Nostalgie...

[maniak']

Réunion hier matin à Marrakech, voiture de location. Tous cela impliquant que j’ai dû faire en vitesse une provision de CD pour la route. Et donc, sur le retour, juste après le péage à la sortie de la ville, je tends la main sans trop regarder et je choppe un vieux truc au hasard : The best of Phill Collins.

Je sais pas pour vous, mais pour moi, la musique c’est toujours lié à une époque et à une flopée de souvenirs. J’aurais pioché l’album d’à côté, c’était Springsteen, ça m’aurait rappelé la rencontre avec ma femme, notre premier apart’, notre chat : Caramel… Ce genre de choses.

Là, ça a été Phill Collins. Et ça démarre avec Easy lover, vous savez le duo avec Philip Bayley, le chanteur des Earth Wind & Fire : l’époque du bac, mon année de terminale.

Y avait un café, le Niagara, qui nous servait de PC à l’époque et ce morceau, Easy Lover donc, me rappelle inévitablement le jour où on avait eu les résultats du bac. Quelqu’un avait mis une pièce dans le juke box et les duettistes avaient entamé leur numéro. Il faisait beau, pas encore trop chaud. Et je n’ai pas réalisé, à ce moment là, que c’était la fin d’une époque.

Mes copains, des types que, pour certains, je connaissais depuis le primaire, avec qui j’avais vécu toute mon adolescence, ces types allaient se tirer, comme moi-même, pour poursuivre leurs études en France ou ailleurs en Europe. Chacun dans un coin et puis ensuite trouver du boulot, de l’autre côté de la Méditerranée pour la plupart et faire leur vie, comme je ferais la mienne.

Le truc, c’est que des mecs avec qui on est aussi proches, on ne peut pas imaginer qu’ils vont sortir de notre vie comme ça, d’un seul coup. Dominique par exemple, presque un frère, un voisin en tous cas, qui passait par la fenêtre de ma chambre tous les soirs pour venir fumer quelques clopes. Jeff, ce dragueur de Jeff, avec qui on faisait des virées de fou dans sa vieille Chrysler au lieu de préparer le bac. Je ne les ai revu que deux fois en plus de vingt ans.

Et les filles ? Ma terminale a été une grande année de ce point de vue-là. Je ne sais pas si c’est pareil pour tous les mecs, mais je trouve que les filles avec qui on sort à cet âge-là ont un autre parfum. Peut-être parce qu’on se sent adulte d’un coup. On a son permis, une jolie (tant qu’à faire) fille accroché au bras, une planche de surf sur le toit de la caisse. Un vrai mec non ? On s’arrange pour passer au ralenti devant le lycée le samedi à midi, juste à la fin des cours, vitres ouvertes, cheveux au vent et les Eurythmics qui balancent Sex crime pour tout le quartier. C’est pas très malin, je reconnais. Mais bon, c’est comme ça. Et puis on rigolait bien.

Qui aurait cru que tous ça s’arrêterait d’un seul coup, en septembre. Un dernier été à la plage, deux autres filles à classer dans les souvenirs de cette époque, et puis fini.

Monica, une copine de classe de qui j’étais plutôt proche, a pleuré quand on s’est dit au revoir. Probable qu’elle avait compris, elle, qu’on se voyait pour la dernière fois. Les filles c’est toujours plus avisé que les garçons. Ça doit être ça.
Moi, je pensais qu’on se recroiserait dans pas si longtemps. Qu’il y aurait d’autres sorties, d’autres soirées, d’autres… J’avais tort. Elle est partie en Italie et terminé. On s’est bien écrit une fois où deux et puis…

Est-ce que je dois parler de Magali, d’Isabelle et de son frère Christophe ? De Marie-Laure ?

Non. Vaut mieux que je change de CD.

U2 tiens.

C’est mieux.

…

[apoutsiak]

.

Tout ça se lit sans déplaisir, mais manque pour mon goût de surprise, de cadeaux au lecteur. Je viens d'y penser, tiens, je lis des livres peut-être pour recevoir plein de cadeaux.

[Invité]

A mon avis tu dois être accro à copains d'avant !
;-)
Comme apoutsiak : ça se lit facilement mais manque de piment.

[Arielle]

Moi j'aime bien cette bouffée de nostalgie, le temps d'une chanson, celui d'une clope, les yeux dans le vague...et puis, basta, on passe à autre chose. Sans prétention mais suant de vérité.

"Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés ?
Ce sont amis que vent emporte,
Et il ventait devant ma porte..."

[mentor]

ça m'a l'air si perso que j'aurais du mal à commenter
à part que c'est sympa et bien écrit
ça me fait aussi souvenir que tu avais écrit "Copains d'avant"
mais je préfère tes textes plus fiction, Maniak
quoi que, "Galère, galère" c'était tout toi ;-)

[Invité]

Y avait un café, le Niagara, qui nous servait de PC à l’époque

juste, juste...sauf que les cafés existent encore, et que les plages ne sont pas mal non plus, ai-je raison?

Bien aimé ce feedback.

[maniak']

Déja merci à tous d'avoir lu.

Ensuite, ce texte n'a aucune prétention littéraire. Je l'ai écrit égoïstement pour moi et je pense qu'effectivement il aura du mal à toucher le plus grand nombre.

