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Enfin une bonne nouvelle (13)

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Enfin une bonne nouvelle (13) Empty Enfin une bonne nouvelle (13)

Message  Frédéric Prunier Lun 20 Avr 2015 - 20:58

XIII





        C’est tout juste l’aube quand je me réveille à l’étage, au café de la gare. La voix que j’entends est celle du patron, accompagnée du bruit des chaises qu’il manipule sans ménagement au rez-de-chaussée. Seb doit installer ses tables, comme tous les matins. Sa trogne rougeaude d’alcoolique professionnel se retrouve sans tarder face à moi, j’étais son dernier client hier soir, je suis le premier du matin.
— Tes protégés sont déjà partis sans te remercier, c'était à prévoir.
  Je préfère ne pas m’aventurer dans une controverse stérile et laisse le bistrotier vider son sac :
— Avant qu’ils ne soient ruinés comme des noblaillons de fin de race, les Français en vacances nous la jouaient grands seigneurs dans leur camping-car à 80 000 euros. Ils étaient chez nous en terrain conquis et nous considéraient comme de la sous-race, nous parlant comme à des chiens. Et aujourd'hui, il faudrait qu'on les nourrisse et qu'on les soigne gratuitement ? C'est à cause d’eux si la région est à feu et à sang. La moitié de ces immigrés de malheur engraissent les bandes d’assassins qui terrorisent les campagnes …et ne me dit pas que c’est faux : demande à la veuve du bijoutier ce qu’elle en pense, et aussi à la boulangère et au buraliste…
  Je fais la moue, ne sachant quoi répondre. Il continue :
— Ce qu’ils veulent, c’est le gîte et le couvert gratos. Et pourquoi pas une petite rente pendant qu’on y est.
  Ce matin, il a encore bloqué le compte-tour à fond et débite sa hargne tout en essuyant la même table pour la dixième fois de suite. Le pire, c’est qu’il n’a pas forcément tort, quoique les solutions qu’il préconise soient moralement inacceptables. Je ne ferai jamais de politique.
  Ce dont j’ai envie maintenant, c’est de boire un petit jus car hier soir j’ai forcé tranquillement tout seul comme un grand sur la bouteille et mes idées peinent à se remettre en place. J’ai hâte de ne plus entendre ses démonstrations de comptoir et ses raccourcis de parti-pris.

  Juste au moment où Seb apporte enfin mon café, Titou entre dans le bar, complètement affolé :
— Les Français ! Les Français !
Son père le regarde et lui demande :
— Quoi les Français ?
— On vient de les retrouver pendus, à la porte d’un entrepôt, dans la gare de triage.
— Ils sont morts ?
— Complètement !
— Ils ont bien fait de déguerpir de chez moi. Imagine les emmerdements si on les avait trouvés occis dans une de mes chambres.
  Il soupire et ajoute :
— De toute façon, cela devait arriver, à force…
  Je ne peux empêcher une angoisse de me nouer la gorge, repensant instinctivement à Benoît et à ses légionnaires. Que Seb soit un de leurs informateurs est une évidence, il est une caricature de collaborateur gestapiste. Je l’ai déjà vu faire payer la chambre un prix exorbitant tout en traitant sournoisement son client de sale youpin, alors trois Français échoués sur son territoire, c’est du pain béni.
— Et l’enfant ?
— Ils l’ont pendu aussi…
— Mais c’est l’horreur absolue !
  Je me précipite dehors. Comment peut-on commettre un tel assassinat ? Pourquoi s’en prendre à des gens qui ont déjà tout perdu ? Je vais écrire à Gaspard, dénoncer les agissements de ses cousins, porter plainte contre Seb, on ne peut pas les laisser faire n’importe quoi. Jeanine, je t’en supplie, ne reste pas une seule seconde de plus avec cet assassin !
  Le fil de ma pensée est aussi tendu que celui utilisé pour la pêche en mer, j’ai envie de hurler. Titou me suit puis me dépasse, m’indiquant la direction à prendre pour se rendre sur le lieu du drame. Il se retourne vers moi tout en courant, impressionné par une réaction aussi brusque et soudaine.
— Seigneur Bruelli, vous verrez, c’est horrible. Leur chariot est renversé et les valises sont éventrées. Tous leurs vêtements sont éparpillés par terre.

