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Enfin une bonne nouvelle (15)

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Enfin une bonne nouvelle (15) Empty Enfin une bonne nouvelle (15)

Message  Frédéric Prunier Mar 5 Mai 2015 - 14:18

XV



       Jour après jour, l’exceptionnelle âpreté du climat s’installe sur le pays, obligeant les hommes à réduire leurs activités quotidiennes. Le vent du nord-est ne faiblit plus, ce qui augmente le ressenti des températures négatives. Les rues sont désertes, l’agitation politique est ralentie, la vie se limite au strict minimum.
  L’abbé va beaucoup mieux et bien qu’il profite encore du confort de la maison, il s’en va tous les jours arpenter le faubourg pour aider son prochain, contre l’avis du médecin.

  La neige a fait son apparition, la boue aussi. Je reste confiné dans ma chambre, à l’étage, emmitouflé dans une couverture et habillé comme un oignon en hiver, superposant les couches de vêtements au maximum. La puissance de mon radiateur électrique peine à compenser le simple vitrage des fenêtres. À l’imitation de l’abbé, j’ai dû attraper froid car des frissons et des tremblements me plongent dans un état fébrilité chronique dont je peine à m’extraire. Je n’ose plus descendre au bar, de peur de croiser Janine, et n’ai pas bu une seule goutte d’alcool depuis plusieurs jours.
  Puisque Gaspard est parti, il faut que je m’en sorte tout seul.

 Mes idées tournent en rond. Pour combattre la grisaille et le froid, je rêve de composer une mélodie d’amour et de plein soleil, avec un refrain qui raconterait une promenade, sur un chemin de plein été quand la brume est chaude et poussiéreuse.
  J’observerais un couple de petits vieux. Ils sont en contre-jour. Contre toute attente, leurs silhouettes s’enlacent, ils s'embrassent et je suis ému jusqu’aux larmes. Leur tendresse n’a cessé de grandir, au fil du temps, c’est aussi surprenant qu’évident.
  Il doit bien exister des corps qui font l’amour jusqu’au bout de leur vie, pleinement et sans retenue : pas besoin d’être jeune et lisse pour se donner du plaisir. L’image de ce couple s’estompe. Ils ont continué leur route, vers l’autre côté de l’horizon.
  Je voudrais écrire la musique de leur histoire mais je ne serai malheureusement jamais satisfait de rien, je le sais déjà. Je continue, envers et contre tout, de retravailler certains morceaux inachevés, en échafaudant d’improbables suites d’accords, triturant chacune de mes phrases dix mille fois sans pour autant trouver de solution idéale.
   Les gars du bar disent que je veux péter plus haut que mon cul, que je me prends pour Van Gogh et que je ne suis même pas foutu d’écrire une danse des canards. Il me faudrait deux vies pour combler le retard pris dans la première.

 

  Derrière la grande porte-fenêtre de l’étage, mon regard est attiré par l’espace que les grands arbres ceinturent au fond du parc. Ce que j’invente ne vaut peut-être pas tripette mais dans l’écriture je suis libre, faussement immobile dans un voyage avec moi-même. Je peux aller où je veux, m’offrir de longues pauses et laisser mon esprit à ses vagabondages.
  Il fait vraiment très froid. Le manteau de neige s’ajoute à mon sentiment d’être un témoin privilégié du spectacle de la nature. Je n’écoute que ma pensée, vivant à l’abri des intempéries et du monde réel, effaçant un à un les sons qui me proviennent de l’extérieur, jusqu’à ce qu’il ne reste plus que ma voix, ma voix silencieuse qui me chuchote des mélodies improbables.
  J’aperçois des moineaux qui viennent au ravitaillement, à l’endroit où Maria jette les épluchures et les miettes des repas. Leur stratégie d’approche est drôle. Ils guettent si aucun prédateur ne rôde aux environs, et hop ! …en trois coups de bec, un morceau d’épluchure est découpé. Le voleur s’enfuit alors comme s’il avait la mort aux trousses.
  Juste avant les grands arbres, il y a la chapelle. Je sais que Yasmine y vient parfois. Des traces de pas indiquent que le lieu est fréquenté et j’ai instruit mon enquête. Ni l’abbé ni personne de la maison, depuis que la neige a recouvert le sol, ne s’est rendu de ce côté excentré des allées principales. À force de guetter, je finirai par la voir, c’est mathématique.




