Requiem pour la femme que j'aimais
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Requiem pour la femme que j'aimais
Requiem pour celle que j’aimais
*
Portrait de famille
Louise et René,
Marie-Lou et Loreli
*
Au milieu du lit, où reposent nos deux corps repus, notre chat qui ronronne. Les enfants qui dorment. Le bonheur.
Quarante ans de vie commune, de Drummondville à Terrebonne, en passant par Sherbrooke. La belle aventure.
Loisirs partagés, amitiés, travaux, familles. Notre beau et long voyage.
Et puis, dans ton jardin d’hiver, l’éclosion de deux coquelicots : Mélina et Raphaël. Les fleurs de ta vieillesse.
Mais aujourd’hui, il neige sur ta vie.
*
Mon amour, ne prends pas froid. Un printemps t’attend.
*
Puis est venu sourdement un jour noir, improbable. Une ambulance est à la porte. Ma femme n’avait plus la force de marcher. Elle aurait risqué de tomber dans l’escalier une nouvelle fois.
Une situation d’autant plus inquiétante que, depuis quelques jours, elle avait perdu l’appétit. Elle était malade, mais semblait l’ignorer ou du moins feignant de ne pas le savoir.
*
Il neige, tandis que les brancardiers la transportent… loin de notre nid, loin de ma vue. Une neige comme une mort blanche.
*
Il me revient à la mémoire le poème que je lui adressais à l’occasion de notre anniversaire de mariage, le 15 mai dernier.
Le voici. Pour mémoire, en guise d’épitaphe sur la pierre tombale de notre vie à deux.
Quarante ans, mon amour,
à me voir trébucher, réussir, échouer
à m’entendre rire ou pleurer
à me savoir faible et fort tout à la fois
Quarante ans, mon amour,
à me réparer,
à m’endurer,
à me secourir
Quarante ans, mon amour,
à cheminer à mes côtés,
à dormir à mes côtés,
à travailler à mes côtés
Quarante ans, mon amour,
à partager voyages,
spectacles, films,
livres et chansons
Quarante ans, mon amour,
à bâtir, à reconstruire,
à recommencer
sans jamais faillir
Quarante ans ! Mais, n’est-ce pas à cet âge que l’on devient adulte et que commence la vraie vie ?
*
Louise a donc été transportée à l’hôpital, sanglée sur une civière.
Avant son départ, elle paraissait sereine, soulagée de confier à des mains plus expertes que les siennes et les miennes le soin de s’occuper d’elle. De son corps amaigri surtout, fragilisé par des jambes qui ne la soutenaient presque plus.
La lune tel un phare
face à moi sur une route
je file tout droit
*
Son regard est vif et moqueur. Ses yeux couleur noisette qui m’interrogent. Une lueur dans la nuit.
*
Quatre semaines plus tard…
Bien tapie dans l’ombre, dans sa chambre d’hôpital, la mort comme une éclaircie. Un nouveau soleil.
*
Sombre samedi.
… Ma Loulou est morte
bouche ouverte, le teint cireux
morte à pas de loup
ma Loulou
dans son doudou
*
Quarante ans de vie, soudés l’un à l’autre. Le mur de la mort.
un hymne à la joie
ma main aimante sur son urne
le dernier adieu
*
Au moulin des jours couleront désormais le temps et mes larmes. Mon amour est mort.
Aujourd’hui
il pleut dans mon cœur
beaux souvenirs enneigés
je suis hors-saison
[b]
*
Portrait de famille
Louise et René,
Marie-Lou et Loreli
*
Au milieu du lit, où reposent nos deux corps repus, notre chat qui ronronne. Les enfants qui dorment. Le bonheur.
Quarante ans de vie commune, de Drummondville à Terrebonne, en passant par Sherbrooke. La belle aventure.
Loisirs partagés, amitiés, travaux, familles. Notre beau et long voyage.
Et puis, dans ton jardin d’hiver, l’éclosion de deux coquelicots : Mélina et Raphaël. Les fleurs de ta vieillesse.
Mais aujourd’hui, il neige sur ta vie.
*
Mon amour, ne prends pas froid. Un printemps t’attend.
*
Puis est venu sourdement un jour noir, improbable. Une ambulance est à la porte. Ma femme n’avait plus la force de marcher. Elle aurait risqué de tomber dans l’escalier une nouvelle fois.
Une situation d’autant plus inquiétante que, depuis quelques jours, elle avait perdu l’appétit. Elle était malade, mais semblait l’ignorer ou du moins feignant de ne pas le savoir.
*
Il neige, tandis que les brancardiers la transportent… loin de notre nid, loin de ma vue. Une neige comme une mort blanche.
*
Il me revient à la mémoire le poème que je lui adressais à l’occasion de notre anniversaire de mariage, le 15 mai dernier.
Le voici. Pour mémoire, en guise d’épitaphe sur la pierre tombale de notre vie à deux.
Quarante ans, mon amour,
à me voir trébucher, réussir, échouer
à m’entendre rire ou pleurer
à me savoir faible et fort tout à la fois
Quarante ans, mon amour,
à me réparer,
à m’endurer,
à me secourir
Quarante ans, mon amour,
à cheminer à mes côtés,
à dormir à mes côtés,
à travailler à mes côtés
Quarante ans, mon amour,
à partager voyages,
spectacles, films,
livres et chansons
Quarante ans, mon amour,
à bâtir, à reconstruire,
à recommencer
sans jamais faillir
Quarante ans ! Mais, n’est-ce pas à cet âge que l’on devient adulte et que commence la vraie vie ?
