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La Maréchale du Moustiers

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Kilis
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Gobu
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Message  Gobu Dim 15 Juin 2008 - 20:33

Pour les amateurs d'Histoire, une petite fantaisie - qui n'est qu'un renvoi en bas de page d'un texte beaucoup plus long.



Alphonsine-Adélaïde du Moustiers, duchesse de Loudillac et maréchale de camp.


Fort gracieuse et attirante, en dépit de sa taille imposante, Alphonsine-Adélaïde était la veuve du fameux Moustiers qui avait arraché un maréchalat et cinquante mille livres de rentes à Richelieu pour prix de son allégeance au Pouvoir. On se rappelle qu’il y avait aussi sauvé son imprenable forteresse de Loudillac, verrou de l'Auvergne. Le maréchal de Moustiers avait épousé à soixante-six ans Alphonsine-Adélaïde de Caunes, fille cadette d’une lignée fort honorable, mais à ce moment-là cruellement désargentée en raison de la persistante déveine au trictrac du fils héritier du fief, Antoine, en vérité un indécrottable vaurien qui terrorisait sa parentèle, pinçait cruellement les fesses de ses petites sœurs, troussait honteusement les servantes, urinait ostensiblement dans la soupe du personnel, bombardait les invités avec des saucisses avariées, bref souillait abominablement le blason et la fière devise – « onc ne se hisse, onc ne s’abaisse » de ses ancêtres. La jeune Alphonsine-Adélaïde, âgée de quinze ans, n’éprouva aucun regret à échapper aux pinçons du grand frère et à la perspective hideuse du couvent qui guettait les filles de noblesse sans fortune. Le notaire Bouvard, un petit légiste bossu et cauteleux de Clermont-Ferrand, expert en arrangements matrimoniaux, fourra les paumes qu’il fallait pour vendre la demoiselle à un riche fiancé. L’âge et le physique du prétendant étaient sans objet, seul comptait son argent. En guise de dot, elle n’amenait à monseigneur le Maréchal que sa coiffe, son cotillon et ce qu’il recouvrait. Le vieux soldat, riche comme trois Crésus, régla les dettes de la famille, fit un paquet de la belle et de son trousseau, le noua de bonne ficelle dorée et l’emporta au Château de Loudillac où il se remboursa en nature de son investissement avec assiduité jusqu’à l’âge de septante-six ans, faisant au passage à son épouse pas moins de quatre enfants ! C’est dire la vigueur de la race.

La véritable carrière de la future duchesse de Loudillac ne commença pourtant qu’après le décès de son époux, lequel survint au lit, ce que nul n’aurait attendu d’un si vaillant soldat. Alors qu’il avait fort sobrement soupé d’un potage gras, d’une paire de pigeons farcis au foie gras, d’un jambon gras au vin et de quelques fromages de brebis à la crème double, le maréchal avala une dernière coupe de malvoisie aux épices pour s’échauffer les sangs avant que d’honorer son épouse qui s’impatientait déjà sous le ciel de lit tendu de velours outremer brodé aux armes des Moustiers. Il faut dire que la belle maréchale avait un tempérament de tigresse et que son mari faisait preuve au déduit d’une ardeur surprenante pour un homme de son âge, surtout à une époque où l’on n’avait pas encore inventé le viagra. Il ôta la chemise et la culotte qui le couvraient encore, et les plia avec soin sur une chaise. Comme tout militaire, le maréchal était fort méticuleux et soucieux de ses effets. Puis il s’agenouilla dans le plus simple appareil au pied du lit et récita trois patenôtres avec ferveur. Le maréchal, discrètement janséniste, était aussi très pieux. Enfin il se jeta sur son épouse comme mousquetaire sur l’ennemi. Forts fougueux et frétillants tous deux, ils menèrent au pas de charge ce premier assaut, jusqu’à sa conclusion qui arracha ce rituel commentaire à la pâmée « Ah, mon ami, vous me faites bien du bien ». Inévitablement, l’époux répondait « C’est un plaisir pour moi, m’amie » prélude à d’autres jeux plus langoureux.

