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Le temps me manque (Partie 1)

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Le temps me manque (Partie 1) Empty Le temps me manque (Partie 1)

Message  Numériplume Jeu 10 Avr 2008 - 9:07


Le temps me manque
(Partie 1)




____L’autoradio de ma voiture venait de rendre l’âme. Vu qu’il n’y avait personne sur la route, je n’allais pas mettre longtemps pour rentrer chez moi. C’était étonnant quand même ! Le mardi vers 18h15 le trajet qui menait de mon travail à mon domicile était saturé. Mais ce jour-là, il n’y avait pas un chat dans les rues, même l’autoroute était vide dans les deux sens. Au bout de 3 kilomètres, je décidai de prendre la première sortie. Je m’arrêtai au feu qui visiblement était hors service, prêt à guetter le moindre mouvement. Finalement je constatai qu’il n’y avait personne. Je ne sais pas si c’était l’angoisse ou l’insolite de la situation mais je finis par éclater de rire. Par acquis de conscience je me garai à hauteur d’une superette pour y entrer et vérifier s’il y avait des clients. Personne, c’était le nomansland, une caisse enregistreuse était ouverte avec de l’argent apparent. Dans d’autres circonstances je me serais laissé tenter mais il y avait une atmosphère qui me mettait mal à l’aise. Je sortis, gêné, et me plaçai au milieu de la route. J’avais beau tourner dans tous les sens à la recherche d’un indice, je constatai à mon grand désarroi que j’étais seul.
Ce qui m’angoissait le plus c’était ce silence. Pas un bruit de voiture, ni le souffle du vent, ni un piaillement d’oiseau, ni le vacarme quotidien d’une cité urbaine, rien. Je restai figé une minute et finis par m’engouffrer dans ma voiture. Je mis les gaz et filai à toute allure chez moi avec un pressentiment qui me nouait l’estomac.
____J’arrivai en un temps record. Le portail était ouvert, pas de chien pour m’accueillir, la maison semblait abandonnée. Instinctivement je fonçai dans la chambre des enfants tout en appelant ma femme. Pas de réponse et toujours ce silence qui commençait à me glacer le sang. Après avoir fait toutes les pièces de la maison sans succès, j’allumai la télé pour me persuader que toute cette situation n’était pas anormale. J’essayai tous les boutons de la télécommande, mais l’appareil restait muet. La panique s’empara de moi, j’avais la chair de poule, je cherchais ma respiration et je finis par hurler :

____– Arrêtez de jouer avec moi !

____Cela m’avait soulagé d’avoir brisé ce silence. Je m’assis dans le canapé et tentai de réfléchir mais les larmes se mirent à couler le long de mes joues et toujours ce pressentiment qui me torturait l’esprit à présent. Paniqué je pris ma voiture et décidai de retourner au travail car c’était là que j’avais vu des gens pour la dernière fois. Malgré une circulation nulle, le trajet me parut interminable.

____En passant devant l’hôpital universitaire je ralentis pour voir s’il y avait de l’activité mais toujours rien, le calme absolu. J’avais l’impression d’être dans un film sur lequel on avait fait une pause et effacé tous les figurants. Tout à coup une voiture me dépassa à toute allure. J’en fus tout excité. J’appuyai sur le champignon les mains crispées sur le volant. J’étais anxieux et heureux à la fois. Il fallait absolument que je sache qui était dans cette voiture. Je la pris en chasse et rien ne pouvait m’arrêter. Apparemment le conducteur était pressé car il fonçait sans ralentir aux intersections. Je compris vite qu’il se dirigeait vers le même endroit que moi. Arrivé devant le chantier où je travaillais comme poseur de canalisations, j’aperçus trois personnes en demi-cercle devant un trou. La personne que je suivais pila et sortit de sa voiture pour rejoindre les autres. Je restai dans mon véhicule à les observer, intrigué par cette scène. Je me sentais soulagé par ce retour à la réalité mais j’étais loin de la vérité. Une femme qui avait surgi de nulle part se joignit au groupe. Je distinguai mal de quoi elle avait l’air mais je fus surpris qu’elle me fasse un signe de la main pour venir les rejoindre. J’étais perplexe mais pressé de connaitre le dénouement de cette farce grossière.

