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Fernand est mort

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Message  desaparecer Ven 25 Jan 2008 - 9:54

« C’est terminé. Il s’est éteint » a dit l’infirmière.
Difficile de lever les yeux de ce qui était désormais un cadavre.
« Vraiment ? Fernand est mort ?»
- oui, a dit Jérôme en m’entourant de ses bras, Viens maintenant.
Je me suis laissée faire. Il m’a enlacée.
« Nous devons vivre, a-t-il repris, toi et moi nous allons apprendre à vivre désormais. Laisse tout cela derrière toi. Nous échapperons à la mort. Tu sais que je t’aime, et nous vivrons de toutes nos forces pour cet amour. »

Mi-nable ai-je murmuré en moi-même, en détachant bien les deux syllabes, en insistant sur le n et en m’efforçant d’intégrer une fois pour toute cette lumineuse vérité. Mais un peu plus tard son souffle apaisait ma peine et sa main remontait le long de ma cuisse.


J’avais rencontré Fernand quelques mois auparavant, dans mon petit appartement de la rue des martyrs. Je me délectais en posant mes meubles et mes bibelots de la promesse d’une caricature de vie étudiante. Les meilleures années, on me l’avait toujours dit. Moi-même aujourd’hui je me laisse aller à le promettre à ma fille. Mais aujourd’hui tout est différent. Il n’y a plus sur mes murs de nus de Modigliani, il n’y a plus de musique tard le soir… Finalement j’ai moi-même tourné le dos à ma jeunesse. Rien ne saurait nous prévenir de la désillusion. Et Fernand fut la mienne.

Un soir, ou plutôt un petit matin, je suis tombée sur lui. Impossible de savoir depuis combien il gisait là. Il semblait minuscule, un tout petit être humain fragile à qui un méchant dieu avait fait une farce. Un petit vieillard presque chauve, perlant un peu de sang noirâtre, inconscient.
Plutôt hagarde moi même, j’ai choisi de croire en une hallucination due à la déraisonnable quantité d’alcool que j’avais absorbé toute la soirée. Et lâcheté ou incrédulité devant l’apparition, j’ai enjambé ce répugnant personnage, comme on le ferait d’un animal mort avant de regagner mon vermillon chez moi. Rapidement un sommeil lourd et profond m’a emportée.

Le lendemain Jérôme a sonné chez moi. Je l’avais rencontré à la faculté, entourés des deux colonnes moscovites de l’entrée de sciences po, nous avons bavardé et nous sommes devenu des amis. Un charmant garçon… J’étais trop jeune pour cerner sa grotesque flamboyance. Assez beau pour attiser des envies, des jalousies… Assez vif d’esprit pour balayer d’un revers de main tout ce qui ne participait pas de ses célébrations. Je me demande aujourd’hui ce qu’il est devenu. Devant l’écran blanc de mon ordinateur il m’est difficile d’oser taper les lettres de son prénom sur un moteur de recherche. Comment s’empêcher de craindre qu’il ait réussi… Jérôme M a c é… Il serre la main de ministres… Il est élu… Mieux vaut encore fermer mes yeux et me rappeler… Il y a longtemps… Prétendre que mes souvenirs sont inoffensifs… Admettre que de toutes façons, même si je les convoque mille fois cela ne changera rien à ce qui est arrivé.

J’avais ses faveurs, et ce n’était pas rien. Si aujourd’hui je n’ose même plus prononcer son nom, et encore moins prendre de ses nouvelles, je me souviens à la perfection de qui il était. A cette époque il portait un keffieh autour des épaules. Il avait des yeux bleus perçants et des dents étincelantes… Et pour couronner le tout, un sourire de chef de parti, déjà. Combien de prétentions auxquelles nous nous dévoyons…

Il avait passé quelques années en Amérique Latine, en compagnie de ses diplomates de parents. Il en était revenu bouleversé, et pendant des heures, dans des cafés enfumés, nous écoutions religieusement ses récits de la misère quotidienne. « Là bas, nous disait il, les gens sont simples, simples et beaux. Devant leur pureté tu te sens tellement con avec tes petites études dont tu es si fier… Ils ne connaissent rien de Marx et pourtant l’appliquent tous les jours Sérieux tu ne vois jamais plus ta petite vie et tes petits tracas de la même façon quand tu reviens »

Je suis revenue des idoles. Plus rien ne semble m’atteindre, ni un vieillard en robe blanche, ni la sève de la réussite qui coulait dans les veines de Jérôme. Ni même un talisman aux vertus improbables. Il n’y a plus que ma fille et moi. Il n’y a plus que nos deux silences et le repas que je lui prépare. Bientôt il n’y aura plus rien… Mais c’est du passé que je veux parler aujourd'hui.

