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NOUVELLE VAGUE : Le rire du kookaburra

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Message  à tchaoum Mar 6 Mai 2008 - 7:26

La version pdf ce trouve ici : http://membres.multimania.fr/poucet7/vildo.pdf

NOUVELLE VAGUE : Le rire du kookaburra Kooka
Le rire du kookaburra



Lui, il s'appelle Ebenezer Doyle.
Il y en a que ça gênerait de s'appeler Ebenezer, parce que c'est pas courant comme prénom, mais lui trouve ça normal et il a sans doute raison. Il est conducteur de road-train. La sono plein pot dans son tracteur, ça le fait toujours autant rigoler, le nuage de poussière que soulèvent ses quatre remorques sur la longue route rouge. Les abos, même les habitués, le prennent pour une tornade grondante, un vent contrariant qui va où il veut quand il veut, au mépris du grand souffle organisé ; et c'est assez rare qu'il ait l'occasion de s'en expliquer avec eux. Les quelques fois où la fortune de piste a permis ça, ils ont bien ri ensemble, peut-être pas beaucoup parlé mais beaucoup dit, et beaucoup bu ; ça s'est terminé tard et il s'est réveillé le lendemain tout seul dans le bush avec un mal de crâne taille adulte, et sa provision de Foster pour la route épuisée. Ebenezer Doyle ne voyage pas sans biscuits, mais des fois il faut bien refaire le plein. Ebenezer trimballe deux fûts de deux cent litres de gasoil de réserve par prudence, comme tout l'monde, mais pour l'heure ils sont vides, il va devoir faire le plein tout-carburant à XXX, la prochaine ville sur la carte.
Refaire le plein, oui, mais, et le nuage de poussière ?
Normalement à cette saison, Ebenezer soulève un panache tel que le malheureux -heureusement y en a pas beaucoup- qui veut le doubler doit faire le pari qu'il ne viendra personne en face pendant au moins deux kilomètres, deux minutes, c'est jouable, et qu'il n'y aura pas justement là, le temps de traverser l'écran de poussière rouge, un nid de poule de la taille d'un émeu qui te vous fait casser les dents sur le volant ou décoller la bagnole et l'envoie sous les roues du convoi, ou se résoudre à respirer dedans pendant encore cent ou deux cents kilomètres. Ou espérer que le conducteur du road-train devra s'arrêter bientôt pour soulager sa vessie du trop-plein de bière...
Oui bien sûr, le malheureux peut aussi s'arrêter sur le bord, s'en décapsuler une et se dire que ça n'est pas aujourd'hui qu'il sera à l'heure à son rendez vous.
Et que tant pis.
Le bush rend philosophe.
Mais aujourd'hui Ebenezer ne rigole pas du tout, ne soulève rien du tout, ça fait cinq jours qu'il pleut. La piste n'est déjà pas très bonne d'ordinaire, mais là, c'est du sport ! Il y trace des ornières qui resteront, c'est Ebenezer qui vous l'dit ! La terre a bu tout ce qu'elle pouvait, elle va garder le reste pour la suite, en surface !
Dans les dernières heures le niveau est monté, la piste est noyée, on ne la devine plus qu'aux buissons qui la bordent, et ils sont rares.
Heureusement, XXX n'est plus très loin ; malheureusement, au train où ça va -au road-train, même !- il en a déjà jusqu'à l'essieu... Ebenezer est tout ce qu'il y a de sérieux, il a coupé cette musique de... de mec assis bien tranquille au sec dans son studio d'enregistrement, ici c'est la vraie vie, et elle ne se gagne pas toute seule. Vaut mieux écouter le régime moteur que la ligne basse-batterie. Après sa tournée dans les fermes de l'intérieur, ses quatre remorques transportent sur trois étages mille deux moutons.
Mille deux, c'est marqué sur le papier, on ne sait pas les deux quels...
Déjà en temps normal, sur mille deux moutons, il y en a toujours au moins un qui gueule, mais tant que ça roule et avec la sono, on s'en fout un peu.
Là, ont dirait bien qu'ils s'y sont tous mis.
