Indivisible

[Lucy]

Un texte court pour commencer... et peut-être pour en finir.
J'écris peu de nouvelles et je n'écris pas "comme ça", habituellement. Bonne lecture !



Il y avait un être pris au piège en moi.

Je n’étais pas unique. Je n’étais pas un. J’étais les deux moitiés de moi : ces deux moitiés à la fois.

Dans le monde où je vivais, dans cet endroit d’où je viens, hommes et femmes sont tous destinés l’un à l’autre. On ne peut être seul toute sa vie. On finit immanquablement par rencontrer son binôme. C’est ainsi.

Je n’étais pas fait comme cela. Deux êtres de lumière se disputaient mon corps. J’étais une malédiction pour les miens. Cela ne s’était jamais vu. De connaissances en connaissances, de sources fiables en données indiscutables, la chose fut bientôt connue de tous. Je n’étais pas comme les autres. Je portais en moi mes deux moitiés. C’était inconcevable.

Il fut décidé que je serais mis à mort.

Ceci devait régler le problème une bonne fois pour toutes. Nos croyances étaient telles que le meurtre n’existait pas chez nous. Nos corps se corrompaient au moment de notre trépas mais notre forme céleste ne mourait pas. De nouvelles enveloppes nous étaient données et, toujours, nous revenions sous une nouvelle apparence, à la recherche de notre moitié perdue.
C’était le fondement même de notre religion. Nous ne venions au monde que pour nous chercher, nous trouver et nous aimer. Nous n’étions qu’amour… et indifférence.
Le sort des autres ne nous importait pas. Il nous fallait notre moitié, celle pour laquelle nous avions été envoyé. Le reste, le monde qui nous entourait, les formes de vie inférieures, les autres, tout cela n’était rien.

Le jour qui avait été choisi pour mon passage, je me débattais tel un damné pour éviter l’assassinat. Nous sommes des êtres résignés : lorsque l’un des deux membres du couple disparaît, l’autre doit le suivre pour renaître en même temps que lui. Il est inconcevable d’être séparés au moment du retour. La mise à mort est le moyen choisi par mon peuple pour palier à cette éventualité.
C’est un rituel très codifié. Des êtres de lumière vivent dans notre enveloppe de chair, nous devons donc périr par elle.
Ils m’ont mené tout en haut de la colonne de pierre, celle sur laquelle on enchaîne celui ou celle qui doit changer de vie. Enchaîné, sans aucune chance de pouvoir me libérer, sans aucun espoir de sursis, je devais attendre que la foudre vienne me frapper en plein cœur afin de délivrer les âmes prisonnières de mon corps.
Je ne voulais pas mourir.
J’étais heureux, ainsi. Heureux d’être différent. Heureux de ressentir le souffle de la liberté et non pas le poids de la servitude qui écrasait tous ceux de ma race. Car, lorsque l’amour n’est plus une quête mais un dû, que peut-il bien avoir à nous apporter ?
Je ne voulais pas mourir mais la foudre est tombée.

Pourtant, j’ai gagné.

Oui, j’ai gagné ma liberté. Aujourd’hui, je renais. Je reviens à la vie. En ce jour anniversaire de mes quinze ans, celui où nous apprenons l’identité de l’être qui nous est destiné, j’ai croisé mon regard dans le miroir de vérité.
Mes yeux, assombris de désirs inavoués, se sont posés sur mes lèvres et les ont regardé se mouvoir tandis qu’elles prononçaient mon nom. Ce nom que m’ont donné les miens lorsque je suis revenu dans leur monde. Ce nom adoré qui sera bientôt abhorré de tous, car je suis différent, car je suis unique, car je suis moi.

Narcisse.

[bertrand-môgendre]

Bi-homme, mi-toi, mi-tout, Lucy, il te reste des milliers d'années avant de rencontrer le bon-homme.
Question pratique : quelle est la probabilité de voir tomber la foudre sur un rocher lors d'un rituel rassemblant la tribu, les parents les cousins, cousines et même la tribu voisine ?