Je lui ai donc ouvert, ou plutôt celle qui venait d’allonger ses cils au mascara bon marché lui a ouvert

- t’as vu dans les escaliers ? Y a un petit vieux inconscient…
- oh oui… c’est vrai… mince… je l’ai vu hier en rentrant, j’avais complètement oublié.
- mais… Tu l’as juste laissé là ?
- ben… oui… Mais tu sais j’étais complètement morte, j’ai pas trop calculé. Je l’ai enjambé quoi… Je pensais que quelqu’un s’occuperait de lui.
- Mais… tu es folle ou quoi ? Y a un mec à moitié mort dans ton escalier et toi tu l’enjambes, comme ça et tu l’oublies ?
Il me hurlait littéralement dessus. J’ai cru bon de répliquer, de minauder, d’insister sur mon mal de tête.
- non mais j’hallucine, m’a-t-il répondu plus furieux encore. Fais moi plaisir cinq minutes et va au moins voir s’il est vivant. Non mais tu te rends compte de ce que t’as fait ? C’est un délit ça ! C’est de la non assistance à personne en danger ! Et je peux te dire que le juge, il sera comme moi, il s’en foutra complètement que t’ai bu un coup de trop. Bref, j’appelle les pompiers. Toi tu descends le voir et tu la fermes…

J’étais brusquement rappelée à la réalité. Il avait raison et c’était inutile de m’en cacher davantage. J’avais du mal à croire que je l’avais simplement oublié, comme si c’était normal de laisser un type agoniser devant chez soi. L’énormité de mon geste m’est soudain apparue dans toute sa violence. Dégrisée…
« Ok, je descends… »


Par miracle il n’avait rien de bien grave… Il avait glissé en allant acheter ses cigarettes, et s’était cassé la jambe. Il ne se souvenait plus de rien après sa chute, pas même (encore un miracle…) que je l’avais croisé.
En sortant de l’hôpital, et après lui avoir promis que je reviendrai le voir bientôt, nous sommes allés nous asseoir dans un café, pour nous remettre.
« Je suis vraiment désolée, ai-je reconnu devant Jérôme, je comprends pas trop ce qui m’a pris… Enfin pourquoi je me suis conduit aussi connement… C’est vraiment toi qui avais raison.
- n’en parlons plus, il va bien, c’est l’essentiel, a-t-il ajouté en payant nos deux verres, tu reviendras vraiment le voir ?
- oui bien sur ! Pour qui tu me prends ? »

Effectivement je suis revenue le voir le lendemain, et le surlendemain, et les jours qui s’ensuivirent. Je ne peux pas nier que si j’allais si fréquemment à l’hôpital c’est aussi parce que je me sentais un peu coupable. Nous ne parlions pas tellement, un petit peu seulement. Je lui lisais le journal. Lui se contentait de me fixer de ses yeux somnolents. Je lui promettais, un brin inquiète de cet engagement, de fréquentes visites chez lui. Personne ne venait le voir à l’hôpital. Les infirmières m’avaient confié qu’aucun de ses parents n’avaient pu être prévenu. Je pensais qu’à tout prendre… Il aurait une voisine.
« - quand tu viendras chez moi, me répétait il, il faudra que je te montre quelque chose, tu verras, c’est une surprise ! »

J’ai vu sa surprise bien assez tôt. Des médailles de guerre, unique talisman, vestige raté d’un passé qui ne risquait pas de m’impressionner. Il me les a montré comme en cachette, a refusé que je les touche, et en quelques secondes, les médailles s’étaient éclipsées, cachées au fin fond d’un tiroir magique.
Ainsi ce vieux monsieur inoffensif au sourire lumineux avait fait la guerre… et quelle guerre…
- L’Algérie c’était la France ! Tu te rends compte ? On a construit des routes, on a construit des écoles, pour les éduquer, et regarde comment ils nous ont remercié… Où en seraient ils sans nous ? Ah si seulement De Gaulle n’avait pas été si faible… C’est bien comme maintenant… La rue fait la loi…