Putain, y a de l'eau partout, et des arbres de loin en loin, et une vache qui patauge par-ci par-là. En une journée, l'horizon s'est fait liquide. On voit la tôle ruisselante des maisons de XXX qui brille sous cette drôle de lumière grise. Elles sont à portée de... et merde, une déclivité, plof, le tracteur a le ventre dans l'eau, le moteur renifle et s'étouffe. Noyé !
En rade, en drapeau, en carafe, planté.
Ebenezer est un type lucide, il prend donc tout le recul que son dossier lui permet et le temps de fumer un clop au volant en pestant (plus de bière !). Il écoute la complainte des moutons en marmonnant « Putain Seigneur, vous êtes tout de même salaud avec moi. »
Et puis faut y aller. Il ouvre la portière, envoie d'une pichenette son mégot en éclaireur dans la flotte (pshiii), et saute.
Merde !
Jusqu'à la braguette !
Ça lui saisit les parties, ouuuha-la-vache, elle est froide !
Enfin, pas vraiment froide, mais ça surprend.
XXX s'est construite en hauteur, au moins trois mètres par rapport au niveau de la piste où le camion est comme un bateau échoué. On a les villes qu'on peut, ou celles qu'on mérite. Dans un rayon de trois cents kilomètres, XXX est LA ville, le seul endroit ou l'on puisse prendre une mufflée ; à XXX le seul pub, le seul hôtel, avec l'hôtel de ville vestige de la grandeur minière passée, qui fait salle de bal, quelques fois cinéma ou salle de mariage, le seul bureau d'état civil, la seule épicerie-boucherie, la seule pompe à essence, le seul garage et le seul magasin de pièces détachées, le seul bureau de poste, le seul poste de police et donc la seule prison, la seule piste de two-up et la seule chance de s'envoyer en l'air pour pas trop cher et pour qui n'est pas regardant, comme un prospecteur saoul après six mois d'isolement. XXX est donc une ville, marquée sur la carte, et une ville vivante quand elle n'est pas cernée par l'eau, ce qui est déjà arrivé du temps du grand père du père de l'aborigène qui l'a raconté. Enfin, déjà arrivé que soit cerné par l'eau, pas la ville, mais le lieu sur lequel elle s'est construite, bien connu des deux tribus qui le pratiquent et le revendiquent comme lieu sacré, plus exactement sacré à l'emplacement précis du pub, ce qui autorise les pèlerinages. Et c'est un carrefour, un passage obligé. La piste que suit Ebenezer y rejoint l'axe nord-sud, qui mène au port où il conduit ses moutons.
XXX doit être encore à cinq bons kilomètres. Avec de l'eau jusqu'aux... Ebenezer remonte dans son camion, empoigne son sac de voyage, et replonge aussi sec.
Façon de parler.
XXX droit devant, la ville et sa protection, tout son confort et sa chaleur moutonnière -rhâââ ! ne parlez plus de moutons- construite pour que l'homme soit à l'abri des vicissitudes et des caprices de mère nature.
Une vingtaine de bâtisses et leurs dépendances dispatchées autour du carrefour par ordre d'entrée en scène, de mise en service. Toutes constructions en tôle ondulée marbrée de rouille, très « couleur locale ». Ebenezer y est déjà passé, il y a juste taillé une bavette et bu une bière à la pompe avec le mécano rouquin. Il n'en connaît pas davantage les habitants et leurs us et coutumes, encore que dans ces villes du bush, tout ça se ressemble. Son sac sur la tête -la bandoulière est trop longue- il avance sous la pluie qui a encore des choses à dire.
Quand on pense qu'on en voit marcher dans l'eau sur la plage pour le plaisir, pour se muscler les jambes ou s'affermir la taille !
Il n'a même pas fait deux kilomètres qu'il est fauché par un courant traître.
Un vieil aborigène l'a dit :
ici, des fois, il y a une rivière.
Mais des fois, des fois quand ? La dernière, ça remonte à y a longtemps ?
Ouiii, longtemps !
Mais longtemps comment ?
Ooooh longtemps longtemps. Le père de mon père l'a vue. Et son père a vu quand il y a l'eau partout.

