Sa forme est étrange
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Sa forme est étrange
Sa forme est étrange. Un pied arrondi, autrefois fibreux laisse voir une crevasse rougissante, vestige de la faim d'un insecte minuscule. Quel était cet insecte ? Il ne se souvient pas. Une bestiole rampante dont la morsure L'a cruellement fait souffrir – du moins c'est ce qu'Il croit, voilà tant de temps qu'Il n'a pas souffert – ; à un bout du pied tordu par l'âge, des filaments blanchâtres déchirés rappellent le temps où Il vivait de la terre, où Il appartenait à la terre, où Il était la terre. Maintenant ces filaments sont tailladés, mutilés, et se tendent vers le néant comme un appel à l'aide, un refus d’espoir, un souvenir d'être.
Si l'on remonte le long d'une des crevasses de ce pied raide de non-vie, on finit par en apercevoir l'extrémité, un lambeau de chair durcie, un reste d'anciennes couleurs, une pourriture de lumière.
Parfois Il perçoit un mouvement. Loin. Très loin. Autour de Lui rien ne bouge, le temps s'est arrêté ; c'est un temps qui arrive – Il l'a souvent épié – par vagues silencieuses, de la droite, puis qui s'approche et s'écarte, à quelques distances de Lui. Il se sépare en deux ; Il peut le voir se retrouver, là-bas, plus loin. Puis il s'en va vers la gauche peut-être quelque part. Depuis qu'Il existe (à cette époque, le temps passait encore sur Lui), le temps n'a jamais changé de sens, il s'est toujours enfuit au loin, à gauche.
Donc, un mouvement, là-bas où le temps passe. Ce mouvement a une couleur, Il ne sait pas laquelle ; voilà longtemps déjà qu'Il ne sait plus les couleurs.
Il ne se souvient même plus de l'odeur de la terre. Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé – non, celle-là, sèche, morte, n'a plus d'odeur –, celle d'avant. Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
Quand des pas font trembler le sol sur lequel Il se repose, fragile, dur, quand l'homme – l'homme – s'approche ; quand il regarde un instant la moisissure, rongée, glacée et se retourne, se détourne, Il se souvient un instant de son nom. Un nom compliqué, venu d'une langue ancienne, oubliée ; un nom qui le séparait de ses frère – oui, en ce temps où Il n'était pas seul –, qui trahissait son danger, du temps où il faisait peur, où l'homme n'osait pas le toucher, où les regards impressionnés, fascinés, effrayés Le grandissaient, que Sa couleur soudain défiait le Soleil, la vie, la mort…
C'est étrange qu'Il pense avec des mots. Avant, Il pensait avec des éclats de couleur, des rayons de lumière. Maintenant, ce sont des lettres qui se couchent les unes à côté des autres. Elles sont toutes un peu semblables. Noirâtres et froides ; pourtant elles se collent ou se battent. Il ne comprend pas pourquoi
Un enfant brun court. S'arrête. Un vieux champignon lui barre la route. Il grimace de dégoût. Sourit. Avec bonheur et rage, son pied écrase, réduit en miette le champignon.
Un peu de poussière s'élève.
Si l'on remonte le long d'une des crevasses de ce pied raide de non-vie, on finit par en apercevoir l'extrémité, un lambeau de chair durcie, un reste d'anciennes couleurs, une pourriture de lumière.
Parfois Il perçoit un mouvement. Loin. Très loin. Autour de Lui rien ne bouge, le temps s'est arrêté ; c'est un temps qui arrive – Il l'a souvent épié – par vagues silencieuses, de la droite, puis qui s'approche et s'écarte, à quelques distances de Lui. Il se sépare en deux ; Il peut le voir se retrouver, là-bas, plus loin. Puis il s'en va vers la gauche peut-être quelque part. Depuis qu'Il existe (à cette époque, le temps passait encore sur Lui), le temps n'a jamais changé de sens, il s'est toujours enfuit au loin, à gauche.
Donc, un mouvement, là-bas où le temps passe. Ce mouvement a une couleur, Il ne sait pas laquelle ; voilà longtemps déjà qu'Il ne sait plus les couleurs.