____Tout le monde avait l’air abattu et semblait se recueillir. Je ne regardai pas tout de suite le trou et j’interpellai cette femme sur un ton brutal et assez fort pour que tout le monde puisse m’entendre, elle n’était pas affectée mais apparemment ravie de nous voir.

____- Je présume que vous avez une explication à toute cette mascarade ? Où sont ma femme et mes enfants ? Pourquoi il n’y a plus personne dans les rues ? C’est quoi tout ce cirque ? C’est de la téléréalité, hein c’est ça ? Mais répondez, MERDE !

____D’une voix douce et posée, la femme au visage angélique qui incarnait la sérénité, me sourit et répondit en prenant tout son temps :

____- Calmez-vous monsieur, je comprends que la situation vous semble étrange mais il va falloir vous ressaisir pour assimiler tout ce que je vais vous dire.

____Les quatre autres personnes l’écoutaient religieusement, prêtes à recevoir l’extrême onction. Elles étaient comme résignées. J’avais le sentiment d’être le seul à ne pas savoir ce qui se passait. La façon dont elle m’avait répondu avait quelque chose d’hypnotisant voire d’apaisant, je la laissai donc poursuivre :

____- A 17h54 chacun de vous s’apprêtait à rentrer chez lui. Vous étiez tous au même endroit au même moment, c'est-à-dire ici. Pendant que vous…

____Elle se tourna vers moi, son visage semblait exprimer de la pitié.

____- Vous monsieur, vous étiez en train de défoncer le bitume avec votre marteau-piqueur pour y poser des canalisations. A 17h58 votre marteau-piqueur percuta une conduite de gaz, une étincelle se produisit et entraîna une explosion. C’est pour cela qu’il y a un trou béant ici.

____A ce moment là je me retournai vers le trou qui était plus grand et plus profond que je ne me l’imaginais. C’était un véritable cratère avec à l’intérieur des morceaux de chair complètement déchiquetés. Il y en avait partout. Des corps totalement démembrés, des vêtements calcinés, du sang qui semblait solidifié et surtout je vis une chose qui me pétrifia de terreur. Il y avait une forme ronde et cramoisie parsemée d’éclaboussures de sang, c’était une tête… ma tête. Elle était détachée du buste et me fixait la bouche grande ouverte. Elle symbolisait la monstruosité et l’effroi. J’eus envie de vomir mais l’atrocité de cette vision me paralysa. Aucun son ne sortit de ma bouche mais mon cerveau était en ébullition tant l’abjection de la scène était à son paroxysme. Je n’arrivais pas à détacher mon regard de… cette chose. Je compris aussitôt pourquoi tout le monde avait l’air recueilli. Le plus étonnant c’était l’absence d’odeur. La femme reprit d’un ton linéaire et rassurant :

____- A 17h59 vous étiez tous morts, non sans douleurs pour certains. Mais il faut que vous sachiez que ce n’est pas une fin en soi, la preuve, c’est que vous êtes tous là maintenant. J’attendais le retour de tout le monde pour pouvoir vous emmener avec moi.