Ebenezer perd son sac en tentant de retrouver l'équilibre et reperd l'équilibre en voulant le rattraper. Raté ! Perdu pour de bon ! Il pousse un juron, mais la tête sous l'eau, ça ne pardonne pas, il boit la tasse du siècle. Toussant, crachant, il s'épuise à contre-courant avant de se laisser dériver pour reprendre pied plus loin, en eau plus calme, le pantalon qui colle aux jambes, la veste en peau pesant une tonne et la tête bouffée par l'inventaire de tout ce qu'il y a dans le sac ; il avance en triple pesanteur, mécaniquement, balançant comme un métronome le buste et les bras pour donner de la puissance aux jambes. Il boit encore deux ou trois fois la tasse en trébuchant sur des caillasses ou des racines, puis ça remonte en pente douce. Jusqu'aux genoux, jusqu'à mi-mollets, plus que jusqu'aux chevilles, il est vanné, vidé, rincé, lessivé quand il atteint la « pancarte » à l'entrée du hameau, du bourg, enfin, de la ville, selon les normes du coin.
La pancarte !
Sur le capot défraîchi d'une Holden 1967 planté dans le sol contre un santal, en lettres maladroites et appliquées : XXX. Un rigolo a déjà rajouté en dessous à la peinture noire ISLAND.
XXX ISLAND ! Ça va rester aussi longtemps que la peinture et même au delà, quand le désert ordinaire aura repris ses droits. Ça ne fait même pas rire l'Ebenezer exténué qui atteint péniblement le carrefour. Pas un chat ! C'est bien une rue puisqu'on est en ville, mais ça demeure une piste et sa terre gorgée d'eau est une vraie patinoire. Ebenezer glisse dans la boue rouge et s'étale de tout son long devant l'épicerie-boucherie.
Un pick-up Toyota jaune crotté fait une embardée pour l'éviter et s'arrête en travers. Il en descend un capuchon bleu criard, une petite bonne femme à la quarantaine fraîche qui se précipite sur lui.
- Eh ben mon gars, ça va pas ? Un peu plus et je vous roulais dessus !
Elle l'aide à se relever, l'épaule jusqu'à sa voiture, le fait monter sans souci de la boue dont il est maculé et démarre pour les cinq cents mètres qui lui restaient à faire. Ebenezer est tellement groggy qu'il n'entend rien de ce qu'elle dit, des questions qu'elle lui pose. Hébété, il suit des yeux le balancement de la peluche suspendue au rétroviseur, un kookaburra, le martin-pêcheur, l'oiseau bleu emblématique au fameux rire. Ça le fait sourire, juste avant de piquer du nez, il arrive à dire :
- Marrant, j'ai le même dans mon camion...
Son camion dans le lac et lui dans la mélasse.
Elle se gare devant chez elle, une jolie maison au toit de tôle en bull-nose qu'on s'arrache à prix d'or dans le sud de l'état, avec une véranda ouverte tout autour. Une véranda pour prendre l'air en regardant quoi ?
XXX qui s'étale devant et se résume aux quelques rares baraquements saupoudrés pas trop près les uns sur les autres, et le bush immuable derrière.
Aujourd'hui, dans le jour qui décline, on peut y voir comme la mer, qui d'ordinaire est beaucoup plus à l'ouest.
XXX ISLAND offre sur trois cent soixante degrés l'uniforme panorama d'un immense lac (a once in a lifetime event), miroitant du coucher d'un soleil qui vient saluer alors qu'il n'a pas joué grand rôle jusque là !
La petite dame a eu plus peur qu'Ebenezer, qui ne s'est à peu près rendu compte de rien, il était déjà en pilotage automatique bien avant de se vautrer dans la rue principale de XXX .
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Message  à tchaoum Mar 6 Mai 2008 - 7:35

La petite dame s'appelle Lizbeth Attenborough. Lizbeth s'active autour d'Ebenezer qui émerge en dégoulinant sur le vénérable parquet et qui grelotte dans ses vêtements trempés. Elle écarte le tapis en patchwork. Il a du mal à parler :
- ... mon camion, le moteur noyé, les moutons, nagé-marché dans la flotte tout l'après midi, en peux plus... vais tout vous dégueulasser.
- Vous allez surtout attraper la mort, il faut vous sécher, mais d'abord un bain chaud pour vous remonter en température ! Je vous fais couler ça, donnez moi vos habits !

