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Enfin une bonne nouvelle (4)

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Enfin une bonne nouvelle (4) Empty Enfin une bonne nouvelle (4)

Message  Frédéric Prunier Lun 16 Fév 2015 - 13:07

IV





        Tous les trois viennent de retrouver leur âme d’enfant, ils s’éloignent. Me voilà tout seul, je repense à la croisière que Gaspard vient de s’offrir.
  Demain, je ne le verrai plus, je ne lui ai même pas dit au revoir. Nous sommes si proches et toujours ensemble que l’on ne se dit jamais ni bonjour ni bonsoir.
  Demain, je ne le verrai plus. Il part vers de nouvelles aventures et ne m’a pas proposé de l’accompagner. Est-ce une page qui se tourne, la fin de notre amitié ?
  Et s’il ne revenait pas ? Ou si moi je mourrais avant son retour ?
  J’aurais tant voulu qu’il prenne mon visage une dernière fois entre ses mains, comme il aime le faire, quand il joue à l’acteur.
  Je visualise la scène, j’ai des larmes aux yeux.
  Gaspard porte une chemise sans col, ouverte, aux manches amples et resserrées aux poignets, un pantalon de toile et des bottes d’officier. Nous sommes à Château-Rouge et nous dînons une dernière fois ensemble. Il me parle :
— Patrizio… Je ne reviendrai qu’au printemps prochain. Prends soin de tes boucles brunes et de ton sourire enjôleur, je t’en conjure… Je trinquerai à ta santé et te dédierai chacune de mes conquêtes. Il paraît que les femmes de ces contrées lointaines sont les plus belles du monde.
  Et moi, en retour, les yeux plein de larmes, je tombe dans ses bras en lui promettant solennellement de saluer à sa gloire toutes les garces que j’aurais le plaisir de combler…
  Tant pis pour ceux qui trouvent nos embrassades ringardes, elles nous remuent les tripes, elles sont vraies. De trinquer aux absents et de théâtraliser l’instant me fait du bien. J’imagine l’amitié plus forte que le temps, nous serons toujours présents l’un pour l’autre. Nos chemins peuvent s’écarter, nous pouvons vivre à des années lumières l’un de l’autre, nous ne nous abandonnerons jamais.


  Je regrette de ne pas l’avoir suivi. Je ne serai jamais un aventurier, j’en suis incapable, même en rêve. Le chevalier m’a pourtant appelé, plusieurs fois, je n’avais qu’à les suivre...
   Je peux encore les rattraper, la voix de Gaspard porte loin et tous les trois parlent haut et fort. Ils enjambent des tôles, traversent des bâtiments ouverts. Ils sont bientôt de l’autre côté de ce no man’s land industriel.
  Il ne leur reste que quelques dizaines de mètres à parcourir quand surgissent devant eux une dizaine de figures cagoulées, des ombres toutes fortement armées.
— Vous bougez, vous êtes morts.
  Tout va très vite, Gaspard et ses cousins se retrouvent au sol, immobilisés. Les assaillants vocifèrent, agressifs :
— Vous faites ce que je dis ! Vous remuez le petit doigt et je vous enfume ou je vous égorge … c’est au choix.
  Jean-Marie veut réagir mais un coup de matraque le frappe en pleine figure. Son nez fracassé pisse le sang.
—Espèces de… À  quinze contre trois !
  Il reçoit, tout comme Benoît et Gaspard, un magistral coup de pied dans le ventre qui le fait se tordre de douleur. Un des agresseurs se penche sur le chevalier et parle à voix basse, lui écrasant le visage au sol.
— Rencontrer un larfeuille aussi gras que le tien est un vrai plaisir. Tu  reviens par ici quand tu veux…