____Parmi nous, il y avait un jeune homme qui demanda d’une voix fluette :

____- Nous allons au paradis ?

____La femme se tourna vers lui et le regarda comme une mère qui cherche à apaiser son enfant :

____- Non, nous allons à Ilot. C’est là d’où je viens et c’est là que vous allez poursuivre votre évolution.

____Trouvant tout ça ridicule, je sautai sur l’occasion pour en savoir plus :

____- De quoi parlez-vous ? c’est quoi ce truc d’évolution ? Vous vous prenez pour Dieu ?
____- Pas du tout, Dieu n’existe pas. Il n’est que le fruit de l’imagination de l’homme pour rendre les gens heureux dans le meilleur des cas et dans d’autres les asservir. Il y a toutefois un dénominateur commun, c’est l’acceptation de la mort comme passage obligatoire et non une cessation de la vie. Moi, je suis un Nishal tout comme vous allez le devenir. Nous sommes au stade 5 de l’évolution. Nous sommes en apparence comme vous.
____Nous sommes des organismes comme le minéral.
____Nous sommes vivants comme le végétal.
____Nous sommes capables de perception comme l’animal.
____Nous sommes des êtres conscients ayant la parole comme l’homme.
____Nous sommes des esprits matérialisés… Nous sommes les Nishals
L’intelligence et les sentiments ne sont que des notions abstraites qui n’existent que lorsque nous rêvons. Je vous expliquerai tout ça quand nous serons à Ilot.

____Après cet exposé qui ressemblait plus au discours d’un gourou, j’eus envie de laisser éclater ma colère sur cette espèce de Nishal mais je fus interrompu par le jeune homme :

____- Je suis prêt à vous suivre

____Les autres se regardèrent et acquiescèrent. J’étais donc le seul à ne pas accepter cette fatalité. J’étais persuadé qu’il y avait un autre choix :

____- Je refuse de vous suivre, je ne crois pas un mot de tout ce que vous dites.
____- Rien ne vous oblige à me croire ni à me suivre mais si vous restez ici cela sera définitif et vous allez vous retrouver dans un monde que nul ne connaît.
____- Et alors ! Je suis déjà mort, il ne peut rien m’arriver de pire !
____- Si vous restez, le pire est à venir car la seule issue est Ilot, le reste n’existera plus une fois que nous serons partis, et ça c’est une certitude !
____- Je ne vous crois pas, et comme je suis immortel, j’ai tout mon temps.

____J’avais dit ça par défi et esprit de révolte. Et surtout je n’avais plus rien à perdre. Tout à gagner en suivant cette femme n’était pas garanti.

____- Vous n’aurez pas tout votre temps monsieur, vous aurez une chose que l’homme est incapable d’appréhender… l’éternité.

____Après cet échange surréaliste, le Nishal et ses nouveaux disciples partirent sans se retourner. Je les regardai s’éloigner convaincu que j’avais pris la bonne décision. Je remontai dans ma voiture et une fois ces illuminés disparus de mon champ de vision, je tournai la clé de contact. La voiture ne démarrait pas, aucun voyant ne s’allumait. Je recommençai la manœuvre une douzaine de fois mais sans résultat. J’étais de plus en plus terrorisé. Je restai assis dans ma voiture à réfléchir à tout ce qui venait de se passer, à ma femme et mes enfants, à l’accident, à ma propre mort. Je pris conscience que tout cela n’était pas un cauchemar ni une farce de mauvais goût. La tristesse, la douleur, et finalement le découragement m’envahirent.

____Je sortis précipitamment de ma voiture et courus dans la même direction que les autres.
J’ai couru vite, très vite.
J’ai couru longtemps, très longtemps.
J’ai couru loin, très loin.
J’ai crié fort, très fort… ATTENDEZ-MOI !

____Ce n’est pas la fatigue qui m’arrêta mais la résignation. Ils avaient disparu. Ce fut la dernière fois que je vis un être vivant.

Phileas MEANDRE -29 Mars 2008-


____La Nishal puisque c’est comme ça qu’elle s’était nommée, je ne m’en souviens plus, avait raison. La présence de vie avaient disparu mais moi j’étais réel sans savoir si j’étais conscient de ce qui m’arrivait. Aujourd’hui encore je me pose la question.
Suis-je conscient que tout cela est irréel ?
Ne suis-je pas conscient que tout est réel ?
Quel que soit le cas, ma conscience ou mon inconscience s’est détachée de la vérité.
Moi –cet instant-




Que peut-il arriver quand on est éternel, seul et dans un monde statique ?
A suivre…
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Message  Invité Jeu 10 Avr 2008 - 15:16

Les temps changent... ça m'a amusée de voir que tu parles de télé-réalité là où il y a quelques années on aurait sans doute parlé de caméra cachée.

