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...et cri... (nouvelles)

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Message  Pascal Marc Sam 28 Juin 2008 - 16:33

...et cri... est un recueil de nouvelles qui naissent au jour le jour, des nouvelles souvent sombres et désespérées sur les petites choses qui font la vie...

Pour l'instant voici les quatre premières nouvelles :
- La fille que j'aime = http://etcri.over-blog.com/article-20817013.html
- Je suis un homme = http://etcri.over-blog.com/article-20817353.html
- L'éternité de l'instant = http://etcri.over-blog.com/article-20817453.html
- J'attends = http://etcri.over-blog.com/article-20817538.html

D'avance merci pour vos avis...
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Message  mentor Sam 28 Juin 2008 - 17:43

Hello pascal !
Alors juste un mot pour préciser : VOS ECRITS est un lieu d'échanges.
Ici on ne fait pas de pub pour aller voir ailleurs, on poste ses textes par fragments s'ils sont longs ou en entier, c'est selon, et on attend les commentaires.
Et puis aussi, on commente les textes des autres. Si possible. Et selon envies ou dispositions.
C'est juste pour dire.
Sans vouloir te commander ;-)
Et puis aussi : quelques lignes de présentation dans le fil tout en haut, tu verras, c'est facile à trouver.
A +

mentor

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Message  Sahkti Lun 30 Juin 2008 - 8:56

Voilà, Mentor a tout dit.
Et ses textes, on les poste en entier sur ce site, merci :-)
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Message  Invité Lun 30 Juin 2008 - 10:01

En fait c'est pas vraiment la peine.

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Message  Pascal Marc Mer 2 Juil 2008 - 0:03

pandaworks : quelle originalité dans tes propos, tu m'estomaques !!!
Sahkti : non je ne suis pas aveugle, le message de mentor me semblait bien clair, peut-être était-ce un message caché pour mentor que sais-je ?



