Enterrements II
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Enterrements II
Nos Enterrements II
Tous ces cadavres là, je me demandais comment ils en étaient arrivés à mourir, à se faire enterrer !
Quelle fantaisie c’était donc là!
J’étais quant à moi, bien convaincu que rien de tout cela ne m’arriverait jamais. Je ne voyais en rien l’intérêt qu’on pouvait trouver à la chose !
A croire que s’ils faisaient pareils défilés, c’était tout juste pour nous divertir, pour nous passer le temps, nous montrer qu’ils nous aimaient bien, ma tante Louise et moi !
Ca vous occupait drôlement le village, alors, la mort des gens. Après un enterrement, on parlait du défunt, une semaine durant et plus, dans les ateliers, boutiques et commerces et dans la rue, au gré des rencontres. Et comment ça s’était passé, et si vraiment il était bien mort sur le coup, ou plus tard, ou plus tôt ou pas tout à fait tout de suite, voire pas du tout! Et ça se continuait ainsi…Jusqu’à ce qu’un suivant prenne la relève. Le village vivait de cadavre en cadavre, comme il vivait de jour en jour. Cela alimentait les causeries, et tuait le temps.
On menait des vies bien concrètes, dans des espaces délimités où par manque de transports dans tous les sens, chacun avait sa place et son trou et ne s’en éloignait jamais!
Nos morts intéressaient leurs proches dans la stricte mesure, où leur disparition allait rétrécir ou changer leur propre vie. Le reste du monde on ignorait. Tout ce qui grouillait ailleurs que sous nos yeux on s’en foutait.
Ca simplifiait drôlement et les choses et le reste. C’était le village et ce qui s’y passait la grande préoccupation des humains. La dimension côtoyée au quotidien, suffisait à nous occuper !
On sentait bien, confusément certes, mais suffisamment pour qu’il y en aient à s’y accrocher, , que cette façon tribale d’exister allait disparaitre. Que bientôt on n’aurait plus le temps de se pencher sur les trous que nous faisaient nos intimes absences.
Que la radio, et d’autres inventions plus redoutables encore, nous élargiraient la vie. Qu’elles nous détourneraient de toutes ces angoisses à portée de main, pour nous brancher sur celles d’un monde entier.
Et que nos inquiétudes, elles nous les rendraient planétaires, , à nous déverser du matin jusques au soir les terribles catastrophes et chamboulements. Autant de misères auxquelles nous ne changerions rien ! Des souffrances qui prendraient, dans nos pitiés, la place des malheurs du voisin, des peines des proches ensemble endurées, la place de celles qu’on pouvait soulager !
Même si le clocher restait à sa place au centre du village, le cœur des hommes qui passaient dessous, allait lui, changer énormément!
Ceux qui nous quittaient emportaient avec eux jusqu’ aux traces les plus minuscules de leurs façons de vivre, des pans d’histoire entiers en souvenirs à jamais gommés …
C’était certes des vies, qui, à la lueur des histoires contées, n’avaient rien de très enviable. Mais elles nous montraient si bien, de quelles horreurs on s’extirpait et au prix de quels sacrifices on allait enfin pouvoir un peu respirer!
Avec nos morts, c’était parfois des fonctions entières, qui de la manière la plus définitive disparaissaient…
Ainsi, l’appariteur des cérémonies, notre Suisse d’église, comme on disait.
Pas du tout pour dire que je fus attristé de sa disparition. Sa principale fonction avait été de tirer les oreilles aux enfants lors des offices.
Tous ces cadavres là, je me demandais comment ils en étaient arrivés à mourir, à se faire enterrer !
Quelle fantaisie c’était donc là!
J’étais quant à moi, bien convaincu que rien de tout cela ne m’arriverait jamais. Je ne voyais en rien l’intérêt qu’on pouvait trouver à la chose !
A croire que s’ils faisaient pareils défilés, c’était tout juste pour nous divertir, pour nous passer le temps, nous montrer qu’ils nous aimaient bien, ma tante Louise et moi !
Ca vous occupait drôlement le village, alors, la mort des gens. Après un enterrement, on parlait du défunt, une semaine durant et plus, dans les ateliers, boutiques et commerces et dans la rue, au gré des rencontres. Et comment ça s’était passé, et si vraiment il était bien mort sur le coup, ou plus tard, ou plus tôt ou pas tout à fait tout de suite, voire pas du tout! Et ça se continuait ainsi…Jusqu’à ce qu’un suivant prenne la relève. Le village vivait de cadavre en cadavre, comme il vivait de jour en jour. Cela alimentait les causeries, et tuait le temps.
On menait des vies bien concrètes, dans des espaces délimités où par manque de transports dans tous les sens, chacun avait sa place et son trou et ne s’en éloignait jamais!
Nos morts intéressaient leurs proches dans la stricte mesure, où leur disparition allait rétrécir ou changer leur propre vie. Le reste du monde on ignorait. Tout ce qui grouillait ailleurs que sous nos yeux on s’en foutait.
Ca simplifiait drôlement et les choses et le reste. C’était le village et ce qui s’y passait la grande préoccupation des humains. La dimension côtoyée au quotidien, suffisait à nous occuper !
On sentait bien, confusément certes, mais suffisamment pour qu’il y en aient à s’y accrocher, , que cette façon tribale d’exister allait disparaitre. Que bientôt on n’aurait plus le temps de se pencher sur les trous que nous faisaient nos intimes absences.
Que la radio, et d’autres inventions plus redoutables encore, nous élargiraient la vie. Qu’elles nous détourneraient de toutes ces angoisses à portée de main, pour nous brancher sur celles d’un monde entier.
Et que nos inquiétudes, elles nous les rendraient planétaires, , à nous déverser du matin jusques au soir les terribles catastrophes et chamboulements. Autant de misères auxquelles nous ne changerions rien ! Des souffrances qui prendraient, dans nos pitiés, la place des malheurs du voisin, des peines des proches ensemble endurées, la place de celles qu’on pouvait soulager !
Même si le clocher restait à sa place au centre du village, le cœur des hommes qui passaient dessous, allait lui, changer énormément!
Ceux qui nous quittaient emportaient avec eux jusqu’ aux traces les plus minuscules de leurs façons de vivre, des pans d’histoire entiers en souvenirs à jamais gommés …
C’était certes des vies, qui, à la lueur des histoires contées, n’avaient rien de très enviable. Mais elles nous montraient si bien, de quelles horreurs on s’extirpait et au prix de quels sacrifices on allait enfin pouvoir un peu respirer!
Avec nos morts, c’était parfois des fonctions entières, qui de la manière la plus définitive disparaissaient…
Ainsi, l’appariteur des cérémonies, notre Suisse d’église, comme on disait.