  Enfin. Elle vient d’enjamber les grilles en grimpant sur le muret. Elle est vêtue en homme mais ses rangers et son cuir ne gâchent rien de sa féminité, au contraire.
  J’hésite… Je ne vais quand même pas rester planté comme un piquet et attendre qu’elle reparte… J’ouvre la fenêtre et l’appelle.
— Yasmine !
  M’apercevant, elle rebrousse immédiatement chemin.
— Yasmine ! Ne pars pas !
 Elle escalade la grille. Je l’appelle encore.
— Venez !... Tu as faim ?
  Elle n’a pas faim mais hésite, ma question l’amuse, je la prends pour une mendiante. Elle reste immobile quelques secondes, puis saute à nouveau dans le parc.
  Malgré la distance, je distingue son visage et lui indique, d’un petit signe, la cuisine de Maria. Terriblement décontenancé, tremblant de tous mes membres, je ferme la fenêtre et enfile un gros gilet de ville et descends l’accueillir.

   Elle est déjà devant la porte, elle me regarde, droit dans les yeux. J’ai peur d’être maladroit.
— Il fait chaud dans la cuisine, entrez…

  Dehors, le froid est vif et piquant mais à l’intérieur, les odeurs de cuisson et d’aromates imprègnent celui qui pénètre, dès qu’il ouvre la porte. Maria a garni une tourte de gros morceaux de pommes de terre et les badigeonne de crème fraîche.
  D’après moi, ce lieu doit apparaître à Yasmine le comble du luxe car malgré son amour pour la vie libre et sans contrainte, l’inconfort des squats en hiver ne peut être qu’insupportable. Ma cuisinière dévisage l’étrangère. Je tente de briser la tension naissante entre les deux femmes :
— Maria… La viande est cuite ?… Reste-t-il du pain et du pâté ?
— Je n’ai que deux bras, pas tout à la fois.
  Le ton de la réponse ne laisse aucun doute sur sa pensée. Je feins de ne pas y prêter attention, installant Yasmine à la grande table du milieu. Je sors une terrine et du pain de campagne de l’énorme buffet garde-manger. À chaque fois que j’ouvre les portes de ce grand meuble, le curieux mélange olfactif de tout ce que le bois à petit à petit emmagasiné au fil des ans me pénètre. J’aime cette odeur. Maria referme derrière moi les portes que j’ai laissées grand ouvertes.
  Après avoir hésité quelques instants, mon invitée entame la tartine que je lui tends. Je me lève, prends une bouteille de vin et lui sers un verre. Elle le vide d’un trait.
  Je lui souris et le remplis à nouveau, elle le revide. Je me lève et débouche une autre bouteille.
— Vous voulez de la soupe ?
  Maria nous observe du coin de l’œil. Yasmine n’a toujours pas dit un mot. Je crois qu’elle ne quitte pas le buffet des yeux mais en vérité elle épie la cuisinière, sans la regarder directement.
— Alors… je lui réchauffe cette soupe ? Vous êtes sûr qu’elle ne préfère pas continuer au vin rouge ?
  Yasmine m’interroge du regard, elle est prête à lui répondre, lui sauter à la gorge où quitter la pièce. Je soupire devant la mauvaise volonté évidente de ma bonne Maria.
— Faites-la chauffer… Un potage brûlant est le meilleur des alliés pour lutter contre le froid. Et les températures du dehors autorisent le vin aussi.
  Nous ouvrons d’autres bouteilles.

