Vos écrits
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
-45%
Le deal à ne pas rater :
WHIRLPOOL OWFC3C26X – Lave-vaisselle pose libre 14 couverts – ...
339 € 622 €
Voir le deal

Enfin une bonne nouvelle (9)

3 participants

Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (9) Empty Enfin une bonne nouvelle (9)

Message  Frédéric Prunier Lun 23 Mar 2015 - 19:13

bon, vu l'enthousiasme général, je vous pose un dernier bronze et vous dis à plus :



IX




        Samir emprisonné, Yasmine était partie vers le nord, sans but précis. Elle voulait quitter le pays, se faire oublier, changer d’air.
  Grâce au pognon de l’autre frapadingue, celui qui distribue les billets de cinq cents comme on donne une pièce de cinq, elle n’était plus obligée de supporter les sales gueules déjantées du squat.

   Le premier soir, elle avait loué une chambre dans un hôtel, et une bonne partie de la nuit elle était restée assise, presque prostrée, sous l’eau brûlante de la douche. Elle avait payé, l’eau était dans le forfait, elle pouvait donc gaspiller sans compter et pleurer de tout son corps… Personne n’était là pour l’emmerder.
  De temps en temps, elle buvait une gorgée d’eau chaude. Elle avait envie de thé, de bière, de vin, d’alcool fort. La minuscule salle de bain ressembla bientôt à une cabine de hammam.
  Avant de s’endormir, elle s’amusa longtemps à regarder le bout de ses doigts glisser entre les draps du lit, savourant sans réfléchir cet endroit de fraîcheur toute propre. La tête posée sur la couverture, couchée en chien de fusil, redécouvrant le plaisir de la douceur, son corps frissonnait comme s’il voyageait dans un plaisir d’enfance.

  La frontière était encore loin, elle avait envie de marcher, préférant par sécurité ne pas prendre le train, elle pensait à Zinedine.
— Je ne lui ai pas dit au revoir et je n’ai plus que lui. Je ne suis vraiment pas une mère idéale. Il se débrouille pratiquement tout seul depuis qu’il sait marcher. On pourrait peut-être tenter une nouvelle vie tous les deux, essayer de s’apprivoiser… Et si je rencontrais quelqu’un de bien, j’aurais peut-être une vraie maison, un jardin, une grange ?
  En prononçant le mot grange, elle avait éclaté de rire, car elle connaissait ceux qui viendraient, la nuit, mettre le feu à son bien.
  Dans une friperie, elle s’était acheté des fringues qui l’amusaient, en mélangeant les styles de façon faussement anarchique. Elle adorait la mode, celle de sa façon de vivre.  
  Et puis, après trois mois sans parler à personne, elle était revenue à son point de départ, pour rejoindre le squat, Maximilien, et tous les abrutis de la bande.



*



  Les entrepôts de la gare de triage ont été désertés, le faubourg est depuis quelques temps sous surveillance. Yasmine ne s’inquiète pas, le zèle policier n’a rien d’extraordinaire et surtout ne dure jamais bien longtemps.
  Elle sait où trouver Max et les autres.
  Le foyer d’accueil du père Beille est idéal pour se faire oublier. C’est une sorte d’auberge de jeunesse, tout ce qu’il y a de plus légal. Il y a pourtant bien longtemps que ce grigou n’a pas vu l’ombre d’un touriste lui demander une chambre… Ce vieux de la vieille adore impressionner les gamins de la bande en racontant que le dernier pèlerin qui s’est aventuré par ici se décompose doucettement au fond d’un puits, dans son arrière-cour.
  On accède à son auberge en remontant la vallée, au nord de la ville, entre Château-Rouge et le fort de la Roche. L’endroit est escarpé et à l’écart des routes principales, comme accroché à la montagne. À vol d’oiseau il surplombe tout juste le domaine du chevalier.
  Yasmine doit encore marcher deux bonnes heures. Elle se dépêche. L’automne est précoce, les nuits sont déjà fraîches. Zinedine pourra la rejoindre là-bas, s’il ne s’y trouve pas déjà.