Ton texte : bonne construction reflétant le questionnement perpétuel de l'homme lié à son égo.
Il n'en demeure pas moins que la fleur est belle avec ou sans reflet dans l'eau, arborer comme il se doit, de jaunes francs.
Un bon texte pour nous inviter dans ton monde Lucy.

[Invité]

pour palier à cette éventualité

On ne pallie pas à quelque chose, on pallie sans rien (pallier quelque chose).

Désolée, je fais la difficile mais cela fait partie de ces quelques fautes d'expression récurrentes qui me gênent lorsqu'elles croisent mes lectures...

[Arielle]

Un texte court pour commencer... je n'écris pas "comme ça", habituellement.

Je ne sais pas comment tu écris habituellement mais je trouve cette façon de faire très agréable.
Une manière originale de projeter un vieux mythe dans l'avenir pour illustrer une dualité bien présente en chacun de nous.
J'attends de voir ta seconde manière d'écrire...;-)

[mentor]

pauvre escargot
;-)

[Loupbleu]

Bienvenue Lucy !

Tout d'abord, je me suis permis de réaligner ton texte à gauche, pour qu'il soit plus faile à lire. Ai-je bien fait ?

Voii quelques commentaires persos, en espérant que ça puisse t'apporter quelque chose... :

Concernant ton texte, la lecture est plutôt agréable.

Le début est comme une variation sur le mythe platonicien de l'âme soeur, et c'est écrit aussi un peu comme un mythe. Je ne suis pas fan de ce genre.

La fin est plus surprenante, plus déroutante, le rapport individualisme / Narcisse.

Finalement, je vois plusieurs thèmes qui me semblent intéressants et probabement contemporains (j'extrapole peut-être) : la liberté, l'individu ou l'individualisme, la pression de la société pour que les gens se mettent en couple, etc.

A titre personnel, je trouverais intéressant de dévlopper ces thèmes dans une histoire (avec des situations, des personnages, de l'action, etc.), recadré ça dans un contexte plus "réel". Tu pourrais aussi utiliser ce texte (ce genre de texte) pour entrecouper le premier récit. Ce n'est qu'une suggestion...

Bonne continuation dans l'écriture !

[Lucy]

Merci de ces commentaires constructifs et de ces corrections -ô combien- nécessaires !
Pour l'alignement, tu as bien fait. J'étais un peu embêtée avec ma mise en page ( vive le copier-coller ! ) et j'ai fini par céder face à mon ordi tout puissant. Il a, bien souvent, le dernier mot.
Loupbleu, tu as bien dégagé les thèmes qui peuvent s'appliquer à ce texte. Je garde à l'esprit :

la pression de la société pour que les gens se mettent en couple, etc.

Si je me souviens bien, c'est dans un de ces moments que l'idée est née. J'ajouterais bien la notion de normalité car, parfois, on se demande...
L'idée d'un récit n'est pas à écarter mais le moment n'est pas venu. À la base, il devait s'agir d'un roman. Finalement, c'est devenu ça.

[à tchaoum]

Hi Lucy

je trouverais intéressant de développer ces thèmes dans une histoire (avec des situations, des personnages, de l'action, etc.), recadré ça dans un contexte plus "réel".

Moi j'ajoute qu'il serait certainement intéressant aussi de se pencher sur une forme de schizophrénie amoureuse, un être à deux personnalités éprises l'une de l'autre, comme une réalisation du mythe de l'androgyne, les deux moitiés qui se seraient retrouvées et qui (bien sûr) auraient un mal de chien à le faire admettre autour...
Les deux moitiés d'orange dérangent :-)
Bref, tu as de quoi t'amuser (et nous dans la foulée) pour un bon moment...

[Lucy]

Oui, de quoi être occupée pour un bon moment, c'est certain ! C'est à voir mais pas pour le moment. Trop de travail et deux histoires en cours, sans compter la réécriture d'un roman ! Vous aller finir par me donner envie de m'y coller. Les thèmes à exploiter sont nombreux et les possibilités... infinies. Affaire à suivre !