Ebenezer est un peu gêné, il se laisse traîner à la salle de bain, passe une à une à Lizbeth ses frusques ruisselantes et collantes de boue latéritique dans l'entrebâillement de la porte et se coule dans la baignoire d'une eau propre et chaude qui le réconcilie avec la vie. Le camion, les moutons, le sac, tout ça lancine dans sa tête, mais il s'endormirait presque, apaisé.
L'eau de la baignoire est devenue rouge et tiède quand Lizbeth le sort de sa torpeur. En détournant les yeux, elle pose furtivement sur la chaise une serviette propre, un pyjama et une robe de chambre. Plus une paire de pantoufles.
- Enfilez ça, c'est à mon mari, en attendant que vos habits soient secs, je vous prépare un petit quelque chose dans la cuisine.
Ebenezer va mieux, mais il ne sent plus ses jambes. Il rejoint Lizbeth qui a couvert la table de victuailles et lui colle d'office un café brûlant dans les mains, puis elle se sert un thé.
- Alors mon pauvre monsieur, qu'est-ce qui vous est arrivé ?
Il raconte en détail son camion embourbé, ses mille deux moutons là bas, avec les deux qu'on sait pas lesquels c'est, qu'il a perdu son sac avec ci et ça dedans. Et qu'il ne sait pas bien comment il va s'en sortir.
- Avec beaucoup de difficultés ! Comme ici, comme toujours. Bienvenue à XXX. conclut Lizbeth qui éclate de rire.
Elle se veut rassurante, ça va s'arranger, mais pour l'instant, les hommes sont tous à la fabrication des radeaux ou déjà partis pour conduire les vaches sur les hauteurs. La ferme voisine (à cinquante kilomètres) a appelé au secours par radio, le lac en immense, toute la cuvette est inondée. Le mécanicien a bricolé des moteurs et plusieurs habitants ont des zodiac pour leurs « vacances de pêche », mais des vaches, dans des zodiac...
- Vous avez lu « la mort d'un lac » d'Arthur Upfield, vous savez, Boni, le détective métis ? Ben nous c'est le contraire !
Lizbeth se remet à rire, ça aussi ça réchauffe.
- Mangez ! Mangez ! Prenez des forces, on n'est pas sorti de l'auberge ! Vous vous appelez comment ? Vous êtes en pyjama dans ma maison à goûter ma cuisine et je sais même pas votre nom. Moi c'est Lizbeth Attenborough... Lizbeth.
- Ebenezer Doyle, ma'ame, euh... Lizbeth.
- Ebenezer ? Comme c'est drôle (et de repartir à rire) mon mari aussi s'appelle Ebenezer, c'est pourtant pas courant comme prénom, hein ? Avouez qu'il y a de ces coïncidences, hein ? Mais mangez ! Mangez !