Pas du tout pour dire que je fus attristé de sa disparition. Sa principale fonction avait été de tirer les oreilles aux enfants lors des offices.
outretemps- Nombre de messages : 615
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Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Mais c’était aussi celui qui avait sauvé du feu, la statue ! La statue dont le curé avait voulu se débarrasser lors d’un mercredi des cendres en la brûlant pour en mettre une moderne !
La pure merveille qu’avait survécu à toutes les pestes, vieille qu’elle était, à avoir connu Jeanne d’Arc. Il avait été, ce Suisse là, le dernier d’une lignée à nous ramener la nuit des temps. Son uniforme était tellement riche et brillant de partout, qu’à chaque fois qu’on changeait le bonhomme qu’était dedans, on retouchait le vêtement, plutôt que d’en prendre un plus moderne.
Il était tellement précieux de partout, qu’on lui rajustait tous ses bouts jusqu’à le rafistoler arlequin.
Il y avait dedans des tissus, broderies, d’or et d’argent à remonter au moyen âge !!
Lui, le dernier Suisse, dont je cause, dans ses fonctions, il n’a plus jamais été remplacé, et c’était , toute une aile de notre folklore que cela nous arrachait.
Par delà les hommes à disparaitre, il y avait des personnages aussi.
A force d’avoir croisé le facteur sur son vélo, direct sorti de ses tranchées, amputé de quatorze, ça me faisait drôle de le voir remplacé brutal, par un normal qui avait tous ses bras !
Un qui tenait, frais gardon son guidon, sacoche en bandoulière et qu’aurait vite fait de se fondre dans le paysage.
Devoir me dire, que jamais, je ne verrai plus le facteur lâcher de la seule main qui lui restait, son vélo pour me faire rigoler, à se lisser les moustaches d’un air important ! Que jamais plus je ne le croiserais en lui criant « salut Henri » !
Devoir me dire que c’était bien fini, les histoires de ses guerres, ses guerres si terribles sans son moignon qu’il agitait en permanence, on n’aurait jamais crues !
Si c’était pas des changements dans la vie, ça ?
.
Cela me le rendait pure chimère, l’invalide, de voir son remplaçant nous arriver avec presque déjà un moteur sous le cul.
Ces menus changements montraient bien , la vitesse à laquelle il se faisait la malle, le passé.
Ceux qui nous mouraient le plus, c’était les invalides, les infirmes de guerre ! Dire à quel rythme ça nous partait !
Quand on en croisait un et que je demandais à ma tante Louise: -Qu’est ce qu’il a le monsieur ? En lui montrant un reste humain à roulettes, elle me répondait c’est un invalide ! -Mais comment il fait pour vivre tout seul, il n’a plus ni pieds ni mains : C’est un invalide -Mais, comment peut-il penser encore, il n’a plus sa tête qu’à moitié ? : C’était encore un invalide !
Voila comme elle me répondait.
Un peu comme si être invalide, c’était n’avoir plus d’importance, c’était être déjà sorti de la vie.
Que ces gens là, avec leurs manques de partout, c’était plus des vivants comme les autres, mais des choses, des vestiges, les ruines d’un passé, d’un autre temps ! Un temps qui rappelait trop, pour qu’on cherche à se souvenir…juste bon à vous raviver misères et veuvages, tueries et famines plus que supportable !
Mais d’un autre côté, ces reliques là, c’était notre gloire à tous.
Ils étaient quand même revenus, comme on les voyait sous leurs bérets, d’où on ne revient pas !!! Des tranchées, des charniers, des pires batailles et canonnades, obus, flammes, marmites, fusils, couteaux et baïonnettes… C’était remarquable assez !
Il nous en restait alors tellement encore, qu’ils nous constellaient le village rien que par l’éclat de leurs médailles!
Aux processions, et autres fêtes plus ou moins nationales commémorées, combien en avait-je vus de ces rescapés de l’apocalypse à se parader, pendeloqués jusqu’aux genoux !
En charrettes, chaises poussées, et jusque sur les brancards, tous mélangés, 14 comme 39 qu’on les sortait de leurs maisons, pour les faire vivre un peu, entre deux silences. On les lavait, nettoyait, briquait, pour les exhiber, tellement on en était fiers.
La pure merveille qu’avait survécu à toutes les pestes, vieille qu’elle était, à avoir connu Jeanne d’Arc. Il avait été, ce Suisse là, le dernier d’une lignée à nous ramener la nuit des temps. Son uniforme était tellement riche et brillant de partout, qu’à chaque fois qu’on changeait le bonhomme qu’était dedans, on retouchait le vêtement, plutôt que d’en prendre un plus moderne.
Il était tellement précieux de partout, qu’on lui rajustait tous ses bouts jusqu’à le rafistoler arlequin.
Il y avait dedans des tissus, broderies, d’or et d’argent à remonter au moyen âge !!
Lui, le dernier Suisse, dont je cause, dans ses fonctions, il n’a plus jamais été remplacé, et c’était , toute une aile de notre folklore que cela nous arrachait.
Par delà les hommes à disparaitre, il y avait des personnages aussi.
A force d’avoir croisé le facteur sur son vélo, direct sorti de ses tranchées, amputé de quatorze, ça me faisait drôle de le voir remplacé brutal, par un normal qui avait tous ses bras !
Un qui tenait, frais gardon son guidon, sacoche en bandoulière et qu’aurait vite fait de se fondre dans le paysage.
Devoir me dire, que jamais, je ne verrai plus le facteur lâcher de la seule main qui lui restait, son vélo pour me faire rigoler, à se lisser les moustaches d’un air important ! Que jamais plus je ne le croiserais en lui criant « salut Henri » !
Devoir me dire que c’était bien fini, les histoires de ses guerres, ses guerres si terribles sans son moignon qu’il agitait en permanence, on n’aurait jamais crues !
Si c’était pas des changements dans la vie, ça ?
.
Cela me le rendait pure chimère, l’invalide, de voir son remplaçant nous arriver avec presque déjà un moteur sous le cul.
Ces menus changements montraient bien , la vitesse à laquelle il se faisait la malle, le passé.
Ceux qui nous mouraient le plus, c’était les invalides, les infirmes de guerre ! Dire à quel rythme ça nous partait !
Quand on en croisait un et que je demandais à ma tante Louise: -Qu’est ce qu’il a le monsieur ? En lui montrant un reste humain à roulettes, elle me répondait c’est un invalide ! -Mais comment il fait pour vivre tout seul, il n’a plus ni pieds ni mains : C’est un invalide -Mais, comment peut-il penser encore, il n’a plus sa tête qu’à moitié ? : C’était encore un invalide !
Voila comme elle me répondait.
Un peu comme si être invalide, c’était n’avoir plus d’importance, c’était être déjà sorti de la vie.
Que ces gens là, avec leurs manques de partout, c’était plus des vivants comme les autres, mais des choses, des vestiges, les ruines d’un passé, d’un autre temps ! Un temps qui rappelait trop, pour qu’on cherche à se souvenir…juste bon à vous raviver misères et veuvages, tueries et famines plus que supportable !