*
Louise a donc été transportée à l’hôpital, sanglée sur une civière.
Avant son départ, elle paraissait sereine, soulagée de confier à des mains plus expertes que les siennes et les miennes le soin de s’occuper d’elle. De son corps amaigri surtout, fragilisé par des jambes qui ne la soutenaient presque plus.
La lune tel un phare
face à moi sur une route
je file tout droit
*
Son regard est vif et moqueur. Ses yeux couleur noisette qui m’interrogent. Une lueur dans la nuit.
*
Quatre semaines plus tard…
Bien tapie dans l’ombre, dans sa chambre d’hôpital, la mort comme une éclaircie. Un nouveau soleil.
*
Sombre samedi.
… Ma Loulou est morte
bouche ouverte, le teint cireux
morte à pas de loup
ma Loulou
dans son doudou
*
Quarante ans de vie, soudés l’un à l’autre. Le mur de la mort.
un hymne à la joie
ma main aimante sur son urne
le dernier adieu
*
Au moulin des jours couleront désormais le temps et mes larmes. Mon amour est mort.
Aujourd’hui
il pleut dans mon cœur
beaux souvenirs enneigés
je suis hors-saison
[b]
Gaspard-Auguste- Nombre de messages : 15
Age : 82
Localisation : Terrebonne, Québec (Canada)
Date d'inscription : 15/01/2008
Re: Requiem pour la femme que j'aimais
Un texte émouvant, à l'écriture inégale à mon avis. J'y ai trouvé des moments forts, touchants :
"Mon amour, ne prends pas froid. Un printemps t’attend."
"la mort comme une éclaircie. Un nouveau soleil."
"je suis hors-saison"
...et d'autres où la banalité de l'expression affadit, pour moi, l'émotion :
"Une neige comme une mort blanche."
"la pierre tombale de notre vie à deux"
"Le mur de la mort."
Je n'ai guère aimé le poème "Quarante ans", les autres si.
Bienvenue ! J'espère vous lire encore.
"Mon amour, ne prends pas froid. Un printemps t’attend."
"la mort comme une éclaircie. Un nouveau soleil."
"je suis hors-saison"
...et d'autres où la banalité de l'expression affadit, pour moi, l'émotion :
"Une neige comme une mort blanche."
"la pierre tombale de notre vie à deux"
"Le mur de la mort."
Je n'ai guère aimé le poème "Quarante ans", les autres si.
Bienvenue ! J'espère vous lire encore.
Invité- Invité
Re: Requiem pour la femme que j'aimais
Bonjour et bienvenue
Si le coeur t'en dit, quelques mots ici seraient les bienvenus:
http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-f1/presentez-vous-ici-t321.htm
Merci également de lire les conseils et règles de fonctionnement du forum.
Si le coeur t'en dit, quelques mots ici seraient les bienvenus:
http://www.vosecrits.com/forum-vos-ecrits-f1/presentez-vous-ici-t321.htm
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Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Requiem pour la femme que j'aimais
C'est difficile de commenter des textes sur des drames très touchants, quand ils ont l'air (mais je peux évidemment me tromper) de coller de près à la réalité. J'aime les ruptures façon haïku, mais je trouve globalement le texte inégal, moi aussi, en particulier cette redondance des "Quarante ans de vie commune... au début. Quarante ans, mon amour.".. multipliés dans tout le poème. Plus loin, "Quarante ans de vie, soudés l’un à l’autre...". Des images assez banales aussi, "ma main aimante sur son urne", "au moulin des jours". J'ai le sentiment que c'est plus le drame, qui nous touche (comment ne le serait-on pas ?) moins le récit du drame.
"mais semblait l’ignorer ou du moins feignant de ne pas le savoir." : ou du moins feindre, plutôt.
"mais semblait l’ignorer ou du moins feignant de ne pas le savoir." : ou du moins feindre, plutôt.
Re: Requiem pour la femme que j'aimais
D'accord avec Apoutsiak "J'ai le sentiment que c'est plus le drame, qui nous touche (comment ne le serait-on pas ?) moins le récit du drame."
Le récit est assez maladroit dans sa forme. Le mélange des temps me gêne. J'essaie d'y trouver une logique quelconque sans y parvenir vraiment. Le poème ne me touche pas, il me parait très égocentrique alors que certaines petites phrases "ne prends pas froid" "je suis hors saison" disent avec pudeur et discrétion les craintes et le désarroi du narrateur.
Le récit est assez maladroit dans sa forme. Le mélange des temps me gêne. J'essaie d'y trouver une logique quelconque sans y parvenir vraiment. Le poème ne me touche pas, il me parait très égocentrique alors que certaines petites phrases "ne prends pas froid" "je suis hors saison" disent avec pudeur et discrétion les craintes et le désarroi du narrateur.
Re: Requiem pour la femme que j'aimais
Oui, difficile de donner un avis sur ce texte, sans doute parce que le titre annonce un hommage, et qu'un hommage, c'est juste fait pour être dit, pas commenté.
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