Ebenezer, qui flotte dans les pantoufles, le pyjama trop grand et la vaste robe de chambre mange en bavardant avec Lizbeth assise sur le coin de la table. Lizbeth est une assez jolie femme, elle a les pommettes hautes, le nez pointu, la peau tannée des gens du bush, des yeux verts presque trop grands pour son visage de musaraigne et des dents comme un collier de perles.
La pluie a cessé, la nuit est tombée.
- Alors comme ça vous aussi, vous avez un kookaburra en pendeloque ? Eh bien moi j'en ai deux ! et elle tire de l'échancrure de sa blouse un médaillon martin-pêcheur en lapis-lazuli qu'elle lui secoue sous le nez.
La porte s'ouvre, le gigantesque Ebenezer Attenborough repasse par chez lui.
D'un seul coup d'oeil il a compris la situation : un étranger chez lui, dans ses pantoufles, sa robe de chambre, un pyjama à lui avec sa Lizbeth en blouse qui lui fait des sourires !
- Lizbeth ! Ma Lizbeth ! Et toi sale bâtard, pendant qu'on patauge...Attends, tu vas voir !
Drizabone-ouragan, il se précipite sur l'Ebenezer Doyle qui a juste le temps de renverser sa chaise en se levant pour prendre une rafale de coups d'énormes poings. L'Ebenezer Doyle va au tapis sans avoir pu esquisser un seul geste pour se défendre pendant que Lizbeth ceinture son Ebenezer en hurlant :
- Mais-arrête-mais-t'es-fou ! Ce pauvre monsieur est un camionneur en carafe, j'ai failli l'écraser... L'Ebenezer furieux sur sa lancée a encore le temps de flanquer une terrible gifle à sa femme avant de comprendre qu'on lui explique quelque chose...
Pendant que l'Ebenezer Doyle gémit sur le parquet, l'Ebenezer Attenborough apprend toute l'histoire de sa femme furibarde qui se tient la joue, un oeil fermé. Il ne sait plus où se mettre, il se confond en excuses, aide Doyle à se relever,
- Rhôôô je suis désolé, non mais vraiment désolé, excusez moi, mon vieux, mettez vous à ma place, qu'est-ce que vous auriez cru ?
- Hça va, hça va,
réussit à dire le malheureux avec la mâchoire douloureuse et la lèvre éclatée ; il fulmine en aparté : « Mais putain, Seigneur, qu'est-ce que je vous ai fait ?! »
Le mari calmé, penaud, se tourne vers sa femme,
- j'te demande pardon mon p'tit bout d'coeur, un instant j'ai cru que lui et toi...
- Je le vois bien ce que tu as cru, sombre brute ! Vingt ans de mariage sans un nuage, et voilà ! La confiance règne !
Elle s'écarte de lui, verse son thé sur une serviette et se l'applique sur le côté tuméfié.
- J'te d'mande pardon, j'te d'mande pardon... il ne sait plus dire que ça, il pleure.
- Ça ira, mon gros jaloux, c'est signe que tu m'aimes toujours, n'empêche, on en reparlera ! Mais qu'est-ce que tu fais ici ? Vous n'étiez pas aux radeaux ?
- Si, mais on manque de fûts, il m'en reste un dans la remise, je passais le prendre et te faire une bise...
- Hj'en ai hdeux sur mon hcamion, si ça hpeut vous hdépanner,
glisse l'Ebenezer Doyle.
- Ah, pas d'refus, mon vieux, j'envoie les chercher. Bon ben je prends le mien et j'y retourne. Lizbeth, j'embarque aussi les lampes à pétrole. Vous, vous dormez ici, mon vieux, faites comme chez vous. Reposez vous, mangez, mangez, reprenez des forces, moi je rejoins l'équipe, on va chez les Rumsfield. Normalement on est revenu demain soir, on verra ensuite pour vos moutons, pour l'instant c'est priorité aux vaches.
Il cajole encore Lizbeth qui lui arrive à peine au plexus, qui l'embrasse, l'assure que oui-oui, tout est pardonné... mais qu'on en reparlera ! et le fiche dehors.
- File ! Les autres t'attendent ! Mes amitiés à la ferme des Rumsfield quand vous y serez...
Lizbeth revient vers Ebenezer Doyle et, d'autorité, l'entraîne de nouveau vers la salle de bain.
- Asseyez vous, on va voir si on peut vous raccommoder, dit-elle en ouvrant l'armoire à pharmacie.
Assis, un oeil fermé lui aussi -demain il aura son plus beau coquard depuis l'école primaire- Ebenezer s'abandonne aux mains de Lizbeth qui lui tamponne le visage, lui passe un onguent sur la lèvre et, même si d'un seul oeil on a pas le relief, il a tout de même à portée de nez deux beaux seins sous la blouse. L'oiseau du pendentif y semble rire et son rire se mélange à celui de Lizbeth.
Une main tenant la compresse de thé sur son oeil en berne, Ebenezer lève timidement l'autre :
- Lizbeth, votre mari a cru...
Alors Lizbeth s'assied sur ses genoux.
- Chut, dit-elle en l'embrassant sur le nez. Oui, il a pris pour probable ce qui était possible, on n'a qu'à dire que tu as payé d'avance.
Elle attire son visage tuméfié contre sa poitrine, c'est la meilleure des pommades. Avec son sourire improbable de nacre, elle ajoute :
- Et si d'aventure, selon ce qui va suivre, il m'arrive un jour de soupirer dans mon sommeil, oooh Ebenezer, mon jaloux de mari en sera bien content...
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Message  apoutsiak Mar 6 Mai 2008 - 10:58