Mais d’un autre côté, ces reliques là, c’était notre gloire à tous.
Ils étaient quand même revenus, comme on les voyait sous leurs bérets, d’où on ne revient pas !!! Des tranchées, des charniers, des pires batailles et canonnades, obus, flammes, marmites, fusils, couteaux et baïonnettes… C’était remarquable assez !
Il nous en restait alors tellement encore, qu’ils nous constellaient le village rien que par l’éclat de leurs médailles!
Aux processions, et autres fêtes plus ou moins nationales commémorées, combien en avait-je vus de ces rescapés de l’apocalypse à se parader, pendeloqués jusqu’aux genoux !
En charrettes, chaises poussées, et jusque sur les brancards, tous mélangés, 14 comme 39 qu’on les sortait de leurs maisons, pour les faire vivre un peu, entre deux silences. On les lavait, nettoyait, briquait, pour les exhiber, tellement on en était fiers.
outretemps- Nombre de messages : 615
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Re: Enterrements II
Même le porte-drapeau on l’avait choisi sans bras, manchot, et tout appareillé du bas d’un peu partout.
Il boitait si fort que son drapeau balayait les airs, pire cerf-volant, à chacun de ses pas !... Des pas dans lesquels le suivant mettait les siens, pour signaler mieux, le point où cela méritait respect, de s’être fait tuer pour la patrie!
De temps en temps, il nous passait des morts devant la fenêtre, qui avaient fait parler d’eux, juste avant qu’on les enterre. Ceux là, valait mieux ne pas en être… rien à envier !
Même morts de longue date, on se les rappelait, tant ils avaient fait trembler les vivants !
Ces cadavres là, il y en avait de deux sortes.
C’était là des morts qui s’étaient distingués soit par leurs grandes douleurs et qu’avaient souffert à en faire parler le monde entier de par le village et ceux qui, consolant les vieux, faisaient frémir ceux de leur âge par leur étonnante jeunesse !
Ainsi, je me souviens d’un Albert, qu’avait habité à côté juste de l’église.
On en était arrivé à faire jouer des orgues jusqu’aux moindres offices, pour pas qu’on l’entende gueuler entre deux prières ou pendant la communion. Et bien d’autres qui ont fait partager leurs tortures aux vivants jusqu’au bout des rues. On mourait alors chez soi et comme on pouvait ! C’était la règle. Cette promiscuité ouvrait aux autres, à ceux qui assistaient, impuissants, des enfers insoupçonnés.
Pour ce qui était des jeunes à mourir, c’était différent. Là, plus que la douleur physique, c’était par le moral qu’on souffrait. C’était tout un destin qui partait en fumée ! Comme une donne de carte pleine d’ espoirs qui ne serait pas jouée ! Alors la souffrance, pour les ainés devenait éternelle. Ce n’était plus là les racines que l’on coupait, mais bien les branches, les bourgeons, les ailes, des avenirs! Ca vous jaunissait l’arbre bien autrement, quand on l’attaquait par le feuillage !
Y en a quelques uns dont je me souviens, des pareils.
Paulette, la fille de l’épicier, morte en trois mois.
La fille d’où j’allais faire les courses à ma tantante, avec un bout de papier dans la main, tellement je ne savais encore ni lire ni écrire. C’était à l’épicier, au laitier, au cordonnier de lire pour savoir quoi faire ou donner.
Pendant quelques semaines, je me souviens les avoir vus, les vieux à Paulette, comme barbelés de larmes quand ils parlaient. C’était des flots de douleurs répandus par-dessus le comptoir, par à coups, à chaque sanglot renouvelés. Tout juste si le vieux, il pensait encore à me prendre le billet de la main !
Au point que la Louise elle n’a plus voulu que j’aille. Beaucoup d’ habitués avaient fait pareil, tellement c’était devenu dur de les voir souffrir si fort ces gens là.
Après son enterrement, à la Paulette, qu’avait pas même vingt ans, les parents ont très vite fermé le commerce, et personne n’a jamais su ce qu’ils étaient devenus
Et puis il y a eu le conscrit contre un platane, un soir de fête au village, qu’on avait ramassé à côté de sa fiancée, tout emmêlés de leurs membres! Puis ceux d’Algérie, qu’on trouvait morts pour pas grand-chose. Bien trois, au moins on a eu sur le village, tout ce jeu de quilles, sans fin…
C’est ainsi que tous ces gens là, comme d’autres encore, moins remarquables, puisqu’aux cicatrices plus discrètes, plus internes, avaient au fil de nos fêtes à ma tante Louise et moi, fini par disparaître.
C’est ainsi qu’au fil de nos fêtes, le village a fini par disparaitre pour devenir une ville remplie d’inconnus. C’était le cancer du monde qui nous l’avait dévoré!
Il boitait si fort que son drapeau balayait les airs, pire cerf-volant, à chacun de ses pas !... Des pas dans lesquels le suivant mettait les siens, pour signaler mieux, le point où cela méritait respect, de s’être fait tuer pour la patrie!
De temps en temps, il nous passait des morts devant la fenêtre, qui avaient fait parler d’eux, juste avant qu’on les enterre. Ceux là, valait mieux ne pas en être… rien à envier !
Même morts de longue date, on se les rappelait, tant ils avaient fait trembler les vivants !
Ces cadavres là, il y en avait de deux sortes.
C’était là des morts qui s’étaient distingués soit par leurs grandes douleurs et qu’avaient souffert à en faire parler le monde entier de par le village et ceux qui, consolant les vieux, faisaient frémir ceux de leur âge par leur étonnante jeunesse !
Ainsi, je me souviens d’un Albert, qu’avait habité à côté juste de l’église.
On en était arrivé à faire jouer des orgues jusqu’aux moindres offices, pour pas qu’on l’entende gueuler entre deux prières ou pendant la communion. Et bien d’autres qui ont fait partager leurs tortures aux vivants jusqu’au bout des rues. On mourait alors chez soi et comme on pouvait ! C’était la règle. Cette promiscuité ouvrait aux autres, à ceux qui assistaient, impuissants, des enfers insoupçonnés.
Pour ce qui était des jeunes à mourir, c’était différent. Là, plus que la douleur physique, c’était par le moral qu’on souffrait. C’était tout un destin qui partait en fumée ! Comme une donne de carte pleine d’ espoirs qui ne serait pas jouée ! Alors la souffrance, pour les ainés devenait éternelle. Ce n’était plus là les racines que l’on coupait, mais bien les branches, les bourgeons, les ailes, des avenirs! Ca vous jaunissait l’arbre bien autrement, quand on l’attaquait par le feuillage !
Y en a quelques uns dont je me souviens, des pareils.
Paulette, la fille de l’épicier, morte en trois mois.
