Tout ce qui nous échappe

[Gobu]

TOUT CE QUI NOUS ECHAPPE

Ce qui nous échappe
Est ce qui nous tient le plus
Ce qui nous fuit
Est ce qui nous rattrape au tourment
Ce qui nous manque
Est ce qui tisse le fil de nos vies

La main de fer des jours évaporés
Dans la fournaise de nos renoncements
L’obscur mirage des jours à venir
Dans le désert de nos illusions
Le rictus de givre du jour présent
Sur le miroir de nos aveuglements

Ce que nous repoussons
Est ce qui nous pourrait tirer de l’abîme
Ce dont notre regard se détourne
Est ce qui nous devrait crever les yeux
Ce que nous refusons d’entendre
Est ce qui nous devrait faire chanter

L’âpre saveur du Jour naissant
De nos nuit dispersant les miasmes d’oubli
Le vent gorgé de sel
Rinçant la plage jonchée de nos souillures
La gifle salutaire d’un rire
Faisant en éclats voler nos certitudes

Ce qui des dents nous fait grincer
Nous devrait embraser le cœur
Ce que nous méprisons
N’est rien que notre propre indifférence
Ce qui nous épouvante
A s’y méprendre nous ressemble

Gobu

[JI]

Un peu de philosophie, un peu de réflexion dans ces vers.
C'est écrit simplement, avec profondeur.

J'ai une préférence pour la fin du poème, qui révèle toute sa poésie.
J'aime en particulier ce morceau-là :

"La gifle salutaire d’un rire
Faisant en éclats voler nos certitudes

Ce qui des dents nous fait grincer
Nous devrait embraser le cœur"

Ça donne comme un nouvel et dernier élan au texte.

A bientôt,
Ji

[Annie]

Je voudrais bien aimer ce poème, mais je le trouve lourd, pompier dans l'expression, le choix des formules.
Par exemple, la 1° strophe, tout les "Est ce qui" entravent la marche.
Ensuite la main de fer et le rictus de givre, quelle emphase ! And so on..

Dommage... marier philosophie et poésie, c'est plus fort que l'eau de feu.

*
Le philosophe baroque
marche sur la plage rocailleuse

se parlant à lui-même
comme un lézard détraqué

observe une sterne huppée
et pense : Schopenhauer…

aperçoit un oiseau de paradis
et s’écrie : Nietzsche !
*
Kenneth White

[So-Back]

l'œil de Caïn veille, rien ne nous échappe

[Chako Noir]

Un défi, la philopoésie, et tu t'imposes une forme pas facile.
A première lecture, je me suis dit que ce texte pourrait être inséré dans les aventures de Sagesse orientale comme un écrit du maître où les vers sonnent comme des maximes - parenthèse, je trouve que ton maître, disciple et leurs histoires pourrait former un heureux tandem de personnages de bande dessinée.
Sur la forme je ne suis pas fan, la structure répétitive et le ton solennel un peu vieilli des paragraphes 2 et 4 donnent au texte un trait trop pompier pour en faire un hymne. Néanmoins la dernière strophe a fait mon bonheur.

[Pussicat]

bonjour Gobu,
la construction est impeccable, rien à redire, mais je n'adhère pas au genre.
la lecture est fastidieuse... et pourquoi ce "gras" ?
désolée,
à bientôt de te lire,

[Polixène]

La mise en page, très dure, crie: " ne me lisez pas! passez votre chemin!"
Mais non, je lis et relis ce texte dans lequel j'entends une fabuleuse chanson. Paroles de chanson. Tout y est: la cohérence, l'unité de sens, la rupture savante et le côté refrain, tout!
Et j'aime les chansons dans lesquelles tout n'est pas immédiatement accessible.

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