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Message  Invité Ven 11 Avr 2008 - 2:21

Pas dénué d'intérêt ton texte. J'aime particulièrement ce côté intimiste et franc que tu glisses dans l'écriture, naïveté non-dissimulée, éternel candide,
une écriture très "au près" de ton personnage. Ce n'est pas courant dans le genre et finalement, ça m'accroche. J' attend donc le deuxième volet.

:-)

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Message  Reginelle Ven 11 Avr 2008 - 7:03

Pas d'autoradio mais la voiture, oui... Pas de feux... pas de télé... rien de ce qui est électrique ou mécanique ne fontionne... sauf ces deux véhicules... celui du narrateur et un autre... Qui est conduit également, si j'ai bien compris, par l'une des quatre autres personnes tuées lors de cette explosion.

Et ensuite, c'est terminé... la voiture ne démarre plus... Pourquoi roulait-elle avant qu'il se sache mort et plus après ?

Je sais... c'est un détail et je suis une chi....se pour les détails...

c'est la seule chose qui m'embête dans ce début ... et j'attends aussi la suite !
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Message  Numériplume Ven 11 Avr 2008 - 9:55

Reginelle a écrit:
Et ensuite, c'est terminé... la voiture ne démarre plus... Pourquoi roulait-elle avant qu'il se sache mort et plus après ?

Je sais... c'est un détail et je suis une chi....se pour les détails...

c'est la seule chose qui m'embête dans ce début ... et j'attends aussi la suite !

C'est plus ou moins dit par le Nishal car elle attendait leurs retours et dit qu'une fois partit tout va disparaitre. Certaines choses sont peut-être contrôlées par les NISHAL? Mais je ne peux pas tout révéler maintenant:-)
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Message  Sahkti Mar 15 Avr 2008 - 12:59

Je suis partagée et ça m'embête, parce que les idées de ton texte, je les aime beaucoup!

Tout d'abord, j'ai apprécié la manière avec laquelle tu décrivais cette impression de vide, lorsque plus rien ne bouge, qu'il n'y a personne et que le narrateur se demande ce qui se passe; c'est bien rendu.
J'ai également adopté le fond de cette pensée à propos de la mort, de Dieu, de l'abstraction.
Oui, tout cela me séduit... mais pas les Nishal, mais pas cette impression mystique, mais pas la dérive presqu'annoncée d'un texte qui va balancer dans le fantastique. Bah... question de goût bien sûr que tout cela, suis mauvais public quand ça dérive trop par là, mais bon, tant pis pour moi :-) (et je lirai la suite avec plaisir!)
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Message  Numériplume Mar 15 Avr 2008 - 14:46

Sahkti a écrit:Je suis partagée et ça m'embête, parce que les idées de ton texte, je les aime beaucoup!

Tout d'abord, j'ai apprécié la manière avec laquelle tu décrivais cette impression de vide, lorsque plus rien ne bouge, qu'il n'y a personne et que le narrateur se demande ce qui se passe; c'est bien rendu.
J'ai également adopté le fond de cette pensée à propos de la mort, de Dieu, de l'abstraction.
Oui, tout cela me séduit... mais pas les Nishal, mais pas cette impression mystique, mais pas la dérive presqu'annoncée d'un texte qui va balancer dans le fantastique. Bah... question de goût bien sûr que tout cela, suis mauvais public quand ça dérive trop par là, mais bon, tant pis pour moi :-) (et je lirai la suite avec plaisir!)
Tu as mis le doigt sur l’essentiel et sur un doute pour moi. Pour la suite (partie3) j’ai déjà élaboré plusieurs choix mais je ne me suis pas fixer car justement je ne voudrais pas tomber dans la SF-Fantastique ni une narration "mystico-philosophique". Pour la partie 2 il n’y aura pas de MISHAL je vais me concentrer uniquement sur le personnage et son errance.

Bref beaucoup d’idée et pas mal d’incertitude sur la suite. (c'est ma premiere nouvelle et j'y crois beaucoup alors je voudrais pas me planter)
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Message  Invité Mar 15 Avr 2008 - 16:39

Est-ce-que le petit dernier est en route? C'est que j'attends...
:-)

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