Ce soir-là, il ne dit mot. Elle eut beau le secouer, le gifler et le gronder, rien n’y fit : l’amour avait fait ce que dix sabres et cinquante mousquets n’avaient pu réussir : avoir raison du maréchal de Moustiers. La jeune veuve réagit en grande dame. Recouvrant le corps d’un édredon pour dissimuler une raideur que la rigidité cadavérique accentuait encore, elle enveloppa sa nudité d’une fourrure et sonna son monde. Lorsque toute la maisonnée affolée et en larmes fut rassemblée, elle lui tint ce discours :

- Mes chers amis, je dois avant tout vous dire que le maréchal de Moustiers est mort comme il a vécu : avec vaillance. Pour ceux qui entendent le latin, je dirais qu’il est trépassé post coïtum consumatum. Pour ceux qui ne l’entendent point, qu’ils l’apprennent ou bien qu’on leur traduise. Je sais à quel point vous aimiez Monsieur le Maréchal. Mon époux était puissant seigneur, indomptable soldat et joyeux compagnon. Mais il était aussi fidèle époux, fervent chrétien et par-dessus tout un homme bon, juste et charitable. Il n’est nul parmi vous qui n’ait eu à se louer de sa munificence, de sa mansuétude et de ses attentions. Il connaissait chacun d’entre vous et le traitait comme un maître doit traiter sa maisonnée : avec respect. Il n’eût pas souhaité qu’on le pleurât : il ne goûtait ni larmes ni épanchements d’aucune sorte. Je ferai dire demain une grande messe chantée, non pour le repos de son âme qui était depuis longtemps en paix, mais pour l’élévation de la nôtre et pour faire plaisir à monsieur notre chapelain et à sa chorale. On ne portera pas le deuil : mon époux tenait pour règle qu’on doit masquer son sentiment afin de n’importuner point autrui. Comme il m’en a fait part, il laisse à chacun d’entre vous quelque chose en souvenir de lui. Maître Bouvard, mon notaire, viendra procéder dès demain à la lecture publique du testament, après que nous aurons inhumé Monsieur le Maréchal en notre crypte familiale. Maintenant, je vous prie de retourner vaquer à vos affaires, j’ai mandé des médecins pour établir les circonstances du trépas et un barbier afin de préparer la dépouille de mon époux pour les funérailles.

Les docteurs amenés de la ville en carrosse examinèrent longuement le cadavre en dodelinant du bonnet, commentèrent avec étonnement et une pointe de jalousie le beau cas de turgescence persistante, palpèrent les organes principaux et déballèrent même scalpels et lancettes pour procéder à une autopsie et une saignée post mortem. La Maréchale y mit dare-dare le holà, brandissant l’épée de feu son époux en menaçant de les embrocher comme poulets s’ils s’avisaient ne fût-ce que d’effleurer le corps de leurs instruments. Ils se le tinrent pour dit, se contentant d’ausculter encore un peu le mort, et énumérèrent en méchant latin d’officine les causes du décès. Après diagnostic dûment étayé de citations approximatives d’Esculape, d’Hippocrate et de Galien, ils conclurent, primo que Monseigneur le Maréchal de Moustiers était irréfutablement trépassé, secundo qu’il avait succombé à un excès d’atrabile provoqué par un engorgement inexplicable du système caverneux, tertio qu’à l’exception de ce désordre accidentel et passager, sa mine était florissante, son teint épanoui et ses organes en excellent état, d’où il ressortait, quarto, que Monseigneur le Maréchal avait eu la bonne fortune de mourir en parfaite santé. La veuve dut récompenser cette piteuse épitaphe d’une bourse garnie de bons écus et d’un souper gras copieusement arrosé de vin de Bourgogne. Vieux. La Faculté a toujours prescrit la diète pour les autres et la gloutonnerie pour elle-même.

Le Comte de Moustiers transmettait son titre et son domaine à son fils aîné, léguait au cadet de quoi s’offrir le commandement d’un régiment de cavalerie, et dotait richement ses filles pour qu’elles n’aient point de mal à obtenir un parti digne de leur naissance. Quant à son épouse, il lui léguait vingt mille livres de rente, la jouissance du rang de Comtesse de Loudillac, et celle de ses demeures seigneuriales qu’elle souhaiterait habiter. A la surprise générale, elle confia l’éducation de ses aînés à des précepteurs et au chapelain de Loudillac, et choisit de s’établir avec ses filles en l’hôtel que les Moustiers avaient fait bâtir sur l’île Saint-Louis du temps d’Henri IV. Le Maréchal, qui avait le protocole et le faste en horreur, n’avait mis les pieds à la Cour qu’une seule fois : pour y recevoir de Louis XIII en personne le grand cordon du Saint-Esprit et le bâton de son maréchalat, et de Richelieu l’absolution pour ses errements passés...
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Message  Gobu Dim 15 Juin 2008 - 20:37