Il ne se souvient même plus de l'odeur de la terre. Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé – non, celle-là, sèche, morte, n'a plus d'odeur –, celle d'avant. Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
Quand des pas font trembler le sol sur lequel Il se repose, fragile, dur, quand l'homme – l'homme – s'approche ; quand il regarde un instant la moisissure, rongée, glacée et se retourne, se détourne, Il se souvient un instant de son nom. Un nom compliqué, venu d'une langue ancienne, oubliée ; un nom qui le séparait de ses frère – oui, en ce temps où Il n'était pas seul –, qui trahissait son danger, du temps où il faisait peur, où l'homme n'osait pas le toucher, où les regards impressionnés, fascinés, effrayés Le grandissaient, que Sa couleur soudain défiait le Soleil, la vie, la mort…
C'est étrange qu'Il pense avec des mots. Avant, Il pensait avec des éclats de couleur, des rayons de lumière. Maintenant, ce sont des lettres qui se couchent les unes à côté des autres. Elles sont toutes un peu semblables. Noirâtres et froides ; pourtant elles se collent ou se battent. Il ne comprend pas pourquoi
Un enfant brun court. S'arrête. Un vieux champignon lui barre la route. Il grimace de dégoût. Sourit. Avec bonheur et rage, son pied écrase, réduit en miette le champignon.
Un peu de poussière s'élève.
Re: Sa forme est étrange
Lu deux fois parce que la première lecture ne m'a pas convaincue, jusqu'à ce que j'arrive à la toute fin qui m'a fait réaliser que j'avais peut-être manqué quelque chose... Beaucoup plus apprécié le texte la deuxième fois , le tout est agréablement ficelé, avec des passages réussis, très évocateurs (au début notamment) .
Dans le détail :
-Je me demande s'il est nécessaire de mettre une majuscule chaque fois que tu évoques le champignon.
-Ici :
Dans le détail :
-Je me demande s'il est nécessaire de mettre une majuscule chaque fois que tu évoques le champignon.
-moi non plus, je ne comprends pas à quoi ce passage fait référence.C'est étrange qu'Il pense avec des mots. Avant, Il pensait avec des éclats de couleur, des rayons de lumière. Maintenant, ce sont des lettres qui se couchent les unes à côté des autres. Elles sont toutes un peu semblables. Noirâtres et froides ; pourtant elles se collent ou se battent. Il ne comprend pas pourquoi
-Ici :
Il me semble d'une part qu'il faudrait revoir la ponctuation de la première phrase, et d'autre part que l'introduction du "je crois" est superflue, c'est mieux si, comme dans le reste du texte, le narrateur reste extérieur.Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé – non, celle-là, sèche, morte, n'a plus d'odeur –, celle d'avant. Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
Invité- Invité
Re: Sa forme est étrange
j'ai tenté sans lmes mujuscules, mais ce n'est pas clair, enfin c'est une mauvaise solution pour éclaircir, c'est vrai... je note à réfléchir
Pour le 'je crois', j'y tiens... Pas moyen de le supprimer, si je l'enlève, il me manque...
merci pour tes conseils, c'est pécieux. (j'ai bien fait de venir me perdre jusqu'à ce forum apparement)
Le language faisait référence à l'humanité, la décrépitude qui le rapproche de l'humain. Sans doute peu clair...moi non plus, je ne comprends pas à quoi ce passage fait référence.
Je n'arrive pas à voir ce qui ne va pas dans la ponctuation... tu veux bien préciser ?Il me semble d'une part qu'il faudrait revoir la ponctuation de la première phrase, et d'autre part que l'introduction du "je crois" est superflue, c'est mieux si, comme dans le reste du texte, le narrateur reste extérieur.
Pour le 'je crois', j'y tiens... Pas moyen de le supprimer, si je l'enlève, il me manque...
merci pour tes conseils, c'est pécieux. (j'ai bien fait de venir me perdre jusqu'à ce forum apparement)
Re: Sa forme est étrange
Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé – non, celle-là, sèche, morte, n'a plus d'odeur –, celle d'avant. Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
celle d'avant ne fait pas référence à l'odeur en général ("n'a plus d'odeur") mais à une odeur précise, ce sont deux choses différentes qui ne peuvent être assimilées. Il faudrait séparer les 2 morceaux de phrase, par exemple :
Ou alors :Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé – non, celle-là, sèche, morte, n'a plus d'odeur. Celle d'avant.... Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
De mon point de vue, détaché (ce n'est pas mon texte), ça sonne très bien sans je crois, la brièveté est plus percutante.Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé – non, celle-là, sèche, morte, n'a plus l'odeur d'avant.... Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie (je crois).
Invité- Invité
Re: Sa forme est étrange
Le 'celle d'avant', fait référence à la terre, pas à l'odeur. Le 'non, celle-là, sèche, morte, n'a plus d'odeur' est entre tirets.
La phrase elle-même c'est :
Sans la parenthèse ça me parrait clair, non ? C'est la parenthèse qui empêche la compréhension de cette phrase ?
La phrase elle-même c'est :
Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé, celle d'avant. Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
Sans la parenthèse ça me parrait clair, non ? C'est la parenthèse qui empêche la compréhension de cette phrase ?