Je me tortillais un peu sur ma chaise, mal à l’aise. J’aurais du le contrarier, j’aurais du bien évidemment lui imposer ma vérité, qui était, j’en suis toujours aussi convaincue, la vérité la plus valable. Aucun peuple, pour quelque raison que ce soit n’a le droit de venir s’installer dans un pays, prendre ses richesses, et pire encore, prétendre éduquer l’indigène…
Et puis De Gaulle… Difficile de garder son calme… Mais pourtant, je savais pertinemment que je n’étais pas attablée avec mes amis à la terrasse d’un café, à refaire le monde en sirotant un Bloody Mary… Il atteignait péniblement les soixante dix ans… Quel intérêt à chercher à le convaincre. C’était inutile, d’abord. Je n’allais certainement pas le convertir en révolutionnaire prêt à sauter sur les barricades et à installer les piquets de grève devant une université… Et quand bien même… avec un peu d’effort j’aurais peut être réussi à lui démontrer que ses arguments n’étaient pas recevables. Mais était ce vraiment une bonne chose de lui enlever les dernières certitudes qui maintenait sa carcasse en vie ?

Fernand était devenu un sujet de conversation avec mes amis. Ils avaient beaucoup ri en apprenant quelle était la fameuse surprise, ils s’étaient même gentiment moqué de moi. Je leur racontais tout, entre autre que je ne savais pas quoi répondre. Comme prévu Jérôme était le plus virulent.
« Ma belle, disait il, tu me déçois un peu. Enfin comment peux tu laisser dire des choses pareilles et te permettre d’aller manifester contre les tests ADN, ou contre l’exploitation de l’Afrique par l’Occident… tu n’es pas cohérente ! ».
C’était effectivement le plus activiste d’entre nous. Il s’était inscrit à un syndicat d’étudiants communiste et il avait les plus grandes chances d’être élu au conseil d’administration… Il était de toutes les manifestations, avait sa carte au PC depuis ses 18 ans. Il avait été le porte parole de divers mouvements lycéens, et il envisageait une carrière politique. Je l’admirais.

Les choses se sont encore compliquées quand j’ai appris que Fernand militait à l’extrême droite, plus encore quand j’ai su qu’il avait fait un testament pour que le parti hérite de tous ses biens.

Un mouvement de contestation contre ma passivité commençait à enfler dans ma bande. Jérôme menaçait de ne plus m’adresser la parole.

Je ne pouvais pas me douter que cela n’en resterait pas là. Que ce n’était rien encore.
Un après midi, je lui avais apporté des petits gâteaux, il s’en mettait plein les dents et en crachotait la moitié sur mon visage. Il m’a demandé d’appeler son association d’anciens combattants, pour organiser un repas de célébration… ou quelque chose de ce style là.
- ah oui, Fernand, a répondu une voix lointaine au téléphone. Vous êtes la fille qui vient le voir ? Vraiment bravo, il faudrait davantage de gens comme vous
- oui, ai-je répondu… Hum… Il m’a parlé d’un repas auquel il doit assister ?
- heu… oui… écoutez… Ce n’est pas une très bonne idée, puisque vous êtes sa petite fée, est ce que vous ne pouvez pas essayer de lui faire passer la pilule ?
- comment ça ?
- eh bien… Vous savez, certains parmi nous ne l’aiment pas beaucoup… Rapport à son passé, si vous voyez ce que je veux dire
- euh… il milite à l’extrême droite, oui, je sais bien…
- oh mais s’il n’y avait que ça… Non, voyez vous ma petite demoiselle, le vrai problème c’est les exactions qu’il a commis en Algérie… Il y a très longtemps c’est vrai… Mais ne me dites pas que vous n’êtes pas au courant !
- ah… si… bien sûr, bien sûr… heu… Je vais le lui dire oui, d’accord.

Il a donc fallu affronter ses yeux déçu, et, pire encore, son « sourire quand même ».
Je l’ai laissé avec sa télévision, comme d’habitude je le retrouverais le lendemain dans la même position, devant la même chaîne, assis dans le même fauteuil, écrasant ses cendres dans le même cendrier. Quand le temps s’était il arrêté pour lui ? En 62, peut être…
Quelques recherches à la bibliothèque, dans les archives, dans des journaux d’époque, dans des ouvrages, m’en ont appris davantage. La torture, voila pourquoi il avait été mis au pilori par ses amis anciens combattants. Il avait même reçu des sanctions. Tout cela était détaillé. J’en avais le cœur retourné… Un peu hébétée par ce que j’avais appris, j’ai décidé de lui en parler… à demi mots…