...A l’époque où notre jeune veuve débarque à la capitale, le Roi, Louis XIV, est âgé de vingt-trois ans, Versailles n’est même pas imaginé et la Cour vagabonde entre le Palais des Tuileries et le château de Saint-Germain-en-Laye où le souverain a trouvé refuge durant la Fronde et passé le plus clair de son enfance. A peine installée à Paris, la belle comtesse devient la coqueluche des salons, prenant langue aussi bien avec les plus grands seigneurs qu’avec les artistes les plus renommés. Elle s’affiche en grand équipage avec le prince de Condé, le duc de Luynes ou Monsieur, frère du Roi. Elle traite en son hôtel La Fontaine, Racine, Corneille, mais aussi Rubens, le vieux Blaise Pascal ou la brillante Françoise Scarron, née d’Aubigné, future duchesse de Maintenon et épouse morganatique du Roi. La pétulante maréchale passe alors pour la plus vive, la plus gracieuse et la plus complaisante des veuves. Son tempérament volcanique joint à des goûts éclectiques la poussent aussi bien dans le lit des hommes que dans l’alcôve des femmes. Boileau l’affirme, Marmontel le confirme, le prude et fielleux Saint-Simon le laisse entendre. On imagine bien que les frasques de la fougueuse comtesse sont parvenues aux oreilles de Louis XIV, furieusement porté sur le beau sexe, et qu’il lui vint aussitôt le désir de rencontrer séance tenante l’intéressante personne et de l’ajouter au catalogue de ses conquêtes féminines.

Le monarque la fit donc inviter à Saint-Germain pour une partie de campagne, privilège recherché par les plus grands du Royaume. L’invitation lui fut transmise par une toute jeune femme, altière et aguicheuse brunette aux yeux d’azur et à la peau de lait. La donzelle portait le front très haut : elle se nommait Françoise-Athanaïs de Mortemart-Rochechouart, une lignée affichant plus de souverains que la famille royale elle-même. La future Marquise de Montespan et favorite du Roi-Soleil tomba cependant sous le charme de l’irrésistible maréchale, n’étant pas moins qu’elle aussi bien attirée par le cotillon que par la culotte. L’Histoire ne dit pas si les deux friponnes s’esbaudirent entre elles avant même que de se présenter à Louis XIV, mais tout ce qu’on connaît du caractère de l’une comme de l’autre permet de le supposer. En tout état de cause, le château de Saint-Germain étant toujours surpeuplé lorsque le Roi s’y rendait, on installa les deux jeunes femmes dans la même chambre et dans le même lit. C’était chose courante et il n’y avait d’ailleurs pas matière à jaser : l’une était demoiselle et l’autre veuve.

L’usage aurait exigé que la comtesse de Loudillac ne fût présentée à sa Majesté que le soir, au bal que le Roi donnerait en l’honneur de sa future épouse l’Infante Marie-Thérèse. Toute personne de qualité introduite à la Cour devait ainsi publiquement faire acte d’allégeance au monarque, suzerain de la noblesse de France. C’était compter sans l’impétuosité et la désinvolture d’Adélaïde-Alphonsine. Aux premières heures, le Roi avait commandé une partie de chasse dans la forêt de Saint-Germain et la garenne du Pecq. Elle était loin de rassembler autant de cavaliers que le château ne comptait d’invités. C’est une chose que de festoyer au frais de l’Etat, perdre dans la nuit mille louis à l’écarté ou lutiner les chambrières dans les corridors, c’en est une autre que de se retrouver cul en selle à cinq heures du matin dans la froidure, harnaché de pied en cap, avec pour tout viatique un bol de consommé bouillant et une lampée de brandevin ! Contrairement à une légende tenace, Louis XIV était d’une sobriété remarquable, et même s’il possédait un solide appétit de grand travailleur, il se refusait à tout excès de table. Il ne buvait jamais de vin sans l’avoir généreusement coupé d’eau, et un seul verre par repas ! Un scandale au milieu d’une Cour comptant plus d’ivrognes et de gloutons que d’ascètes ou d’abstinents.

Lorsque la chasse fut rassemblée autour du Roi sur la terrasse du château, chaque cavalier s’avança pour le saluer d’un coup de chapeau et de la formule rituelle :

- Sire, je suis au service de Votre Majesté.