  L’alcool, bu si tôt le matin, favorise la complicité, nous en oublions presque la présence de Maria qui observe en épluchant rageusement ses légumes. Les deux bols de bouillon gras qu’elle a préparés refroidissent, nous n’y avons pas goûté.
  Nous sommes en dehors de tout. Yasmine oublie nos différences et retrouve bientôt ici l’ivresse qu’elle pratique si souvent avec ses potes, les après-midi où ils font la manche, sur les marches devant le bureau de poste.
  Elle se goinfre de tout ce que je lui propose et cherche à provoquer Maria, qu’elle a classée dès le premier coup d’œil dans la case des bons petits soldats d’intérieur bourgeois bien-pensant. Histoire de la choquer un peu plus encore, ma provocatrice exagère les bonnes manières d’une dame corsetée à outrance qui peinerait à respirer. Sa poitrine et ses épaules se lèvent alors que ses bras sont repliés en forme d’ailes de poulets. Tout en caricaturant la mobilité anarchique et mollassonne de ses poignets et de ses mains, elle roule des yeux, à droite et à gauche, se désarticulant le cou, gloussant à la façon des dindons. Pour couronner le tout, elle pioche dans le pot des rillettes et picore tout ce qui passe à sa portée.

   Je n’arrête pas de rire, nous passons de quelques mots pour ne rien dire à l’envie de tout nous raconter, ce que nous aimons, ce que nous n’aimons pas. Je lui révèle la généalogie du gros buffet de cuisine que j’ai récupéré à la mort de ma grand-mère, et lui décris, sans transition, le futur aménagement de la pièce, expliquant mon projet de placards en étagères d’une cuisine intégrée et le nouveau système de feu continu en fonte que je vais faire venir d’Angleterre !
  Elle m’écoute en riant et m’avoue qu’elle n’aime pas les meubles anciens, que si un jour elle possède une cuisine, cette dernière sera hyper moderne, façon formica, avec des couleurs vives, sans aucun bout de bois. Les meubles marron lui rappellent trop l’appartement de sa mère, et l’horreur du mode de vie qui va avec.
— C’est vieux et c’est triste… Comment pouvez-vous aimez des trucs aussi démodés ?
  Le vin nous échauffe.
  Elle me raconte des anecdotes sur sa vie. Nous lâchons du lest, nos phrases se mélangent et nous parlons d’elle, du chevalier de la Part-Dieu, de l’accusateur, du substitut, de son enfance et de son compagnon, de sa liberté, des squats, des excès, de la musique, de ces idées qu’elle assume extrémistes…
  Nous sommes deux enfants, le temps d’une récréation, devenus les meilleurs amis du monde. Je voudrais être l’homme de sa vie.


  Lui donnant de la révérence digne du grand siècle, je me lève et lui prends la main, laissant croire que j’allais la présenter au roi :
— Princesse, je manque à tous mes devoirs. Voulez-vous visiter mon palais ?
  Elle rit et nous sortons de la cuisine sans apercevoir le visage de Maria qui observe toujours, silencieuse, effrayée, imaginant l’horreur du pire à venir et marmonnant à voix basse qu’il ne faut pas faire ça…





*






      Nous visitons la maison de la cave au grenier. Yasmine n’aime pas la décoration mais trouve que mon château a du potentiel, les volumes lui plaisent.
  Dans le grand salon, elle me conseille de repeindre les boiseries en gris taupe et le cadre du grand miroir d’une couleur plus acidulée que la vieille dorure à la feuille d’or qui patine actuellement les moulures, cela accentuerait le côté kitch du décor.
  Elle a rencontré, dans un squat, des spécialistes du street-art qui travaillent à la bombe acrylique. Mes rideaux en velours de Gênes seraient un support idéal pour une performance de ces émules du groupe Cobra, j’imagine que le résultat serait surprenant.
  D’après elle, mon intérieur fait plouc, il manque de couleurs et je suis vraiment trop classique, mais en me dépoussiérant un peu, je deviendrais peut-être acceptable. Je descends plusieurs fois pour chercher du vin, tout en prenant soin d’éviter de croiser Maria. Nous sommes de plus en plus ivres.  