.

Je me sens tout sale. C'est preuve que j'ai, moi aussi, bien voyagé dans ce bush gorgé d'eau. Après la sortie du mari, tu crois vraiment qu'ils n'auraient pas du tout froid aux yeux (d'ailleurs, le coquard...) ?

Quelques remarques :

La sono plein pot dans son tracteur, ça le fait toujours autant rigoler, le nuage de poussière que soulèvent ses quatre remorques sur la longue route rouge.

Qu'est-ce qui le fait rigoler ? La sono ou le nuage de poussière ? Les deux ? Un problème de forme, là.

peut-être pas beaucoup parlé mais beaucoup dit, et beaucoup bu

beaucoup ri, non ? si pas beaucoup parlé.

deux fûts de deux cent litres

deux cents litres

qui te vous fait casser les dents sur le volant

il n'y a pas un pronom de trop ?

rendez vous : rendez-vous

que ça n'est pas aujourd'hui qu'il sera à l'heure à son rendez vous.
Et que tant pis.
Le bush rend philosophe.
Mais aujourd'hui Ebenezer ne rigole pas du


J'en aurais profité pour aérer les paragraphes.

à XXX le seul pub, le seul hôtel, avec l'hôtel de ville vestige de la grandeur minière passée, qui fait salle de bal, quelques fois cinéma ou salle de mariage, le seul bureau d'état civil, la seule épicerie-boucherie, la seule pompe à essence, le seul garage et le seul magasin de pièces détachées, le seul bureau de poste, le seul poste de police et donc la seule prison, la seule piste de two-up et la seule chance de s'envoyer en l'air pour pas trop cher et pour qui n'est pas regardant, comme un prospecteur saoul après six mois d'isolement.

On attend un verbe : A XXX le seul pub... le seul bureau de poste...la seule piste.... quoi ?

plusieurs habitants ont des zodiac pour leurs « vacances de pêche », mais des vaches, dans des zodiac...

Des Zodiac, la marque n'est pas devenue, comme Frigidaire, un nom commun.

salle de bain : salle de bains

.
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Message  Kilis Mar 6 Mai 2008 - 11:22

J'ai pris du plaisir à l'aventure. Malgré certaines maladresses d'écriture, ton texte dégage des images et les images j'aime ça.
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Message  Gobu Mar 6 Mai 2008 - 11:52

Sympathique virée en road-train à travers le bush inondé. En effet un événement unique dans une vie ! Y a en effet du Updike là-dedans, et dès lors c'est normal que ça sente le mouton, la bière, et les pains dans la gueule. La fin façon vaudeville rural est un agréable clin d'oeil.
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Message  Invité Mar 6 Mai 2008 - 12:14

Et les 1002 moutons dans tout ça ? Tu y as pensé aux moutons ? Ils prennent du bon temps eux aussi avec ces conditions météo cataclysmiques ?
Divertissante ton histoire, et contraire à la morale (hum !). Apprécié aussi la référence à Upfield. L'exotisme au pays des aussies passe très bien d'autant que tu y a mis les détails idoines. N'empêche qu'il faut une imagination culottée pour pondre une ville d'eau dans le bush...