A laquelle le roi, sans se découvrir, répondait non moins rituellement :

- Monsieur le Comte (ou Monsieur le Duc, ou Monsieur le Maréchal, selon Grosseur…) je suis bien aise de vous avoir auprès de moi.

Lorsqu’il entendait vraiment honorer un hôte, Louis XIV ne le saluait pas de son titre, mais simplement par son patronyme. Ceci établissait une familiarité flatteuse pour l’intéressé. Les invités le répétaient à l’envi. La rumeur bruissait à travers toute la Cour. On chuchotait sur le passage de l’élu. L’épouse adultère se jetait dans ses bras, le banquier s’humanisait, l’huissier faisait demi-tour. Bref c’était amour, gloire et finances prospères à tous les étages.

La Comtesse de Loudillac s’était vêtue en homme : casaque boutonnée jusqu’au cou en velours vert, pantalon de daim et hautes bottes de chasse. Sa chevelure rousse – la belle était rouquine à se faire brûler vive à vue si elle n’avait été si haute dame – était relevée en chignon et dissimulée sous un grand chapeau de feutre empanaché de plumes d’autruche, comme c’était la mode. Les invraisemblables perruques à étages de Versailles n’avaient pas encore fait leur apparition et le Roi lui-même portait longs les cheveux, qu’il avait d’ailleurs fort soyeux et brillants. Elle attendit, flattant d’une main rassurante l’encolure de son alezan, que tous les courtisans eussent salué Sa Majesté avant de se présenter à son tour.

Le souverain, se tournant vers son jeune frère Gaston d’Orléans, manifesta une pointe de royal agacement.

- Monsieur mon frère, je n’ai point l’heur de connaître ce joli damoiseau. Auriez-vous l’amabilité de me le présenter ?
- Sire. Que votre Majesté me pardonne : point ne suis damoiseau, mais gente dame. Adélaïde-Alphonsine du Moustiers, née de Caunes, Comtesse de Loudillac, pour servir votre Majesté.

Le comte de Gramont, Grand Ecuyer et Maître des chasses royales, fit avancer son cheval. L’affaire commençait à renifler l’offense, voire la lèse-majesté. On pourrait lui défriser les moustaches en haut lieu.

- Madame, malgré tout le respect que je vous dois, ainsi qu’à la mémoire de feu le Maréchal votre époux, je vous serai reconnaissant de quitter cette chasse où Sa Majesté n’a point daigné vous convier, ne vous connaissant point. J’ajoute qu’il n’est point d’usage que le Roi chasse en compagnie des dames de la Cour.

A défaut de galanterie, le futur maréchal de camp avait du souffle et de la rhétorique. Il s’apprêtait à raccompagner l’insolente aux écuries lorsque Louis XIV intervint.

- Un instant, Gramont. Permettez à la Comtesse de Loudillac d’avoir l’honneur de saluer le Roi, puisqu’elle a eu l’audace de s’inviter à sa chasse. Approchez, madame. Ainsi donc, vous êtes la veuve du Maréchal du Moustiers ?
- Pour servir votre Majesté, sire.
- On m’a rapporté le plus grand bien de feu votre époux, madame. Son Eminence le Cardinal Mazarin le tenait pour le plus fidèle – bien que pas le moins coûteux – des serviteurs de la Couronne.
- Sire, trente ans de fidélité de mon époux coûtaient moins au trésor royal qu’un mois de trahison des Grands.
- Cela est ma foi vrai, madame. Aurions-nous la tête politique ?
- Mon regretté mari ne m’a point laissé tout à plein ignorante des affaires du Royaume. Au succès desquelles il ne laissa point de contribuer.
- Je ne l’oublie pas, madame. Est-ce en vertu des éminents services que feu le Maréchal rendit à la Couronne que vous revendiquez l’honneur de chasser en compagnie du Roi ?
- Voyons, Sire, Votre Majesté connaît bien que ma naissance et mon rang me donnent accès de plein droit à ce privilège.
- Et quand bien même ? S’invite-t-on ainsi chez les gens ?
- Oui sire, quand on les aime.
- J’en suis béant ! Vous m’aimeriez ?
- Qui n’aime le Roi en ce Royaume ?
- Vous seriez étonnée du nombre de ceux qui ne me peuvent souffrir.
- Dans ce cas, Sire, qu’au moins votre Majesté ne chasse point ceux qui l’aiment.