LA FILLE QUE J'AIME

Elle est dans le train. De là où je suis je peux la voir. Je sais que c’est elle. Deux boucles d’oreilles en forme de coeur. Le mien elle me l’a brisé, c’est pour dire. Un t-shirt vert tout froissé. J’imagine ses petits seins moulés à l’intérieur. Je me vois encore les toucher. Et elle qui rie à la folie. Là, elle semble faire la gueule. Peut-être dormir. Je ne vois pas bien d’ici. Un bout de jambe. Où plutôt de jean, devrais-je dire. Elle parait l’avoir porté depuis quelques jours déjà. Il colle à sa peau et s’ouvre sur une paire de claquettes. Celles toutes blanches, avec le drapeau du Brésil dessus. Elle y a jamais foutu les pieds au Brésil. Elle voyageait jamais quand on était ensemble. Coincée dans notre maison elle rêvait d’une vie de bohème peut-être. Et maintenant, peut-être qu’elle la vit cette vie rêvée. Elle remonte ses cheveux, comme autrefois. Elle se touche le coeur droit suspendu à son oreille. Elle se gratte la cheville droite. Elle se frotte délicatement le cou. C’est vrai qu’il fait chaud dans ce train. 15 août. Canicule d’été. Elle se tourne vers moi. Je me cache dans mon fauteuil. Lunettes de soleil sur le nez. Une barbe de deux semaines. Incognito comme on dit. Elle a les joues rouges. Comme après l’amour. Depuis quand n’a-t-on plus fait l’amour ? L’a-t-elle fait aujourd’hui ? Dans ce train peut-être ? Tout à l’heure elle s’est levée. Je l’ai suivi du regard. Elle s’est éloignée, dos à moi. Comme autrefois. Elle est entrée dans les toilettes. Verrou bloqué. Elle est restée longtemps. Elle devait se remaquiller. Comme avant, avant de sortir de la maison. Comme d’habitude, la corvée de l’attente pour moi. J’ai dû m’endormir. J’ai ouvert les yeux. Elle était de nouveau à sa place. Elle se rongeait les ongles. Ils étaient pourtant si longs lorsqu’on était ensemble. Elle en prenait soin. Elle les colorait. Et moi ça me mettait dans tous mes états. Perte de temps, je disais. Elle m’a quitté pour faire ce que je voulais qu’elle fasse. Les hommes ne la regardent pas. Elle n’est pas désirable. Tout comme je le souhaitais. Je ne supportais pas ces yeux inquisiteurs sur son corps. Je la voulais seulement pour moi. Maintenant elle est bien seule. C’est elle qui regarde les hommes. Pour un peu elle en violerait un. Elle ne doit pas oser. Elle a trop peur. Ça vient du temps où je lui ai interdit de sortir de notre maison. Un jour j’ai pris les clefs. Verrou fermé je suis sorti. Je l’ai retrouvé le soir en rentrant. Pleurant dans la chambre. Habillée et maquillée comme pour sortir. Allongée sur le lit. Je ne supporte pas les gens qui se plaignent. Je suis ressorti instantanément. Une soirée dehors en célibataire. Ça change. En tout cas ça changeait à l’époque. Au petit matin, à mon retour, elle n’avait pas bougé. Maquillée, habillée, allongée. Elle me regardait. Aujourd’hui aussi elle me regarde. Mais elle ne semble pas me voir. Ou peut-être qu’elle voit quelqu’un d’autre à ma place. Du regard elle m’invite à la suivre. Elle se lève. Je regarde ses fesses se dodeliner devant moi. Elle se retourne, me sourie. Je me lève et la suit. Elle attache ses cheveux avec un élastique. Ils n’étaient pas si gras à l’époque. Ils ondulaient sur ce lit. On aurait dit qu’elle prenait la pause. Elle m’a dit pardon. Je n’avais rien dit. Elle avait vu ma ceinture se défaire sous mes mains. Elle a répété son pardon. Un coup de ceinture s’est abattu sur son visage. Un peu de sang a coulé de sa lèvre. D’une main elle l’a enlevé. Elle me regardait encore. Même après six coups de ceinture sur le visage elle me dévisageait. Par contre c’est comme si elle avait perdu l’usage de la parole. Plus de pardon à l’horizon. Pour ne pas la rendre triste j’ai dit pardon à sa place. J’ai lâché la ceinture. Du sang a taché la moquette. J’ai serré mes poings. Mes mains tremblaient. Mes poings se sont encastrés sur son visage. Jusqu’à ce qu’elle ne me regarde plus. Les yeux perdus dans le vide. Je l’ai déshabillée. Nue sur le lit. Elle ne bougeait plus. Je me suis allongé sur elle. Je l’ai embrassé. J’ai touché ses cheveux. J’ai caressé son cou. De longs baisers sur ses seins. Elle ne réagissait pas. Elle ne m’aimait plus. Je lui ai fait l’amour. Elle n’a pas respiré. Elle n’a plus respiré. On aurait dit qu’elle retenait son souffle. Tout comme moi à l’instant. Juste après l’avoir vu entrer dans les toilettes du train. Je tape à la porte. Je demande pardon. J’entre, une main qui défait déjà ma ceinture.