La fille d’où j’allais faire les courses à ma tantante, avec un bout de papier dans la main, tellement je ne savais encore ni lire ni écrire. C’était à l’épicier, au laitier, au cordonnier de lire pour savoir quoi faire ou donner.
Pendant quelques semaines, je me souviens les avoir vus, les vieux à Paulette, comme barbelés de larmes quand ils parlaient. C’était des flots de douleurs répandus par-dessus le comptoir, par à coups, à chaque sanglot renouvelés. Tout juste si le vieux, il pensait encore à me prendre le billet de la main !
Au point que la Louise elle n’a plus voulu que j’aille. Beaucoup d’ habitués avaient fait pareil, tellement c’était devenu dur de les voir souffrir si fort ces gens là.
Après son enterrement, à la Paulette, qu’avait pas même vingt ans, les parents ont très vite fermé le commerce, et personne n’a jamais su ce qu’ils étaient devenus
Et puis il y a eu le conscrit contre un platane, un soir de fête au village, qu’on avait ramassé à côté de sa fiancée, tout emmêlés de leurs membres! Puis ceux d’Algérie, qu’on trouvait morts pour pas grand-chose. Bien trois, au moins on a eu sur le village, tout ce jeu de quilles, sans fin…
C’est ainsi que tous ces gens là, comme d’autres encore, moins remarquables, puisqu’aux cicatrices plus discrètes, plus internes, avaient au fil de nos fêtes à ma tante Louise et moi, fini par disparaître.
C’est ainsi qu’au fil de nos fêtes, le village a fini par disparaitre pour devenir une ville remplie d’inconnus. C’était le cancer du monde qui nous l’avait dévoré!
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
là j'aurais préféré "vivait de mort en mort, comme..."outretemps a écrit: Le village vivait de cadavre en cadavre, comme il vivait de jour en jour.
Léger changement de ton, hein ?
Tu parles bien toujours de la même chose, et tu en parles toujours bien.
Ça fait furieusement penser à Aznavour, qui nous parle d'un temps que les moins de vingt ans... mais en mieux.
Enfin, moi j'préfère.
à tchaoum- Nombre de messages : 612
Age : 74
Date d'inscription : 06/05/2007
Re: Enterrements II
Je suis sous le charme de l'écriture. Ce qui me trouble c'est pourquoi ne lit-on que très peu de descriptions de notre monde comptemporain, actuel, de cette façon là ? est-ce du à la nostalgie qui n'apparaît que pour les choses qui se perdent ? Y aura-t-il un jour des descriptions de nous même de cet ordre où le monde a réellement tellement changé que tout cela n'existe plus. Bien entendu les morts de la Grande Guerre et les survivants ont marqué le paysage mais les "invalides" ne sont-ils pas présent à chaque génération sous des formes différentes ?
Je m'égare bien un peu je le sens. Je ne suis pas clair, je ne l'ai jamais été, mais j'ai l'intuition en te lisant de la disparition prochaine d'un monde, le notre, qui sera décrit avec ce mélange de tendresse et de tristesse un jour.
Je m'égare bien un peu je le sens. Je ne suis pas clair, je ne l'ai jamais été, mais j'ai l'intuition en te lisant de la disparition prochaine d'un monde, le notre, qui sera décrit avec ce mélange de tendresse et de tristesse un jour.
Mano- Nombre de messages : 233
Age : 54
Localisation : hyères
Date d'inscription : 17/01/2008
Re: Enterrements II
Salut Mano. Le monde dont je parle est un monde qui a déjà disparu Ce qui fait la différence entre ce qu'on peut écrire sur le monde d'aujourd'hui, c'est que les valeurs ne sont plus les mêmes du tout, ni les peurs, ni les joies.
Parce que nous avons passé par les trente glorieuses, années pendant les quelles tout baignait au mieux, en occident, j'entends. On a remonté la pente à partir d'une situation terrible, la guerre et l'immédiat après guerre où l'on est passé d'une situation très difficile de quasi famine à la société dite d'abondance. La période que je décris c'est celle de la conquête du bien être, c'est à dire une situation où on se porte pas terrible, mais où on sait que demain cela ira mieux.
Je ne dis pas qu'il n'y avait pas de menaces, mais les médias nous en martelaient pas le crane à longueur de journée. Au point, que lors de la grande crise entre la Russie et les US, c'est après coup qu'on a apprit qu'on avait failli sauter, tous morts atomiques.
La menace était tellement rigolée, que Rita Hayworth, qu'était une des femmes les plus jolies du monde,d' alors on l'appelait la "bombe atomique" On rigolait des menaces, parce qu'on dramatisait rien. Comme le drame on en sortait, rien ne pouvait nous arriver de pire que ce qu'avaient vécu les adultes, nos parents. Alors les menaces ne semblaient beaucoup moins mortelles.
Alors qu'aujourd'hui, dès que t'ouvre la télé on t'allume des feux rouges partout.
Un tremblement de terre à l'autre bout du monde, t'es plus vite informé que le type qui là bas se cache sous la table.
Le temps qu'il se relève pour comprendre ce qui lui arrive toi tu sais déjà le nombre de morts qu'il y a eu dans son patelin. C'est vachement angoissant. Je crois bien que c'est à tchaoum qui a parlé sur billevesées de l'histoire du vieux à qui on offre un poste radio et qui le jette, parce que ce qu'il lui cause lui fout les boules et que depuis qu'ils ont l'engin ils ne chantent plus eux même!
C'était un monde où les gens chantaient, parce qu'aucun appareil ne chantait à leur place, ou que les rares qui existaient étaient terriblement chers. C'était un monde de misère dont on sortait, alors qu'aujourd'hui on est dans un monde d'abondance encore, et tout ce qu'on voudrait c'est que ça dure. mais ce ne sont que des souhaits. Alors je ne pense pas qu'on puisse parler de la même façon de deux mondes aussi différents. C'est qu'un avis, bien sûr, mais je le partage
Parce que nous avons passé par les trente glorieuses, années pendant les quelles tout baignait au mieux, en occident, j'entends. On a remonté la pente à partir d'une situation terrible, la guerre et l'immédiat après guerre où l'on est passé d'une situation très difficile de quasi famine à la société dite d'abondance. La période que je décris c'est celle de la conquête du bien être, c'est à dire une situation où on se porte pas terrible, mais où on sait que demain cela ira mieux.
Je ne dis pas qu'il n'y avait pas de menaces, mais les médias nous en martelaient pas le crane à longueur de journée. Au point, que lors de la grande crise entre la Russie et les US, c'est après coup qu'on a apprit qu'on avait failli sauter, tous morts atomiques.
