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Aux prémices de la dernière symphonie.

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Aux prémices de la dernière symphonie. Empty Aux prémices de la dernière symphonie.

Message  Thus Lun 21 Avr 2008 - 19:50

Aux prémices de la dernière symphonie.

A présent, je ne peux plus reculer: les remparts sont trop hauts et j'ai l'impression que plus je lutte, plus ils deviennent épais, larges, longs et forts. Ca en devient monstrueux.
A présent, je ne peux plus reculer: les autres combattants me poussent vers l'avant, m'écrasent les pieds, me donne des coups de coudes.
Certains sont joyeux. D'autres un peu moins. De petits groupements chantent l'Internationale tous en coeur. Oui, nous sommes des combattants. Non, nous ne sommes pas au Moyen-Âge. Et pourtant, beaucoup de parallèles pourraient être faits.
Les remparts sont des personnes. Toutes un casque protecteur sur la tête, un fin gilet sur le torse pour essayer d'échapper à la mort. Les camions, voitures, motos, et même vélos foisonnent. Il y en a une telle profusion.
Et bientôt, alors que notre combat était pacifique, on voit arriver des chars. Leurs chenilles martèlent nos cerveaux, à la manière d'un métronome. Oui, bientôt, c'est la symphonie qui se mettra en marche ! Mais on remplacera les cuivres, les percussions, les cordes par des tirs d'obus, des jetées de pierre, de sourds coups de matraque, le tumulte incessant de la foule, les cris de haine et puis les cris désespérés.
Et un, deux, trois, quatre.
La symphonie peut s'entendre à des kilomètres à la ronde et on peut même la ressentir. Les vibrations nous figent. Elles vont droit au coeur de certains. Une par une, les quilles tombent. Certaines chancèlent, et avec une intervention extérieure on les abat violemment sur le dur sol.
La symphonie nous émeut tellement. Nous aurions pu verser des larmes et nous petit à petit. Nous avons préféré nous vider d'une traite car une perte de temps aurait été inutile. Mais il y a bien une défaillance. Nous nous vidons de notre sang. Tout cela s'achèvera bientôt.
Et moi, seul, je contemple cet amas d'hommes sur le sol. Et l'océan rouge finit par me noyer.


Suite, racontée par un frère.

