Le dormeur du val...

[xaba]

Le dormeur du val

Là tout n'est que luxe, calme et volupté....(C.B)

Le dormeur est allongé sur un parterre de fleurs. Il se laisse entraîner par des pensées bucoliques, seul, dans l'infini qui le porte et le berce. Il a passé toute la journée à scruter l'horizon, admirant les jeux de lumière, les reflets, les caprices et les imidités du soleil derrière les nuages. Il a contemplé le ballet incessant des oiseaux dans le ciel, leur ronde magnifique et volage, précieuse émanation de la liberté. Il a humé le vent, frissonné sous son velours, son toucher délicat, s'y est presque oublié, lui aussi, déjà un peu merle ou grive. Il a senti cette odeur profonde, cette senteur de terre humide, en a deviné une population cachée, timide et souterraine, à peine troublée par le stridulement des cigales.

Il s'est demandé mais pourquoi donc ne pas mourir maintenant, m'abandonner à cette luxueuse tranquillité. Pourquoi être un peu de cet immuable? Pourquoi toujours passer au large de l'essentiel, ignorer l'essence de la création, probablement divine ou simplement magique?

Et puis dans le soleil couchant, là bas, sur la colline voisine, il a perçu comme un scintillement, une eclair fragile suivi d'une ombre fugace et mouvante. Alors, pour mieux en évaluer toute l'intensité, il a plissé les yeux en ajustant sa lunette.

Il a tranquillement actionné la détente. Le coup est parti. La silhouette s'est effondrée.

Et le calme est revenu sur le champ de bataille...

[bertrand-môgendre]

J'aime quand la cigale stridule.
Son stridulement, un peu moins.
Je crois que l'éclair est masculin.
Ce dormeur est donc le tireur d'élite qui se paye mes poules et mes canards ?
Non, je m'égare.
Ta description est descriptive. (Zut, je n'ai pas le droit).
Bref. Il manque l'odeur de la terre, la fraicheur de l'herbe.

...s'y est presque oublié...ça, c'est beau

[Sahkti]

Hello Xaba!

Juste un petit rappel de quelques conseils donnés aux nouveaux arrivants sur le site ICI:
- lire et commenter ses petits camarades, ça fait toujours plaisir
- tenter de se limiter à deux textes par semaine afin de laisser la visibilité à tout le monde, vu le nombre de textes postés en tout chaque semaine

Merci d'en tenir compte et bonne promenade sur VE (le catalogue ICI peut t'aider à trouver les textes ou bien tu déambules sur le site au gré de tes envies)

[Sahkti]

Sinon, pour ce qui est de ton texte, tu rebondis adroitement sur la célèbre phrase bien connue de tous mais il me manque un tout petit quelque chose, sans doute une sensation de torpeur, la griserie due à la nature et au soleil, bref quelque chose qui m'empêcherait de penser que la fin arrive trop vite. En même temps, c'est efficace et incisif, donc ça se discute tout à fait cette question de longueur.

[mentor]

Ce serait plustôt Le Veilleur du val qui a tracé le destin du Dormeur du Val de ta dernière phrase

Ca vaut pas Rimbaud ;-) mais c'est tout de même assez fort et prenant

[apoutsiak]

Qu'un tueur professionnel regarde des oiseaux passer, le soleil se coucher, c'est une chose. Qu'il le fasse une journée entière, avec l'oeil de l'entomologiste ou du poète me laisse dubitatif.

[Invité]

On peut-être tueur et rêveur ou philosophe le temps d'une journée, avoir l'âme bucolique et se permettre quelques doutes et subtiles fragilités. Mais on ne résiste pas à l'appel du devoir ...
Moi j'aime bien ce texte et aussi qu'il s'inspire d'un de mes poèmes préférés.

[pif87]

ci dessous un poème inspiré de Rimbaud , malheureusement fait pour un ami mort la semaine dernière.



Les yeux maintenant fermés tu ne parles pas,
Tu revois une fois, tes années de jeunesse,
Du temps de l'amitié, la quête des princesses,
Les études en exil, l'internat comme appât.