  J’ai envie de Yasmine, je n’ose pas l’embrasser, je voudrais connaître son univers.
  Nous n’écoutons pas les mêmes musiques, cela n’a aucune importance. Je m’installe au piano et invente des paroles de chansons où il est question d’une demoiselle amoureuse tandis qu’elle frappe du plat des mains sur l’instrument comme s’il s’agissait d’une batterie de bidons métalliques. J’appuie sur la pédale qui soulève les étouffoirs pour que les sons se mélangent, le bruit devient infernal, les lustres tremblent. Nous rions de notre joyeux bordel, ce qui nous incite à en rajouter plus encore.
  Penchée dans la caisse de résonance, Yasmine gratte les cordes du piano frénétiquement en imitant un jeu de guitariste. Je mime ses solos, ils sont dignes de Jimi Hendrix. Elle se met à tourner sur elle-même jusqu’à en perdre l’équilibre, puis revient se coller littéralement contre le meuble, pour mieux ressentir les harmoniques libérées, à l’intérieur de son corps. Je la regarde, elle est sublime, complètement déjantée mais sublime.
  Des portes claquent, l’instrument hurle ses accords dissonants, notre euphorie frise la folie et finit néanmoins par nous épuiser. Assouvis quand le soir approche, nous dormons l’un dans l’autre, animalement emboîtés. Rien d’autre n’a d’importance.

  Le rêve est doux quand le corps est apaisé.
  Yasmine se réveille la première, emmêlée dans les couvertures. Je lui touche la main. Dans un réflexe instinctif elle s’écarte, surprise de mon contact. Se remémorant où nous sommes, elle se lève d’un bond.
  Encore embrumé, je lui parle sans me rendre compte de sa soudaine précipitation à me fuir :
— J’ai mal à la tête, je vais me souvenir longtemps de cette journée, pas toi ?
  Elle est déjà presque habillée.
— Tu m’as fait boire, ça ne veut rien dire !!!

  Je suis encore dans le désir, le jeu amoureux. J’essaie de la retenir en l’attirant vers le lit, accroché à une manche de son blouson de cuir qu’elle essaie d’enfiler. Elle se met à gueuler, on pourrait croire que je la viole, elle tire de toutes ses forces sur son vêtement en devenant hystérique.
— Lâche-moi ! Tu as compris ?
  Elle recule brusquement, ce qui me fait glisser hors du lit. Je me retrouve assis sur le plancher, nu comme un vers, un peu ridicule, dépourvu face à un si brusque changement d’attitude. Je ne comprends pas.
  Je lis dans son regard la haine qui l’animait au moment où elle s’est ruée sur le maréchal-ferrant, sous le porche de l’église de Glane.
   Je lâche prise et m’adosse au bord du lit.
— C’est dommage… Je suis bien avec toi…
  Prête à me cracher au visage, elle hésite une seconde et empoigne un bougeoir en argent posé sur une console, le brandissant comme une arme. Elle menace de me le fracasser sur la tête. Les yeux emplis de haine, sans un mot de plus, elle sort en claquant la porte.
  Je croyais notre histoire une belle histoire. Je n’ai pas encore envie de pleurer, mais cela ne saurait tarder.


   On pourrait croire que mon lit est celui d’un malade atteint par des fièvres tropicales. Mes draps sont entortillés et forment un tas de serpillières essorées et jetées en boules. L’étage tout entier est à l’image du remue-ménage qui a eu lieu entre ses murs, les nappes des tables ont glissé sur les planchers et les coussins se sont enfoncés entre les dossiers des fauteuils. Un ouragan a ouvert toutes les portes, vidé les bouteilles et renversé les piles de livres. Il faudra de la patience pour trier et remettre en ordre les partitions, mes ébauches d’écriture et ma collection de vinyles. J’aperçois des feuilles volantes jusque sous les meubles. Ce n’est plus un intérieur de bourgeois aisé du 19e siècle, c’est un meublé défraîchi d’alcoolique. Maria n’a pas fini de me faire la tête.

  Quand la cloche du dîner sonne, je ne descends pas. La cuisine et sa commère sont en ébullition :
— Ils criaient comme des damnés. On se serait cru dans un service d’irrécupérables, à l’asile des fous ! Et vous auriez senti cette odeur ! Elle n’a pas dû se laver depuis un mois. On ne peut pas imaginer qu’il existe encore de nos jours des harpies semblables, avec ses épingles à nourrice dans le nez, au moins dix anneaux à chaque oreille et un faux diamant dans le nombril. C’est pas Dieu possible. J’ai passé toute l’après-midi à nettoyer ma cuisine.  
  Comprenant la sincère angoisse de Maria, l’abbé monte à l’étage et vient se renseigner sur mon état. Il frappe à ma porte, timidement, interrogeant à voix basse :
— Voulez-vous que j’apporte à manger ?
— Entrez, ne vous inquiétez pas pour moi, tout va bien, au contraire.

