L'Espagne est tombée dans le Léthé

[hugofan]

L'Espagne est tombée dans le Léthé
Comme une petite nonne au sourire navrant
L'Espagne ne veut pas ne veut plus se souvenir
Des cris des balles et du sang

Amnistie amnésie pour tout le monde
Même pour les bourreaux
L'Espagne veut revivre sans être passée
Par le tombeau

Moi Gitan il me souvient d'avoir dû fuir
A cause de Franco parce que j'avais faim froid
Et que mon pauvre dos dans les champs de canne
Criait comme un vieux chien

Aujourd'hui encore lorsque je vais en Espagne
Mes yeux ma bouche
Ma couleur mes reins crient aux andalous :
Je souffre - ET JE ME SOUVIENS

[So-Back]

j'ai apprécié, je me permet de répondre de cette façon


L’oubli

Tôt ou tard, c’est l’oubli.
Pour qui pour quoi, c’est comme ça.
Laisser sa place, occuper un autre espace.
L’oubli devenu, absence de salut, pénurie d’amis.
Inélégance de la vie, contrainte vécue comme une plainte.
Le temps du silence, et à brève échéance, un repli sur soi, une anomalie
Érodant l’esprit, puis le corps arbre mort, et l’âme aux confins des contingences

Est-ce ainsi,
Qu’humains soyons devenus.
Insensible à la détresse, voué à la solitude,
Chose inutile, effacée des mémoires, rayée de la liste.
Enclin à l’exil, poussé vers la sortie, déclaré inapte, amputé du partage,
vieillissant avant l’âge, écarté du tourbillon, à l’index, pestiféré, abandonné, rejeté.
Seul face à l’exigence, des heures routines, des mots répétés, des phrases sans réelle finalité.

Ne pas accepter,
Encore moins sombrer,
Condition sine qua non nécessaire pour exister.
Avec l’éphémère, d’une réalité obsédante, et ses tentacules multiples.
Lutter contre l’instant assassin, défier l’injustice malsaine, Faire le pas de plus qui permet,
D’être toujours en quête d’absolu, ignorant l’ingratitude, la folie humaine, lâcheté corrompue.
Et faire de l’oubli, l’ennemi vaincu, l’hydre terrassée, l’adversaire à terre, le rival qui a mal.

[Polixène]

Je n'avais pas vu ce texte, un des plus sincères que vous ayez posté depuis longtemps, à mon sens.
J'y entends une plainte très profonde, venue du fond des âges, mais simplement formulée, juste pour qu'elle ne soit pas enfouie sous les cendres du temps.
Il y des braises sur lesquelles on a envie de souffler, parfois, je comprends cela.

[Annie]

L'Espagne ne veut pas ne veut plus se souvenir

Pas toute l'Espagne je crois, l'histoire qui s'écrit est toujours l'histoire des puissants.
Lire et relire Lorca, dont la profonde douleur est plus profonde encore que la guerre civile.
Lorca le gitan, le nègre, le Cubain, l'humilié de toutes les causes.

Et il y a aussi ceux qui veulent se souvenir:
"L'histoire de France appartient à tous, et surtout à ceux qui la font, soit la population française et non pas les vainqueurs."
Michelle Zancarini-Fournel, La Grande Table, France-culture, ce midi.
Là c'est la France, mais c'est pareil partout.

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