Songe sous le pavillon gris au dessous de la voie express

[Invité]

Songe sous le pavillon gris au dessous de la voie express.

J'veux qu'nous partions
pour virer dans des matins vierges
pour distancer à l'asphalte cru
les grandes enjambées du ridicule
les envolées d' étourneaux faisant comme un tourbillon
comme si j'en étais le cœur.

J'veux qu'nous virions
sur les entresols des ponts:
chats perchés
sous les couches des plates-bandes
là où l'herbe se nourrit d'ombre
que nous nous endormions
sous un écueil de misère pour juste le goûter
comme si nous étions nés pour ça.
Nous distancerions même la pluie qui ne nous parviendrait plus que par bribes:
juste à écouter l'écho, serrés, mais vraiment serrés l'un contre l'autre, comme nous ne l'imaginerions même pas,
et comme toujours ma main comme ça qui se pose sur le dessus de ta tête, un fœtus.
Et là immobiles, atterrés vivants au bruit des bagnoles
nous nous éteindrions
sans plus de routes à aimer
sans plus de vols à prendre
sans plus d'élan à prendre
sans plus de doute à aimer
dans les matins rien à cirer
dans les matins sans plus
dans ces matins sans pluie
de dessous d'autoroutes
des sentiers du vent
et seulement nous
à son écoute.
Nous ramasserions une poignée de glaise pour que tu en fasses une robe jusqu'au soir,
mes yeux ne seront plus que des feux de brouillard pour eux-mêmes
des feux ardents comme si tu en étais le cœur jusqu'au point où ils en crament.
Nous nous mettrons alors en joue collée, à regarder "rien" vêtu d'une robe du soir, les étoiles cachées par la voûte plantaire du tarmac.
Nous rêverons de la montagne et du bruit des tronçonneuses au réveil,
d'un buffle, des yangmei en fleurs,
du sésame qui sèche en bottes:
cochon pendu,
de la sève des pêcher que pleurent des écorces,
du riz vert ondulant comme s'il était agité d'orgasmes,
de nous verts comme si nous étions le riz
de on comme s'il n'était jamais précédé d'i.

Partons.



....................

[à tchaoum]

C'est comme tu l'sens.

Je viens, dans la nuit humide, d'en fumer une en compagnie du chat, lui grattouillant le ventre en écoutant les camions au loin et je suis d'humeur à me laisser convaincre. Alors ton texte me fait écho, mais difficile à dire, j'accroche à une image, l'autre me laisse de marbre.
Un peu comme un collage de deux textes différents qui se mêlent, se croisent, se coupent la parole...
"atterrés vivants au bruit des bagnoles" j'aime beaucoup.
"dans les matins rien à cirer" rien à cirer me fait l'effet d'une gouaille orale totalement déplacée, d'une expression périssable qui datera le texte plus que les artéfacts évoqués.
"Rien à crier", peut-être ?-) il n'y aurait pas grand chose à changer.

à tchaoum
df

[Invité]

Rien à redire sur ton juste commentaire sauf merci.

[Invité]

J'ai un peu la même sensation qu'à tchaoum, tantôt la sauce prend, tantôt non.

Ce qui pour moi ne fonctionne pas :
"sans plus de routes à aimer
sans plus de vols à prendre
sans plus d'élan à prendre
sans plus de doute à aimer
dans les matins rien à cirer
dans les matins sans plus
dans ces matins sans pluie
de dessous d'autoroutes
des sentiers du vent
et seulement nous
à son écoute."
où j'ai trop l'impression de sentir le procédé, le jeu avec la langue (d'une manière générale je fais un blocage quand une série de ligne commence ou finit par le même mot)

Ce qui fonctionne, m'entraîne ailleurs :
"Nous rêverons de la montagne et du bruit des tronçonneuses au réveil,
d'un buffle, des yangmei en fleurs,
du sésame qui sèche en bottes:
cochon pendu,
de la sève des pêcher que pleurent des écorces,
du riz vert ondulant comme s'il était agité d'orgasmes,"
où je voyage vraiment (sauf ce "comme si" où pour moi l'élan retombe).

Alors pour moi, ce poème est comme le fameux verre : à moitié réussi ? A moitié raté ?

[Invité]

Oh, "une série de lignes", pardon...

[Sahkti]

Panda, pas grand-chose à dire en fait parce que j'aime ton texte, tel qu'il est, tout simplement et en particulier la partie "nous nous éteindrions ---> à son écoute", que je trouve réellement superbe.

Comment te dire... (te vexe pas hein, je te connais :-) Il me semble que ce texte est écrit avec plus de réflexion et de maturité que d'autres textes de toi, que tu as peut-être envoyés sous pulsion, sous le coup d'une émotion ou je ne sais, souvent abrupts et violents. Ce n'est pas le cas ici ou ent out cas, je ne le ressens pas comme ça, j'y décèle une certaine sagesse, même si la violence est toujours là, sous-jacente. Il y a quelque chose en plus, de plus profond, je ne sais trop comment l'expliquer...

[Tristan]

C'est vrai, Panda, il y a quelque chose de plus grave que d'habitude dans ton texte ; on y sent une liberté plus maîtrisée, un aboutissement, comme si tu avais réussi à canaliser cette inspiration folle et bon enfant qui caractérise le fond de ton écriture. C'est vraiment du bon, du très bon, même. Un vrai beatnik ;-)

[Charles]

Tout me touche dans ton texte, Panda. Vraiment ! Les images, l’envie d’évasion, les sentiments, les lieux, le langage … J’adore. C’est le texte de toi que je préfère. Superbe

[apoutsiak]

J'ai un peu le sentiment ambigu de socque. Je trouve que les phrases longues, par exemple (Nous distancerions..., des feux ardents...) alourdissent tout d'un coup la subtilité et la fraîcheur des écueils de misère, du riz, de la sève des pêchers. J'ai beaucoup aimé les images exotiques.

[Loupbleu]

Je trouve ça très intéressant ce que tu fais sur le thème de "l'invitation au voyage". Images poétiques et forme originale. Moi j'aime les poésie avec des bagnoles et des tronçonneuses.

Je souçonne que tu peux sans doute encore alléger la syntaxe, les effets (répétition de "comme" par exemple), disons que c'est pas tout à fait un reproche, plutôt une suggestion : mettre davantage en avant l'image que la langue.

Enfin, même si je ne suis pas tout à fait client du genre, j'ai apprécié les qualités poétiques du texte!

[Leila Zhour]

J'aime bien.
Mitigée sur certaines choses, comme déjà dit par d'autres.
Peut-être certaines phrases mériteraient d'être allégées. trop de mots finissent par étouffer l'image, belle et très réussie au départ.
Par rapport à la thématique et à la richesse de certains passages, je suis d'avis moi aussi que certaines tournures trop familières, voire argotiques,n'apportent rien et dénature lmême a beauté entrevue.
en tout cas, ça reste beau. bravo.

[bertrand-môgendre]

parce que les images flachent à la vitesse des voitures en mouvement, ça roule.

Nous nous mettrons alors en joue collée, à regarder "rien" ...

quelle belle invitation pour ta chanceuse dulcinée.

[milo]

sous le pavillon gris au dessous de la voie express, là bas deux enfants s'aiment
à saigner le béton
et ils crient, juste trop bien, que dans une flaque le ciel n'est pas le ciel...juste un reflet.


un poème que je trouve magnique.
maintenant j'ai envie de partir.
loin
loin...


merci.

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