Merde et Putain
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Sahkti
Lucy
Zou
Orakei
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Merde et Putain
(...)
Le gros allait finir de parler et j'avais furieusement envie de fumer une cigarette. Après le discours ils allaient tous se diriger vers le buffet, ingurgiter en une demie-heure les minuscules petits fours disposés en rond sur une nappe blanche en papier. Alors j'ai pensé que si je sortait pour fumer, je reviendrais à temps pour goûter aux tartelettes de saumon-satzikis. Donc, dans le froid, je tirais sur ma gauloise et je faisais des ronds dans le ciel. Quatre Ford Focus se trouvaient alignées devant moi, elles mataient mon nouveau costume. Je n'avais l'air de rien, j'avais un peu mal aux dents depuis mardi. Là, une porte en verre s'ouvrait, j'examinais les plaques d'immatriculation des quatre bagnoles cherchant un numéro ou une lettre qu'elles auraient en commun. Évidemment je ne prenais pas en compte le numéro du département. L'Isère: 38. Derrière puis devant la porte se tenait Philippe, le collègue proche de la retraite. J'avais entendu dans des discussions soporifiques qu'il était passionné de sport, qu'il pratiquait le décathlon et que sa femme était dépressive. Je ne lui avais jamais adressé la parole parce que je me foutais complètement de ce qu'il pensait du président ou du café de la nouvelle machine. Lui semblait ne pas se douter un instant que j'existais et, par conséquent, que je m'appelait Baptiste Inselberg. Quand l'athlète dit "Bonsoir, vous n'auriez pas du feu par hasard ?", j'ai perdu tous les chiffres stockés dans mon esprit depuis plus d'une minute. J'étais un peu remonté, alors j'ai produit un soupir profond et sonore et je lui ait balancé le briquet dans les mains. Il a fait la moue et "Merci.".
Les toasts étaient froids. Le saumon avait un goût de chiottes. "Merde" c'était le premier mot, "putain" c'était le second.
"Bonjour Monsieur Barrot", Barrot était mon supérieur hiérarchique. Chauve, épaisse lunettes de plastique noir, chemise orange, cravate bleu, costume noir à rayures turquoises. Le type voulait absolument montrer qu'il cherchait à se démarquer du troupeau, il aimait le luxe mais ne pouvait pas trop se l'offrir, il était fils d'ouvrier, cadre moyen, frustré, l' anti-beauf primaire, exactement. Celui qui feint de lire Schopenhauer dans le métro pour regarder le fessier bombé des lycéennes, celui-là. Barrot ne m'aimait pas parce qu'il me trouvait lisse, moi je détestais son impatience, ses veines sur ses tempes, ses putains de veines de merde.
Je m'énerve parfois, je rougis, je crie un peu mais pas très fort, je serre les poings dans mes poches, je fume une gauloise, je fais des ronds, j'éteins les lumières, je mange du cantal, je vais mieux mais je vomis.
(...)
Le gros allait finir de parler et j'avais furieusement envie de fumer une cigarette. Après le discours ils allaient tous se diriger vers le buffet, ingurgiter en une demie-heure les minuscules petits fours disposés en rond sur une nappe blanche en papier. Alors j'ai pensé que si je sortait pour fumer, je reviendrais à temps pour goûter aux tartelettes de saumon-satzikis. Donc, dans le froid, je tirais sur ma gauloise et je faisais des ronds dans le ciel. Quatre Ford Focus se trouvaient alignées devant moi, elles mataient mon nouveau costume. Je n'avais l'air de rien, j'avais un peu mal aux dents depuis mardi. Là, une porte en verre s'ouvrait, j'examinais les plaques d'immatriculation des quatre bagnoles cherchant un numéro ou une lettre qu'elles auraient en commun. Évidemment je ne prenais pas en compte le numéro du département. L'Isère: 38. Derrière puis devant la porte se tenait Philippe, le collègue proche de la retraite. J'avais entendu dans des discussions soporifiques qu'il était passionné de sport, qu'il pratiquait le décathlon et que sa femme était dépressive. Je ne lui avais jamais adressé la parole parce que je me foutais complètement de ce qu'il pensait du président ou du café de la nouvelle machine. Lui semblait ne pas se douter un instant que j'existais et, par conséquent, que je m'appelait Baptiste Inselberg. Quand l'athlète dit "Bonsoir, vous n'auriez pas du feu par hasard ?", j'ai perdu tous les chiffres stockés dans mon esprit depuis plus d'une minute. J'étais un peu remonté, alors j'ai produit un soupir profond et sonore et je lui ait balancé le briquet dans les mains. Il a fait la moue et "Merci.".