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Message  Yali Mar 6 Mai 2008 - 12:16

peut-être pas beaucoup parlé mais beaucoup dit,…
Ça, faut avoir rencontré un aborigène ou un kanak pour saisir :-)
Belle balade australienne avec tous les ingrédient indispensables à ladite balade. L'ambiance est parfaitement rendue, l'histoire conduite avec style — bien qu'il se fasse hésitant quelquefois, un peu comme s'il n'osait pas tout à fait. Bémol pour le final, ce serait-il rien passé entre ces deux-là, que ça m'aurait été à merveille.

Anecdote : je suis dans Kenneth Cook en ce moment.

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Message  apoutsiak Mar 6 Mai 2008 - 12:20

.

Oui, j'aurais dû y penser. Ce qui rend caduque mes deux lignes suivantes :

"peut-être pas beaucoup parlé mais beaucoup dit, et beaucoup bu

beaucoup ri, non ? si pas beaucoup parlé."
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Message  Lucy Mer 7 Mai 2008 - 1:23

Un excellent trip dans un pays que je ne connais pas. Mais comme le souligne Island, oui, une ville d'eau dans le bush, c'est gonflé.
La fin est pas mal trouvée mais s'il n'y avait que ça !
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Message  à tchaoum Mer 7 Mai 2008 - 7:33

apoutsiak a écrit:Qu'est-ce qui le fait rigoler ? La sono ou le nuage de poussière ? Les deux ? Un problème de forme, là.
oui, c'est sans doute à reformuler. Il rigole du nuage de poussière, mais c'est l'ambiance générée par la sono qui pousse à en rire, parce que sinon, ce n'est pas un travail très marrant.
peut-être pas beaucoup parlé mais beaucoup dit, et beaucoup bu
beaucoup ri, non ? si pas beaucoup parlé.
Non-non, mais Yali a déjà remis dans l'axe, merci à lui. Il y a des histoires marrantes à ce sujet, certaines personnes parlent pour ne rien dire, chez d'autres, il n'est guère besoin de mots...
qui te vous fait casser les dents sur le volant il n'y a pas un pronom de trop ?
Pas à mon goût, j'irais même jusqu'à écrire "qui te vous nous fait..."
J'en aurais profité pour aérer les paragraphes.
c'est noté.
à XXX le seul pub, le seul hôtel, On attend un verbe : A XXX le seul pub... le seul bureau de poste...la seule piste.... quoi ?
Pas d'ac' : "à toi l'aile, à moi la cuisse"
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Message  claude Mer 7 Mai 2008 - 19:35

A tes souhaits ! mais ça m’étonne pas qu’après ça t’aies attrapé la crève. C’est mené rondement et pluie battante ! j’aime tes dialogues. ils sonnent juste. Idem pour les situations et les actions. C’est plus vrai que nature. Le tout sonore et visuel, c’est un voyage pour les esgourdes et les mirettes. Très dépaysant !

claude

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Message  Lucy Jeu 8 Mai 2008 - 0:13

" Le rire du kookabura " : c'est bien ce qui me semblait ! Je viens de trouver un CD, au travail, dont l'un des titres est " Koukaboura ". Chanson anglophone adaptée en français. C'est drôle de tomber sur ce titre justement aujourd'hui.
*Désolée d'avoir fait irruption pour si peu...*
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Message  Sahkti Jeu 8 Mai 2008 - 8:33

Je vais être le bémol au milieu des autres commentaires mais voilà, si je me suis laissée emportée de temps à autre dans cette aventure, je suis aussi restée sur le côté à d'autres moments, estiment que le récit n'était pas assez développé ou que tu passais rapidement à d'autres points. Traitement inégal donc, parfois laborieux, surtout au début, avant d'arriver à une fin qui se précipite et ne m'agrée que moyennement; j'aurais évité les bisouilles, questions de goûts, j'aime quand il ne se passe rien ou que ce n'est pas dit.

