Des mots grains

[Yali]

Des mots j’en ai plein ma besace caboche.
Des mots j’en refourgue de ci de là.
Comme ça va vient
Ou comme ça vient va pas.
Avec les mots souvent je brille.
Parce que les mots, je me les lustre
Les lustre depuis des lustres.
M’illustre, illustre avec
Le monde, la vie, le reste…
Sauf que voilà, des mots devant toi
N’en ai plus aucun
Juste des mots mélange pinceaux
Pour un délié,
j’invente un plein
Au relief
je confonds bas et haut
Me les calligraphie :
dazibao
Me les presse :
tabloïd
Au transparent, je rhodoïd
Au cristallin, je pellucide
Des mots…
Des mots pluie sans para
Des mots gouttes glisse peau
Des mots lèches bouche
Des mots bouffes lèvres
Des mots mords pulpe
Des mots « je te mange »
Des mots comme autant de baisers mordants
Des mots comme « Je t’aime tant »
Les mots vrais
Jamais m’arrivent en lippe
Alors
C’est juste peut-être qu’alors
C’est un peu de leur faute aux mots
Parce que les mots sont courts
Ou infiniment courent trop
Sous la caboche
Plutôt que de faire bouche, mouche
Et s’envoler
Grains de beauté

[Saint Jean-Baptiste]

Un bel hommage aux mots ! Aux mots qu'il faut trouver pour le dire et qu'on ne trouve jamais quand il le faut ! Et indirectement, c'est presqu'une déclaration…
C'est très inventif et très personnel : le style Yali ! Le tout donne une très belle harmonie, beaucoup de rythme pour un beau poème !
Tu as retrouvé ta verve, on dirait ?

[mentor]

Tu joues tellement avec les mots, Yali, qu'à la 4ème ligne, y en a un de trop... ;-)
Et, puis ça pourrait durer ce jeu, j'ai l'impression que tu as arrêté parce que tu devais aller faire les courses, non? Sinon tu y serais encore dans ton "poème".
J'aime beaucoup:
"Avec les mots souvent je brille.
Parce que les mots, je me les lustre"

[Yali]

Tu joues tellement avec les mots, Yali, qu'à la 4ème ligne, y en a un de trop... ;-)

Que nenni Mentor, des fois les mot ça vient va et d’autre fois ça vient va pas :-)

[mentor]

Tu joues tellement avec les mots, Yali, qu'à la 4ème ligne, y en a un de trop... ;-)

Que nenni Mentor, des fois les mot ça vient va et d’autre fois ça vient va pas :-)

Okay okay, les circonvolutions cérébrales des poètes me seront toujours impossibles d'accès! ;-)

[Krystelle]

Des mots gouttes glisse peau
Des mots lèches bouche
Des mots bouffes lèvres
Des mots mords pulpe

Ils sont justes, il sont beaux ces mots-là, encore une fois.
La poèsie te va bien aussi. Vraiment.

[Lyra will]

Trés joli Yali, j'aime beaucoup ! Et j'aime aussi beaucoup le thème.
Je trouve également que la poésie te va bien, et tous ces mots, c'est un régal.
Des choses dites en quelques lignes, de belles trouvailles, je retiens d'ailleurs celle-là, parmi d'autres :

Parce que les mots sont courts
Ou infiniment courent trop

Niveau sens et son, je trouve ces deux vers excellents !!!

[Sahkti]

Des ronds de mots pour des ronds de jambes, des jeux de mots pour des jeux de coeur. Technicité dans ce qu'elle a de beau et puis des messages, tout plein de messages derrière tout cela, en passant de la vanité à l'humilité. Et ça, c'est pas si souvent

[Nothingman]

J'ai aimé Yali ce petit texte, jouant sur les mots! Très inventif, un peu différent de ce que tu fais d'habitude : une technique plus poétique et pourtant on sent ta patte! Ce texte est aussi très chantant. En lecture à voix haute, ça le fait!

[Zou]

Et dire que j'avais raté celui-ci. Belle moisson de mots et comme c'est bien dit leur avalanche ou leur manque !

[Reginelle]

Juste des mots mélange pinceaux

A défaut de les souligner tous, je ne relève que ceux-ci de tous ces mots jaillis d'une besace caboche et qui font mouche et touchent. Au hasard...

de la poésie telle que je l'aime.

Merci !

[apoutsiak]

Une petite note discordante d'Apou, pour qui les mots brillent trop, justement, ils sont bavard, veulent se pavaner. Je viens de commenter ton poème éthylique et je le trouve bien plus réussi, plus touchant.

[pierre-henri]

L'un des critiques met poème entre guillemets, un autre évoque avec doute la poésie...
Pour ma part, en dehors de la typographie, j'ai beau lire, ben, non, je ne trouve rien de poétique.
et si quelqu'un m'expliquait ?

[Reginelle]

Expliquer ?

Pourquoi ai-je autant de plaisir à écouter l'Horloge de Haydn et pourquoi cette même symphonie hérisse-t-elle les nerfs de ma soeur cadette ?

Poème entre "" certainement parce que celui-ci ne se présente pas sous une forme classique. Pareil pour "le doute" à propos de poésie ou pas.
Et doute plus fort encore chez ceux qui s'obstinent à contenir la "poésie" dans un carcan de règles strictes. Finalement, la poésie n'est-ce pas davantage que compter des syllabes ou rimer des vers ?

