Poème-Panique.
4 participants
Page 1 sur 1
Poème-Panique.
La nuit, les visages, les dents qui pourrissent, les rêves qui se mettent à sentir les cadavres qui sourient sur les tombes, l'obscénité du ciel s'il est bleu quand le sang des pauvres pisse comme l'eau sur le marbre à rigoles de la table d'autopsie
Mon amour j'ai peur
Mon amour je crève de trouille
Je te parle des enfants qui courent dans ma tête, je te parle des vieux ciels, je te parle de lambeaux d'éternités, peaux morte, salées de larmes : je te parle de moi.
Les trains qui rampent en crevant la nuit, écumeurs d'intestins, faiseurs de poupées torses
L'oeil crevé d'un clochard que dévore un rat,
la froideur des nuits de l'âme dans les corps -cagibis
La fille qui s'afflige d'un goitre, l'horreur calme des jours, le blanc parfum de l'ennui...
Mon amour j'ai si peur
Mon amour je crève de trouille
Je te parle des hurlements têtus de l'espérance qui cognent entre mes tempes faibles quand mes orteils se tiennent crispés, prêts à lâcher, sur le bord du gouffre : je te parle de moi.
Les oiseaux que nourrissait mon père et qui dorment à présent avec lui dans la fosse, les larmes des fous qui salent mes lèvres, les bols de la colère d'un Dieu auprès de qui je gémis, prophète de l'horreur et des fièvres ardentes, enfant souillé de sperme aux yeux cernés de feu et de fleurs mauves, panique noire des draps mouillés que convulsent mes insomnies, antique désir de paix qu'offense la merde, sang éjaculé sur les tribunes de ciment, méchanceté des maisons collectives, migraines des mères seules, sexes brandis sur la charogne qui palpite dans le néant des désirs, son sexe vorace armé de mille bouches !
Mon amour j'ai si peur !
mon amour je crève de trouille...
je te parle de la vie amputée, de la source tarie, rouillée de lèpre, de la coulée vert-gonorrhée des poissons irradiés, de la voix si belle jeune et qu'à présent hachure le noir sanglot : je te parle de moi.
La mort minablement glorieuse du buveur, l'invisible et énorme vautour perché sur son lit d'hosto qui lui bouffe le foie et lui, infiniment déchiqueté par les aciers et les remèdes, hurlant avec les chiens de laboratoires aux crânes ouverts hérissés d'électrodes comme la tête de la beauté se préparant pour le bal de bigoudis multicolores !
Atrocités des joliesses et des couleurs, crayon vert d'Heinrich Himmler, rouge de Staline, liserés framboises des uniformes, feuilles de chêne d'or cousu sur le drap des uniformes,
Atrocité des chants et des rires qui dansent au milieu des uniformes comme des putains grimées de sang caillé : putes livides aux pupilles de caillots noirs, puant l'abattoir et le dégueulis d'ivrogne !
Atrocité des yeux gonflés de désirs,
Atrocité des sexes qui se fouillent et s'entre dégueulent, Atrocité des rires de ventres et des ventres gonflés de merde et d'humeurs,
Atrocités des voix et des souffles, atrocités des silences aux dents crispées,
Atrocité des meurtres sans fins, des hécatombes qui naissent, noria du désespoir humain, sans fin dans nos têtes folles, dans nos têtes orgueilleuses, dans nos têtes isolées de morgue, dans nos têtes d'ombre , dans nos têtes souffrantes, dans nos têtes solitaires...
Atrocité de la femme au ventre lesté de vie, de la femme enceinte : qui a pitié de son ventre lourd et de son courage ?
Qui a pitié de sa solitude et de la nôtre ?
Mon amour j'ai si peur
Mon amour je crève de trouille...
Je foule en haletant la terre semée de sanglots des hommes, je ne suis si meilleur ni pire qu'eux, mes mots sont durs parfois et parfois j'agis et parle comme s'il n'y avait pas en moi cette crucifiante pitié pour mes frères humains qui ne me fait goûter la vie qu'à peine, du bout des lèvres, perpétuellement au bord de la nausée ?
Je ne cesse d'arpenter la terre des hommes, laissant l'empreinte de mes pas qu'effacent les ondées de deuil, sur les terres des pleurs-d'enfants, sur les terres des souffrances-vertiges, sur les terres des espoirs déchirés, sur les terres des céphalées-mystiques, sur les landes des grands abandons, sur celles des mains faibles qui se tendent vers l'éternel silence et la pitié fluette et rebutée des foules sages et pressées...
J'ai un gout de merde et de sel dans la bouche.
Je gémis, je désire d'un grand désir la présence douce d'un Dieu.
Je griffe en m'en retourner les ongles le ventre dur du ciel, je cogne aux plis des nuages, je hurle, hurle, hurle comme un dément dans la faïence pâle, je hurle, hurle, hurle dans le vaste, très vaste, assourdissant silence des colombes pures et des séraphins: le ciel reste calme et me renvoie mon hurlement comme une gifle...
Mon amour ! Aime-moi !
Aie pitié de ma souffrance!