La menace était tellement rigolée, que Rita Hayworth, qu'était une des femmes les plus jolies du monde,d' alors on l'appelait la "bombe atomique" On rigolait des menaces, parce qu'on dramatisait rien. Comme le drame on en sortait, rien ne pouvait nous arriver de pire que ce qu'avaient vécu les adultes, nos parents. Alors les menaces ne semblaient beaucoup moins mortelles.
Alors qu'aujourd'hui, dès que t'ouvre la télé on t'allume des feux rouges partout.
Un tremblement de terre à l'autre bout du monde, t'es plus vite informé que le type qui là bas se cache sous la table.
Le temps qu'il se relève pour comprendre ce qui lui arrive toi tu sais déjà le nombre de morts qu'il y a eu dans son patelin. C'est vachement angoissant. Je crois bien que c'est à tchaoum qui a parlé sur billevesées de l'histoire du vieux à qui on offre un poste radio et qui le jette, parce que ce qu'il lui cause lui fout les boules et que depuis qu'ils ont l'engin ils ne chantent plus eux même!
C'était un monde où les gens chantaient, parce qu'aucun appareil ne chantait à leur place, ou que les rares qui existaient étaient terriblement chers. C'était un monde de misère dont on sortait, alors qu'aujourd'hui on est dans un monde d'abondance encore, et tout ce qu'on voudrait c'est que ça dure. mais ce ne sont que des souhaits. Alors je ne pense pas qu'on puisse parler de la même façon de deux mondes aussi différents. C'est qu'un avis, bien sûr, mais je le partage
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Merci outretemps de parler de ce temps des vivants comme ça; sans faire archives (!)C'est maigre comme commentaire, je sais bien, mais tu écris tellement bien , tout ça, et puis tu nous plonges dans des émotions et des images et des moments qui ne me (nous ?) sont pas étrangers.
claire- Nombre de messages : 590
Age : 56
Date d'inscription : 07/05/2007
Re: Enterrements II
Salut à tchaoum. Oui tout à fait Aznavour, mais c'est les moins de 80, vu que c'est un mélange de ce que me racontaient les vieux et de ce que j'ai vécu moi, alors tu vois un peu!
Pour ce qui est des morts en morts je suis tout à fait d'accord avec toi. C'était ce que j'avais mis d'abord. puis j'ai pensé, quitte à ce que ce soit moins "élégant" dans le texte à "cadavre" pour faire ressortir l'idée de décomposition d'un monde qui allait disparaître. S'il me fallait conserver une version je mettrai "de morts en morts". Mais je ne pense pas qu'il y ait un jour "texte définitif", bien qu'au fil des pages, ça se recoupe bien et que j'en ai plus de deux cent, de pages.
Allez à + et en tout cas merci de tes remarques qui toujours me judicient et m'apportent.
Pour ce qui est des morts en morts je suis tout à fait d'accord avec toi. C'était ce que j'avais mis d'abord. puis j'ai pensé, quitte à ce que ce soit moins "élégant" dans le texte à "cadavre" pour faire ressortir l'idée de décomposition d'un monde qui allait disparaître. S'il me fallait conserver une version je mettrai "de morts en morts". Mais je ne pense pas qu'il y ait un jour "texte définitif", bien qu'au fil des pages, ça se recoupe bien et que j'en ai plus de deux cent, de pages.
Allez à + et en tout cas merci de tes remarques qui toujours me judicient et m'apportent.
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Je vais rechercher le début de ces textes.
J'aurai 58 ans cette année, et des souvenirs qui ressemblent à ceux-ci. Une enfance davantage "protégée", peut-être. Mais la conscience très nette de la guerre et de l'après-guerre. Nos parents, pour ceux de mon âge, y étaient en plein.
Je retrouve beaucoup dans ce texte et surtout avec un autre regard, plus direct.
Pas de texte définitif ? Et plus de deux cents pages ? Il serait dommage de ne pas conserver toute cette mémoire, surtout si bien exprimée. Si bien rendue à ceux qui n'ont pas vécu ces temps-là.
J'aurai 58 ans cette année, et des souvenirs qui ressemblent à ceux-ci. Une enfance davantage "protégée", peut-être. Mais la conscience très nette de la guerre et de l'après-guerre. Nos parents, pour ceux de mon âge, y étaient en plein.
Je retrouve beaucoup dans ce texte et surtout avec un autre regard, plus direct.
Pas de texte définitif ? Et plus de deux cents pages ? Il serait dommage de ne pas conserver toute cette mémoire, surtout si bien exprimée. Si bien rendue à ceux qui n'ont pas vécu ces temps-là.
Reginelle- Nombre de messages : 1753
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Re: Enterrements II
Merci Réginelle de ton commentaire. mais il n'y a pas de "début" à ce texte. Ce que tu peux trouver sur VE ce sont des extraits pris justement dans les pages dont j'ai parlé, mais sans que ceux-ci se suivent. Tu y retrouve les personnages mais ce n'est pas structuré. Voilà! Merci encore.
outretemps- Nombre de messages : 615
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Re: Enterrements II
alors je vais partir à la "chasse" aux extraits... (vi vi vi !!!)
Reginelle- Nombre de messages : 1753
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Date d'inscription : 07/03/2008
Re: Enterrements II
Salut Outretemps
J'ai pas vraiment eu en ce moment l'(outre) temps de commenter beaucoup, mais je voulais te dire que j'apprécie beaucoup tes récits de souvenirs, qui ont pas mal en commun avec les miens - nous sommes presque de la même (dé?)génération.
Un pied dans le XIXème siècle - par les récits de nos grands parents - et un autre dans le XXIème (en plein dedans celui-là, et je ne sais pas si ça porte bonheur !)
Une petite remarque à propos de Rita Hayworth : on la surnommait la bombe anatomique :0)))
J'ai pas vraiment eu en ce moment l'(outre) temps de commenter beaucoup, mais je voulais te dire que j'apprécie beaucoup tes récits de souvenirs, qui ont pas mal en commun avec les miens - nous sommes presque de la même (dé?)génération.
Un pied dans le XIXème siècle - par les récits de nos grands parents - et un autre dans le XXIème (en plein dedans celui-là, et je ne sais pas si ça porte bonheur !)
Une petite remarque à propos de Rita Hayworth : on la surnommait la bombe anatomique :0)))
Gobu- Nombre de messages : 2400
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Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Enterrements II
On donna le nom de Gilda à une bombe atomique (la bombe larguée sur l'atoll de Bikini). Ce qui vaudra à Rita le surnom de « vedette atomique ». J'ai un tas de revues parlant d'elle en photo sur mes murs et dans mes tiroirs, où tout cela est confirmé. Comme sur le web. Tu penses bien qu'à ces époques on n'en était bien trop occupé à redresser tout pour pas encore s'occuper aux jeux de mots, jeune, vas! :-))
Pour moi elle reste une des plus belles femmes jamais créees. C'est toujours pas pour son intellect que j'admire, ni pour la manière dont elle a merdouillé sa vie.