Pour le coup, Louis éclata de rire. A moins de vingt-cinq ans, il n’avait pas encore façonné son image hiératique de Roi-Soleil brillant en solitaire au firmament de la Gloire, ni imposé à son entourage une étiquette si rigoureuse qu’elle bannirait toute fantaisie. Bref il n’était pas encore devenu un autocrate. Même si ses ennemis avaient déjà pu goûter à la vigueur de sa poigne. A ce moment il subissait encore l’influence modératrice du vieux Mazarin, lequel proscrivait aussi bien l’abus des vices que l’excès de vertu. Le Roi était jeune, de mine superbe, d’une étonnante vigueur physique et d’une vivacité d’esprit qui faisait l’admiration générale. Le sang bouillonnant de son grand-père Henri IV - dont il chérissait la mémoire - était passé dans ses veines sans irriguer son père Louis XIII, monarque estimable mais lamentable séducteur. Louis XIV, en revanche, faisait des ravages.

- Ayez la bonté d’approcher, madame, qu’on vous voie mieux. Mon Dieu, vous êtes ravissante ! Et si jeune ! Les derniers assauts du regretté maréchal n’ont sans doute pas été les plus désagréables de sa longue carrière.
- Ni les moins fougueux, sire. Pour tout dire à Votre Majesté, mon époux a eu l’élégance de ne passer qu’après le dessert, en vrai gentilhomme qu’il était.
- Ah ça, messieurs, chapeau bas devant la Comtesse de Loudillac. Une femme capable d’insuffler une telle vaillance à un vieux soldat mérite votre respect. Et de chasser en compagnie du Roi. Aimez-vous la chasse, ou est-ce seulement par amour de votre souverain que vous avez mis le cul en selle de si bon matin ?
- Je suis aussi furieusement entichée de l’un que de l’autre, Sire.
- Eh bien dans, ce cas, madame, messieurs, en chasse !

On força un dix-cors ce matin-là. Ce fut la maréchale en personne qui lui donna le coup de grâce. On mit pied à terre pour tirer quelque menu gibier ; elle abattit une paire de faisans, une belle perdrix, et deux bécasses, coup royal qui laissa pantois les courtisans pourtant réputés fusils qui entouraient Louis.

- Madame, j’en suis tout ébaubi. Vous tirez mieux que mes plus redoutables soldats et vous montez plus gracieusement que mes plus galants gentilshommes.
- Sire, votre Majesté entend sans doute que je vise plus juste et me tiens mieux à cheval.
- Quoi d’autre, en effet, madame ?
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Message  Gobu Dim 15 Juin 2008 - 20:38

...Le soir même, on la présenta officiellement au Roi, qui tint à lui accorder la première danse. Après avoir ouvert le bal avec la future Reine, naturellement. Celle-ci, jeune pimbêche un tantinet moustachue tiraillée entre la morgue héritée des Habsbourg et la terreur que lui inspirait la Cour de France, réputée tanière de dépravés, de conspirateurs et d’assassins, devinait des dagues huguenotes sous chaque pourpoint et dansait roide comme une pique, le visage de marbre, les yeux rivés sur ses pieds. Ce qui ne plaisait guère à son futur, tenu à juste titre pour le plus accompli des gentilshommes et le meilleur danseur de son Royaume. Il en alla tout autrement avec la Maréchale. Après la révérence, elle se campa devant le Roi, cambrée dans son corset de brocart bleu si serré qu’il lui étranglait la taille. La pruderie vestimentaire de rigueur sous le règne de Louis XIII et la régence d’Anne d’Autriche – tous deux fort pudiques – avait fait place à un aimable laisser-aller d’influence italienne qui préfigurait déjà les excès de Versailles. Qu’on ne s’y trompe pourtant point : Louis XIV n’approuvait guère la débauche publique et avait la dépravation en horreur. Plus simplement, il avait le goût des jolies femmes, et, premier gentilhomme du Royaume, il mettait un point d’honneur à en être aussi le plus galant.