JE SUIS UN HOMME

,je remonte les draps, nu comme un vers, métro, boulot, dodo, j’éteints la lumière, enfin seul, plus le vacarme du monde, je ferme les yeux,
Il marche. Seul dans la rue. Il fait nuit noire. Personne à l’horizon. Il sort une clope. L’allume. Il recrache la fumée. Il fait chaud dehors. Il transpire. Il semble errer sans but. A son rythme. Il ne pense à rien. Il fait le vide. Il a bu un coup de trop. Un verre pour la route. Il s’arrête. Jette sa clope. Elle se crame au sol. Il se met à genoux. Le sol est humide. Un doigt dans sa bouche. Il gerbe. Vapeurs d’alcool. Il crache. Il se tient le crâne. Il gémit. Il se relève. Son pantalon est crade. Il enlève ses chaussures. Il les renifle. Ses chaussettes sont trouées. Il les retire. Il les renifle. Il les met en boule. Il les lance au loin. Aucun bruit. Il jette ses chaussures. Elles s’écrasent par terre. Le bruit sourd envahit la rue. Rien ne bouge. Le monde semble mort. Ses pieds sentent le bitume. A moins que ce ne soit l’inverse. Il déboucle sa ceinture. Son pantalon tombe à ses pieds. Il le laisse à même le goudron. Il se remet à marcher. Il respire un grand coup. Ça pue la vie. Il se laisse guider par son coeur. Une autre clope. Pour faire passer le goût de la vie. Ne plus penser à respirer. Il aimerait bien. Rien à faire, il n’y arrive pas. Il a chaud, en sueur. Il fait valser son t-shirt. Une bouffée de cigarette. Ses poumons prennent vie. Il se sent libre. L’air l’envahit. Il se laisse aller. Il écrase sa cigarette. Il se brûle les pieds. Il ne réagit même pas. Il ne ressent plus la douleur. Il a déjà trop souffert. Son corps est déjà mort. Il n’a plus que son cerveau. Son esprit qui trimballe sa misère. Il vire son caleçon. Il se sent bien. Retour à l’état de nature. Nu. Sans artifice. Sans fausse pudeur. Sans morale. Un corps vierge. C’est comme ça qu’il se voit. Il marche toujours. Vers son destin. Vers ce qu’il désire. Il ferme les yeux. C’est beau la vie quand on ne voit rien. Il laisse voguer sa carcasse comme elle le souhaite. Il n’attend plus rien de la vie. C’est trop dur d’attendre. Mieux vaut avancer. Même vers l’inconnu. Il n’a plus peur maintenant. Il n’a plus rien à perdre. Il a déjà perdu son âme. Il ne veut pas ouvrir les yeux. Il ne veut plus voir la nuit. Ce moment où on peut s’évader. Où le monde se repose. Lui il n’y arrive pas. Trop de choses à penser. Trop de choses à vivre. Faut forcer pour ne pas ouvrir les yeux. Des frissons envahissent tout son corps. C’est ça se sentir vivant ?
j’ouvre les yeux, 3 heures du mat’, c’est ce que me dit mon réveil, table de chevet, un somnifère, je l’avale, j’attends, seul sous mes draps, tout est noir, mes yeux se ferment,
Il ouvre enfin les yeux. Sans raison apparente. Juste une envie soudaine. Il voit le ciel. Pas de nuage. Des étoiles scintillent. Il est sur un pont. Le souffle chaud du vent. Comme une douce caresse. Le bruit de l’eau. Sous le pont ça vit. La ville est déserte. Il est immobile. Seul face au néant. Seul face à lui-même. Il dépose son coeur au sol. La beauté du geste. Il sait que ce n’est qu’une image. En réalité ses yeux sont clos. Il voit ce qu’il veut. Sinon il se verrait. Debout sur la rambarde. Nu sur ce pont. Tout prés du vide. Prêt à sauter. La laideur du geste. Il ne sait pas pourquoi. Que fait-il ici ? Qui est-il ? Que veux-t-il ? Tant de questions. Trop de questions. Il s’en moque éperdument. Il est là. Il est qui il est. Il veut ce qu’il veut. C’est tout. Et c’est déjà pas mal. Une dernière cigarette. Ses derniers gestes. C’est éphémère tout ça. Une cigarette entre deux doigts jaunis. Le temps laisse des traces. Tout se consume. Peu à peu. Ses gestes sont lents. Même pas précis. Ses mains tremblent. Sa bouche est pâteuse. Il sait qu’il pue de la gueule. Trop d’alcool. Trop de tabac. Bonjour mort souriante. Il tire sur sa clope. Il avale la fumée. Elle ne ressort pas. Il la garde en lui. Il ne se sent plus vide ainsi. Il a mal au bide. Tellement mal qu’il s’en moque. Il rie à la face du monde. Un rire gras. Comme il n’en existe plus. Il entend son écho. Il a envie de se répondre. Mais il préfère se taire. Profiter du silence. Le silence de la nuit. Ce silence glacial. Tellement glacial qu’il a froid maintenant. Le vent lui fait mal. Ça le pique. Lui brûle la peau. Il souffre. Il finit sa cigarette. Il souffle. Jusqu’au bout il y croit. Il jette sa clope. Elle s’éteint dans l’eau. Si seulement il ouvrait les yeux. Sa tête se mettrait à tourner. Il se sentirait partir. Un tourbillon de folie. Un manège désenchanté. Tout va trop vite. Il saute. Son esprit s’envole. Son corps tombe. De tout son poids. L’éphémère devient éternité. Et si c’était mieux ainsi ? Et si ça avait été autrement ? Plus de questions. Ça ne veut plus rien dire. Il faut cesser de parler. Il faut écouter. Le silence. C’est si beau. Ce silence. Ce vide. Ce néant. Cet infini. Tout ça n’est rien. Arrêt sur image. Il ouvre les yeux. Sa tête est à un centimètre du sol. Prête à se fracasser. L’eau a disparu. C’est beau de rêver les choses. Maintenant c’est trop tard. Il le sait. Il le sent. C’est son dernier geste. Ouvrir les yeux.
