Aveu

[Gobu]

Aveu

Je m’en vais vous faire un aveu
Qui traque le bonheur jamais ne le rattrape
Et le secret pour vivre heureux
Tel un fuyant mirage à jamais lui échappe

Je m’en vais vous dire un secret
Qui implore l’Amour ne peut offrir que pleurs
Et ne récolte que regret
Dans son âme éclosant telle une sombre fleur

Le bonheur n’est pas de ce monde
Ni de l’autre peut-être, qui pourrait en jurer ?
Affreux espoir chimère immonde

Vers un gouffre guidant nos pas
Maudite léthargie qu’il nous faut conjurer
Sommeil plus lourd que le trépas

Gobu

[Pussicat]

je vais te faire un aveu Gobu : écrire un sonnet en contrerime, ici tu as choisi de le faire en 8/12, avec rimes alternées, n'est pas donné à tout le monde, et as relevé ce défi, et mieux ! tu as maîtrisé le sujet de bout en bout ; mais le plus fort est la langue employée : tu nous transportes deux siècles en arrière, et avec brio ! tout y est, et même ce petit côté moraliste de l'amoureux détruit, ruiné, brisé. Je crois lire un chant, le chant d'un homme blessé qui pense que l'amour a déserté son coeur, à jamais, et que jamais plus fleur ne poussera en lui. Même Dieu ne peut lui venir en aide, son avis est fait ! la vie n'est que malheurs et des charbons ardents brûlent nos pieds nus si jamais nous nous aventurons à courir le bonheur...
Les rimes font sens, toutes... mais ce n'est que poésie et il faut croire au rai de lumière qui un jour transperce les nuages sombres et lourds qui pèsent sur nos vies... croire en l'amour sinon c'est la mortitude, et l'infini tristesse...
superbe ! je reviendrai, je n'ai pas tout dit sur ce texte, ce ne sont que des impressions à chaud.

[Pussicat]

cela n'a pas tardé ! et l'infinie tristesse...

[jfmoods]

La claudication du rythme maintient vive l'attention du lecteur. Les tournures négatives (« jamais ne », « à jamais », « ne... que » x 2, « n'... pas », « ni ») balisent le regard passablement désenchanté du locuteur. La gradation anaphorique (« Je m’en vais vous faire un aveu », « Je m’en vais vous dire un secret »), la comparaison (« Tel un fuyant mirage ») ainsi que les deux formes à caractère proverbial (« Qui traque le bonheur jamais ne le rattrape », « Qui implore l’Amour ne peut offrir que pleurs ») appuient judicieusement le propos. L'oxymore (« une sombre fleur »), le présent de vérité générale (« Le bonheur n'est pas de ce monde »), le chiasme (« Affreux espoir chimère immonde ») et le comparatif à caractère paradoxal (« Sommeil plus lourd que le trépas ») représentent autant d'étapes obligées au constat sans appel d'une course vaine et stérile.

Merci pour ce partage !

['toM]

Je t'avoue que je n'croche pas très cher. Me semble que pour faire dans ce type d'écriture, il faut que ce soit parfaitement parfait, une cuisine avec des produits de la toute première fraîcheur. Qui implore l’Amour ne peut offrir que pleurs On voit plus le costume que l'époque. Mais bon, c'est toujours une curiosité de te lire...

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