  Quand nous arrivons à l’entrepôt, un attroupement de curieux s’est formé autour des trois victimes, toujours pendus à la rambarde d’une passerelle.
  Ni les pompiers ni la police ne sont arrivés et les badauds pétrifiés regardent les morts, observant ce que l’on devient après, quand le corps n’a plus de vie. Horrifié, je crie plus que je ne parle :
— Vous n’allez pas attendre que leur poids les déchire et qu’ils se détachent tout seul ?
Un homme juste à côté de moi me répond, sans me regarder :
— Ça porte malheur de toucher un pendu.
  Les larmes me montent aux yeux :
— Quelqu’un à bien un couteau !? Il faut une échelle… Faites quelque chose !
  Les secondes qui suivent sont un arrêt sur image, personne n’ose approcher. Une femme enfin réagit et grimpe à un poteau de la passerelle, comme s’il s’agissait d’un tronc d’arbre. Elle sort un couteau à cran d’arrêt de sa poche et tranche la première corde. Le corps de la femme tombe à nos pieds, désarticulé.

  À  ma grande surprise, je reconnais la silhouette qui vient de grimper sur la passerelle. C’est la punk de la gare de triage, Yasmine, la mère de Zinedine. Elle me regarde fixement. Après un petit temps sans réagir, je me précipite pour éloigner le cadavre de l’endroit où il vient de tomber. Je l’allonge sur le dos. Elle coupe la corde qui retient le mari de la Française, et puis c’est au tour de l’enfant. On m’aide à les réceptionner.  
  Moi qui ai crié si fort contre l’immobilisme des témoins, je n’arrive plus à dire un mot, tremblant d’émotion, le sang glacé.

  Toutes leurs affaires ont été fouillées, éventrées, déchirées. Je place le petit entre ses deux parents, personne ne parle. La seule communication possible entre les vivants n’est plus que gestes et regards, commenter l’horreur est parfois impossible.

  J’ai la nausée, l’envie de vomir, la masse informe et impersonnelle des gens présents m’oppressent et m’observent. Les entrepôts résonnent sinistrement,  la police ne vient toujours pas.
  Sans trop y croire, j’espère que cet épisode est encore un de mes doux délires, que je vocifère tout seul contre des fantômes. On a placé les corps sur un chariot et je me surprends à suivre le cortège silencieux qui rejoint le centre du hameau de Glane où les victimes sont entreposées sous le petit porche couvert de l’église, en attendant de savoir quoi en faire.
 
  Je regarde les visages tuméfiés par l’étranglement, restés à la vue de tous. Personne n’a eu le réflexe de les dissimuler sous un de leurs habits. Yasmine nous a suivis.
  L’idiot du village, celui qui sert d’apprenti à Seb pour ses activités de maréchal-ferrant, propose d’aller chercher le curé, absent parce qu’il officie aujourd’hui dans un hameau voisin. Quelques femmes commencent à psalmodier des prières.
  Je m’approche de Yasmine. Après une longue hésitation, je lui dis à voix basse :
— Vous rappelez-vous de moi ?
Elle me regarde haineusement :
— Comment oublier ceux qui jettent des pièces d’or comme on jette un os ?
  Elle m’a reconnu. Malgré son envie de s’éclipser, sa curiosité a dû l’emporter. Elle me toise comme un mec et moi je lui parle presque en pleurant.
— J’ai une bien triste nouvelle qui vous concerne.
— Samir ? Je sais qu’il est en prison.
  Comment lui apprendre la terrible nouvelle pour Zinedine? L’instant est mal choisi. Mais je ne peux pas la laisser repartir sans rien lui dire.
— Non, ce n’est pas de lui dont il s’agit. Vous connaissez l’abbé Rivière, celui qui s’occupe des enfants au pied des remparts ?
— Je sais qui est ce curé, quel rapport avec moi ?
— Votre fils, Zinedine…
— Il est, lui aussi, en prison ?
— Non, il est mort dans mes bras.

  Elle devient blême, me dévisageant comme si le diable en personne lui annonçait la nouvelle. Son corps se tétanise et son regard se plante au fond de mes yeux, ne pouvant admettre ce que je lui dis.
  Elle ne m’a vu qu’une seule fois, près de ce brasero, la nuit de la gare de triage. Aujourd’hui je lui apprends que je connais Zinedine et qu’il vient de mourir.
  Les lamentations des pleureuses, assises à côté de nous, lui emplissent le crâne. Son chagrin est si intense que ma voix se déforme, le son de ma voix lui devient insupportable :
— Il repose dans le parc… à l’intérieur de la chapelle, en attendant…
  Sa pensée est ailleurs, ses oreilles bourdonnent monstrueusement. Elle articule difficilement une réponse de quelques mots, sans réfléchir, les yeux hagards :
— Où voulez-vous que je l’enterre ?
  Elle est anéantie.
  Je voudrais la prendre dans mes bras, ce serait normal dans un moment pareil.
— Vous pouvez venir vous recueillir près de lui autant de fois que vous le voudrez.
— Vous me croyez assez conne pour me jeter dans la gueule du loup ? Je n’ai pas envie de finir en taule comme Samir.
  Sa voix mélange le chagrin à la haine. Je veux lui assurer que je ne suis pas un délateur, que le chevalier n’est pas moi, que je ne suis pas du tout d’accord avec ce que pense Benito, que Jean-Marie et l’accusateur ne sont que des inventions de mon délire…
— Personne ne vous dénoncera.
  Ses mains tremblent. Je retire mon pull et lui pose sur les épaules. Elle n’a plus de réaction et accepte, complètement étourdie par la douleur.