j’ouvre les yeux, le réveil est en train de sonner, c’est l’heure, retour à la vie, le brouhaha du monde, infos à la radio, ça parle pour rien dire, comme tous les jours, ça occupe, je vais me lever, faire quelques pas jusqu’aux toilettes, pipi, je vais déambuler jusqu’à ma cuisine, un café chaud, une connerie à la télévision, je vais essayer de sourire, je vais pas y arriver, comme d’habitude, je vais choisir mes fringues pour la journée, personne ne remarquera mon existence, mais il faut faire comme si, je vais me faire beau, si on veut bien dire ça comme ça, me doucher, peut-être me branler, ça dépendra de mon humeur du moment, me raser, toujours être rasé de prés, interdit d’être négligé, merci le formatage, je vais me coiffer, la raie sur le côté aujourd’hui, comme tous les jours d’ailleurs quand j’y pense, c’est ça mon originalité, être tous les jours le même, je vais sortir de chez moi, mon bel HLM, une banlieue grise comme tant d’autres, un homme parmi les hommes, tous anonymes, j’aime penser à ça quand je descends les escaliers, six étages c’est long, je vais prendre ma voiture, circulation, embouteillage, je vais râler, histoire de faire comme tout le monde, klaxonner, faire du bruit pour se sentir exister, feu rouge, feu vert, je suis civilisé, encore la radio, leurs conneries de chansons, leurs blagues pas drôles, j’ai déjà envie de chialer, je vais me retenir, prendre sur moi, surtout ne plus penser, la journée passe plus vite, le trajet jusqu’au boulot semble durer des siècles, j’aurais envie de ne pas m’arrêter, de continuer, de rouler, et rouler encore, toujours tout droit, jusqu’à plus soif, je me raisonne, c’est pas ça la vie, ça c’est l’imaginaire, moi je suis dans la vraie vie, celle dont tout le monde rêve, si je m’écoutais, non il ne faut pas, je n’ai pas le droit, pas le droit de rêver, il faut vivre tout simplement, faire semblant d’être heureux, il faut sourire, de belles dents blanches, comme les miennes, il faut les montrer, la musique me saoule, non j’ai pas le droit de dire ça, j’aime la musique, mais pas celle que les gens écoutent, je perds la tête, mon crâne va exploser de l’intérieur, il faut que je m’arrête, coup de frein, arrêt du moteur, crissements de pneus derrière moi, ça klaxonne à tout va, je dérègle le monde, un seul geste et plus rien ne va, je sors de la voiture, tout ce monde c’est impressionnant, les gens me regardent, ça change pour une fois, j’entends les nouvelles à la radio, le pont sur lequel je suis est bloqué, embouteillages, c’est ce que la voix annonce, le monde va si vite, il faudrait prendre un peu plus le temps, respirer un grand coup, l’air est pollué, il fait trop chaud, j’enlève mes chaussures, mes chaussettes sont trouées, j’ai eu la flemme de les changer tout à l’heure, je m’en fiche, j’enlève mon pantalon, l’air est si doux, je marche vers la rambarde, je fais valser mon t-shirt, ma peau est blanche, elle ne voit jamais le soleil, pas le temps, il faut travailler, gagner sa vie, ne pas se laisser aller, je n’entends plus rien autour de moi, pourtant les gens sont là, je peux les voir, j’enlève mon caleçon, je suis tout nu, le bien être total, un frisson de plaisir envahit tout mon corps, c’est si bon, si agréable, je me mets debout sur la rambarde, je regarde le sol, seul face au vide, tout devient flou, j’ai envie de sauter, je ferme les yeux, écoutez le silence, le froid silence de la vie, profitez de cet instant, il ne durera pas, je souffle, j’ouvre les yeux, je me suis endormi dans ma voiture, la radio gueule les infos, ça klaxonne autour de moi, je suis arrêté sur un pont, je reprends mes esprits, je vois un homme, il est nu, debout sur la rambarde, il va se jeter dans le vide, il va mourir je pense, et cet homme je sais que c’est moi,
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Message  Pascal Marc Mer 2 Juil 2008 - 0:10

