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Le charnier

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Message  xaba Dim 23 Mar 2008 - 13:47

Le charnier

Il y a eu un petit claquement sec, tout juste perceptible, peut être le caprice d’un bois ou une facétie de la brise. Déjà il s’évanouit. Le silence revient. L’aube de nouveau est paisible, d’ une aurore à ne pas vivre, à simplement humer dans l’obscurité mourante, dans le pourpre et l’orangé tremblotants. Au loin, encore si proche, une langue de feu s’immisce, investissant la plus petite pénombre. Un oeil criminel incendie l’entêtement nocturne. Le jour se lève, irréductible.

Bornée, la nuit s’efface. Quel deuil cruel et joyeux ! Et puis un autre bruit sourd, insistant. Quelque intrus battant le toit en tôle. Il est accompagné de comparses volubiles. Ils martèlent à l’unisson une mesure régulière aussi soudaine que violente. Le matin était pyromane. Le voilà qui pleure et rit aussi. C’est le cycle immuable de la vie. Rire et pleurer à la fois... Battre des mains devant de petits cadavres ! Rendons grâce aux incohérences de l’instant.

L’averse tropicale ne durera pas. Elle ne dure jamais. Mon doute sera lui plus tenace. Je dois prendre une décision. Je n’ai pas fermé l’oeil de la nuit. Serai-je moins aveugle le soleil à son zénith ?

J’habite au bord d’un précipice. Il en émane une odeur pestilentielle, le reflux d’un charnier alimenté par la haine et l’ignorance. Ce précipice n’a pas de fond. L’intolérance n’offre jamais de répit. Les cadavres s’y entassent. Ils alimentent une boue compacte de bras et de jambes, de têtes aux yeux révulsés, aux langues gonflées. Ils garnissent une fange, une lie d’enfants assoupis à des mamelles pendantes, déchiquetées, à des sexes castrés à la machette.
Ce gouffre est une mémoire terrible. Il est cauchemar vivace, étal de souvenirs à ne pas effacer, billot ensanglanté d’images impossibles à balayer. A moins de perdre soi-même la tête, de perdre le goût de vivre ou seulement celui de crever. Avec pour seules envies celles de disparaître, de ne rien savoir, de ne rien entendre, pas même d’envisager le probable. Le dilemme des trois petits singes...

J’affronte tous les jours cet abîme. Et j’oscille entre deux pas, ne sachant plus même s’il existe une ligne droite que je pourrais suivre, un fil tortueux mais à la destination certaine.

Dois-je partir ? Dois-je rester ? Si je reste les massacres cesseront-ils ? Si je m’en vais redoubleront-ils ? En quoi mon opiniâtreté changera t-elle quoi que ce soit ? Et si rester pouvait justement faire la différence ? Je suis un cadre technique, un coopérant. Un sans-grade, un petit blanc quelconque encore protégé par une couleur de peau prétentieuse. Pendant combien de temps encore ? En quoi pourrais-je influer sur le cours des choses. Et qui sait si demain ma tête n’ira pas rouler elle aussi dans un caniveau ! Mon sang ne sera pas moins rouge...

Mon billet est posé sur la table. C’est un aller simple. Si je pars je sais que je ne reviendrai pas. L’embarquement de mon vol a déjà commencé. Je termine une bière glacée à la buvette de l’aérodrome. Je compte les minutes, les gouttes d’eau, les souvenirs. Je ne compte plus les morts. Je ne compte plus sur les vautours pour effacer la réalité d’un génocide.

Quelque part je suis coupable. Quelque part je suis complice. Même quand on ne peut rien faire on se sent terriblement coupable. Surtout lorsqu’on ne peut plus rien faire. On a tous toujours une part de culpabilité. Contre cela il n’a rien à faire non plus. Mais la peur, la peur sourde et lâche de mourir est la plus forte. je pars donc, résolu à vivre une autre mort ailleurs mais à petits feux. De cette fin promise aux regrets et aux remords.

xaba

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Message  June Dim 23 Mar 2008 - 17:36

xaba a écrit:Il y a eu un petit claquement sec, tout juste perceptible, peut être le caprice d’un bois ou une facétie de la brise.

J'aime beaucoup la "facétie de la brise", c'est très léger ^^

L’aube de nouveau est paisible, d’ une aurore à ne pas vivre, à simplement humer dans l’obscurité mourante, dans le pourpre et l’orangé tremblotants.
Je ne comprends pas la construction de la phrase. C'est dommage parce que y'a de l'idée. Non, vraiment, j'ai beau relire je ne comprends pas la construction (et donc le sens...)