« Eh bien oui, je ne m’en cache pas ! Il le fallait de toutes façons ! C’était des terroristes non ? Des types qui posent des bombes, tu crois qu’ils ne méritent pas leur sort ?
- (Je restais muette)
- et tu crois qu’ils se gênaient eux ? Tu n’as jamais entendu parler du sourire à la berbère ? Quand ils arrachaient les couilles des colons pour les mettre dans leur bouche ? Avant de les égorger ? Ah c’est bien joli d’être communiste… Vous les jeunes…

C’était vrai, je l’avais appris lors de mes recherches, les tortures allaient dans les deux sens… Mais les proportions étaient tellement peu comparables… Comment ce petit vieillard inoffensif pouvait il être tellement aveugle ? Comment avait il pu commettre ces actes ?

- Mais comment tu continues à aller voir ce type ? tonnait Jérôme… Non mais quoi encore… il faudrait absoudre Papon c’est ça ? Tout ça parce qu’il est vieux ! Pourquoi pas Hitler !
- Je sais bien… C’est toi qui as raison… C’est simplement que… il est seul…
- et tu crois qu’il n’y a aucune raison à ça ?

Il avait raison, il ne pouvait qu’avoir raison… Fernand ne regrettait même pas. Il me parlait d’entretiens qu’il avait eu avec le commandant Massu, avec Bigeard, de ses belles années dans l’OAS… Il se gonflait presque d’orgueil… La torture semblait être un élément du travail parmi d’autre. De temps en temps une rage me prenait et je me promettais de ne plus jamais venir le voir, jamais, jamais, qu’il crève seul, après tout, nul autre que lui ne l’avait autant mérité.
Je suis effectivement restée deux mois sans venir le voir. Et je l’ai tranquillement oublié… Je n’y pensais presque plus.
Pourtant un matin je suis revenue chez lui. J’avais failli le laisser mourir tout seul. Je ne pouvais pas recommencer la même erreur.
Il n’y était pas… J’aurais bien pu m’en douter. J’ai composé en tremblant le numéro de l’hôpital… Chambre 203. Eh bien…
Je lui ai apporté quelques journaux, parmi lesquels Minute, Jaurès me pardonne… Il était content. Ecrasé sous les tuyaux, je ne sais même pas s’il m’a réellement reconnue. Il a souri.
« - tu es gentille, comme toujours »

En sortant de l’hôpital je ne pouvais pas ne pas pleurer… C’était ma faute… Je n’avais pas même cherché à savoir s’il allait bien… Qu’importait son passé, comment laisser un homme mourir seul ?

Je suis revenue le voir, tous les jours. Son état ne s’améliorait pas, et j’attendais toutes les nuits le coup de téléphone qui signerait la fin de cette histoire. Nos entretiens étaient de plus en plus silencieux. Il me regardait d’en bas, de toute son immense gratitude, de son sourire reconnaissant et timide… Il n’avait « pas le temps » de lire mes journaux. Je les lui amenais cependant sans faute, tous les jours.

La fatwa s’était un peu adoucie à la fac. On le savait mourant de toutes façons. Je n’échappais pourtant pas à des commentaires acides
« - et ton grand père facho, ça va ? »
Je ne répondais pas. Je ne disais rien, ni « ta gueule ! » ni « arrête… » ni « mais tu ne comprends pas ? ».

Le téléphone a sonné finalement. Paniquée, bouleversée, je n’ai rien trouvé de mieux que d’appeler Jérôme, qui restait mon ami le plus proche. Il n’a rien dit sinon « j’arrive ». Et nous sommes nous sommes tous les deux dirigés, sans parler, vers l’hôpital.

La suite je l’ai déjà racontée. L’hôpital, puis la morgue… Puis Jérôme. En épilogue il y a ma fille que Jérôme m’a laissée bien malgré lui. Je n’ai plus de nouvelles de lui depuis le jour où je lui ai assené sa paternité. A la toussaint nous allons quelquefois porter des fleurs à Fernand.

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Message  Invité Ven 25 Jan 2008 - 10:11

Belle histoire ! J'ai eu peur au début, je trouvais les considérations de la narratrice banales, sans intérêt, mais cette nouvelle sans manichéisme m'a emportée. Les réactions des divers personnages sonnent vrai.

