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Miguel Mendes.

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Miguel Mendes. Empty Miguel Mendes.

Message  maniak' Mer 30 Jan 2008 - 16:23

Juste un autre extrait du roman sur lequel je travaille. Même s'il est difficile de se faire une idée à partir d'un passage aussi court, je voudrais des avis. Merci de vos critiques.



Debout sur le marchepied de la fourgonnette, ses doigts gelés agrippés à la portière, Miguel essayait de retrouver son calme. De son bataillon, il ne restait plus qu’une cinquantaine de fantômes aux traits tirés et au regard halluciné. Ils avaient battu en retraite en fin de matinée, après avoir attendu pendant des heures, et sous les bombes, des renforts qui n’étaient jamais venus.

Les chemises noires du Corpo Truppe Volontari étaient trop fortes, trop bien armés. Les fusils et les mortiers légers dont disposaient les républicains de sa section avaient été de peu d’utilité face aux chars CV-33 et CV-35 du général Roatta. Dans ces conditions, essayer de tenir Mirabueno plus longtemps aurait été du suicide.

Il avait pourtant fallu attendre que le capitaine Robledo se fasse pulvériser par un obus pour que le lieutenant Sanchis donne l’ordre de se replier. Ce con de Robledo ! S’il n’était pas mort, peut-être seraient-ils encore là-haut à se faire hacher sur place par les mitrailleuses embarquées des chasseurs Fiat CR-32.

Bordel ! C’était la débâcle ! Si ça continuait comme ça, il ne faudrait pas trois jours aux fascistes pour entrer dans Madrid. D’autant que la division nationaliste Soria était toujours sur la réserve, prête à pallier à une éventuelle défaillance des italiens, et n’avait pas encore tiré le moindre coup de fusil.

En tout début d’après-midi, Miguel et le convoi des survivants de la première heure avaient fait leur entrée dans Alaminos, talonnés par l’avant-garde du CTV. Protégés par l’épais brouillard qui heureusement était retombé, gênant la progression ennemie, ils avaient mis les mortiers en batterie.

Miguel, comme ses camarades, savait que leur résistance était dérisoire. Ils n’avaient aucune chance d’arrêter durablement l’avancée des franquistes. Mais, si ça pouvait donner le temps aux civils de fuir le village, ce serait déjà ça de pris.

Alors, comme les autres, il s’était allongé, à plat ventre dans la terre humide et froide, et il avait épaulé son fusil. La joue collée à la crosse, l’œil rivé au détour de la route à peine visible dans la brume, il avait laissé s’envoler son esprit par delà les montagnes et la Méditerranée. Vers son pays. Vers le Maroc.

Ils n’avaient pas tenu une heure. Pied à pied, ils avaient reculé et les chemises noires avaient dû prendre maison après maison. Les combats avaient été d’une rare violence jusqu’en milieu d’après-midi.

Par deux fois, la bataille s’était transformée en un sanglant corps à corps et Miguel n’était pas prêt d’oublier les images qui s’étaient imprimées dans son esprit. Il voyait encore l’expression de surprise sur le visage du jeune italien quand ils s’étaient retrouvés face à face. Un beau gosse à peine plus vieux que lui. Une bonne tête de brave gars.

Il entendait encore sa propre voix hurler dans son crâne. Lui crier de bouger, de réagir, lui dire que l’autre n’attendrait pas. Et elle avait eu raison. Il s’en était fallu d’un cheveu qu’il ne lui plante sa baïonnette dans les tripes.

Au lieu de ça, c’était lui, Miguel Mendes, qui avait eu droit au rictus de douleur sur le visage d’adolescent de son ennemi, au regard affolé de celui qui se regarde mourir. Il avait aussi eu droit aux mouvements, aussi désespérés que désordonnés, de l’homme qu’il venait d’épingler au mur de cette maison basse de la périphérie d’Alaminos. Ce trou perdu du centre de l’Espagne où il n’aurait jamais cru avoir à mettre les pieds un jour.

Et cette voix ! Cette putain de voix qui s’égosillait dans sa tête :

- Crève nom de Dieu ! Crève qu’on en finisse !