  La minute est critique. Gaspard entend son cœur battre comme un fou dans sa poitrine. Il a peur de mourir égorgé, comme il a vu à la télé ces otages européens victimes de la barbarie djihadiste. Son tortionnaire pèse sur lui de tout son poids :
— Quand je vais me relever, tu vas compter jusqu’à cent… Non ! Ne lève pas la tête… Surtout pas… Sinon tu n’auras jamais le temps de savoir de quel tube de gun provient la balle qui va t’exploser la tronche !... Savoure ta chance, aujourd’hui je suis clean. Un autre jour, je t’aurais déjà massacré.
  Mon ami est fou de rage. Malgré la torsion du bras que son agresseur lui impose, il réussit à répondre :
— Toi … toi… toi et ta bande de racailles !... C’est à haute pression qu’il faudrait lessiver le pays pour débarrasser le royaume des vermines de ton espèce !
— Espèce de connard, je crois que tu viens de pisser dans ton froc. Je sais où tu habites et tu devras toujours te rappeler ce que je vais te prédire : un jour, c’est moi qui deviendrai le propriétaire de ta fortune… Et j’espère que tu aimes le cochon grillé car je te ferai rôtir les pieds au feu de tes cheminées, jusqu’à ce que tu me supplies de déterrer et d’emporter le magot que tu planques. Tu verras, cette odeur est un parfum que l’on n’oublie pas… Mais pour l’instant, tu comptes, sans t’arrêter …Tout de suite ! Et sans nous regarder ou tu es mort… Compte ! Plus fort ! …Je veux vous entendre, tous les trois !
  Le chevalier et ses deux compagnons d’infortune s’exécutent sans plus oser se relever. Tous trois repensent aux étrangers de la gare de triage. Ce sont eux, ils les ont suivis, c’est une évidence.



*



  Le quartier est maintenant désert, l’aube approche. Les trois victimes sont abasourdies et maintenant complètement dessaoulées… Le portefeuille de Gaspard contenait au moins dix mille euros en billets de cinq cents. Jean-Marie saigne énormément du nez.
— Des armes de guerre, je te dis qu’ils avaient des armes de guerre… Vous vous rendez-compte ? En pleine ville, des kalachnikovs. Benoît, ton beau-frère travaille toujours au commissariat du faubourg ? Il faut aller déposer plainte, tout de suite.
  Gaspard peine à se relever.  
— Ces assassins sont pires que des fauves. Si je ne partais pas aujourd’hui, je les aurais traqués jusqu’à les pendre moi-même au bout d’une corde !
  Il bout de rage, c’est le chevalier de la Part-Dieu qui parle. Lui, l’ami des plus grands de ce monde, des tyrans, des rois, des metteurs en scène, des héros de la littérature et des arts, il donne ses ordres à Benoit, le fidèle Benito, son majordome :
— Tu sais que je paie plus que n’importe quel autre seigneur de la région et que je ne compte pas ce que mes domestiques engloutissent. J’aide mes amis, je ne suis pas un avare ! Ces raclures  ne respectent rien. Ce sont des égoïstes et aujourd’hui, mes aumônes ne leur suffisent plus, ils voudraient ma fortune toute entière. Je dois me défendre ! …En mon absence, tu renforceras la milice du château, les municipaux sont des incompétents. Si des voleurs rôdent par ici, il faut que justice soit faite, ils sont sur mes terres !
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Message  midnightrambler Sam 28 Mar 2015 - 20:50

Bonsoir Frédéric,

Je lis dans l'ordre et à petites doses, chapitre par chapitre ...
J'aime beaucoup, c'est truculent, c'est saignant et l'action est bien menée !
J'attends avec impatience le moment où je m'autoriserai à lire le chapitre suivant !

Amicalement,
midnightrambler
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Message  Sahkti Mer 1 Avr 2015 - 9:49

(J'avais lu au fur et à mesure, pas commenté, d'où le timing serré des commentaires du jour, je préfère préciser...)

Pas mal de force et de rage dans ce chapitre, il me semble que le ton que tu emploies va en s'améliorant, que l'aspect humain et fragile des protagonistes ressort davantage, donnant plus de fluidité au récit, plus de caractère aussi, c'est moins rigide que le premier chapitre, par exemple.
Le mélange entre la narration et les dialogues passe mieux, il y a moins de contraste et plus d'harmonie.

Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, ces gars deviennent attachants, on s'intéresse à eux de page en page, ils deviennent vraiment "présents".
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