Tragédie & Co
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…On les entend gémir...ouh là là, que c’est triste…une tragédie, mon bon monsieur…une vraie tragédie…mais c’est pas une triste, une tragédie…c’est beau, au contraire, une tragédie…beau comme l’Antique et l’Antique c’est toujours beau…avec la patine des siècles tout devient beau…ou disparaît, ce qui revient au même…tout ce qui a disparu est beau puisque on ne peut plus le voir qu’avec les yeux de la mémoire et ce regard-là embellit tout…non, c’est gai une tragédie…ludique, même…la preuve : ça se joue…on en fait des pièces…des films…des livres…que sais-je des bandes dessinées…infinie est la créativité du tragédien…c'est comme pour une catastrophe…une catastrophe, c’est pas triste non plus… c’est une catastrophe, d’accord, mais ça peut survenir n’importe quand, une catastrophe…n’importe où…n’importe comment…à n’importe qui et ce qui peut arriver à n’importe qui peut arriver à tout le monde et tout le monde c’est personne, et ce qui arrive à personne ne peut être triste…et puis c’est inévitable, une catastrophe…ça survient quand ça doit survenir... on en frissonne un moment et puis basta on n’en cause plus…jusqu’à la suivante…les catastrophes c’est comme les triomphes de la mode…la dernière fait oublier la précédente…non le pire c’est le malheur, et le malheur ça c’est une autre affaire…ça véhicule toute la tristesse du monde le malheur et toute la tristesse du monde c’est lourd à porter pour un seul homme…parce que c’est ça le malheur avec le malheur…il ne frappe qu’un seul être à la fois et manque de bol c’est toi…et s’il te frappe toi justement vas pas croire que c’est un hasard…pour le malheur ça existe pas, le hasard …il choisit avec soin ses victimes : il ne s’intéresse qu’aux malheureux…faut être prédisposé, pour le malheur, il ne frappe qu’à coup sûr, le malheur, au bon endroit, la bonne personne et au bon moment : quand le bonheur est à portée de ta main…il est ainsi, le malheur : pas le contraire du bonheur, oh non le bonheur n’a pas de contraire, il en est seulement le voleur…c’est à cela qu’on le reconnaît et le malheur, avec le malheur, c’est que jamais il ne restitue son butin. Ce qu’il en fait ? Va savoir…du malheur, à coup sûr, quoi d’autre ?...
Gobu
…On les entend gémir...ouh là là, que c’est triste…une tragédie, mon bon monsieur…une vraie tragédie…mais c’est pas une triste, une tragédie…c’est beau, au contraire, une tragédie…beau comme l’Antique et l’Antique c’est toujours beau…avec la patine des siècles tout devient beau…ou disparaît, ce qui revient au même…tout ce qui a disparu est beau puisque on ne peut plus le voir qu’avec les yeux de la mémoire et ce regard-là embellit tout…non, c’est gai une tragédie…ludique, même…la preuve : ça se joue…on en fait des pièces…des films…des livres…que sais-je des bandes dessinées…infinie est la créativité du tragédien…c'est comme pour une catastrophe…une catastrophe, c’est pas triste non plus… c’est une catastrophe, d’accord, mais ça peut survenir n’importe quand, une catastrophe…n’importe où…n’importe comment…à n’importe qui et ce qui peut arriver à n’importe qui peut arriver à tout le monde et tout le monde c’est personne, et ce qui arrive à personne ne peut être triste…et puis c’est inévitable, une catastrophe…ça survient quand ça doit survenir... on en frissonne un moment et puis basta on n’en cause plus…jusqu’à la suivante…les catastrophes c’est comme les triomphes de la mode…la dernière fait oublier la précédente…non le pire c’est le malheur, et le malheur ça c’est une autre affaire…ça véhicule toute la tristesse du monde le malheur et toute la tristesse du monde c’est lourd à porter pour un seul homme…parce que c’est ça le malheur avec le malheur…il ne frappe qu’un seul être à la fois et manque de bol c’est toi…et s’il te frappe toi justement vas pas croire que c’est un hasard…pour le malheur ça existe pas, le hasard …il choisit avec soin ses victimes : il ne s’intéresse qu’aux malheureux…faut être prédisposé, pour le malheur, il ne frappe qu’à coup sûr, le malheur, au bon endroit, la bonne personne et au bon moment : quand le bonheur est à portée de ta main…il est ainsi, le malheur : pas le contraire du bonheur, oh non le bonheur n’a pas de contraire, il en est seulement le voleur…c’est à cela qu’on le reconnaît et le malheur, avec le malheur, c’est que jamais il ne restitue son butin. Ce qu’il en fait ? Va savoir…du malheur, à coup sûr, quoi d’autre ?...