Le corset diabolique s’échancrait sur l’éclosion d’une fleur de chair blanche ; notre héroïne portait le sein haut et arrogant. Bien que le Roi fût chaussé de talonnettes de dix bons centimètres, la belle le dominait d’une bonne demi-tête. Ce grand monarque était un homme petit. Pour son malheur, il était irrésistiblement attiré par les femmes les plus hautes et les plus sculpturales. La plupart de ses favorites successives furent de solides luronnes aussi impétueuses en société que fougueuses dans l’intimité. La Montespan buvait six flacons de vin et crevait trois amants dans la foulée ; Louise de Lavallière tenait le Roi entre ses cuisses de sportive jusqu’au matin. Quant à Alphonsine-Adélaïde, elle tordait et détordait un fer à cheval entre ses doigts pour entretenir sa poigne et s’amusait à la lutte avec les palefreniers les plus vigoureux.

La rencontre au sommet fit des étincelles qui illuminèrent la Cour quelque temps. Puis le Roi se lassa des foucades de son insatiable maîtresse. Il se moquait qu’on le trompe, mais il ne souffrait point de passer après les autres. Elle le sentit, car elle requit de lui l’autorisation de quitter la Cour et se retirer en son hôtel parisien. Louis, soulagé au fond de mettre fin à une liaison aussi épuisante, lui rendit sa liberté non sans lui demander quelle faveur elle souhaitait obtenir comme cadeau de rupture. La réponse dépassa toutes ses espérances.

- Sire, l’honneur et le plaisir d’avoir servi Votre Majesté suffisent à combler une femme. Il sont en soi la plus grande faveur qu’Elle puisse dispenser.
- Alors pas de domaine ? Pas de pension ? Pas de charge, madame ?
- Sire, mon époux m’a laissé de quoi vivre dignement. La Comtesse de Loudillac n’a nul besoin des deniers de l’Etat pour tenir son rang, la Dieu merci.
- J’aurais pourtant voulu vous offrir quelque chose en souvenir de notre charmante aventure.
- Si votre Majesté tient vraiment à me combler, qu’elle me donne loisir de la servir autrement.
- Et comment donc ?
- Par les armes.
- Je ne vous entends point, madame. Comment une dame pourrait-elle servir le Roi par les armes ?
- Comme le font les messieurs, sire : en menant ses soldats à la victoire, pour la plus grande gloire de Sa Majesté. Sire, que votre Majesté me donne le commandement d’un régiment. De cavalerie. Elle verra que je mène les hommes aux combat mieux encore qu’au déduit.
- S’il vous plaît, madame, cela ne se peut. Loin s’en faut que je mette en doute votre courage et votre vigueur. Mais il n’est point d’usage de donner à une femme le commandement sur des hommes.
- L’antiquité en vit pourtant foison. Et plus près de nous, Jeanne d’Arc…
- Allons, madame, n’allez pas vous comparer à une sainte, pucelle de surcroît. Ouïriez-vous des voix célestes ?
- Sire, à l’exception de Jeanne, les saints et les puceaux font de piètres chefs de guerre. Votre Majesté conviendra que je ne risque rien de ce côté-là.
- Ah ça, madame, vous ne plaisantez donc pas ? Vous tenez vraiment à commander un régiment ? Et de cavalerie, par-dessus le marché ?
- Rien ne saurait me combler davantage !
- Eh bien soit. Il ne sera pas dit que le Roi repousse ceux qui le veulent servir. Toutefois, j’y mets trois conditions : premièrement que l’entretien de ce régiment soit à votre charge, comme il est d’usage.
- J’y pourvoirai, Sire.
- Deuxièmement que vous vous soumettiez à l’examen des instructeurs de ce régiment. Si j’offre un commandement à une femme, j’entends qu’elle fasse l’exercice et se batte aussi bien que ses hommes.
- Je m’y soumettrai, Sire.
- Troisièmement que les officiers de ce régiment vous acceptent comme chef. Il n’est point coutume qu’une femme commande à mes soldats. Je veux qu’ils s’engagent à vous obéir.
- Sire, avant que d’être obéie, je saurais me faire respecter et aimer d’eux.
- Cela, madame, je n’en doute point.

