Valentine

[JI]

D'une Saint-Valentin est née Valentine
Au bout de neuf mois, le chiffre est arrondi.
Entre les petits siens, mon doigt se boudine.
Réflexe anodin, mais bonheur inédit.

Sans mot dire, sa voix brute me fascine,
Ce petit bout de rien tout à coup s'écrie.
Je ne comprends pas mais dans ses yeux devine :
Tu réclames celle qui t'a donné vie.

Elle est là, fatiguée, heureuse, étourdie,
Découvre sous tes paupières alourdies
Des auréoles bleues et un peu de nuit.

D'un sommeil sans rêve, mais plein d'appétit,
Tu t'endors si vite dans ses bras blottie,
N'aie crainte, on s'éveillera au moindre bruit.

[Pussicat]

Joli sonnet qui danse sur ces onze pieds maitrisés de bout en petit bout d'chou... une métrique impaire peu utilisée ici, Tizef osait se lancer dans ce genre de défi, et d'autres comme ma petite pomme quand un exercice l'exigeait... cela change du 6,8,12 généralement lus et franchement, ça roule et coule sans problème.
J'aime particulièrement l'introduction :
D'une Saint-Valentin est née Valentine
Au bout de neuf mois, le chiffre est arrondi.
le premier vers est peu casse-gueule, peu engageant, certains peuvent se laisser prendre au piège de la mièvrerie : "oh non, pas ça !"
Eh bien si ! car le 2e vers vient peser de tout son poids pour décrocher la timbale : "...le chiffre est arrondi" peut se lire aussi bien comme le "chiffre rond", le compte est bon, la grossesse est à terme... mais aussi comme le dessin du chiffre "9" qui ressemble étrangement à l'enfant dans sa position fœtale... ou encore, la morphomathématique qui fait entrer ce ventre rond dans un schéma parfait.
Entre les petits siens, mon doigt se boudine. ce vers est d'une intelligence perfide et d'une construction subtile aiguillant le lecteur sur une fausse piste très vite rattrapé par le gros "doigt".
Le reste coule comme le lait maternel...
Un texte bien écrit tout en finesse et subtilité avec l'émotion et la candeur qui sied à ce genre de rendez-vous. Bravo !
J'aime !

[JI]

Deuxième version.....

D'une Saint-Valentin est née Valentine
Au bout de neuf mois, le chiffre est arrondi.
Entre les petits siens, mon doigt se boudine.
Réflexe anodin, mais bonheur inédit.

Sans mot dire, sa voix brute me fascine,
Ce petit bout de rien tout à coup s'écrie.
Je ne comprends pas mais dans ses yeux devine,
Tu demandes celle qui fut doux logis.

Elle est là, fatiguée, heureuse, étourdie,
Découvre sous tes paupières alourdies
Des auréoles bleues et un peu de nuit.

D'un sommeil sans rêve, petit à petit,
Tu t'endors, adoucie, dans ses bras blottie.
N'aie crainte, elle s'éveillera au moindre bruit.

[Pussicat]

Excepté le dernier vers qui gomme l'impersonnel "on" qui m'avait échappé à la première lecture et qui clochait vraiment, je ne trouve rien qui pourrait me décider à choisir l'une ou l'autre.
Peut-être le vers 8 qui adoucit "la demande" en remplaçant "réclames" par "demandes" plus agréable à l'oreille.
Ce que j'aime dans ce texte et avais omis de préciser, c'est son compromis entre une structure néo-classique et contemporaine.
La volonté de ne pas répéter le "je" par exemple appartient à ce côté néo-classique : Je ne comprends pas mais dans ses yeux devine,... ou encore ici : Tu demandes celle qui fut doux logis. par l'absence de l'article défini "le".
Et puis sa musicalité est plus forte que sa précédente : Tu demandes celle qui fut doux logis./Tu réclames celle qui t'a donné vie. les sons "r" "que" dans réclames "t" et "d" ne correspondaient pas avec le sens du vers... c'est corrigé (enfin c'est mon avis
En fait, je viens de me contredire en apportant de l'eau à ton moulin pour avoir bien fait de poster cette seconde version.

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