Je me love sous ton sein comme un enfant craintif
j'ai foi en la bonté de ton rire et la chaleur de ta douce peau n'est pas trompeuse!
Emporte-moi, ma chérie, vers les azurs d'enfant et les dessins d'anges,
Vers les noëls candides et leurs flocons danseurs !
Extrait, calme femme, de mon chaos, la grande pitié qui me tourmente
Et porte la au jour !
Dans tes mains en coupe, ô mon amour ,tend-la au ciel pour qu'enfin il s'émeuve
révélant ainsi aux hommes, ma chérie, la tendresse
Que leur masquait le tumulte de mon angoisse...
M.
Mon amour j'ai peur
Mon amour je crève de trouille
Je te parle des enfants qui courent dans ma tête, je te parle des vieux ciels, je te parle de lambeaux d'éternités, peaux morte, salées de larmes : je te parle de moi.
Les trains qui rampent en crevant la nuit, écumeurs d'intestins, faiseurs de poupées torses
L'oeil crevé d'un clochard que dévore un rat,
la froideur des nuits de l'âme dans les corps -cagibis
La fille qui s'afflige d'un goitre, l'horreur calme des jours, le blanc parfum de l'ennui...
Mon amour j'ai si peur
Mon amour je crève de trouille
Je te parle des hurlements têtus de l'espérance qui cognent entre mes tempes faibles quand mes orteils se tiennent crispés, prêts à lâcher, sur le bord du gouffre : je te parle de moi.
Les oiseaux que nourrissait mon père et qui dorment à présent avec lui dans la fosse, les larmes des fous qui salent mes lèvres, les bols de la colère d'un Dieu auprès de qui je gémis, prophète de l'horreur et des fièvres ardentes, enfant souillé de sperme aux yeux cernés de feu et de fleurs mauves, panique noire des draps mouillés que convulsent mes insomnies, antique désir de paix qu'offense la merde, sang éjaculé sur les tribunes de ciment, méchanceté des maisons collectives, migraines des mères seules, sexes brandis sur la charogne qui palpite dans le néant des désirs, son sexe vorace armé de mille bouches !
Mon amour j'ai si peur !
mon amour je crève de trouille...
je te parle de la vie amputée, de la source tarie, rouillée de lèpre, de la coulée vert-gonorrhée des poissons irradiés, de la voix si belle jeune et qu'à présent hachure le noir sanglot : je te parle de moi.
La mort minablement glorieuse du buveur, l'invisible et énorme vautour perché sur son lit d'hosto qui lui bouffe le foie et lui, infiniment déchiqueté par les aciers et les remèdes, hurlant avec les chiens de laboratoires aux crânes ouverts hérissés d'électrodes comme la tête de la beauté se préparant pour le bal de bigoudis multicolores !
Atrocités des joliesses et des couleurs, crayon vert d'Heinrich Himmler, rouge de Staline, liserés framboises des uniformes, feuilles de chêne d'or cousu sur le drap des uniformes,
Atrocité des chants et des rires qui dansent au milieu des uniformes comme des putains grimées de sang caillé : putes livides aux pupilles de caillots noirs, puant l'abattoir et le dégueulis d'ivrogne !
Atrocité des yeux gonflés de désirs,
Atrocité des sexes qui se fouillent et s'entre dégueulent, Atrocité des rires de ventres et des ventres gonflés de merde et d'humeurs,
Atrocités des voix et des souffles, atrocités des silences aux dents crispées,
Atrocité des meurtres sans fins, des hécatombes qui naissent, noria du désespoir humain, sans fin dans nos têtes folles, dans nos têtes orgueilleuses, dans nos têtes isolées de morgue, dans nos têtes d'ombre , dans nos têtes souffrantes, dans nos têtes solitaires...
Atrocité de la femme au ventre lesté de vie, de la femme enceinte : qui a pitié de son ventre lourd et de son courage ?
Qui a pitié de sa solitude et de la nôtre ?
Mon amour j'ai si peur
Mon amour je crève de trouille...
Je foule en haletant la terre semée de sanglots des hommes, je ne suis si meilleur ni pire qu'eux, mes mots sont durs parfois et parfois j'agis et parle comme s'il n'y avait pas en moi cette crucifiante pitié pour mes frères humains qui ne me fait goûter la vie qu'à peine, du bout des lèvres, perpétuellement au bord de la nausée ?
Je ne cesse d'arpenter la terre des hommes, laissant l'empreinte de mes pas qu'effacent les ondées de deuil, sur les terres des pleurs-d'enfants, sur les terres des souffrances-vertiges, sur les terres des espoirs déchirés, sur les terres des céphalées-mystiques, sur les landes des grands abandons, sur celles des mains faibles qui se tendent vers l'éternel silence et la pitié fluette et rebutée des foules sages et pressées...
J'ai un gout de merde et de sel dans la bouche.
Je gémis, je désire d'un grand désir la présence douce d'un Dieu.
Je griffe en m'en retourner les ongles le ventre dur du ciel, je cogne aux plis des nuages, je hurle, hurle, hurle comme un dément dans la faïence pâle, je hurle, hurle, hurle dans le vaste, très vaste, assourdissant silence des colombes pures et des séraphins: le ciel reste calme et me renvoie mon hurlement comme une gifle...