  Le cercle formé autour des cadavres vient de s’écarter. Seb vient d’arriver. Il est le seul artisan du village, à la fois maréchal-ferrant et menuisier, c’est lui qui fabrique les cercueils.  
— Je vous préviens, s’il n’y a pas d’argent dans leurs poches, je ne fournirai pas les planches. Et ce n’est pas la peine de me regarder comme une caricature d’égoïste sans cœur, je ne suis pas plus inhumain que vous autres. Si vous les avez déjà détroussés et qu’ils n’ont pas de quoi payer, on les enterrera dans un sac.
  Le doigt menaçant, il parle d’autorité, oubliant ma présence. Je me trouve juste derrière lui :
— Je paierai votre travail.
  Le maréchal se retourne furtivement mais a déjà reconnu ma voix. En grommelant, il se met à calculer la taille des futures caisses, s’aidant de la longueur de sa main comme d’une toise.
— Ils ont de la chance, j’ai des planches de leur taille. Les boîtes seront prêtes quand le curé arrivera.
  Je le laisse faire, ce n’est pas la peine d’en rajouter. Si les trois corps sont enterrés dignement, ce sera déjà ça.

  Seb s’apprête à repartir vers sa forge quand il croise le regard de Yasmine :
— Qu’est-ce qu’elle fait là, celle-là ? Je t’ai déjà dit de ne plus foutre les pieds ici. Et ces trois-là, par terre, ils faisaient partie de ta bande ou c’est elle qui les a zigouillés ?
  La belle se lève d’un bond et se rue sur lui.
— Bon dieu de bourrique !
  D’un geste réflexe, Seb assène à Yasmine une claque monumentale qui la renverse.
  Elle est à terre. Il relève son bras pour la battre à nouveau mais je m’interpose :  
— Cela suffit ! Cette femme est ici avec moi.
  Le ton est celui d’un ordre, l’ordre du notable, du client qui vient de lui passer commande. Il était pourtant prêt à donner une bonne raclée à cette garce, elle ne lui fait pas peur, il a dressé des pouliches bien plus sauvages et plus puissantes que cette traînée, mais ma présence le dérange.
  Il recule et marque un temps d’arrêt. Nous sommes dans la rue, les témoins observent en silence, il aurait bien envie de me rentrer dans le lard.
  Malgré tout, il se remet au calcul des dimensions des cercueils, prenant sur lui, se rappelant la dernière réunion de la milice. Pas d’affrontement isolé, pas d’initiative et en cas d’incident, juste laisser courir, observer et prévenir le château. Surtout éviter de fanfaronner ou d’approuver publiquement quand un étranger est assassiné. Il cogite :
— Puisque cette putain de manouche plait au comique de vaudeville, ce n’est pas la peine de se mettre les pleureuses du village à dos. De toute façon, si le nettoyage des Français est une opération commandée par les nôtres, je le saurai très vite. L’heure n’est pas à l’action au grand jour, on ne revendique aucun attentat. Il est plus intéressant de laisser l’opinion générale accuser les petites frappes de toutes les tueries du pays.
  Nous épiant du coin de l’œil, il m’avise :
— Je n’ai plus que du sapin. Si vous voulez du chêne, il faudra que j’aille demain à la scierie.
— Le sapin sera très bien.
  Comme à chaque fois que son attitude révèle sa vraie nature, ce con m’exaspère. Il est incapable d’éprouver la plus petite des compassions et encore moins de faire preuve d’un faux-semblant d’humanité. Son regard en coin de faux-jeton m’observe. Je n’ai besoin d’aucun pouvoir surnaturel pour lire le fond de sa pensée.

Une fois les dimensions des futures caisses bien en tête, Seb rejoint son bistrot en toisant tout le monde du regard.
— Ces gens se sont peut-être suicidés. Après tout, personne n’est en mesure d’affirmer le contraire.
  Je lis ses pensées comme un livre ouvert.  Puisque je paie, j’en aurai pour mon argent. Il a dans son tas de bois des mauvaises planches. À six pieds sous terre, elles n’ont pas besoin d’être sans défaut.
— …Et en les badigeonnant de saindoux, ça ravive les couleurs.
  Se répétant que trois charognes d’étrangers en moins, c’est toujours ça de gagné, il se remet au travail, refermant derrière lui la grande porte de l’atelier pour ne plus nous apercevoir.