Mais bon, je me suis fait plaisir et ça c'est bien. c'est d'abord pour ça que j'écris :0)

Sinon Pandaworks, le Niag' ça fait des lustres que j'y ai pas mis les pieds. Par contre la plage j'y étais encore hier (énormes conditions de surf !!!!). Très proche de "Galère, galère" Mentor (:0b)

[Kilis]

J'aime bien sinon beaucoup. Le ton est juste. Merci Maniak pour ce voyage en arrière.

[Sahkti]

U2 tiens.
C’est mieux.

On n'a même rien inventé de mieux! :-)))

On sent le texte très perso, écrit avant tout pour soi, pour poser une émotion et des souvenirs et tant pis pour les prétentions littéraires, ça explique les maladresses et le ton un peu pesant par moments mais en même temps, ça sonne sincère et ça, ça fait du bien.

[Zou]

C'est léger et grave à la fois, comme les souvenirs.
C'est un texte "maison" réconfortant et qui nous parle.

[à tchaoum]

Je ne sais pas si c’est pareil pour tous les mecs, mais je trouve que les filles avec qui on sort à cet âge-là ont un autre parfum.

Le sein de Colette me vibre encore dans la main. Excusez-moi les filles, mais faut que vous le sachiez, votre sein vibre encore dans la main du premier qui l'a caressé, même si vous ne vous rappelez pas de son prénom.

[outretemps]

C'est parfaitement très bien. et qu'il y ait pas de chute, c'est encore mieux. La chute, dans ce domaine, c'est un peu la fin de la liste le début de sagesse. Ca serait hautement souhaitable que ça touche grand monde, mais pour avoir vécu ces choses là et en avoir gardé le souvenir, falait être drôlement veinard. Et il semble bien qu'on en a été, tous les deux. Pour moi un peu plus tôt, c'était Presley et Triumph blanche, et j'ai parfaitement bien senti l'air dans les tifs à te lire, pour toi un peu plus tard. Pas jaloux, elles étaient plus joyeuses pour nous ici que pour d'autres au Viet- Nam, toutes ces années là, pour sûr!

[maniak']

On va pas se sentir responsable des mauvais souvenirs des autres hein ? On a tous eu nos galères (et pour moi des pas mal graves).

Faut retenir que le bon. Et le bon c'est s'endormir sur la plage avec une fille dans les bras, autour d'un feu de camp, écouter un mec chanter Dylan en s'accompagnant à la guitare, c'est les vagues qui déroulent à la perfection quand tu te lèves le matin et que tu sais que tu vas pas tarder à te mettre à l'eau, les histoires morbides qu'on raconte le soir, assis dans le sable, pour faire peur aux filles ou les portions de Kiri qu'on planque sous le duvet en attendant de les écraser sur la gueule des copains.

C'est con hein ? Mais je recommencerais demain si j'en avais l'occasion.

Merci d'avoir lu.

[outretemps]

Eloge de la différence: par contre rien de sportif en rien. La moindre raquette même de ping pong sur le toit, ou sur le siège m'aurait rendu improbable vue la carrure.
Précision de caisse, pour pas qu'on croit, pas Spitfire tape àl'oeil, pas du tout! Simple Hérald, juste pour le bruit du moteur. Incomparable.

[bertrand-môgendre]

Ce que j'aime ici, ce sont les bons souvenirs évoqués, le positivisme qui te caractérise, transpire dans ce texte. Et si la gorge te serre un peu, c'est surement à cause de cette note élogieuse, des amitiés que l'on croyait éternelles.

[Krystelle]

Ce qui me plait dans ce texte, c'est qu'il nous parle. C'est vrai qu'il n'y a pas de surprises dans ces lignes, mais en même temps c'est précisément ça qui leur donne une valeur presque universelle (à quelques détails prés forcément !). Bref, il touche la corde sensible des nostalgiques dont je fais partie !

Sinon Maniak, l'appel à texte Nouvelles Vagues, ça ne tente pas ? C'est ici, si jamais...

[maniak']

J'essaierai peut être le prochain. Là l' sujet ne m'emballe pas et j'ai peu de temps pour y réfléchir. Beaucoup de boulot en ce moment.

Le prochain je le tente. Promis.

[Reginelle]

Nostalgie... nostalgie... quand tu nous prends... fffffffff... bien vue et bien rendue cette relation entre un morceau de musique et des images d'hier...

"C'est extra", de Ferré... je ne peux l'entendre sans revoir "notre bande" à moi, nous tous, autour d'une table, dans ce café enfumé au pied de l'escalier de la gare St Charles. Nos discussions aussi passionnées que supposées philosophiques... avec cette chanson en boucle dans les oreilles... Oui... les nuits aux étoiles, dans un recoin de calanque, ou sur la plage autour d'un feu... chacun amenant qui sa guitare, qui son saxo, qui sa conga, qui sa guimbarde... Ces souvenirs-là, on se garde bien de les oublier... Et ceux qui les animent, que sont-ils devenus ?

[ninananere]

Trés beau texte de souvenir. Les textes en "je" me font un peu peur, et là, tout se lit très bien. On ressent bien la nostalgie d'une époque et des gens passés, avec ce parfum d'hier.
C'est peut-être un texte "perso" mais à moi, il me parle...

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