Gobu
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Tragédie & Co
Errata : à la première ligne : il fallait lire : "...On les entend gémir..." et pas ce qui est écrit. Quelqu"un qui a les clefs pourrait-il avoir la gentillesse de corriger cette affreuse coquille ?
Merci d'avance
Gobu
Fait
Merci d'avance
Gobu
Fait
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Tragédie & Co
C'est fort, vraiment. D'abord ça se lit comme du petit lait, malgré l'absence de récit ou d'image, et on réfléchit en même temps. Ensuite c'est drôle, d'une drôlerie toujours en accord avec la tristesse du sujet. Enfin c'est profond : c'est comme ça qu'on ressent la tragédie, la catastrophe, le malheur.
La question de la justesse de ces ressentis, en particulier le fait que le malheur choisirait des gens prédisposés, c'est une autre affaire, mais l'objectivité sur ces questions c'est seulement quand on les voit de loin.
Moi je pense qu'on a du mal à supporter l'idée que le malheur soit avant tout une affaire de hasard, alors on se construit d'autres idées, histoire de mettre de la siginfication.
La question de la justesse de ces ressentis, en particulier le fait que le malheur choisirait des gens prédisposés, c'est une autre affaire, mais l'objectivité sur ces questions c'est seulement quand on les voit de loin.
Moi je pense qu'on a du mal à supporter l'idée que le malheur soit avant tout une affaire de hasard, alors on se construit d'autres idées, histoire de mettre de la siginfication.
Re: Tragédie & Co
seyne a écrit: ...l'idée que le malheur soit avant tout une affaire de hasard...
Le hasard, c'est seulement le mot sous lequel l'Homme dissimule maladroitement le Destin, autrement dit la volonté des Dieux, qui comme chacun sait existent : c'est le Diable (Cocteau, en exergue à "La machine Infernale")
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Date d'inscription : 18/06/2007
Le malheur...
Le malheur, ça serait-il pas d'être-au-monde ? Et ne peut-on parler de merveilleux malheur, en ce qu'il crée des contraintes, comme les exos de Vos écrits, qui obligent à, dans l'impérieux corsetage imposé, fraise élisabéthaine amidonnée empêchant de voir même ses poulaines, sans parler de son appendice pour les porteurs dudit, sauter par-dessus le mur des impossibles, bousculer le destin, violenter fatum, ananké et tutti quanti, et, pourquoi pas, joignant la bouffonnerie au ricanement amer, leur flanquer un brave coup de pied au cul, comme le faisait si plaisamment Paillasse, du temps que nous nous en esbaudissions, au vert paradis de l'enfance ?
Sans Shoah, pas d'Eretz...
Sans Shoah, pas d'Eretz...
silene82- Nombre de messages : 3553
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Date d'inscription : 30/05/2009
Re: Tragédie & Co
Rien que pour le retour de Silène... ! :-)
Sinon, je rejoins ce que seyne a dit à propos de la profondeur du texte; on ressent effectivement bien la notion de tragédie, sans que cela soit lourd ou empesé. Pas besoin d'en faire trop, tu l'as bien compris.
Sinon, je rejoins ce que seyne a dit à propos de la profondeur du texte; on ressent effectivement bien la notion de tragédie, sans que cela soit lourd ou empesé. Pas besoin d'en faire trop, tu l'as bien compris.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
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Date d'inscription : 12/12/2005
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