L'ETERNITE DE L'INSTANT

Elle me regarde et me sourie. Je touille mon café. Ça doit faire 3 minutes déjà. Encore un peu et il sera froid. Même en tournant la tête dans une autre direction je sens son regard. Elle a les yeux qui sourient. Ce n’est pas un rêve. C’est elle je le sais. Celle dont j’ai toujours rêvé. Des milliers de fois j’ai vécu cet instant. Des milliers de scénarios différents je me suis inventé. Toujours plus parfaits les uns que les autres. Et maintenant, là, tout de suite, l’instant est là. Il vit devant moi. Elle est tout prés de moi. Je pourrais lui rendre son sourire. Je pourrais aller lui parler. Je pourrais faire tant de choses. Mais à la place je touille et touille encore mon café. Elle doit me prendre pour un fou. « Allez viens avec moi, allons ensemble » Je pourrais lui dire ça. La prendre ensuite par la main. Et s’enfuir tous les deux, loin de ce monde étrange. Je pourrais, mais pour le moment je profite de l’instant. Si je pouvais prendre cet instant en photo. Figer le temps : moi, ses yeux, son sourire. Pouvoir le rendre éternel. Je ferais une belle photo en noir et blanc. Le monde est si beau quand on lui enlève ses couleurs. On devrait voir la vie en noir et blanc, on se sentirait mieux. Seulement la beauté du monde à regarder et rien d’autre, seulement ça. Et derrière la photo j’écrirais une phrase. Une petite phrase de rien du tout. « L’éternité de l’instant » Le temps est en suspension. Le monde cesse de tourner. C’est ce qu’il se passe ici même. On dirait qu’il n’y a plus aucun bruit. Qu’il n’y a plus rien autour. En tout cas c’est tout comme. Rien ne compte à part elle. Je ne connais pas son nom mais ça ne change rien. Je ne la connais pas mais je sais tout d’elle. Une évidence. C’est le mot : une évidence. C’est comme ça et pas autrement. Il n’y a pas d’explications à donner. Les gens ne comprennent pas ça. Ils ont leurs vies bien rangées. Bien cloisonnées. Numérotées. C’est quoi l’amour ? 1. La rencontre - 2. Le baiser - 3. Le sexe - 4. La maison - 5. Le mariage - 6. Le bébé - 7. La retraite - 8. La mort. C’est beau la vie. C’est beau la liberté. J’ai essayé de faire tout bien. Pour que les gens disent : « Lui il est heureux, il a une belle femme, une belle maison et un beau bébé » Alors mes amis je peux mourir en paix c’est ça ? Non je ne suis pas fait pour ça. Ça ne m’intéresse pas. Je ne veux pas avoir l’air heureux aux yeux des gens. Tout ce que je veux c’est être heureux, tout simplement. Quitte à ce qu’on ne me comprenne pas. De toute façon les gens sont cons. Ils ne réfléchissent pas. Ils n’écoutent pas. Ils croient entendre mais ils sont sourds. Ils n’entendent même pas le boucan que fait le monde. Ils croient voir mais ils sont aveugles. Ils ne voient que ce qu’on leur montre. Ils croient parler mais ils sont muets. Ils parlent mais leurs mots s’envolent et disparaissent tellement ils sont futiles. Moi je sais que je suis un con. C’est peut-être ça le plus dur dans ma vie : savoir.
Mon café est froid. J’arrête de le touiller. Je repose la petite cueillere sur la table. Je bois mon café d’une traite. Je tourne la tête. Elle n’est plus là. L’instant s’est évaporé. Mes yeux se ferment. Je repose la tasse sur la table. Des larmes coulent sur mes joues. Cela faisait si longtemps que je n’avais pas pleuré. Je ne peux pas me retenir. Ce sont de vraies larmes. De tristesse ou de bonheur, je ne saurais dire. Je me frotte les yeux. J’essuie mes larmes. Je dois avoir les yeux rouges. Je les ouvre enfin. A sa place deux jeunes filles se sont assises. L’une d’entre elle me regarde du coin de l’oeil. Elle parle de moi à sa copine. Celle-ci se retourne alors et me regarde. Je ne suis pas gêné. De toute façon c’est comme si je n’étais plus dans ce monde à cet instant. Je respire un grand coup. Dans les yeux des deux jeunes filles je sens de la tristesse. Sont-elles tristes pour moi ? Je ne sais pas. Je lève ma tête vers le ciel. Histoire de faire entrer les dernières larmes dans mon corps. Retour à la source. Quand je sens que tout va mieux je baisse la tête. Je me frotte le crâne. L’instant, son éternité. Ça envahit mon corps. Mes mains tremblent. Mes pieds se crispent. Je ne peux pas me lever. Plus assez de force. Plus assez d’envie. Je commande un autre café. J’attends sans rien faire. J’essai de ne penser à rien. Je fais le vide total. Tout parait flou autour de moi. Je me suis créé une sorte d’ectoplasme. Retour à l’origine. Je suis comme un bébé dans le ventre de sa mère. J’attends de naître au monde. Je suis bien ici. Il fait chaud. Je me sens protégé. Je me sens fort. Mon café arrive. Je le regarde un instant. Les deux jeunes filles se lèvent et sortent. Elles ne me regardent pas. Elles s’en vont comme si rien ne s’était passé. La vie reprend son cours. Dehors elles se font la bise et se séparent. Ainsi va la vie. Pendant ce temps moi je touille mon café. Je m’arrête lorsqu’une de mes larmes tombe dans ma tasse. Je pleure, je pleure l’éternité de l’instant... Et après, après on verra...