Rapport à toi c'est tout différent. Je trouve ton agilité littéraire des plus remarquables. Et tes textes sont non seulement brillants, mais ta façon de pouvoir parler de tout m'épate. T'as l'air d'avoir vingt ans de partout et d'attendre encore tout de la vie (ta dernière sur le métro, je t'assure, j'ai craint pour ta vie quand l'autre il débarque avant que ça ne parte en franche bamboulade; moi à minuit dans le métro...) alors que je suis moi, petit dino déja tout fossilisé. Au point que si on me demande l'adresse, je dis quelque part entre les couches jurassique - crétacée! Je ne m'adapte plus à rien. C'est bien parce que j'ai toujours refusé de toutes mes forces de donner des branches que je me fouille les racines. Au moins y aura ça à laisser! Pour dire vrai, t'as l'air aussi vivant que je me semble mort!
C'est pas que je m'en plaigne, vu que je suis pas sûr que d'être trop vivant, ce soit une chance! Mais ce n'est là que pure littérature!
Aussi, jamais j'aurai pensé que ça puisse t'intéresser un tant soit peu, te sentant si vivant et branché de tout, , les vieilleries que je radote.
Pour la crainte, quant à poser ses empreintes dans le XXI ème, je ne les comprends que trop bien. C'est pas parce qu'on marche dans une merde que ça porte chance à cent pour cent! D'autant que même si ça n'en a pas l'odeur, c'est pas tout rose pour autant.
Jusqu'à nos libertés qu'on nous surveille, tellement il semblerait qu'on puisse les craindre. Alors? alors, il me reste une chose à te demander? T'es pas obligé de dire, mais ton avatar... La première fois que je l'ai vu, je me suis dit: Ca c'est un cow-boy qu'a des remords. Puis je me suis dit, c'est un mec comme moi, une espèce d'extraterrestre disparu. Mais c'est pas ça du tout. Alors, ça me reste énigme pure. Tu peux me dire?
Pour moi elle reste une des plus belles femmes jamais créees. C'est toujours pas pour son intellect que j'admire, ni pour la manière dont elle a merdouillé sa vie.
Rapport à toi c'est tout différent. Je trouve ton agilité littéraire des plus remarquables. Et tes textes sont non seulement brillants, mais ta façon de pouvoir parler de tout m'épate. T'as l'air d'avoir vingt ans de partout et d'attendre encore tout de la vie (ta dernière sur le métro, je t'assure, j'ai craint pour ta vie quand l'autre il débarque avant que ça ne parte en franche bamboulade; moi à minuit dans le métro...) alors que je suis moi, petit dino déja tout fossilisé. Au point que si on me demande l'adresse, je dis quelque part entre les couches jurassique - crétacée! Je ne m'adapte plus à rien. C'est bien parce que j'ai toujours refusé de toutes mes forces de donner des branches que je me fouille les racines. Au moins y aura ça à laisser! Pour dire vrai, t'as l'air aussi vivant que je me semble mort!
C'est pas que je m'en plaigne, vu que je suis pas sûr que d'être trop vivant, ce soit une chance! Mais ce n'est là que pure littérature!
Aussi, jamais j'aurai pensé que ça puisse t'intéresser un tant soit peu, te sentant si vivant et branché de tout, , les vieilleries que je radote.
Pour la crainte, quant à poser ses empreintes dans le XXI ème, je ne les comprends que trop bien. C'est pas parce qu'on marche dans une merde que ça porte chance à cent pour cent! D'autant que même si ça n'en a pas l'odeur, c'est pas tout rose pour autant.
Jusqu'à nos libertés qu'on nous surveille, tellement il semblerait qu'on puisse les craindre. Alors? alors, il me reste une chose à te demander? T'es pas obligé de dire, mais ton avatar... La première fois que je l'ai vu, je me suis dit: Ca c'est un cow-boy qu'a des remords. Puis je me suis dit, c'est un mec comme moi, une espèce d'extraterrestre disparu. Mais c'est pas ça du tout. Alors, ça me reste énigme pure. Tu peux me dire?
outretemps- Nombre de messages : 615
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Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Salut Gobu. Un mot juste vu que j'ai oublié. c'est vrai que ton indien , il a l'air d'une sagesse et d'une sérénité tout à fait admirable. Surtout quand on sait ce qui leur est arrivé. Aller, cordialement, A+.
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Salut, Panda! Pourrais-tu pour un coup te faire un peu moins hermétique. Toi qui sait être si judicieux quand tu le veux. Crois tu m'aimer assez fort pour tenter l'effort?:-))) Je sais pas même à qui tu t'adresses! M'enfin
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Hau, Fils du Temps Outreoutretemps a écrit:Salut Gobu. Un mot juste vu que j'ai oublié. c'est vrai que ton indien , il a l'air d'une sagesse et d'une sérénité tout à fait admirable. Surtout quand on sait ce qui leur est arrivé. Aller, cordialement, A+.
L'indien est Crazy Horse, le grand chef et chamane Lakota qui conduisit les Sioux à la victoire avec Sitting Bull contre ce chacal de Custer et ses assassins aux longs couteaux, à la bataille de Little Big Horn. Quiconque aime la liberté ne peut que se sentir un frère de cet homme-là.
Et je ne suis pas un cow-boy qui a des remords, même si j'adore la Country Music et que j'en joue chaque jour que Wakan Tanka fait. :o)
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Enterrements II
Resalut gobu. Tu m'as empêché de dormir tranquille, à moins que ce soit le vent. Alors qu'allumons calumet. Rita c'était la bombe atomique et le bikini, atoll sur lequel a été testé la bombe "Gilda" fait de "Bikini" le deux pièces que nous connaissons, qu'on a, lui, appelé la bombe "anatomique". Tu imagine le sens de l'humour qu'on avait! C'est comme si on donnait le nom de Laden à un parfum! Comme quoi, on a raison tous les deux, et que de tout ça, c'est Rita la reine. Moi aussi j'aime la country, au point que j'ai vécu 9 ans dans un village de cow-boy mais comme j'étais le seul à pas avoir le look, j'étais leur indien et pour ce que j'ai pu en juger, c'était pas eux qu'avaient le meilleur role. Pour ce qui est de Crazy Horse et de Sitting, c'était tout un pan d'histoire que j'avais oublié, je crois que c'est vu ce qu'on leur a fait. Mais voit que c'est un fier guerrier. Hug, j'ai dit!
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
J'ai noté une abondance de ça/cela/cette/ça /cela.
Il y a une certaine timidité dans ton écriture à employer l'un ou l'autre.
Dans le deuxième petit paragraphe j'aurais eventuellement inversé les deux.
Sur l'ensemble de tes textes je dirais même qu'il faudrait varier un peu.
J'aime le ça, j'en colle aussi partout.
Mais les variations sont belles aussi:
C'était que ça me faisait du travail d'égorger tous ces lapins nains.