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Message  apoutsiak Ven 25 Jan 2008 - 10:32

Je dirai même plus : belle histoire. Un petit détail : es-tu certaine qu'un simple quidam peut obtenir des renseignements aussi précis sur l'identité d'un tortionnaire de l'armée française pendant la guerre d'Algérie ?
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Message  Numériplume Ven 25 Jan 2008 - 12:16

J’ai beaucoup aimé cette histoire, c’est attachant, ambigüe et tendre. On est mitigé entre le soulagement et la tristesse de la mort de Fernand. Ton texte me pose une question de fond.
Peut-on tisser un lien avec une personne qui est à l’opposé de nos idées, nos principes?
Si oui, peut-il être sincère ?
Si non, serions-nous condamnés à vivre chacun de notre côté ?

Bref, à travers cette narration nonchalante tu amènes un sujet de réflexion (en tout cas pour moi).
Bravo !
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Message  Arielle Ven 25 Jan 2008 - 15:51

J'aime beaucoup ces personnages si justes, ni bons ni mauvais, réels. Ils me rappellent ceux de Philippe Claudel dans Les âmes grises ou Le rapport de Brobeck. Pas de héros sans faille, pas de brute sans sa part de tendresse...la vie, quoi!

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Message  desaparecer Ven 25 Jan 2008 - 17:39

Merci beaucoup pour vos réponses et vos encouragements, merci aussi de m'avoir lue.
les réactions de la narratrice au début sont volontairement banales et sans intérêt pour montrer que l'héroine évolue d'une caricature d'étudiante vers quelqu'un de plus lucide par la confrontation avec quelqu'un avec qui non seulement elle ne partage rien mais dont les opinions ne sont pas "admissibles". J'avoue m'être beaucoup amusée a faire parler Jérôme, avec ses platitudes à deux balles du style "on va s'aimer par delà la mort" ou "dans les pays pauvres les gens sont tellement vrais".
La vraie question que je me suis posée dans ce texte c'est est ce qu'on peut laisser mourir quelqu'un seul? Fernand est attendrissant parce qu'il est seul, il n'a aucune grandeur. Pour autant il n'en reste pas moins un humain. L'expérience de la vieillesse et de la mort dans la solitue m'interroge.
Par contre effectivement rien ne dit qu'on peut obtenir des renseignements si facilement...

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Message  desaparecer Ven 25 Jan 2008 - 17:50

ah, désolée pour le double post, mais je voulais rajouter que entre autre, le titre du texte est inspiré par Fernand de Brel
Malheureusement ça semble impossible à trouver entre dailymotion et radioblog et autres. J'ai quand même trouvé une reprise sympathique sur youtube, dont voici le lien : https://www.youtube.com/watch?v=apsRDP9AXNk

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Message  à tchaoum Sam 26 Jan 2008 - 7:06

Ton texte offre un peu de paix à tous les Fernand du monde, et c'est bel et bien fait.
As-tu lu le dernier tome du "Combat ordinaire", de Manu Larcenet ?
J'ai eu un léger sentiment de télescopage temporel, je mesure mal l'écart entre les deux temps du récit. Ce "petit-cul" de Jérôme n'use-t-il pas dans le passé d'une référence anachronique aux tests ADN ?
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Message  Leila Zhour Sam 26 Jan 2008 - 20:50

J'aime beaucoup la nouvelle, mais le début, si j'en comprends bien l'intérêt, me semble moins réussi. moins "naturel". On sent que le véritable sujet, débute au premier tiers. c'est fernand, le rapport avec la mort, la solitude, la différence si profonde aussi.
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Message  Sahkti Lun 28 Jan 2008 - 20:34

C'est un texte intéressant, qui appelle pas mal de questions et de réflexions. Cela me fait penser à un livre récemment lu "Le boulevard périphérique" de Henry Bauchau, ouvrage magnifique qui aborde cette question de la confrontation de son moi-profond à tout ce qui nous répulse et nous oppose (un bourreau et le meilleur ami de sa victime, dans le livre).

Un petit bémol toutefois: je suis partagée face à ce début, volontairement placé sous le signe de la banalité afin de mieux faire comprendre au lecteur la progression qui sera celle de l'héroïne, en maturité et en éducation. Cela me semble un brin trop téléphoné et linéaire, comme une histoire avec une bonne morale où on s'enrichit en côtoyant le mal, c'est un peu trop simple, mais ça n'enlève que peu aux diverses qualités de ton texte.
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Message  mentor Lun 28 Jan 2008 - 20:42