C’est le cycle immuable de la vie.
C'était vraiment bien jusque là... Non merci.

J’habite au bord d’un précipice. Il en émane une odeur pestilentielle, le reflux d’un charnier alimenté par la haine et l’ignorance.

Bien vu, le "alimenté"

Ce précipice n’a pas de fond. L’intolérance n’offre jamais de répit. Les cadavres s’y entassent. Ils alimentent une boue compacte de bras et de jambes, de têtes aux yeux révulsés, aux langues gonflées. Ils garnissent une fange, une lie d’enfants assoupis à des mamelles pendantes, déchiquetées, à des sexes castrés à la machette.
Répétition, dommage. Sinon ça, l'horreur est pas mal décrite :S

Mon sang ne sera pas moins rouge...
Evitons les clichés, non?

Mon billet est posé sur la table. C’est un aller simple. Si je pars je sais que je ne reviendrai pas. L’embarquement de mon vol a déjà commencé. Je termine une bière glacée à la buvette de l’aérodrome.
Eh beh, on change vite de décor !!

Je compte les minutes, les gouttes d’eau, les souvenirs. Je ne compte plus les morts. Je ne compte plus sur les vautours pour effacer la réalité d’un génocide.
La dernière phrase est en trop je pense. On avait bien compris, pas la peine d'en rajouter trois louches, non?

En commentaire général, je dirais que j'ai bien aimé mais sans plus. J'ai bien aimé parce qu'il y a de bonnes idées, que c'est un description que je qualifierais "d'incarnée" (sans mauvais jeux de mots ^^) dans le sens où c'est quelqu'un qui le vit tout en étant placé un peu en dehors (ouf, si quelqu'un a compris). Cependant, il y a des lourdeurs. Il faudrait élaguer et ainsi donner plus de force à des phrases originales et pleines qui se suffisent à elles-mêmes.

Voilà ^^
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Message  Invité Dim 23 Mar 2008 - 20:14

Le début du texte suscite l'intérêt du lecteur, éveille sa curiosité. Des associations de mots originales, quelques lignes donnent le ton, fabriquent l'angoisse en quelque sorte :
Le matin était pyromane. Le voilà qui pleure et rit aussi. C’est le cycle immuable de la vie. Rire et pleurer à la fois... Battre des mains devant de petits cadavres ! Rendons grâce aux incohérences de l’instant.
J’habite au bord d’un précipice. Il en émane une odeur pestilentielle, le reflux d’un charnier alimenté par la haine et l’ignorance.
Petit à petit on comprend de quoi il s'agit. Et on se demande où le texte veut en venir : témoignage, dénonciation, chute inattendue ??? C'est bien, jusqu'à ce que le narrateur commence à devenir lyrique et à battre sa coulpe. A partir de "Dois-je partir ? Dois-je rester ? Si je reste les massacres cesseront-ils ? ", le texte perd de l'intérêt, "littérairement " parlant, même s'il a bien sûr le mérite de soulever un problème crucial.

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Message  Reginelle Dim 23 Mar 2008 - 22:37

Haine... ignorance... charnier. La mort, la violence... on y est en plein dedans, face à face.
Bien menée...

et puis tout cela retombe, renvoyé au second plan par le questionnement du narrateur...

Je me demande si en commençant le texte par la décision du narrateur, par son départ... et en poursuivant par le "pourquoi"... cela ne rendrait pas aux yeux des lecteurs, toute sa place, toute son importance au "génocide" dénoncé. Simplement avec une autre mise en forme des éléments.
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Message  bertrand-môgendre Mar 25 Mar 2008 - 10:01

Le texte posé ici comme un besoin, de réveiller les consciences, me donne un arrière-goût d'insatisfaction.
Il ne me convient pas en l'état. Il me manque des détails.
Un charnier dans quel lieu ? Pour quel évènement ?
Tu écris bien, évoquant des images difficiles à supporter pour toi et ta conscience d'homme rongé par le doute.
Je sens cette peur.
Dis-m'en encore.
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Message  Sahkti Ven 28 Mar 2008 - 10:35

A mes yeux, du bon et du moins bon dans ce texte. Tu évoques un état que tu décris avec patience, en prenant le temps de poser ton ambiance, mais parallèlement à ce lent glissement que tu opères entre les étapes, tu distilles aussi des lourdeurs, des maladresses, voire quelques phrases bateaux qui peuvent sonner guimauve dans un texte pourtant dramatique. Partagée donc sur ce coup, tout en convenant du travail accompli dans le soin apporté à l'écriture et au style.
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