Il était beau, tiens, le travail pour égorger tous ces lapins nains.
En gros, je te demande pas de dénier ton style, mais de lui apporter une circulation plus large des formes disponibles.
Ça qu'c'est sûr que ce n'est pas du gateau.
Il y a une certaine timidité dans ton écriture à employer l'un ou l'autre.
Dans le deuxième petit paragraphe j'aurais eventuellement inversé les deux.
Sur l'ensemble de tes textes je dirais même qu'il faudrait varier un peu.
J'aime le ça, j'en colle aussi partout.
Mais les variations sont belles aussi:
C'était que ça me faisait du travail d'égorger tous ces lapins nains.
Il était beau, tiens, le travail pour égorger tous ces lapins nains.
En gros, je te demande pas de dénier ton style, mais de lui apporter une circulation plus large des formes disponibles.
Ça qu'c'est sûr que ce n'est pas du gateau.
Invité- Invité
Re: Enterrements II
Un conseil, pour t'amuser, écrit quelques lipogrammes en A, c'est à dire des textes sans la lettre A. Pour voir.
Invité- Invité
Re: Enterrements II
Allez, on y retourne:
et si vraiment il était bien mort sur le coup,plus tard, plus tôt, pas tout à fait tout de suite ou voire (,) pas du tout!
Fin du deuxième passage.
Je ne vois pas l'utilité d' "alors", ce n'est pas la peine de marque le temps de cette manière, nous sommes déjà dans le passé. "Dès lors" serait pas mal et drôle, surtout au vu du développement que tu nous propose ensuite.Ca vous occupait drôlement le village, alors, la mort des gens.
Tu t'es compliqué la tache avec tes ou multiples, qui en fin de compte n'amusent pas. Ma vision serait:
et si vraiment il était bien mort sur le coup, ou plus tard, ou plus tôt ou pas tout à fait tout de suite, voire pas du tout!
et si vraiment il était bien mort sur le coup,plus tard, plus tôt, pas tout à fait tout de suite ou voire (,) pas du tout!
Il y a une redondance qui me titille en gras.en cadavre, comme il vivait de jour en jour. Cela alimentait les causeries, et tuait le temps.
On menait des vies bien concrètes,
Fin du deuxième passage.
Invité- Invité
Re: Enterrements II
Le pinailleur III: retour du Panda masqué qui masque ses fautes de frappe.
Il y a 5 fois le mot village. Ça fait un peu trop, même tenu compte de ta réflexion finale.
Il y a 3 invalides à la queue-leu-leu très serrée aussi.
et aussi changé la formulation, car là il y a ouverture pour en conclure que "l'on ne revient jamais du dessous de son béret" du moins je l'ai pensé.
Ce qui n'est pas fondamentalement faux non-plus. :-)
Bizarre, le manque de moyen de transport ? Tu est transporté par ton écriture. Quelque chose cloche dans cette phrase, ce n'est pas juste mais ce n'est pas laid non plus. Ça cloche. Bis.
dans des espaces délimités où par manque de transports dans tous les sens,
Il y a 5 fois le mot village. Ça fait un peu trop, même tenu compte de ta réflexion finale.
Il y a 3 invalides à la queue-leu-leu très serrée aussi.
J'aurais mit leur béret car ils ne peuvent en porter qu'un seul à la fois.Ils étaient quand même revenus, comme on les voyait sous leurs bérets, d’où on ne revient pas
et aussi changé la formulation, car là il y a ouverture pour en conclure que "l'on ne revient jamais du dessous de son béret" du moins je l'ai pensé.
Ce qui n'est pas fondamentalement faux non-plus. :-)
Invité- Invité
Re: Enterrements II
Panda se mèle de se qui ne le regarde point Vol IV.
Tu as des crises de poésie militante dans ta prose.
Au sujet des guerres et de ses outils tu me dis:
Elle ne tombe pas à plat mais vise trop haut. Un lecteur conventionnel ne va pas apprécier.
Tu as des crises de poésie militante dans ta prose.
Au sujet des guerres et de ses outils tu me dis:
J'adore cette pirouette mais elle n'est propbablement pas adaptée au récit.
C’était remarquable assez !
Elle ne tombe pas à plat mais vise trop haut. Un lecteur conventionnel ne va pas apprécier.
J'ai déjà lu cela au début de ton texte:
De temps en temps, il nous passait des morts devant la fenêtre, qui avaient fait parler d’eux, juste avant qu’on les enterre. Ceux là, valait mieux ne pas en être… rien à envier !
Tous ces cadavres là, je me demandais comment ils en étaient arrivés à mourir, à se faire enterrer !
Quelle fantaisie c’était donc là!
J’étais quant à moi, bien convaincu que rien de tout cela ne m’arriverait jamais.
Invité- Invité
Re: Enterrements II
Je vais me faire Harakiri avec une baïonnette dans 5 minutes chapitre 5:
Houla. Tu commence la phrase par c'était des et tu continues avec des ceux. Tu dois reformuler sans perdre le truc super-drôle: le monde entier de par le village
C’était là des morts qui s’étaient distingués soit par leurs grandes douleurs et qu’avaient souffert à en faire parler le monde entier de par le village et ceux qui, consolant les vieux, faisaient frémir ceux de leur âge par leur étonnante jeunesse !
Invité- Invité
Re: Enterrements II
une bière s'il vous plaît 6.5 Vol.
voilà, chapeau, même si pour moi, quelques formulations sont à revoir,la gouaille à maitriser, quelques fantaisies un peu trop criantes (14-39), et aussi ne pas hésiter a poétiser comme là: comme barbelés de larmes quand ils parlaient, j'aime bien ce côté poético-militant. (bis aussi)
La phrase de fin n'est pas de bon goût, j'attendais mieux.
Voilà Docteur. Et pour ma nièce qui n'a pas ses règles à 34 ans, vous avez un conseil?
. Je me suis permis de barrer le S car ça en devient plus poétique, un peu plus flou, touchant. Pardon.
Comme une donne de carte pleine d’ espoirsqui ne serait pas jouée !
et pourquoi pas finir sur UN avenir? Essaye la modif, tu verras, cela dégage les bronches de la phrase.
Alors la souffrance, pour les ainés devenait éternelle. Ce n’était plus là les racines que l’on coupait, mais bien les branches, les bourgeons, les ailes, des avenirs
voilà, chapeau, même si pour moi, quelques formulations sont à revoir,la gouaille à maitriser, quelques fantaisies un peu trop criantes (14-39), et aussi ne pas hésiter a poétiser comme là: comme barbelés de larmes quand ils parlaient, j'aime bien ce côté poético-militant. (bis aussi)
La phrase de fin n'est pas de bon goût, j'attendais mieux.
Voilà Docteur. Et pour ma nièce qui n'a pas ses règles à 34 ans, vous avez un conseil?