  Yasmine est abattue et récite maintenant des prières avec les autres femmes du village. Bafouillant moi aussi le refrain de ces litanies, je me tiens derrière elle.
  Je ne peux m’empêcher de frôler ses cheveux, si noirs et si longs d’un côté alors qu’à l’opposé, un de ces tours d’oreille est rasé, exhibant plusieurs anneaux accrochés à son lobe.
  Cette provocation est à l’image de ce qu’elle est à l’intérieur, un volcan bouillonnant de colère. Je suppose que sa douleur doit être immense. Elle dévisage ce petit corps qui ressemble à son Zinedine, ils avaient à peu près le même âge tous les deux.
  Elle se retient pour ne pas hurler, mon souffle l’effleure. Je suis dans le camp de ceux qui font son malheur mais aussi une sorte de dernier lien avec son petit enfant mort. Elle ne peut accepter l’idée qu’il ne soit plus en vie et dans le même temps voudrait accompagner le corps du petit Français jusqu’à la tombe comme s’il était Zinedine.
  Ce n’est pas parce qu’elle a un look de punk criant no future et gueulant comme une damnée contre la société qu’elle est une mère dégénérée et insensible face à la disparition de son enfant !

  Je ne sais plus à quel moment j’ai posé ma main sur son épaule. Elle a accepté ce contact, s’en est-elle aperçue ? Elle tremble de froid, il faudrait qu’elle expulse ce qui est enfermé en elle depuis tant d’années, depuis qu’elle a abandonné son aîné, celui qui agonisa dans un fossé, embroché comme un poulet par ce paysan fou furieux. Que pouvait-elle faire ce jour-là ? Les sirènes des policiers gueulaient de partout, elle ne pouvait pas rester à côté de son cadavre en attendant de se faire cueillir… Aujourd’hui elle se hait. Une mère, ça dit au revoir à ses enfants.
  Elle serre à présent ma main que j’ai posée sur son épaule, à en devenir folle. Nous restons ainsi longtemps, écoutant les suppliques des pleureuses sans vraiment les comprendre. Yasmine se lève subitement et se retourne vers moi, se collant de tout son corps contre le mien. Elle ne peut retenir son besoin de sentir la chaleur du vivant et voudrait tout aussi bien mourir ou me tuer !

   Il y a des baisers dont on se souvient toute une vie, qui vous marque le corps et l’âme d’une empreinte indélébile, sans que rien ne soit prémédité, car le désir ne respecte aucun préjugé et peut agir malgré tout et contre tout.
  L’étreinte de Yasmine est d’abord d’une violence qui me gêne presque, elle s’accroche à moi, je peine à respirer, j’ai chaud, je voudrais me dégager, sa peau est collée à la mienne. Et puis je me laisse aller à son rythme et à sa fougue, nous nous embrassons sans retenue, comme je n’ai pas le souvenir d’avoir déjà embrassé.
  Ces quelques secondes me font oublier le présent et la tragédie qui m’entoure. Mon esprit se laisse envahir par le ressentir, je la respire, je reçois sa chaleur.
  C’est alors qu’elle me repousse furieusement, ses joues sont pâles, elle me fait face.
— Tu es l’assassin de mon fils !
  Je pleure autant qu’elle.
— Non… Il s’est battu avec un de ses camarades.
  Elle me repousse encore, je trébuche et manque de tomber à la renverse.
— Tu n’es qu’un pantin au service de ce salaud de La Part-Dieu ! Mon fils est mort !
 Véhémente, elle me bouscule. Je heurte la porte de l’église et médusé, la regarde s’enfuir, puis disparaître derrière le mur du cimetière.
Frédéric Prunier
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Enfin une bonne nouvelle (13) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (13)

Message  jeanloup Jeu 23 Avr 2015 - 13:04

J’ai vu que tu avais modifié des choses dans les chapitres précédents. J’ai lu rapidement. Si j’arrive mieux à voir ce qui fait référence à un siecle ou à l’autre, je ne suis toujours pas capable de me projeter dans deux siecles en même temps. Il manque probablement une case à mon cerveau. Cela ne m’empêche pas d’apprécier l’écriture et d’être intéressé par cette histoire étrange.

Les traits des personnages se dessinent de plus en plus distinctement. Si dans les chapitres précédents, le Seb n’a jamais semblé particulièrement sympathique, il est, dans ces chapitres 12 et 13, totalement un « Méchant ». Quant à notre narrateur, qui semblait avoir sur tout une très grande distance, il développe de plus en plus un côté « Humaniste ».

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