Mais, non. Le rital refusait de mourir. Les deux mains crispées sur le canon du fusil, il essayait de repousser de toutes ses forces cette lame qui le perforait. Et Miguel, les dents serrées, lui résistait, le regard planté dans ses yeux clairs, tandis que la voix se faisait suppliante :

- Meurs. S’il te plait… meurs vite.

Quand, enfin, il avait fini par rendre son dernier soupir, il avait fallu au jeune pied-noir dix bonnes minutes pour sécher ses larmes et ravaler ses sanglots.

A présent, les doigts encore tachés de sang agrippés à la portière de la fourgonnette, il battait en retraite vers Almandrones au milieu d’une longue procession de soldats exténués et traumatisés par la violence de l’offensive nationaliste.

Et il ne pouvait chasser cette idée de ses pensées : quelque part, il y avait une Vicky italienne qui attendait des nouvelles de son fils. Et, mentalement, il cherchait les mots qui pourraient lui expliquer comment il était mort et pourquoi.

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Message  à tchaoum Mer 30 Jan 2008 - 16:27

maniak' a écrit:je voudrais des avis. Merci de vos critiques.
Plus tard, certainement.
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Message  Sahkti Mer 30 Jan 2008 - 16:40

Salut Maniak. Si tu lis le fil "Débats et billevesées", tu auras constaté que plusieurs personnes ne trouvent plus le temps de tout lire, tant il y a des textes postés sur VE (ce qui est chouette, ceci dit, ce grand nombre).
Aussi, je me permets de te rappeler la recommandation de deux textes postés par semaine.
Les commentaires que tu demandes viendront sans doute plus tard, si ils viennent.
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Message  apoutsiak Mer 30 Jan 2008 - 17:25

Un petit bout de roman qui promet. Pour les néophytes du genre de guerre, j'espère que tu n'abuseras pas des numéros de chars et autres précisions professionnelles d'engins. Tu ne le fais pas ici, mais j'ai connu un gars qui avait écrit un texte de ce type sans se rendre compte qu'il s'agissait pour lui de déclamer des poèmes où les chiffres, les sigles et les ornements militaires étaient inconsciemment ses héros. Bonne continuation !
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Message  maniak' Mer 30 Jan 2008 - 20:46

apoutsiak, ce n'est pas un roman de guerre à proprement parler. C'est juste un passage obligé dans le déroulement de l'histoire. Mais bon, merci d'avoir lu.

Sahkti, non je ne lis pas le fil "Débats et billevesées". Par contre, j'ai posté sans faire gaffe que j'avais déja collé un texte hier. Et comme on ne peut pas supprimer...

si ils viennent ???

à tchaoum, y a pas d'urgence.
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Message  Invité Mer 30 Jan 2008 - 21:44

Les récits de guerre m'intéressent rarement, celui-ci ne fait pas exception à la règle. Je trouve qu'il y a parfois ambiguïté passagère sur qui fait quoi (" Il s’en était fallu d’un cheveu qu’il ne lui plante sa baïonnette dans les tripes.", par exemple ; on comprend par le contexte, mais je me suis arrêtée sur cette phrase).

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Message  bertrand-môgendre Jeu 31 Jan 2008 - 10:33

« …chemises noires du Corpo Truppe Volontari étaient trop fortes, trop bien armés. Les fusils et les mortiers légers dont disposaient les républicains de sa section avaient été de peu d’utilité face aux chars CV-33 et CV-35 du général Roatta. Dans ces conditions, essayer de tenir Mirabueno plus longtemps aurait été du suicide.
Il avait pourtant fallu attendre que le capitaine Robledo se fasse pulvériser par un obus pour que le lieutenant Sanchis donne l’ordre de se replier … »

En trois phrases successives, je reçois des informations tellement étrangères, que j’ai du mal à suivre. Soit les précisions sur les personnages, les lieux ont été développées avant, soit elles le seront plus tard, mais surtout ne laisse pas le lecteur dans cet inconfort.

« … regard halluciné …au regard affolé de celui qui se regarde mourir… le regard planté dans ses yeux clairs …»
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Message  maniak' Sam 2 Fév 2008 - 6:14

Bertrand-môgendre, c'est un extrait il y a donc forcément des infos que tu ne peux pas avoir en ne lisant que ce passage. Pour "regard qui revient aussi souvent t'as raison. Je vais revoir ça.

Socque, merci pour ta critique.
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