Re: Sa forme est étrange
Maintenant, ce sont des lettres qui se couchent les unes à côté des autres. Elles sont toutes un peu semblables. Noirâtres et froides ; pourtant elles se collent ou se battent.
pas compris du tout ces phrases
pas trop compris non plus l'histoire du temps qui passait, toujours du même côté. Le soleil, sa trajectoire ?
bon, pas trop emballé par ce texte.
J'aime mieux, lorsqu'on décide de donner vie à des objets ou des végétaux (une tondeuse par exemple :-))) j'aime mieux qu'on les fasse parler, carrément, tu vois ? Mais bon, chacun ses idées.
C'était bien essayé.
pas compris du tout ces phrases
pas trop compris non plus l'histoire du temps qui passait, toujours du même côté. Le soleil, sa trajectoire ?
bon, pas trop emballé par ce texte.
J'aime mieux, lorsqu'on décide de donner vie à des objets ou des végétaux (une tondeuse par exemple :-))) j'aime mieux qu'on les fasse parler, carrément, tu vois ? Mais bon, chacun ses idées.
C'était bien essayé.
Re: Sa forme est étrange
Sa forme est étrange. Le mot habille comme un gant, le texte ici proposé.
Mon impression est teintée du brouillard humide dans lequel tu plonges le lecteur.
Sur sa faim, ce commentaire restera Evanescent.
Mon impression est teintée du brouillard humide dans lequel tu plonges le lecteur.
Sur sa faim, ce commentaire restera Evanescent.
bertrand-môgendre- Nombre de messages : 7526
Age : 104
Date d'inscription : 15/08/2007
Re: Sa forme est étrange
Evanescent a écrit:Le 'celle d'avant', fait référence à la terre, pas à l'odeur. Le 'non, celle-là, sèche, morte, n'a plus d'odeur' est entre tirets.
La phrase elle-même c'est :Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé, celle d'avant. Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
Sans la parenthèse ça me parrait clair, non ? C'est la parenthèse qui empêche la compréhension de cette phrase ?
Non, ce n'est pas clair du tout, la preuve c'est que je n'ai rien compris à cette phrase ;-))
Invité- Invité
Re: Sa forme est étrange
: ( ... bon...
là c'est bon ?
Il ne se souvient même plus de l'odeur de la terre. Enfin, pas celle sur lequel Il est couché, recroquevillé – non, celle-là, sèche, morte, n'a plus d'odeur –, la terre d'avant. Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
là c'est bon ?
Re: Sa forme est étrange
oups, y'a une faute, c'est 'laquelle' et pas 'lequel'.
Enfin, pas celle sur laquelle Il est couché, recroquevillé, celle d'avant. Celle d'avant était chaude, sombre. Elle avait une odeur. Enfuie je crois.
Merci pour cette réaction. C'est celle que mon texte et moi espérions.Sa forme est étrange. Le mot habille comme un gant, le texte ici proposé.
Mon impression est teintée du brouillard humide dans lequel tu plonges le lecteur.
Sur sa faim, ce commentaire restera Evanescent.
Re: Sa forme est étrange
Il me semble que l'objectif poursuivi par ce texte n'est pas pleinement atteint. A mes yeux s'entend.
Tout d'abord parce que tu accordes un quasi statut de divinité à un champignon en lui offrant des majuscules qui induisent en erreur. Dieu, Satan? non, un champignon... Un peu morose le champignon, d'ailleurs, passant son temps à ressasser le passé de manière peu claire. J'aurais aimé que ses réflexions soient à la hauteur du pouvoir tueur que détiennent certains champignons: mordantes.
Tout d'abord parce que tu accordes un quasi statut de divinité à un champignon en lui offrant des majuscules qui induisent en erreur. Dieu, Satan? non, un champignon... Un peu morose le champignon, d'ailleurs, passant son temps à ressasser le passé de manière peu claire. J'aurais aimé que ses réflexions soient à la hauteur du pouvoir tueur que détiennent certains champignons: mordantes.
Sahkti- Nombre de messages : 31659
Age : 50
Localisation : Suisse et Belgique
Date d'inscription : 12/12/2005
Re: Sa forme est étrange
Moi, j'ai lu la dernière phrase assez vite et du coup j'ai d'abord compris que Il était l'enfant, puis j'ai repris et j'ai vu que c'était un champignon... Dommage... Finalement, je suis assez déçue par ce champignon^^
Lifewithwords- Nombre de messages : 785
Age : 32
Localisation : Hauts de Seine
Date d'inscription : 27/08/2007
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