Mon amour ! Aime-moi !
Aie pitié de ma souffrance!
Je me love sous ton sein comme un enfant craintif
j'ai foi en la bonté de ton rire et la chaleur de ta douce peau n'est pas trompeuse!
Emporte-moi, ma chérie, vers les azurs d'enfant et les dessins d'anges,
Vers les noëls candides et leurs flocons danseurs !
Extrait, calme femme, de mon chaos, la grande pitié qui me tourmente
Et porte la au jour !
Dans tes mains en coupe, ô mon amour ,tend-la au ciel pour qu'enfin il s'émeuve
révélant ainsi aux hommes, ma chérie, la tendresse
Que leur masquait le tumulte de mon angoisse...
M.
Michelie- Nombre de messages : 34
Age : 48
Date d'inscription : 20/10/2014
Re: Poème-Panique.
C'est triste. C'est terrible. Et ces couleurs dans le texte qui viennent servir cette tristesse, cette angoisse...
Même les mots doux viennent donner du relief à cette "trouille".
Bravo.
Même les mots doux viennent donner du relief à cette "trouille".
Bravo.
JI- Nombre de messages : 202
Age : 35
Date d'inscription : 23/09/2011
Re: Poème-Panique.
JI a écrit:C'est triste. C'est terrible. Et ces couleurs dans le texte qui viennent servir cette tristesse, cette angoisse...
Même les mots doux viennent donner du relief à cette "trouille".
Bravo.
Peur essentielle que j'exprime avec le maximum de violence. Merci de m'avoir lu, JL.
M.
Michelie- Nombre de messages : 34
Age : 48
Date d'inscription : 20/10/2014
Re: Poème-Panique.
oui c est extremement violent
et beau à la fois
dans le style
profondement touchée
ici on ne fait pas de sentiments
mais personne ne m empechera d'aimer tes écrits
et beau à la fois
dans le style
profondement touchée
ici on ne fait pas de sentiments
mais personne ne m empechera d'aimer tes écrits
josy- Nombre de messages : 27
Age : 57
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 18/07/2014
Re: Poème-Panique.
josy a écrit:oui c est extremement violent
et beau à la fois
dans le style
profondement touchée
ici on ne fait pas de sentiments
mais personne ne m empechera d'aimer tes écrits
Oh! je ne suis pas si décrié que cela, Josy. Il y a ici certains puristes qui restent envoutés par des règles surfaites (qui brident l'émotion) et autres néo- académismes formels qui sont d'autres conformismes. Allons de l'avant.
Comment te portes-tu ? As-tu des regrets à propos de l'autre site ?
Bises.
F.
Michelie- Nombre de messages : 34
Age : 48
Date d'inscription : 20/10/2014
Re: Poème-Panique.
je me porte bien
merci de ta sollicitude
de ton message
j ai la poésie qui fout le camp
quand je lis ce que je lis
ici ou ailleurs
le site d autrefois avait la particularité
d'être libre
et cette liberté on ne la trouve nulle part
ici
on fait la critique
ailleurs on miaule dans la niaiserie
j ai un certain dégout par ces sites
tous confondus
je lis Paul Eluard
pour me consoler quelques peu
au plaisir de te lire encore F
merci de ta sollicitude
de ton message
j ai la poésie qui fout le camp
quand je lis ce que je lis
ici ou ailleurs
le site d autrefois avait la particularité
d'être libre
et cette liberté on ne la trouve nulle part
ici
on fait la critique
ailleurs on miaule dans la niaiserie
j ai un certain dégout par ces sites
tous confondus
je lis Paul Eluard
pour me consoler quelques peu
au plaisir de te lire encore F
josy- Nombre de messages : 27
Age : 57
Localisation : Belgique
Date d'inscription : 18/07/2014
Re: Poème-Panique.
josy a écrit:je me porte bien
merci de ta sollicitude
de ton message
j ai la poésie qui fout le camp
quand je lis ce que je lis
ici ou ailleurs
le site d autrefois avait la particularité
d'être libre
et cette liberté on ne la trouve nulle part
ici
on fait la critique
ailleurs on miaule dans la niaiserie
j ai un certain dégout par ces sites
tous confondus
je lis Paul Eluard
pour me consoler quelques peu
au plaisir de te lire encore F
Essaie le "grenier de jepoeme". Tous les anciens s'y sont rués. Eluard, bon choix. restons en contact, Jo.
F.
Merci d'utiliser le fil "Conversations" pour les échanges qui ne sont pas des commentaires.
Michelie- Nombre de messages : 34
Age : 48
Date d'inscription : 20/10/2014
Re: Poème-Panique.
Un long et beau poème en prose qui porte bien son titre et me fait penser à du slam, accompagné par une musique et clamé comme le chante le collectif Fauve, je le sens bien ce poème-cri...
J'aime !
J'aime !
Pussicat- Nombre de messages : 4841
Age : 56
Localisation : France
Date d'inscription : 17/02/2012
Page 1 sur 1
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
|
|