J'ATTENDS

J’attends. C’est ma vie. Attendre. Qu’il m’arrive quelque chose. Qu’il se passe un truc. Mais ça ne vient jamais. Toujours rien. L’ennui, la solitude, le désespoir. Si je me mettais à crier le monde deviendrait sourd. Mais j’ai peur de crier. Trop de souffrance. Et si on ne m’entendait pas après avoir crié ? Je préfère espérer à une vie meilleure. A un monde meilleur. Un monde où je n’aurais plus cette putain de boule au ventre. Qui me ronge de l’intérieur. Qui me casse morceaux par morceaux. Tellement fragile que je peux me briser à tout moment. Je n’ai plus la force de rien. Même me nourrir m’épuise. Je maigri de jour en jour. Je suis bien vivant. Je m’en rends compte depuis que mes os apparaissent. Ils me scient la peau. Mon corps s’abîme à vue d’oeil. Il fait ça tout seul. Je n’ai pas besoin de l’aider. On dirait que toutes les cicatrices de mon âme apparaissent une à une sur moi. Je pue la mort. Et à vrai dire je préfère ça, la vie n’a pas d’odeur. Au moins là je sais que j’existe. Je regarde les gens vivre. Je les observe à travers l’écran de mon téléviseur. 24 heures sur 24. Tout le temps. Pas de repos pour la vie. On aura tout le temps ensuite. Ça me désole de voir ce monde qui s’effondre. Et ces gens qui ne voient rien. Ou qui font comme si. Comme si tout était bien. Si je pouvais je ferais tout exploser. Que tout finisse enfin. Qu’on prenne enfin le temps. Le temps de vivre. Sans corps on ne souffre plus. On peut respirer enfin. En ce moment mon souffle se fait rare. De plus en plus de mal à respirer. Ça brûle à l’intérieur. Ça fait mal. Tellement mal que mon coeur s’épuise. Il bat de moins en moins fort il semblerait. Et de moins en moins souvent j’ai l’impression. Des fois je le serre fort dans le creux de ma main, histoire de voir s’il vit encore. A ce niveau-là ce n’est plus que de la survie. Si on pouvait s’arracher le coeur et le réanimer. Lui faire aimer la vie. Et si on pouvait faire en sorte que la vie nous aime en retour, ce serait merveilleux. Malheureusement ce n’est pas ça. Cela ne marche pas comme ça. Alors en attendant j’attends. Que mon corps implose. Que le monde explose. Au choix. Et à la fin du monde je nous verrais mourir à la télévision. Se voir mourir en direct, si Dieu avait imaginé ça un jour ! Un goût de sang se répand soudain dans ma bouche. Je crache mes blessures. Je me rends compte qu’aucune d’elle n’a cicatrisé. Elles semblent encore fraîches. En tout cas elles me blessent de nouveau. Pas de répit, pas le droit. Je m’écroule. Mes os se brisent. Ils craquent sous mon poids. Je saigne à n’en plus pouvoir. Je vomi tout l’espoir qui était encore en moi. Mon coeur suffoque. Je le prends dans le creux de ma main. Je le serre de toutes mes forces. Il ne bat plus. Il a cessé de respirer on dirait. Il faut que je l’arrache. Que je le pose par terre. Comme un vulgaire morceau de barbaque. Que je le réanime. Mais je n’ai plus de souffle. Je ne sens plus l’air autour de moi. Ma gorge s’assèche. On dit que sa vie défile. Mais il ne se passe rien. Comme dans la vie. C’est si triste au final. Juste l’agonie. Seule. Simple. Toute simple. Alors j’attends encore. Qu’il se passe quelque chose. Pour une fois. Je vous en prie. S’il vous plait...BOOM... Je relève la