Poésie veut dire : faire, créer. Si l'on s'en tient à cette définition, tout créateur serait poète. Et pourquoi pas, après tout ? Mais bon... je ne crois pas que cela suffise.

Il est possible de disséquer un poème, et démontrer son "mécanisme". Il est possible d'expliquer ce qui dans son rythme, sa forme, son thème, émeut, soi ! Mais il n'est pas possible de transmettre cette émotion à quelqu'un d'autre. On peut la lui décrire, pas la lui faire ressentir. Même la poésie exprimée par les plus beaux, les plus harmonieux alexandrins, peut laisser indifférent. Si cette forme-là ne trouve pas d'écho en celui qui la lit ou l'écoute, et ce n'est pas en la lui expliquant en long et en large qu'il finira par l'apprécier. Ce qui ne l'empêchera pas de la trouver ailleurs, cette poésie. Sous une autre forme, ou dans un autre mode d'expression.

Je pense que la poésie, comme tout, est affaire de perception très personnelle. C'est comme ça... et c'est très bien aussi.

Mais il est très tard... Bonne nuit à tous.

[Loupbleu]

Ma petite nièce dit que c'est de la poésie "quand ça revient à la ligne"*.
Ceci dit, ma petite nièce à 8 ans, elle n'a pas encore lu les petits poèmes en proses de Baudelaire (qui sont d'ailleurs, de la poésie, ou de la prose ?)

La seule chose que je conclus à coup sûr c'est que, selon la définition de ma petite nièce, c'est que ceci est bien de la poésie.


* c'est pas d'elle, mais bon, j'arrange pour l'histoire :-)

[pierre-henri]

Expliquer ?

Pourquoi ai-je autant de plaisir à écouter l'Horloge de Haydn et pourquoi cette même symphonie hérisse-t-elle les nerfs de ma soeur cadette ?

Poème entre "" certainement parce que celui-ci ne se présente pas sous une forme classique. Pareil pour "le doute" à propos de poésie ou pas.
Et doute plus fort encore chez ceux qui s'obstinent à contenir la "poésie" dans un carcan de règles strictes. Finalement, la poésie n'est-ce pas davantage que compter des syllabes ou rimer des vers ?

Poésie veut dire : faire, créer. Si l'on s'en tient à cette définition, tout créateur serait poète. Et pourquoi pas, après tout ? Mais bon... je ne crois pas que cela suffise.

Il est possible de disséquer un poème, et démontrer son "mécanisme". Il est possible d'expliquer ce qui dans son rythme, sa forme, son thème, émeut, soi ! Mais il n'est pas possible de transmettre cette émotion à quelqu'un d'autre. On peut la lui décrire, pas la lui faire ressentir. Même la poésie exprimée par les plus beaux, les plus harmonieux alexandrins, peut laisser indifférent. Si cette forme-là ne trouve pas d'écho en celui qui la lit ou l'écoute, et ce n'est pas en la lui expliquant en long et en large qu'il finira par l'apprécier. Ce qui ne l'empêchera pas de la trouver ailleurs, cette poésie. Sous une autre forme, ou dans un autre mode d'expression.

Je pense que la poésie, comme tout, est affaire de perception très personnelle. C'est comme ça... et c'est très bien aussi.

Mais il est très tard... Bonne nuit à tous.

D’abord, merci de me répondre.
Je te prie de croire que je ne suis pas borné au point d’ignorer que la poésie a une histoire et qu’elle ne saurait se confondre avec son passé ou la reproduction insignifiante de celui-ci. « Finalement, la poésie n'est-ce pas davantage que compter des syllabes ou rimer des vers ? » Bien sûr, elle n’a jamais été cela. Il ne s’agit pas de confondre poésie et versification.


Poésie veut dire : faire, créer. Si l'on s'en tient à cette définition, tout créateur serait poète. Et pourquoi pas, après tout ? Mais bon... je ne crois pas que cela suffise.
Non, le rappel n’est pas inutile, mais, effectivement, cela ne « suffit pas ».

« Même la poésie exprimée par les plus beaux, les plus harmonieux alexandrins, peut laisser indifférent. Si cette forme-là ne trouve pas d'écho en celui qui la lit ou l'écoute, et ce n'est pas en la lui expliquant en long et en large qu'il finira par l'apprécier. Ce qui ne l'empêchera pas de la trouver ailleurs, cette poésie. Sous une autre forme, ou dans un autre mode d'expression. Je pense que la poésie, comme tout, est affaire de perception très personnelle. C'est comme ça... et c'est très bien aussi. »
Je crois que tu confonds le goût pour tel ou tel poème et la reconnaissance du fait poétique en tant que tel.
Je n’apprécie pas X, mais je reconnais là un roman policier ; ici, une nouvelle ; là, du théâtre.
En quoi le texte ci-dessus est-il apparenté au genre poétique (à part la typographie, que je relevais, et qui permet d’afficher une appartenance bien visible), telle était ma question- et non : est-ce un « bon » poème ? Pourquoi ne m’émeut-il pas ? etc.
Il s’agit juste d’une bête question générique : en quoi ce texte relève-t-il du genre poétique ?
Si tu as des pistes…

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