Quand tu maries ta muse, et de retour par là,
Dans la vie installé, à l'écart des compresses,
Attaché par l'envie, aux tiens tu montres sagesse, (13)
Tu feras trois enfants, aussi beaux que ceux là.

Reconnu par tes pairs, au tennis tu fais loi,
De Brive sans robe, tu ne seras le roi
Que pour ta famille, tes amis, ta colline.

Nature, berce-le chaudement : il a froid.
Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;
Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine.

[bertrand-môgendre]

...les caprices et les imidités du soleil ...
j'ai lu : les caprices et les intimidités du soleil. Surement un défaut d'optique.
Le thème de ton texte, m'a renvoyé au roman de Bush l'inspecteur de nuit (c'est le dernier que j'ai en tête).

[bertrand-môgendre]

mince je clique trop vite...
Merci, donc, pour ce mot que je garde.

[Loupbleu]

Il y a de belles intentions dans ton texte, sous le (trop?) lourd double parrainage de Rimbaud et Baudelaire...

Pour continuer la remarque de bertrand sur le "trop descriptif", je te propose une option qui est de faire une description "dans l'action".

Tu as une bonne démarche à mon avis qui est de partir du personnage, mais tu utilises dans la construction des verbes de sensation (il a vu, il a senti, etc.).

Je te propose de réfléhir, si ça te plait à utiliser la façon "indirecte", construite ainsi :
"il a plissé les yeux, un bref rayon de soleil était apparu."
Ca a le double avantage d'évoquer la sensation physique, et de se mettre directement dans l'action. A toi de voir si cette façon te tente...

Sur le style, une autre (petite) remarque :
Tu commences presque toutes les phrases par "il", c'est peut-être un choix, peut-être tu peux gagner à varier la structure des phrases... ?

Enfin, la façon d'écrire est recherchée, très souvent agréable, je note juste quelques petites "faiblesses", dans le sens où tu utilises quelques façons "cliché" de dire (le ballet des oiseaux, les pensées bucoliques, l'ombre fugace). Cliché, c'est un peu fort, mais perso, je préfère les moments (nombreux) où tu as des trouvailles plus singulières.

Le rebondissement de la fin n'est pas mal !

En espérant que ces quelques suggestions pourront t'être utiles, au plaisir de te relire !

[Krystelle]

Entièrement d'accord avec Loup sur le "double parrainage". C'est un peu comme si tu te plaçais sous l'égide de deux piliers de la poésie française et forcément, c'est alors difficile d'être à la hauteur....!

L'idée est plaisante, menée plutôt adroitement à l'exception de la digression métaphysique que j'ai trouvée plutôt malhabile:

Il s'est demandé mais pourquoi donc ne pas mourir maintenant, m'abandonner à cette luxueuse tranquillité. Pourquoi être un peu de cet immuable? Pourquoi toujours passer au large de l'essentiel, ignorer l'essence de la création, probablement divine ou simplement magique?

Le passage du "il" au "je" est trop abrupte, d'un point de vue grammatical, ça ne passe pas. Et puis, ces questions sonnent un peu creux au milieu du texte, elles semblent presque trop faciles et convenues avec ces mots pseudo-philosophiques un peu passes-partout ("immuable", "essence" etc...).

Pour le reste, l'écriture est agréable et j'aime bien cette chute inattendue, qui arrive presque l'air de rien...

[Invité]

Exercice difficile de conjuguer les siècles.
Tu t'en sort pas si mal. Cependant, la fracture est visible.
J'aurais souhaité une malignité, un machiavélisme amené
plus sournoisement. Plus facile à conseiller qu'à écrire. Je le concède.

[Orakei]

Belle idée au départ. Cependant, Rimbaud appelle son soldat le "dormeur du val" car il est déjà mort au début du poème. En inversant les termes de la narration (soldat mort -> tueur vivant) tu t'éloigne trop du poème de Rimbaud pour prétendre en faire une adaptation. En fait, l'original a tellement marqué mon esprit d'images trés précise que je visualise bien ton adaptation, mais si je n'avais jamais lu "le dormeur du val" je ne pense pas que j'aurais visualisé.

[ninananere]

Oui, je rejoins mes camarades pour les commetnaires. Difficile exercice mais tu t'en sors pas trop mal.

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