tête. A la télévision le monde explose. Il est lui aussi à genoux. Il va crever sous peu. Finalement je préfère partir avant lui. Je ne peux plus attendre. C’est trop dur d’attendre. Allons voir la suite. Tout devient noir. Plus aucun son. Rien. Je ne sens plus mon corps. Mon âme s’envole. Elle vole vers un immense rien. Un gigantesque noir sans aucune lueur. Le vide ultime. Ça ne semble jamais s’arrêter. Mes souvenirs s’estompent peu à peu. Plus j’avance et plus j’oublie. Plus j’avance et plus j’ai peur. Sans mémoire nous ne sommes plus rien. Il ne faut pas que j’oublie. Il faut que je me souvienne. Ma mère. Qu’est-ce qu’elle est belle ! Elle me fait un gratin de pomme de terre. J’aime quand elle me gratte la tête. Pourquoi tu pleures maman ? Tu me fais rire avec tes grimaces. Tu cries, tu as mal ? Il est saoul je l’entends. Je pleure la nuit quand il t’insulte. Un jour je lui rendrais tous les coups qu’il te donne. Non maman n’est pas morte. C’est pas vrai. C’est pas possible. Elle était pas malade. Un cancer ça arrive pas comme ça. Elle a pas pu m’abandonner. Me laisser seul avec toi. C’est la dernière fois que tu me touches. La prochaine fois que tu poses la main sur moi je te tue. Adieu papa. Tout s’efface. J’ai oublié la suite. C’est tout. Il n’y a plus rien. Après c’est le trou noir. Je suis vide. Vidé de tout ce que j’étais. Vidé de tout ce que je suis. J’avance sans cesse vers l’inconnu. Ça ressemble tellement à la vie. C’est effrayant quand on y pense. Je n’ai qu’une chose à faire. J’attends. C’est ça ma mort. Attendre. Qu’il m’arrive quelque chose. Qu’il se passe un truc. Mais ça ne vient jamais. Toujours rien. L’ennui, la solitude, le désespoir. Et si je me mettais à crier ?
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Message  Sahkti Mer 2 Juil 2008 - 9:13

Pas mal de simplicité naïves et de maladresses, notamment dans des tournures de phrases telles "Le mien elle me l’a brisé, c’est pour dire", plutôt bancales.
Impression générale de texte à retravailler sur le fond, histoire d'affirmer l'écriture et de donner davantage de présence tant aux personnages qu'aux décors.
Ici tout défile, en phrases courtes et saccadées sans que jamais le temps ne soit pris de créer une réelle atmosphère. Dommage parce que ce n'est pas l'action qui fait le texte mais aussi tout ce qui l'entoure.
Malgré l'avalanche de petits détails dans la première nouvelle, par exemple, je n'arrive pas à donner vie à cette fille, à la trouver palpable ou attachante; il me manque quelque chose.
Cela tient à l'écriture, certes, mais aussi au sujet. Si je reste sur la première nouvelle, ce type détestable raconte quelque chose sans se glisser dans la tête de l'autre, or c'est pourtant ce qu'il tente de faire, il nous parle d'elle (et surtout de lui à travers elle en fait), mais la psychologie du personnage n'est pas assez poussée à son paroxysme à mon goût. Tout reste effleuré.

Dans le second texte, tu abordes, semble-t-il, un rêve, mais le contraste entre périodes endormies et réveils n'est pas assez marqué. Le type se projette lui-même dans quelque chose, ce sont ses tourments qui prennent le dessus... du moins, je l'ai compris comme ça, mais cet état de fait est noyé sous son nombrilisme, il prend trop de place.