Le rythme de narration, parfois trop trépidant, m'a empêchée d'accrocher. C'est pourtant une ambiance et un territoire que je connais, mais voilà, quelque chose n'a pas pris en moi.
Peut-être ce personnage principal que je trouve un peu manchot de s'enfoncer alors qu'il est capable de prendre toute la place sur une route et tant pis pour les suiveurs.

Détail: la répétition des XXX apporte peu, avis perso.
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Message  Arielle Ven 9 Mai 2008 - 8:08

"ici c'est la vraie vie, et elle ne se gagne pas toute seule"
Un fameux résumé de la situation! J'ai adoré la première partie, le bush plus vrai que nature malgré l'innondation tellement improbable mais si bien décrite et vécue qu'on l'avale sans problème et qu'on en demanderait presque une rasade supplémentaire. J'aime moins l'arrivée du mari et ce qui s'en suit, plus conventionnel mais savoureux quand même jusqu'au bout.

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Message  Krystelle Dim 11 Mai 2008 - 7:18

Un style vif qui rend le récit alerte, parfois peut-être trop, j'ai dû revenir un peu en arrière pour être sûre de ne pas m'être perdue, mais rien de très grave.
J'aime bien ta manière de raconter, c'est vivant et pas commun.
J'aime moins cette fin qui semble se précipiter parce qu'il faut bien finir par quelque chose...

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Message  Reginelle Dim 11 Mai 2008 - 13:12

je rigole, parce que, comme Island, la question "et les moutons dans tout ça" m'a pas mal travaillée !
ça aurait été la moindre des choses que tu nous ajoutes deux ou trois mots, histoire de nous rassurer à leur sujet ! Parce que, tu veux que je te dise ? Eh bien, ce bonhomme qui fiche le camp, comme ça, sans même se soucier de leur ouvrir la porte, leur offrant ainsi une chance de se dépatouiller par eux-mêmes, ben... je lui aurais volontiers botté les fesses !
Sinon, je me suis bien amusée à le suivre, ton bonhomme. Et dans des lieux que j'aime particulièrement. Alors, ça a été tout plaisir...

Sauf pour les moutons... mais bon...
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Message  Invité Dim 11 Mai 2008 - 13:22

un bon moment de lecture, distrayant: Merci atchaoum.
Je ferai un commentaire plus poussé bientôt promis.

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Message  bertrand-môgendre Dim 11 Mai 2008 - 21:48

Que dire, après le déluge dans un désert somme toute très peuplé ?
De la gouaille qui pue l'ail parmi ces ouailles, ça sent fort le musc !
Commentaire sous forme de compliment pour ce dépaysement singulier.
Brutal, ce mari jaloux. Ne serait-il pas mieux resté loin de nous ?
Dans cette ville où l'eau est présente, qu'y a-t-il d'autre à voir ?
En un mot : Bravo
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Message  Charles Mer 14 Mai 2008 - 14:25

J'ai eu du mal à rentrer dans ta nouvelle. Les XXX m'ont à chaque fois sorti du récit, j'aurais préfér un nom inventé ... Le style du début, avant la rencontre avec lisbeth m'a peut être un peu laissé à côté aussi. Parfois, peut être quelques phrases trop longues, trop à tiroirs et pas suffisamment bien découpées.

Après la rencontre, j'ai trouvé ça bien meilleur et je me suis laissé emporté. Avec ce décor, j'ai forcément pensé à kenneth Cook dont Yali parle et aussi au cul de sac de Douglas Kennedy, même si celui-ci est bien en dessous.
Bref, jolie inspiration dépaysante !
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Message  mentor Ven 16 Mai 2008 - 15:05

délicieux ! J’ai adoré ! Surtout la fin :-))). Pratique de coucher avec Ebenezer quand le mari s’appelle pareil, ça évite les problèmes en cas de rêves parlants… Au début j’ai un peu pensé au Salaire de la peur, mais toute cette eau, l’image a vite changé. ;-) Un coup de chapeau, Apou, comme Bertrand, bien documenté, tu parviens à nous plonger dans un environnement crédible. Excellent texte.
(les XXX m'ont gêné, j'eusse préféré un nom, n'importe, mais un nom)

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