Un beau texte, profond et qui oblige à réfléchir
Ca m'a fait penser à ce dictateur qui vient de mourir à 86 ans, responsable de centaines de milliers de morts et jamais poursuivi ni même inquiété, à qui on a fait même les honneurs de funérailles nationales je crois
Qu'a-t-il pensé cet homme, dans ses derniers mois, jours, heures ?
Si ça se trouve : rien !
Faut-il poursuivre et tenter de punir, même à l'article de la mort ? Grosse question et tu oses l'aborder avec une histoire simple et touchante qui rend ce Fernand quasiment attachant
Oui, beau texte, et bien écrit

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Message  ninananere Mar 29 Jan 2008 - 13:40

L'histoire vaut le coup, oui, mais par contre au niveau de la chronologie, il y a de petites choses que je n'ai pas comprises.
Celle qui raconte parle d'un souvenir, de ses années universitaires, si j'ai bien compris. Comme si c'était un passé lointain. Puis tu parles des manif' contre l'ADN, et ça, c'était tout juste hier. De plus, elle a maintentant un enfant avec qui elle se rend sur la tombe de Fernand à la toussaint. Donc sa vie d'étudiante avec les manif' ne datent pas d'hier. Non ?
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Message  desaparecer Mar 29 Jan 2008 - 22:29

alors oui, à moins de supposer que la narratrice écrit le texte en 2030 il y a bel et bien un problème temporel...
Je devrais peut etre préciser quelque part dans le texte...
Et c'est vrai, le gros problème dès qu'on veut toucher à la morale est de tomber dans un ton moraliste justement... J'ai essayé de ne pas trop en faire là dessus : la narratrice est elle moins conne après avoir rencontré Fernand? et même a t elle raison? est ce que vous tiendriez la main à Hitler sur son lit de mort? Jérôme n'est pas simplement un gros con qui a réussi, c'est lui qui accuse l'héroïne de non assistance à personne en danger, ensuite il accuse l'héroïne de continuer à fréquenter Fernand, mais j'ai fait le choix (l'erreur) de le présenter comme un gros con, c'est peut être aussi quelqu'un de simplement plus exigeant qu'indulgent

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Message  Invité Mer 30 Jan 2008 - 6:18

Non, je trouve que vous n'en faites pas trop avec Jérôme, et justement le fait qu'il s'avère ne pas être à la hauteur de ses beaux principes (puisqu'il laisse béton la jeune fille après l'avoir engrossée) "casse" le côté moraliste que le texte pourrait avoir. C'est ça que j'aime : les repères sont brouillés, cela sonne juste !

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Message  maniak' Mer 30 Jan 2008 - 12:04

J'ai adoré ce texte. Vraiment. J'aime le côté humain du personnage principal, le style d'écriture. Tu retransmets parfaitement les hésitations et les doutes du personnage central avec ses forces et ses faiblesses.

Un texte superbe.
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Message  Zou Mer 30 Jan 2008 - 12:30

L'écriture est fluide et tient en haleine.
Malgré tout je trouve que le récit piétinne pas mal dans sa seconde partie. Pas d'évolution des personnages. Ensuite l'anachronisme du test ADN, je ne pense pas qu'à l'époque où tu situes ce récit, l'on en parlait déjà. Enfin, je n'ai pas compris le revirement de sentiment de Jérôme à l'occasion du décès de Fernard et à l'égard de la narratrice. In fine, je trouve la fin du récit un peu rapide comme si tu avais été pressé d'en terminer. Bref pas convaincue même si ton écriture est agréable à lire.
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Message  bertrand-môgendre Mer 30 Jan 2008 - 16:27

j’aime bien ta manière de nous faire naviguer d’un temps à l’autre.
Au niveau de la construction du texte : c’est bien monté.
L’exercice n’est pas aisé. Tu as très bien croqué ce Jérôme, donneur de leçons, incapable d’appliquer sur lui-même les recommandations assénées à sa copine.
Le sujet est délicat à aborder, car trouver un brin d’humanité pour ce Fernand était une gageure difficile à négocier.
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Message  Invité Mar 24 Sep 2013 - 13:29

Magnifique, ce récit. Il m'a bouleversée. Ce personnage qui accorde sa pitié, sa générosité à un homme dont les idées sont diamétralement opposées aux siennes est magnifiquement humain. Il met en relief les contradictions que l'on est parfois amenés à commettre.
J'ai beaucoup beaucoup aimé cette lecture.

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Message  Invité Mar 24 Sep 2013 - 20:09

Merci à Iris d'avoir fait remonter ce texte que je n'avais pas lu.
Tu excelles dans l'art de montrer les ambiguïtés humaines, de travailler les gris en montrant leur richesse de nuances, j'aime énormément.

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