Les toasts étaient froids. Le saumon avait un goût de chiottes. "Merde" c'était le premier mot, "putain" c'était le second.
"Bonjour Monsieur Barrot", Barrot était mon supérieur hiérarchique. Chauve, épaisse lunettes de plastique noir, chemise orange, cravate bleu, costume noir à rayures turquoises. Le type voulait absolument montrer qu'il cherchait à se démarquer du troupeau, il aimait le luxe mais ne pouvait pas trop se l'offrir, il était fils d'ouvrier, cadre moyen, frustré, l' anti-beauf primaire, exactement. Celui qui feint de lire Schopenhauer dans le métro pour regarder le fessier bombé des lycéennes, celui-là. Barrot ne m'aimait pas parce qu'il me trouvait lisse, moi je détestais son impatience, ses veines sur ses tempes, ses putains de veines de merde.
Je m'énerve parfois, je rougis, je crie un peu mais pas très fort, je serre les poings dans mes poches, je fume une gauloise, je fais des ronds, j'éteins les lumières, je mange du cantal, je vais mieux mais je vomis.
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Re: Merde et Putain
Pas mal, décor et situation plantés, personnages brossés fort intelligemment en quelques lignes, ça ne demande plus qu'une suite, les trois points entre parenthèse l'annoncent non ? Euh juste le titre, moche.
Zou- Nombre de messages : 5470
Age : 62
Localisation : Poupée nageuse n°165, Bergamini, Italie, 1950-1960
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Merde et Putain
Oui le titre est complètement nul mais en fait c'est un extrait (du début) d'une longue nouvelle sur la vie Baptiste donc ça n'a pas de titre. Les trois petits points c'est pour cela.
Re: Merde et Putain
On ne s'offre pas le luxe, on l'achète. Je te conseillerais de modifier ce passage, à moins que tu places la narration volontairement dans le familier.il aimait le luxe mais ne pouvait pas trop se l'offrir,
C'est trop court en l'état pour te donner mon avis.
Invité- Invité
Re: Merde et Putain
Oui, le titre est à revoir. Comme Pandaworks, j'attends d'avoir un peu plus de matière, pour voir. Ceci dit, c'est plutôt pas mal parti.
Lucy- Nombre de messages : 3411
Age : 46
Date d'inscription : 31/03/2008
Re: Merde et Putain
Un itre, ça se change Orakei, même après postage :-) A toi de voir...
Belle entrée en matière, ça donne envie d'en savoir plus, de lire une suite.
Belle entrée en matière, ça donne envie d'en savoir plus, de lire une suite.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Merde et Putain
Oui, on attend la suite...
ninananere- Nombre de messages : 1010
Age : 48
Localisation : A droite en haut des marches
Date d'inscription : 14/03/2007
Re: Merde et Putain
Ouais, une bonne ambiance, c'est prenant, il y a un humour amer qui colle bien. J'aime ce texte, mais bon, pour le coup du type blasé avec la gauloise au bec, je trouve que ça fait un peu "cliché". Enfin je l'ai ressenti comme ça.
ah bon ? T'as déjà goûté ? ;-)
Les toasts étaient froids. Le saumon avait un goût de chiottes
ah bon ? T'as déjà goûté ? ;-)
Re: Merde et Putain
Quand l'athlète dit "Bonsoir, vous n'auriez pas du feu par hasard ?", j'ai perdu tous les chiffres stockés dans mon esprit depuis plus d'une minute.
très bon ça
moi aussi ce début me plaît pas mal
les personnages sont campés en quelques mots, la situation aussi
j'espère quand même qu'on se marrera un peu plus dans la suite que dans ce début un peu glauque ;-)
très bon ça
moi aussi ce début me plaît pas mal
les personnages sont campés en quelques mots, la situation aussi
j'espère quand même qu'on se marrera un peu plus dans la suite que dans ce début un peu glauque ;-)
Re: Merde et Putain
Un texte court mais dense. Il se passe plein de chose dans et entre tes lignes. Reste à savoir comment ceci s'inscrit dans un tout...
Re: Merde et Putain
mentor a écrit:
j'espère quand même qu'on se marrera un peu plus dans la suite que dans ce début un peu glauque ;-)
Tout ce que j'écris est glauque...Monsieur Freud ?
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