu - ne manque pas de fasciner le lecteur. « Abyssinie d'Ouessant ». Les termes d'un contraste saisissant résonnent, offrant en pâture de paradoxales noces entre situation océane et sécheresse infinie, aridité abyssale des conditions de vie.
Le présentatif initial (« C'est... qui ») met en exergue l'endroit. Balisant le paysage en largeur et en hauteur, le jeu des personnifications (« Adossés sous les grès », « De grands moutons obscurs hèlent », « La lime des nuages... Contemple nos silhouettes », « estives désertées / Chantant », « Les terres... Elles sondent nos pensées ») fixe la profondeur de l'envoûtement exercé. Les champs lexicaux croisés du dénuement ( « s'effilochent », « disettes », « désertées ») et de la mort (« trépassés », « anéantis », « l'agonie », « disparues ») jalonnent les trois premières strophes. Deux verbes (« tranche », « Étirent») impriment une violence - verticale et horizontale - au propos.
La fin du poème reflète la volonté d'intérioriser une topographie singulière, revêche à l'homme. Par un travail héroïque d'arpenteur (métaphore : « aux prouesses de nos pas »), le poète parvient à entrer en contact, à s'arrimer à l'intimité du lieu (terme éminemment mélioratif : « l'osmose », expression à valeur hyperbolique : « le miracle d'être dans les brumes s'allège »).
Merci pour ce partage !
Le présentatif initial (« C'est... qui ») met en exergue l'endroit. Balisant le paysage en largeur et en hauteur, le jeu des personnifications (« Adossés sous les grès », « De grands moutons obscurs hèlent », « La lime des nuages... Contemple nos silhouettes », « estives désertées / Chantant », « Les terres... Elles sondent nos pensées ») fixe la profondeur de l'envoûtement exercé. Les champs lexicaux croisés du dénuement ( « s'effilochent », « disettes », « désertées ») et de la mort (« trépassés », « anéantis », « l'agonie », « disparues ») jalonnent les trois premières strophes. Deux verbes (« tranche », « Étirent») impriment une violence - verticale et horizontale - au propos.
La fin du poème reflète la volonté d'intérioriser une topographie singulière, revêche à l'homme. Par un travail héroïque d'arpenteur (métaphore : « aux prouesses de nos pas »), le poète parvient à entrer en contact, à s'arrimer à l'intimité du lieu (terme éminemment mélioratif : « l'osmose », expression à valeur hyperbolique : « le miracle d'être dans les brumes s'allège »).
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
bonne année
merci jf moods pour cette analyse époustouflante, je dois à mes amis lecteurs d'avouer que je ne parle pas d'Ouessant mais d'achill Island en Irlande...
c'est vrai que mon champ poétique est porté sur le dérisoire, je dois voir les choses comme ça... sans doute un peu dépité, un peu désabusé (encore que j'ai du mal avec la définition de désabusé)
Merci à vous tous et a ce site exigeant à fréquenter
et bonne année...
loic
c'est vrai que mon champ poétique est porté sur le dérisoire, je dois voir les choses comme ça... sans doute un peu dépité, un peu désabusé (encore que j'ai du mal avec la définition de désabusé)
Merci à vous tous et a ce site exigeant à fréquenter
et bonne année...
loic
Re: Abyssinie d’Ouessant
Comme il existe deux versions de ce poème, il apparaît nécessaire de les mettre en perspective. Une lecture comparée des textes s'impose, qui laisse apparaître une volonté de...
- privilégier ici l'ambiguïté de l'adjectif verbal (« errants ») qui s'éclaire là-bas par le glissement vers un participe présent précédé d'une virgule.
- se montrer plus démonstratif ici (« C'est... qui » → « C'est... », « tranche » → « labourant », « du chemin parcouru » → « d'un chemin parcouru », « prouesses » → « rados »)
- marquer de manière moins affirmative ici la conclusion (« dans les brumes s'allège...» → « dans les brumes s'allège. »)
Merci pour ce partage !
- privilégier ici l'ambiguïté de l'adjectif verbal (« errants ») qui s'éclaire là-bas par le glissement vers un participe présent précédé d'une virgule.
- se montrer plus démonstratif ici (« C'est... qui » → « C'est... », « tranche » → « labourant », « du chemin parcouru » → « d'un chemin parcouru », « prouesses » → « rados »)
- marquer de manière moins affirmative ici la conclusion (« dans les brumes s'allège...» → « dans les brumes s'allège. »)
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jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
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