[Krystelle]

Un texte à la croisée de genres littéraires très différents : philosophie, science-fiction, mythologie etc... Du coup, j'ai l'impression d'y retrouver des idées diverses rassemblées ici pour nous donner un texte pas totalement abouti, qui dégage une certaine froideur et dans lequel le lecteur a un peu de mal à s'installer.
Il y a des qualités d'écriture dans ce texte mais pour moi, il s'apparente un peu trop à un coup d'essai.

[Lucy]

Ce n'est pas un produit fini, je suis d'accord avec ça. Le tout est de savoir ce que je vais en faire. Il est au repos, pour le moment. D'autres projets plus classiques prennent le temps qui pourrait lui être consacré et, comme je l'ai écrit plus haut, je n'ai pas l'habitude de ces genres littéraires. Quant aux qualités d'écriture... on verra. Je tâtonne et écris le plus possible dans les ( rares ) moments libres et il faudra voir à retravailler tout ça. Plus de recul et un(e) bêta-lecteur(rice) ne serait pas un mal !

[apoutsiak]

.

Des qualités d'écriture indéniables, mais je trouve le sujet, dans ses grandes lignes, assez impersonnel et froid :

Dans le monde où je vivais...
De connaissances en connaissances, de sources fiables...
Nos croyances étaient telles que le meurtre n’existait pas chez nous...
C’était le fondement même de notre religion...
Le sort des autres ne nous importait pas...
Nous sommes des êtres résignés...
C’est un rituel très codifié...

Après, le Je reprend le dessus, mais, comme au tout début, nous entendons parler un Je désincarné, éthéré :

Je n’étais pas unique. Je n’étais pas un. J’étais les deux moitiés de moi : ces deux moitiés à la fois...

que la foudre vienne me frapper en plein cœur afin de délivrer les âmes prisonnières de mon corps...

celui où nous apprenons l’identité de l’être qui nous est destiné, j’ai croisé mon regard dans le miroir de vérité...

J'attends donc de lire de toi un texte qui mettrait à égalité, de mon point de vue, style et sujet.


.

[Reginelle]

Je n'ai pas bien accroché sur ce texte. Lecture agréable, même si quelques phrases pourraient être mieux construites pour une meilleure compréhension...
par ex : "des êtres de lumière dans une enveloppe de chair, et c'est par elle que..." : qui "elle" ? La lumière ou l'enveloppe de chair ? si c'est "la lumière", il est des répétitions qui peuvent être utiles... "et c'est par la lumière que..."

Mais d'après les précédents commentaires, il devrait être re travaillé... donc... je ne demande qu'à le relire une fois repris.

Pour ce qui est des "béta-lecteur(trices)... c'est ce que nous sommes tous ici, non ? (sourire)

pauvre escargot ;-)

(j'ai pas compris ... pourquoi pauvre escargot ??? )

[mentor]

pauvre escargot ;-)

(j'ai pas compris ... pourquoi pauvre escargot ??? )

j'aurais pu dire hermaphrodite, mais c'était moins drôle ;-)
ouais, bon, en fait rien n'était drôle puisque personne n'a ri :-(((
sacré commentaire quand même ;-)

[Lucy]

C'est vrai que... l'escargot... Je comprends mieux, maintenant. J'avais lu mais, comme je l'ai déjà écrit quelque part dans le forum, je suis un peu lente d'esprit. Rassurée de ne pas avoir été la seule à être de l'autre côté de la plaque ! ^)^
Merci, encore, de vos avis. Je me répète mais c'est très précieux d'avoir un aperçu de vos opinions.

[mentor]

C'est vrai que... l'escargot... Je comprends mieux, maintenant.

j'avoue, c'était une réflexion un peu vaseuse, baveuse même

[Sahkti]

Un questionnement pertinent abordé toutefois de manière un peu faible à mes yeux, je n'ai pas réussi à accrocher, parce que l'ensemble de la réflexion est balayé par quelques évidences. Trop de thèmes se croisent sans vraiment prendre le temps d'être exposés ou exploités et ça, je trouve dommage, parce que ça rend le texte trop léger, avec un air de déjà vu maintes fois. Il y a de bonnes idées et il me semble que ton potentiel d'écriture te permettrait de les développer de meilleure manière.

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