C’est ainsi qu’Alphonsine-Adélaïde du Moustiers, Comtesse de Loudillac, prit la tête du régiment des dragons d’Auvergne, avec le grade de colonel. Ni le Roi ni ses hommes n’eurent jamais à s’en plaindre. Quant à l’ennemi, il eut souvent de bonnes raisons de s’en désoler. Sans renoncer ni aux plaisirs de la table ni à ceux de la chair, elle mena son unité au combat avec succès tant de fois que le Roi lui confia une armée durant la guerre de succession d’Espagne, la décora ainsi que tout son régiment du grand cordon de Saint-Louis pour avoir contribué à la défaite des coalisés pendant la guerre de sept ans et l’éleva au rang de duchesse héréditaire pour avoir recueilli la reddition de l’armée du Prince de Wurtemberg à Spire. Elle eut la chance de se faire tuer devant Maastricht d’un boulet en pleine tête avant que le Roi, sous l’influence funeste de Madame de Maintenon et du parti Dévot, ne révoquât l’édit de Nantes. Elle n’eût pas souffert que l’on employât ses chers dragons à terroriser les campagnes et convertir les protestants à la pointe du sabre. Le blason de la duchesse de Loudillac et la Croix de Saint-Louis ornent toujours l’armorial du 14ème Régiment de cavalerie légère motorisée, héritier du régiment des dragons d’Auvergne.

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Message  bertrand-môgendre Dim 15 Juin 2008 - 21:57

première impression : Je m'incline.
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Message  bertrand-môgendre Dim 15 Juin 2008 - 22:54

seconde impression : chapeau bas.
Une nuance cependant à apporter concernant le coup de grâce donné par la freluquette. Je doute fort que le piqueur laissa une inconnue briller de la sorte en embrochant le cerf avec sa dague. Bien qu'ayant étudié cette chasse, je m'en informe davantage.
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Message  Sahkti Jeu 19 Juin 2008 - 7:38

Hop hop! Ce texte mérite d'être lu et relu!

J'aime beaucoup les phrases interminables à la Proust et l'avalanche de détails, lorsqu'il s'agit d'un texte dit historique. Je trouve toujours que ça apporte non seulement du relief au récit mais aussi une certaine note d'humour. A condition de ne pas se perdre bien sûr :-)
Tu maîtrises tout cela parfaitement Gobu, chapeau!
Drôle, bien écrit, rempli de références... bref, ton texte me plaît beaucoup!
Et quel remarquable travail d'écriture, une fois de plus.
BRAVO!
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Message  Invité Jeu 19 Juin 2008 - 17:48

C'est un régal pour les yeux. Vraiment.
L'histoire est ce qu'elle est. Poinçonnée de ridicule, précieuse de précision.
Beau travail Gobu.

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Message  mentor Jeu 19 Juin 2008 - 19:17

Ah les petites histoires de la Grande Histoire, j'aime
et quand c'est mené avec une telle écriture je me régale !
Grand bravo à toi, Gobu, une nouvelle fois

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Message  Kilis Jeu 19 Juin 2008 - 19:55

Tu fais de bien aimables renvois, Gobu.

(Pour les amateurs d'Histoire, une petite fantaisie - qui n'est qu'un renvoi en bas de page d'un texte beaucoup plus long.)

Merci pour cet agréable moment.
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Message  Kilis Jeu 19 Juin 2008 - 19:56

Et vêtu de bas de page, en plus !
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Message  Lucy Ven 20 Juin 2008 - 1:55

Du bien bel ouvrage !
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Message  Arielle Ven 20 Juin 2008 - 15:00

De la marquise Arielle des Essarts du Bois de Petite Vertu
au comte Gobu du Clair Langage et des Belles Manières :

Bien cher ami,
En vertu de la recommandation de notre vieil adage : Ne fais à autrui que ce que tu aimerais qu'il te fît
Je me permets de relever dans votre dernière missive quelques menues broutilles m'ayant insidieusement éraflé l'écran que j'avoue avoir fort sensible.
-On se rappelle qu’il y avait aussi sauvé son imprenable forteresse de Loudillac
-Inévitablement, l'époux répondait Invariablement peut-être?
-Il n’est nul parmi vous qui n’ait eu à se louer de sa munificence, de sa mansuétude et de ses attentions
Là, j'hésite devant cette double négation
-A l’époque où notre jeune veuve débarque à la capitale
Probablement dans la capitale
-L’invitation (lui) fut transmise par une toute jeune femme
Pour plus de clarté j'aurais utilisé : celle qui deviendrait la marquise de Montespan plutôt que
-La future…
-Mon regretté mari ne m’a point laissée tout à plein ignorante des affaires du Royaume

Des broutilles, je vous répète, mon cher comte, qui ne m'ont point du tout gâché le plaisir extrême que j'ai eu à vous lire.
Ah, cette adorable marquise dont vous nous contez les exploits! Sans aller plus loin dans mes recherches, je fais aveuglément confiance à vos sources pour me persuader de son existence et n'avoir désormais plus d'autre envie que celle de la rencontrer sous les pampilles de mon salon ou les rideaux de mon alcôve...Ce sera comme il lui plaira.
Bien à vous