Invité- Invité
Re: Enterrements II
. Je me suis permis de barrer le S car ça en devient plus poétique, un peu plus flou, touchant. Pardon.Comme une donne de carte pleine d’ espoirsqui ne serait pas jouée !
Merciii infiniment, panda. Tu sais être terrible et là c'est parfait. tout bien vu. pour la dernière phrase, elle sonne mal vu que ce que je voudrais exprimer "c'est que c'est le monde de par sa démographie tentaculaire qu'a fini par bouffer le village".
Voilà Docteur. Et pour ma nièce qui n'a pas ses règles à 34 ans, vous avez un conseil?
Voila. pour ta question, faut savoir si ta nièce elle n'a jamais eu, ou n'a plus, après avoir déja eu, avant de dire quoi que ce soit. Si toute fois tu ne cherches pas à me plaisanter sur une grossesse, auquel cas je t'envoie un flacon de jus de mandragore. Farceur comme tu sembles être on sait jamais si c'est du lard ou du cochon. Sauf quand tu te mets à être sérieux! En tout cas grand merci infini pour ta dissection si parfaitement
réussie. j'ai pris note de tout, même si je ne sais pas encore comment dire la dernière phrase!
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
C'est qu'au fil de nos fêtes, le village a fini par disparaitre. jusqu'à n'y plus connaitre personne. C'est le monde à force d'excroissances qui nous l'avait entier dévoré.La phrase de fin n'est pas de bon goût, j'attendais mieux.
C'est mieux, ça?
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Dis donc Maestro Chef PW, "...ou voire pas du tout..." c'est pas du tout du tout corrèque. "Voire "et "ou" ont quasiment la même signification, et du coup ça fait redondant. Quand on bricole dans le point de détail faut y aller à fond, sacrebleu ! :-)pandaworks a écrit:Tu t'es compliqué la tache avec tes ou multiples, qui en fin de compte n'amusent pas. Ma vision serait:
et si vraiment il était bien mort sur le coup,plus tard, plus tôt, pas tout à fait tout de suite ou voire (,) pas du tout!
Gobu- Nombre de messages : 2400
Age : 69
Date d'inscription : 18/06/2007
Re: Enterrements II
Salut gobu! . Là, ce que j'aimerai dire, c'est, si ça se trouve ils sont pas morts du tout, les morts dont on cause. C'est tout ce que je sais. C'est sûr que c'est pas simple vu que s'ils sont pas morts, on peut pas dire qu'on puisse en causer en tant que tels. Alors, pour le reste, mettez vous d'accord, bande d'experts, pour que je sache comment dire des morts qui le sont pas, au mieux et merci encore:-)Gobu a écrit:Dis donc Maestro Chef PW, "...ou voire pas du tout..." c'est pas du tout du tout corrèque. "Voire "et "ou" ont quasiment la même signification, et du coup ça fait redondant. Quand on bricole dans le point de détail faut y aller à fond, sacrebleu ! :-)pandaworks a écrit:Tu t'es compliqué la tache avec tes ou multiples, qui en fin de compte n'amusent pas. Ma vision serait:
et si vraiment il était bien mort sur le coup,plus tard, plus tôt, pas tout à fait tout de suite ou voire (,) pas du tout!
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Je commence la journée par me faire engueuler par sitting-bull.Gobu a écrit:Dis donc Maestro Chef PW, "...ou voire pas du tout..." c'est pas du tout du tout corrèque. "Voire "et "ou" ont quasiment la même signification, et du coup ça fait redondant. Quand on bricole dans le point de détail faut y aller à fond, sacrebleu ! :-)pandaworks a écrit:Tu t'es compliqué la tache avec tes ou multiples, qui en fin de compte n'amusent pas. Ma vision serait:
et si vraiment il était bien mort sur le coup,plus tard, plus tôt, pas tout à fait tout de suite ou voire (,) pas du tout!
Je vais rester assis devant un verre de bière et le regarder, du matin au soir, pendant que j'en bois d'autres.
Bricolage, oui, c'est exactement ça. Suis-je prof ou écrivain ? Non.
:-) Hau.
Invité- Invité
Re: Enterrements II
Merci Panda pour tes commentaires qui me sont des plus précieux, Grand merci à tous les autres également. Je vais me retirer un peu, histoire de voir si le monde ailleurs est aussi beau qu'on dit. Comme ça, ça vous fera des vacances :-). A+
outretemps- Nombre de messages : 615
Age : 77
Date d'inscription : 19/01/2008
Re: Enterrements II
Pas de chipoteries techniques de mon côté, ça ne me branche pas trop ça... :-)
De manière générale, j'ai moins aimé ce texte que d'autres de la "série, pas seulement à cause d'une absence d'humour ou d'ironie, voire de fraîcheur, mais parce qu'il me semble que la nostalgie et la mélancolie prennent le dessus sur tout le reste et ça me dérange un peu. Dans la mesure où avec cette série composée de non-suites, je m'attends à quelque chose d'un peu gouailleur, de vif et ce n'est pas vraiment le cas ici. Mon manque d'enthousiasme n'est pas dû à une baissse de qualité de ton écriture mais à une attente différente de ma part. C'est peut-être là que j'atteins les limites de l'exercice lorsque des personnages récurrents viennent se promener d'un texte à l'autre, je les enferme dans un canevas que je ne retrouve pas forcément et ça peut m'empêcher de profiter pleinement du texte.
De manière générale, j'ai moins aimé ce texte que d'autres de la "série, pas seulement à cause d'une absence d'humour ou d'ironie, voire de fraîcheur, mais parce qu'il me semble que la nostalgie et la mélancolie prennent le dessus sur tout le reste et ça me dérange un peu. Dans la mesure où avec cette série composée de non-suites, je m'attends à quelque chose d'un peu gouailleur, de vif et ce n'est pas vraiment le cas ici. Mon manque d'enthousiasme n'est pas dû à une baissse de qualité de ton écriture mais à une attente différente de ma part. C'est peut-être là que j'atteins les limites de l'exercice lorsque des personnages récurrents viennent se promener d'un texte à l'autre, je les enferme dans un canevas que je ne retrouve pas forcément et ça peut m'empêcher de profiter pleinement du texte.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Enterrements II
En dehors d'une ponctuation ici ou là hésitante, ça fonctionne, et bien! Même si j'ai l'impression que vous en faites parfois un chouya trop, justement, peut-être ? pour faire d'époque ?
pierre-henri- Nombre de messages : 699
Age : 65
Localisation : Raiatea
Date d'inscription : 17/02/2008
Re: Enterrements II
Toujours cette chouette écriture "à l'ancienne" qui me ramène inmanquablement à Raboliot et autres romans de terroir
A poursuivre svp, c'est trop pittoresque
A poursuivre svp, c'est trop pittoresque
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