Bref, de manière générale, il me semble que tu restes trop en surface et extérieur à ton texte. Le lecteur n'a guère l'occasion de rentrer dedans, tout défile trop vite (l'usage de phrases courtes et saccadées finit par lasser, même...) et tout est décidé à sa place. Peu d'espace dédié à la suggestion et à l'imaginaire, dommage, parce qu'il y a pourtant quelques idées intéressantes à développer dans tout cela, comme des tableaux ou des scènes de cinéma.
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Message  Lucy Mer 2 Juil 2008 - 19:13

Je n'ai lu que les deux premières nouvelles. Manque de temps oblige.
Même réflexion que pour Alexis Christ Bukowski en ce qui concerne l'usage des phrases courtes.
Sur un long texte, c'est chouette, mais il faut penser espaces / blancs / etc... pour laisser le lecteur respirer. J'ai eu la sensation de plonger en apnée. Et je ne suis pas sûre d'avoir aimé.
Sur la seconde nouvelle, je peine à me souvenir de l'intrigue , de la progression de l'histoire, s'il y a.
Bref, oui, c'est très photo, cinéma comme l'a souligné Sahkti, mais il faut penser aux bruitages, à la musique et aux personnages secondaires : à tout ce qui recrée une ambiance, en somme.
Je ne peux lire plus pour le moment et je ne pourrai pas avant un certain temps. C'est dommage, j'aurais souhaité voir ce que tu faisais niveau roman.
Bienvenue sur VE, Pascal Marc.
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Message  Loupbleu Mer 2 Juil 2008 - 21:08

Bienvenue sur VE !

Dans l'ensemble, il m'a semblé que tu écrivais déjà avec aisance, et bien des aspects de tes textes ne manquent pas d'intérêt. Cependant, pour moi, ils ne fonctionnent pas, et j'essaie d'expliquer. Entendons-nous bien, il s'agit juste de donner mon avis perso, et éventuellement faire des suggestions, ou t'amener à certaines réflexions (mais c'est à toi de voir).

Dans le premier texte : j'a l'impression que le procédé prend le dessus sur le fond. Pour provoquer un peu, je dirais que le fait de faire des phrases courtes (en réalité, ce sont des phrases longues, ou "normales" hachées par des points) ne suffit pas à montrer que le narrateur est psychopathe.

De même, l'idée de jouer avec la temporalité du récit est intéressante, mais au fond, je ne sais pas trop au service de quoi ce procédé est mis en oeuvre.

J'ai ressenti aussi des incohérences dans le point narratif : un observateur lointain, interrogatif, puis qui devient manipulateur (comme omniscient) qui a l'air de tout savoir, sans compte que spatialement, je ne sais plus où a lieu la scène à la fin.

Bref, dans tout ça, je ne sais pas suivre le texte, donc je ne m'y implique pas, et finalement, je ne comprends pas où il mène.


A propos du second texte : même remarque sur le procédé (et changer les points en virgule ne modifie pas grand chose). Les parties narratives ont à mon sens plus de valeur que les parties "philosophiques", redondantes et aux accents parfois un peu cliché (par ex : il a déjà perdu son âme).

Par ailleurs, comme Sahkti, j'ai eu du mal à poser un décor, une atmosphère, sans doute (à mon sens toujours), tu manipules des choses ou des objets trop "communs" (cigarette, table, réveil, ascenseur, etc.), aucun n'a la particularité d'évoquer une image ou une sensation précise.

A la fin, la même sensation de ne pas voir ce que signifie, au fond, ce texte.


Sur ces deux premiers textes (désolé je dois aussi m'arrêter là), je dois dire que j'aime pas mal la littérature un peu sombre (Kafka, Bukowski, Cioran, ...), mais que la manipulation de thèmes très noirs, racontés d'une façon très noire est peut-être une "facilité". Et aussi, sans doute, en faire "trop" a tendance à tuer les effets.


Voilà ! J'ai essayé d'expliquer longuement ce qui ne me semblait pas aller dans ces textes, ce n'est pas un jugement objectif bien entendu. Il y a de la qualité, dans certaines images, dans la recherche de procédés, dans la fluidité d'écriture, etc., et bien entendu, je t'encourage à continuer !
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