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Message  silene82 Sam 6 Juin 2009 - 12:29

Ce texte est une pure merveille, et je donnerais cher pour l'avoir écrit.
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Message  Charly_Owl Sam 6 Juin 2009 - 12:47

J'ai tout simplement a-do-ré! J'aime beaucoup la période des 3 Mousquetaires de Dumas et j'ai l'impression de pouvoir tout relier à cette oeuvre par moments. Comme beaucoup probablement, je jalouse la qualité de ta plume et ton incroyable bagage stylistique que tu nous rends à merveille.

Un must-read, sans aucun doute.

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Message  Invité Dim 7 Juin 2009 - 8:00

C'est excellent. Après un grand merci à Gobu pour avoir écrit ce texte savoureux, un à Charly_Owl pour l'avoir re-proposé à l'attention des foules !

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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 9:55

socque a écrit:C'est excellent. Après un grand merci à Gobu pour avoir écrit ce texte savoureux, un à Charly_Owl pour l'avoir re-proposé à l'attention des foules !
Vous me vexez madame, après m'avoir fait du bien: c'est moi qui ait remonté le texte, comme vous le pouvez voir par les dates; sans doute avez vous consommé de cet élixir d'invisibilité dont un des fâcheux contrecoups est la transparence rétinienne qu'il entraîne.....
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Message  Invité Dim 7 Juin 2009 - 11:52

Ouille ! pardon. Remerciements donc à silene82...

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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 12:53

silene82 a écrit:
socque a écrit:C'est excellent. Après un grand merci à Gobu pour avoir écrit ce texte savoureux, un à Charly_Owl pour l'avoir re-proposé à l'attention des foules !
Vous me vexez madame, après m'avoir fait du bien: c'est moi qui ait remonté le texte, comme vous le pouvez voir par les dates; sans doute avez vous consommé de cet élixir d'invisibilité dont un des fâcheux contrecoups est la transparence rétinienne qu'il entraîne.....
Houlà, dur dimanche: c'est moi qui ai
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Message  Charly_Owl Dim 7 Juin 2009 - 13:07

Que de drame pour un bête merci...

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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 13:19

Charly_Owl a écrit:Que de drame pour un bête merci...
Bien sûr, jeune homme, bien sûr; mais tu oublies que nous autres continentaux, fils d'un vieux peuple, sommes très attachés à l'étiquette, c'est pourquoi nous nous entendons si bien avec les fils du Soleil Levant. Que par ailleurs tu as la vie devant toi, et un très joli talent qu'il ne tient qu'à toi d'exploiter, et qui semble prometteur, alors que je ne serai plus jamais Vasco de Gama, ni Mermoz, ni Geronimo. C'est pourquoi je suis si soucieux des prérogatives, car sinon, à la maison de retraite, comment serai-je sûr d'être invité au loto (bon, au bingo)?
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Message  Charly_Owl Dim 7 Juin 2009 - 13:51

mais tu oublies que nous autres continentaux, fils d'un vieux peuple...
Ne sommes-nous pas des cousins éloignés? Cela me choquerait qu'il n'y eut point de familiarité entre nous autres fils de colons et vous autres continentaux. Nous vous aimons bien, et cela serait dommage que cela ne fut pas réciproque.

Mais là n'est pas mon point, et sur cette phrase je finis mon troll en vous redonnant officiellement les lauriers qui vous reviennent de droit, et vous souhaite une excellente et agréable journée.

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Message  silene82 Dim 7 Juin 2009 - 14:37

Charly a écrit:Nous vous aimons bien, et cela serait dommage que cela ne fut pas réciproque.
Hostie, garçon -tentative de mix quebeco-toulousain-, qui a bien pu dire que ce n'est pas réciproque? Je crois même que vous foutez des complexes à pas mal de maudits français par votre allant et l'air de liberté qu'on sent chez vous. Vous avez réussi à faire survivre un îlot au milieu d'un océan, ce qui n'était pas une mince affaire, et prouvait amplement qu'en plus d'être courageux et tenaces, vous teniez à garder votre identité. Si la mosaïque d'ethnies qui compose la France avait eu la même foi, nous serions une fédération multiculturelle, avec une langue véhiculaire. Mais c'est une autre question.
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