  Je me suis remis au travail et tourne en boucle un gimmick de guitare. Il est au courant, toute la maison doit être au courant. Maria lui a raconté nos cris et la musique à tue-tête, j’étais tellement heureux.
  Être heureux donne envie de crier, de gueuler au monde entier que faire l’amour est le plus merveilleux des cadeaux qu’un dieu pourrait donner aux êtres vivants. Il faut que les émotions accumulées ressortent quand tout est trop intense à l’intérieur.
— Yasmine est vraiment surprenante, imprévisible, indomptable. Nous aurions pu rester ensemble enlacés sans bouger pendant des heures, sans se lasser, je ne croyais pas cela possible.
   L’ecclésiastique ne préfère pas connaître le détail de nos ébats, son vœu de chasteté est une prison qui le prive de ces délices. Il tente de dévier la discussion :
— Je remplace depuis ce matin le curé de la petite église de Saint-Arnoult car il est bien malade. Je ne sais plus le nombre exact des pauvres malheureux morts de faim que j’ai dû enterrer aujourd’hui. Enterrer n’est pas le mot exact, la terre est trop gelée pour la creuser. On recouvre juste les corps d’un monticule de pierres en attendant. Et le vent est si violent que ceux qui sont présents n’ont qu’une hâte : que j’en finisse au plus vite. Pourtant, je réduis la longueur des messes au strict minimum…
 Je suis ailleurs, je lui réponds et j’approuve, je plains ces traîne-misère mais la journée a été pour moi si extraordinaire que j’écoute en oubliant le tragique de ses propos. Il y a si longtemps que je n’avais vécu la frénésie d’un tel plaisir. L’abbé parle, nous sommes côte à côte, chacun à son histoire :
— En revenant, j’ai longé les remparts. Il y avait des groupes de mendiants qui s’agglutinaient au fond d’un abri de fortune, creusé dans les éboulis. Ces gens n’avaient pas grand-chose à manger.
  Comme on crayonne sur le coin d’une feuille, je fredonne distraitement quelques notes. Ce qu’il me raconte est d’un autre temps, impossible aujourd’hui, on ne meurt plus de faim de nos jours, de soif à la rigueur.
— Dites à Maria de ne pas me réveiller, s’il vous plaît, je crois que je vais faire de beaux rêves.


  L’abbé a quitté ma chambre en refermant si discrètement la porte que je n’ai rien entendu. Je dors et m’invente de nouveaux rires, des jeux du corps, de l’amour…
  Demain, je persuaderai Maria que cette journée n’était qu’une ronde enfantine. Je l’entraînerai à son tour dans cette danse pour ne plus qu’elle se fâche. Tout ça n’est pas sérieux, la vie ne doit pas être sérieuse, elle est si éphémère.
  J’ai vu des images de l’univers, nous ne sommes que des fourmis et nos réflexions mathématiques sont encore loin de comprendre le mécanisme de l’enchevêtrement des galaxies. La Voie lactée est une veinule, il y en a des millions et nous sommes de bien peu d’importance dans cette immensité… Alors à quoi bon se fâcher pour quelques heures de plaisir volé ?


  L’abbé est à nouveau dans la cuisine. La  voix de Maria me parvient. Elle n’a pas tort quand elle lui dit que l’équilibre est une obligation, que si tout est déréglé cela tourne vite au drame. Je voudrais être un funambule :
— Je t’aime ! …Nous sommes vivants !
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Enfin une bonne nouvelle (15) Empty Re: Enfin une bonne nouvelle (15)

Message  jeanloup Mer 13 Mai 2015 - 9:41

La description de l’hiver, la relation particulière du narrateur avec Yasmine, la désapprobation de Maria… Tout est très bien décrit pour moi.

jeanloup

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