  Quand elle pénètre dans la salle commune, le premier regard qu’elle croise est celui de  Maximilien, affalé sur un vieux canapé défoncé. Il est entouré des lieutenants de sa meute. Le joint d’herbe qui tourne de main en main embaume la pièce et la musique écrase de son martellement répétitif toutes les discussions. Il faut crier pour se faire entendre :
— Ils ont pris Samir.
— Je sais, le chiffonnier me l’a dit. Assieds-toi.
  Malgré sa petite taille et son visage fin comme celui d’un enfant, Max est le chef incontesté de tous les malfaisants de la région. Pas un gramme de shit ne transite dans la ville sans qu’il ne touche sa commission au passage, et c’est lui qui attribue les territoires.
  Yasmine prend un tabouret et s’assoit en face de lui. Dans une assiette, sur la table basse qui les sépare, il reste un morceau de blanc
de poulet qu’elle engloutit. Max l’observe et conclut :  
— Toi, tu viens nous voir parce que t’as besoin de pognon, je me trompe ?
  Elle mange tout ce qui se trouve à sa portée, sans lui répondre.
  Ils se connaissent de longue date, ils ont traîné dans les mêmes lieux, les mêmes squats, il a même été son premier amant.
  Mais l’amour s'était trompé, car depuis qu’il a pris conscience de sa malchance d’être né dans un taudis, Max n'a que la politique en tête, obsédé par ce bonheur des autres qui lui est insupportable.
  La haine est devenue son moteur de vivre, une obsession qui transpire jusque dans le ton de sa voix, quoiqu’il dise. Il exècre tout ce qui peut s’apparenter à une autorité, se vantant d’être ce fauve indomptable que la société des hommes ne pourra jamais apprivoiser. Même les plus dangereux de ces complices le craignent, il est celui qui décide, sans contredis possible, tout le temps, sur toute chose et tout le monde.
— Demain, on braque un convoi des municipaux, tu en seras. C’est un plaisir de te revoir… J’ai toujours su que tu avais ta place ici, et pourtant, crois-moi, je devrais te haïr…
  Yasmine arrête de manger et le regarde. Max vient de lui rappeler la période houleuse et tumultueuse de leur séparation, quand le hasard avait placé Samir entre eux deux. Rien n'avait pu la retenir et les nouveaux amants avaient dû fuir. Max avait promis de les suriner et aurait certainement fini par le faire si par chance, les deux tourtereaux n’avaient surpris une tablée de municipaux, dans une gargote du faubourg, qui braillaient qu’avant le lendemain la bande du petit Français serait sous les verrous. Prévenu à temps, Max échappa au pire et depuis avait une dette envers elle et Samir.
— Un jour, je te reprendrai et tu seras de nouveau à moi…
  Yasmine sourit, écoutant ces mots comme un compliment.
  Ils s’observent, se regardent avec une certaine tendresse, leur histoire fut aussi un bon souvenir. Ce soir, Max est presque joyeux, ce qui est rare, la perspective du prochain braquage l’excite.
— En fin de compte, pour demain, je vais te confier un autre job …ne t’inquiète pas, tu auras ta part.
  Yasmine s’approche tout près de lui, comme si elle allait l’embrasser et chuchote à son oreille :
— Tu as peur de me sentir derrière ton dos avec une arme ?
— Un accident est toujours possible, je n’arrête pas de le dire à qui veut bien m’entendre !... Plus sérieusement, j’ai besoin de comprendre ce qui se trafique à l’auberge des trois routes, au hameau de Glane. Tu connais le coin ?
— Oui.
— Le Seb est un bon fourgue mais devient trop gourmand, il confond mon bénéfice avec le sien. Tu vas aller fureter aux alentours et me raconter ce que tu vois. Essaie de repérer qui sont ses acheteurs et les habitués de son bar.  
  Elle accepte d’emblée, heureuse d’être à nouveau accueillie au sein du groupe, sans avoir d’explication à donner sur ses mois d’absence.
  Max se lève, se dirige vers la cuisine et revient les bras chargé de canettes de bière. Il y a longtemps qu’ils ne s’étaient retrouvés ainsi ensemble. La soirée avance sans qu’ils s’en aperçoivent. Ils fument et boivent beaucoup. Elle n’en peut plus de rire quand Max lui explique la façon dont il a obtenu le tuyau pour les containers, ceux qu’ils braqueront demain. Il est toujours aussi tordu et dangereusement manipulateur.
  La musique est abrutissante.
  Quelques allumés ont encore assez d’énergie pour danser comme des pantins. D’autres restent affalés, comateux, enveloppés dans les effets de la fumée et de l’alcool.
 Max et Yasmine discutent, de tout et de rien, du passé, du présent. Au bout d’un moment, l’ivresse les oblige, eux-aussi, à s’endormir…
Frédéric Prunier
Frédéric Prunier

Nombre de messages : 3568
Age : 62
Localisation : MONTLUCON
Date d'inscription : 08/09/2011

http://www.quai-favieres-antiquites.com

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (9) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (9)

Message  Sahkti Mer 1 Avr 2015 - 10:28

Max et Yasmine au centre de cette partie, davantage au profit du premier me semble-t-il. Pas que Yasmine ne soit pas mise en valeur mais elle ne dégage rien de bien particulier à mes yeux, invisible, insipide, alors que pourtant, on devine que c'est une femme de caractère; peut-être dans la suite du récit y verra-t-on plus clair à son sujet.
(Bravo pour ta persévérance !)
Sahkti
Sahkti

Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (9) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (9)

Message  jeanloup Lun 6 Avr 2015 - 7:16


Chapitre 6

Je me suis un peu ennuyé dans ce tribunal.

Chapitre 7

Le procès ne m’a pas vraiment intéressé. De toute façon, je n’ai jamais rien compris à la justice.

Chapitre 8

Je ne sais pas pourquoi, je n’arrive pas à y croire. Cela me fait penser aux séries françaises « L’instit » ou « Famille d’accueil » Même la mort du gamin ne m’a pas touché, c’est dire. Pourtant moi je pleure pour un rien. J’y croyais plus au début alors que paradoxalement, c’était extravagant et je ne comprenais pas bien dans quel siècle nous étions. ( je n’ai d’ailleurs toujours pas compris ) Mais j’y croyais plus.
Par contre, j’aime bien la lettre que Patrizio écrit à Gaspard

Chapitre 9
Ah ! La Yasmine. Elle s’en va. Elle revient. On ne sait pas vraiment ce qu’elle a dans la tête. Evidemment, il y a une vieille histoire d’amour entre le chef de bande et la belle. Classique.
Ce Maximilien me fait plus penser à Cartouche qu’à un voyou des temps modernes. Mais ça va, je recommence à y croire.


jeanloup

Nombre de messages : 112
Age : 108
Localisation : choisy le roi
Date d'inscription : 23/03/2015

Revenir en haut Aller en bas

Enfin une bonne nouvelle (9) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (9)

Message  Contenu sponsorisé


Contenu sponsorisé


Revenir en haut Aller en bas

Revenir en haut

- Sujets similaires

 
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum