Oiseux
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Oiseux
Je tordrai le cou du réel épais
et j'imprimerai
sur sa nuque grasse
la griffe et la dent
d'un désir têtu
qui crépite encore tapi sous la braise
Je noierai l'ennui
dans l'or noir des mots
cherchant à ravir leur chant aux sirènes
Je lierai ensemble l'azur et l'oiseau…
Puis m'éveillerai
un matin frileux
dans le gris visqueux d'un hiver bréhaigne.
et j'imprimerai
sur sa nuque grasse
la griffe et la dent
d'un désir têtu
qui crépite encore tapi sous la braise
Je noierai l'ennui
dans l'or noir des mots
cherchant à ravir leur chant aux sirènes
Je lierai ensemble l'azur et l'oiseau…
Puis m'éveillerai
un matin frileux
dans le gris visqueux d'un hiver bréhaigne.
Re: Oiseux
Joli ! Une force réelle, de belles associations de mots (j'aime beaucoup notamment "Je lierai ensemble l'azur et l'oiseau", un peu facile mais qui apporte un beau contraste au ton général du poème).
J'aurai un bémol sur le choix de "découpe" des lignes, que je trouve un peu sage pour le thème, et sur une tendance parfois au cliché ("désir têtu", "matin frileux").
Bravo en revanche pour "hiver bréhaigne" !
J'aurai un bémol sur le choix de "découpe" des lignes, que je trouve un peu sage pour le thème, et sur une tendance parfois au cliché ("désir têtu", "matin frileux").
Bravo en revanche pour "hiver bréhaigne" !
Invité- Invité
Re: Oiseux
N'y a-t-il pas redondance de sens entre gras et épais? Même si cela ne veut pas dire forcément la même chose, je me sens un peu gênée par la présence de ses deux mots si proches l'un de l'autre.
Ces deux vers
cherchant à ravir leur chant aux sirènes
Je lierai ensemble l'azur et l'oiseau
sans doute présents pour créer une rupture de force dans le texte me semblent plus faibles que les autres, justement pour cette légèreté qu'ils induisent. Le contraste avec le reste ne les sert pas, ils paraissent presque guimauve, alors qu'ils sont pourtant beaux.
Sinon, j'ai aimé ton texte et ce qu'il dégage.
Ces deux vers
cherchant à ravir leur chant aux sirènes
Je lierai ensemble l'azur et l'oiseau
sans doute présents pour créer une rupture de force dans le texte me semblent plus faibles que les autres, justement pour cette légèreté qu'ils induisent. Le contraste avec le reste ne les sert pas, ils paraissent presque guimauve, alors qu'ils sont pourtant beaux.
Sinon, j'ai aimé ton texte et ce qu'il dégage.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Oiseux
Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas pour moi; j'ai lu ton texte plusieurs fois, à différents moments, je reviens dessus et ça ne marche pas (j'insiste, pour moi); des images qui s'associent mal "l'or noir des mots" avec "l'azur et l'oiseau"; "frileux " et "visqueux" pour la "même" réalité; je trouve que ça force les sonorités. Je sens que tu aimes les lettres et les sons dans ce texte, autrement dit que tu as davantage mis l'accent sur cet aspect, les sonorités, les chocs sonores.
Et puis je me demande "c'est quoi le réel " pour toi Arielle?
Et puis je me demande "c'est quoi le réel " pour toi Arielle?
claire- Nombre de messages : 590
Age : 56
Date d'inscription : 07/05/2007
Re: Oiseux
Ma foi, je suis sous le charme ! Un poème comme je les aime, un peu moins :
que je trouve trop convenu, et le motif de l'ennui trop baudelairien, trop repris.
Sinon, la dernière strophe est superbe, on arrive presque à sentir cette viscosité
Arielle a écrit:
Je noierai l'ennui
dans l'or noir des mots
cherchant à ravir leur chant aux sirènes
Je lierai ensemble l'azur et l'oiseau…
que je trouve trop convenu, et le motif de l'ennui trop baudelairien, trop repris.
Sinon, la dernière strophe est superbe, on arrive presque à sentir cette viscosité
Re: Oiseux
Comme dans le poème précédent, j'aime bien ce travail métrique.
Le décasyllabe est toujours délicat à manier et sa scansion, presque monotone en soi, rend ici l'idée du lourd opposé au désir de légereté.
C'est un texte sur le deuil, ou l'absence, non ?
Pas l'ennui. Je ne crois pas en tout cas.
Le décasyllabe est toujours délicat à manier et sa scansion, presque monotone en soi, rend ici l'idée du lourd opposé au désir de légereté.
C'est un texte sur le deuil, ou l'absence, non ?
Pas l'ennui. Je ne crois pas en tout cas.
Re: Oiseux
Merci pour vos remarques et commentaires que j'ai lus très attentivement et en fonction desquels j'ai fait, cette nuit, une seconde mouture de ce texte.
Je ne sais pas si le jeu valait la chandelle que j'y ai usée mais , pour l'instant, comme dans la recette du pâté en croûte je range la chose au fond du frigo où je l'oublie et d'où je l'extrairai d'ici quelques jours.
Quelques feuilles de roquette, deux, trois cornichons plus loin et si la gelée a pris je me permettrai de vous demander votre avis de gourmets avertis.
Je ne sais pas si le jeu valait la chandelle que j'y ai usée mais , pour l'instant, comme dans la recette du pâté en croûte je range la chose au fond du frigo où je l'oublie et d'où je l'extrairai d'ici quelques jours.
Quelques feuilles de roquette, deux, trois cornichons plus loin et si la gelée a pris je me permettrai de vous demander votre avis de gourmets avertis.
Re: Oiseux
J'ai vraiment apprécié, je n'ose en dire davantage.
Très curieux de cette nouvelle version.
Très curieux de cette nouvelle version.
Embruns- Nombre de messages : 107
Age : 40
Localisation : Quelque part ailleurs
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: Oiseux
Arielle a écrit:Je tordrai le cou du réel épais
et j'imprimerai
sur sa nuque grasse
J'aime ce bout. Tu nous fais sentir que le réel est... quasiment dégoutant, sans le dire mot pour mot. Cependant, on le voit très bien. Bravo!
et pour le reste, il me semble que les sirènes sont un peu de trop...
je sais pas, à toi de voir.
et bla bla bla- Nombre de messages : 8
Age : 34
Date d'inscription : 09/01/2008
Re: Oiseux
Deuxième version...Je ne suis pas sûre qu'elle soit moins oiseuse que la première:
En tordant le cou
du réel épais
Je réveillerai la griffe et la dent
d'un rêve patient tapi sous la braise.
Liant sans effort l'azur à l'oiseau
J'irai dérober leur chant aux sirènes.
L'archet de l'autan dictant son tempo
et sa dé-mesure emportant mes pas
je dessinerai des danses nouvelles
pour des chevaux nus
Puis m'éveillerai
un matin visqueux
dans l'obscurité d'un hiver bréhaigne
du réel épais
Je réveillerai la griffe et la dent
d'un rêve patient tapi sous la braise.
Liant sans effort l'azur à l'oiseau
J'irai dérober leur chant aux sirènes.
L'archet de l'autan dictant son tempo
et sa dé-mesure emportant mes pas
je dessinerai des danses nouvelles
pour des chevaux nus
Puis m'éveillerai
un matin visqueux
dans l'obscurité d'un hiver bréhaigne
Re: Oiseux
A mon avis, d'un point de vue purement formel, le fait de centrer le texte fait ressortir son côté sage, et le fait pencher davantage vers le cliché...
Invité- Invité
Re: Oiseux
Je n'ai que moyennement apprécié celui-là.
Simplement écrasé par le déluge descriptif, tout en métaphore et adjectifs.
Rien de philo ni d'existentiel à contester.
C'est beau.Trop beau.
Simplement écrasé par le déluge descriptif, tout en métaphore et adjectifs.
Rien de philo ni d'existentiel à contester.
C'est beau.Trop beau.
Invité- Invité
Re: Oiseux
La première version m'apparaît beaucoup plus réussie que la seconde, sans doute parce qu'elle est plus inventive, plus allusive. Elle additionne pertinemment les éléments, alors que l'autre, plus explicative, voire un brin répétitive ("réveillerai", "m'éveillerai") simplifie la structure générale en supprimant des futurs et en rassemblant le tout aux modes gérondif et participe présent.
Première version, donc.
Particulièrement vigoureux, les verbes d'action au futur ("tordrai", "imprimerai", "noierai", "lierai") traduisent la détermination sans faille de la locutrice. Les personnifications ("le cou du réel", "sa nuque"), qui s'appuient sur des adjectifs à connotation péjorative ("épais", "grasse"), manifestent le confort ankylosant qui provoque l'enlisement dans le temps. La métonymie ("la griffe et la dent d'un désir têtu") entame le sursaut salvateur, l'élan matérialisé par la "braise". La procédure de redressement est prise en charge par l'oxymore ("l'or noir") qui fait resplendir le langage comme une obscurité première qui deviendrait clarté. Le verbe "ravir" doit évidemment être pris dans sa double acception : dérober, donc, mais aussi enchanter. L'image, duelle, troublante, fait mouche. L'écho de "chant" est agréable. Rassembler "l'azur" et "l'oiseau", c'est arrimer le crayon à la page, le voeu de l'envol à l'envol lui-même. Les points de suspension annoncent les perspectives giboyeuses du décollage. La dernière partie du poème, marquée par des adjectifs évoquant l'envasement ("frileux", "visqueux", "bréhaigne") signale (avec le saut de ligne) une rechute particulièrement brutale dans ce que le lecteur imagine aisément être une situation semblable à celle du début. L'absence du sujet (le pronom personnel "je" s'effaçant au profit de sa seule forme complément "me") illustre la passivité dans laquelle la locutrice se trouve à nouveau plongée. Une seule lettre sépare "Oiseux" et "Oiseaux", le sol improductif et l'air fertile. Ce "a" absent, que le lecteur ajoute machinalement au fil du texte avant de le laisser retomber, sert en quelque sorte de balancier invisible au poème.
Merci pour ce partage !
Première version, donc.
Particulièrement vigoureux, les verbes d'action au futur ("tordrai", "imprimerai", "noierai", "lierai") traduisent la détermination sans faille de la locutrice. Les personnifications ("le cou du réel", "sa nuque"), qui s'appuient sur des adjectifs à connotation péjorative ("épais", "grasse"), manifestent le confort ankylosant qui provoque l'enlisement dans le temps. La métonymie ("la griffe et la dent d'un désir têtu") entame le sursaut salvateur, l'élan matérialisé par la "braise". La procédure de redressement est prise en charge par l'oxymore ("l'or noir") qui fait resplendir le langage comme une obscurité première qui deviendrait clarté. Le verbe "ravir" doit évidemment être pris dans sa double acception : dérober, donc, mais aussi enchanter. L'image, duelle, troublante, fait mouche. L'écho de "chant" est agréable. Rassembler "l'azur" et "l'oiseau", c'est arrimer le crayon à la page, le voeu de l'envol à l'envol lui-même. Les points de suspension annoncent les perspectives giboyeuses du décollage. La dernière partie du poème, marquée par des adjectifs évoquant l'envasement ("frileux", "visqueux", "bréhaigne") signale (avec le saut de ligne) une rechute particulièrement brutale dans ce que le lecteur imagine aisément être une situation semblable à celle du début. L'absence du sujet (le pronom personnel "je" s'effaçant au profit de sa seule forme complément "me") illustre la passivité dans laquelle la locutrice se trouve à nouveau plongée. Une seule lettre sépare "Oiseux" et "Oiseaux", le sol improductif et l'air fertile. Ce "a" absent, que le lecteur ajoute machinalement au fil du texte avant de le laisser retomber, sert en quelque sorte de balancier invisible au poème.
Merci pour ce partage !
jfmoods- Nombre de messages : 692
Age : 58
Localisation : jfmoods@yahoo.fr
Date d'inscription : 16/07/2013
Re: Oiseux
Vous remuez le couteau dans la plaie en rappelant ce/ceux qui nous manque(nt).
joe-joe- Nombre de messages : 441
Age : 42
Date d'inscription : 01/05/2013
Re: Oiseux
au burin.
avec des copeaux dans le z'oeil.
avec des copeaux dans le z'oeil.
hi wen- Nombre de messages : 899
Age : 27
Date d'inscription : 07/01/2011
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