Tout le long des affrontements, je suis resté dans ma chambre. Mais je n'entends plus le tumulte de la foule. Ils sont sûrement tous rentrés. Enfin, tous. Lui, toujours en retard. Comme à son habitude. Mais je n'entends même pas le craquement des marches. Ni les pas lourds. Ni les gouttes d'eau. Il a commencé à pleuvoir il y a quelques minutes.
Les parents ne sont pas là. Ils travaillent. Dur en plus. Ils se tuent à la tâche. Nous n'avons pas de matériel technologique cependant. Et dans ma tête, les gouttes résonnent comme des cloches.
Je me faufile dans les couloirs. Les portes grincent et le parquet s'affaisse sous mes pas. Pourtant, je marche lentement et je ne suis pas lourd. M'enfin. J'arrive dans le salon. La fenêtre me fait face. Elle a l'air de me défier. A ma gauche, l'horloge me fixe. Elle me fixe, et m'envie. Je suis en vie et en mouvement. Elle ne l'est plus. Elle est trop vieille et il n'y aura pas de funérailles. Pas pour elle. Bref je n'y prête plus attention maintenant. Je suis indifférent à cette vieille horloge rouillée. Elle n'a plus aucune utilité. Elle ne nous sert plus. Et pourtant nous ne la jettons pas. Peut-être sommes-nous un peu humain. L'autre fou aurait dit que nous "humain, trop humain".
Je continue à m'avancer. Lentement mais sûrement. J'avance. Un pied devant l'autre. Nez à nez. Nous sommes nez à nez. La fenêtre se découvre à moi. Petit à petit. Le bois est vieux. J'approche ma main. Le bout de mes doigts touche cette vieille matière. Elle est rugueuse, granuleuse, noircie et fissurée. Je caresse ce bois. Il est vieux, et comme la majorité des vieux, il est aigri: je le caresse et lui sort les griffes. Les échardes plutôt. Pas grave, je lui pardonne. J'en aurais fait de même: on l'oblige à résister aux aléatoires changements de temps, il croule sous l'autorité, on se fiche de savoir s'il voudrait être un peu nourri, qu'on nourrisse un peu ses essences. Même si elles ne sont pas si nobles, communes même.
Bref, je l'ai bien observé. Mais ce n'était pas là le but que j'avais, avant de pénétrer dans le salon. Je reprends donc. Mes yeux se fixent au loin, à l'appartement d'en face. Pas de lumière. Ils ont du descendre eux aussi. La vitre est sale et mes yeux descendent progressivement sur les rues.
Des lampadaires sont tordus Le verre s'étend sur le sol. D'ailleurs, le sol est éventré. Il manque des pavés. Il manque trop de pavés. Et j'en vois UN, là-bas. Oui, c'était le voisin d'à côté. Il est tout rouge, sûrement un communiste, un adorateur du vieux Karl Marx et ses disciples. Mes yeux descendent encore un peu. J'en aperçois un autre, un deuxième, un troisième. J'arrête de compter. Et puis. Ca me prend au coeur. Les autres, je ne les connaissais pas. Mais là. Je ne suis plus maître de mon corps. Mes yeux ne peuvent se décrocher de cet homme et mes paupières ne se ferment plus. Je suis fixé et tout mon corps est intensément tendu. J'ai l'air livide, je crois. Mon visage se défige. Tout se relâche. Je tombe. Et dans ma tombée, je crois que ma tête heurte un coin du bord de la fenêtre.
Je me réveille. Je me relève et dans la fenêtre je me vois. Moi. Moi. Moi. Avec une bosse et une légère rougeur. J'ai encore la tête lourde. Et instinctivement, je le revois. Avec son vieil habit, ses jambes rapprochées et ses bras tendus. Il ressemble à un oiseau presque. Oui. Il avait voulu voler de ses propres ailes. Mais dans chaque voyage, dans chaque combat, il y a des pertes. Il reste toujours des survivants, et souvent, il n'y a pas d'énormes pertes. Mais voilà, il existe la théorie et la mise en pratique.
Et lui, il ne s'en est pas sorti.

Il y aura une suite sûrement, je me suis attaché aux personnages ... (étrange, sachant que j'ai créé ces personnages...)
Thus
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Message  Invité Lun 21 Avr 2008 - 23:55

J'ai aimé ce texte, le ton est juste, traversé par moment de ruisseaux d'adjectifs. Un bel équilibre entre fond et forme. Je me demande dans quelle mesure il était indispensable de mentionner Karl, j'avais compris au tiers texte déjà où nous étions. Le contraste entre la maison calme et la foule pas calme du tout est une bonne idée de travail.
J'aime beaucoup.
Bienvenue sur Ve.

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Message  Lucy Mar 22 Avr 2008 - 0:08

Des phrases courtes, un rythme qui me plaît ! C'est un bon début pour faire ton entrée sur VE. Le titre est, lui aussi, bien trouvé.
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Message  Sahkti Lun 28 Avr 2008 - 15:55

Je le remonte celui-ci, il est passé un peu inaperçu.

A mes yeux, ça se bouscule un peu trop, manque de cohésion, un certain brin de confusion, le tout pour dénoncer des images fortes engluées dans un procédé par tout le temps structuré. En même temps, ce côté désordonné colle assez bien à la puissance des idées, donc pourquoi pas.
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Aux prémices de la dernière symphonie. Empty Re: Aux prémices de la dernière symphonie.

Message  Anne Veillac Mar 29 Avr 2008 - 20:07

C’est un texte à la fois très visuel (j’ai eu des tas d’images devant les yeux en le lisant) et musical (il y a du rythme dans les mots, les phrases). Et j’avoue que, quelquefois, j’ai perdu le fil du récit, mais que le rythme des mots m’a fait continuer. Je suis revenue ensuite en arrière pour relire.
J’ai aimé la teinte fantastique de ce texte.
J’enlèverais le « M’enfin » qui n’est pas du même registre de langue que le reste.
Je suppose que c’est un début de texte et qu’il y a une suite.
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Message  souris Mar 29 Avr 2008 - 20:33

J'aime bien les deux points de vue, les phrases courtes, le présent, ce que ça raconte, mais moi aussi à un moment j'ai décroché et puis je suis revenue.
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