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Canon Caraîbe : (la suite)... Le tarmac

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apoutsiak
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Message  le pilou Jeu 11 Sep 2008 - 19:07

Voilà la suite, c'est venu d'un coup d'un seul, j'a pas vu passer l'aprés-midi, ni venir le soir. J'ignore si il serait plus judicieux de mettre ce texte directement à la suite du précédent Post.
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Canon Caraîbe : (la suite)... Le tarmac Empty LE TARMAC

Message  le pilou Jeu 11 Sep 2008 - 19:20

LE TARMAC


Le type qui nous attend sur le tarmac se nomme Pablo. Pablo mon cul oui ! La veille il devait se faire appeler Pedro et je pense que dans toute sa carrière il aura usé l’intégralité des rimes en O. S’il vit suffisamment longtemps il pourra passer aux rimes en A. Les noms à consonance ibérique ça pulse pas mal, les noms à consonance ibérique ça sent la sueur de conquistador.

Ce qui est sûr par contre c’est que les filles de St Clara l’ont affublé du doux surnom de « Langue râpeuse ». J’ignore quelle particularité anatomique remarquable peut lui valoir ce titre envieux. Toujours est-il que notre compère Paolito joui de l’adorable réputation d’être un radin hors paire et un redoutable vecteur de gonocoque. Il aurait semble t-il déclaré la guerre bactériologique totale et sans rémission à l’intégralité du monde connu. Je le soupçonne d’œuvrer incognito pour la confédération des intégristes réunis.
En tout cas, lors de cette entrevue, et malgré la croix catholique que Publico arbore autour de son cou, il n’est pas tellement question de religion et encore moins de mœurs légères. D’ailleurs tant mieux, le simple fait d’évoquer le corps d’une femme en présence de Paolo suffirait à me convertir en jésuite caprinophile. Pépito dégage une odeur de curry, d’ail et disons le franchement…de crasse épaisse. Hidalgo a autant de sex-appeal qu’une hyène gangréneuse.
C’est le genre de mec dont on a inévitablement besoin à l’occasion mais à qui on souhaitera dire : « va te laver ou retourne voir tes amis à l’usine d’équarrissage ». Présentement j’ai besoin de lui, pour des choses simples et futiles comme dégoter un avion et son pilote afin de faire le trajet jusqu’au continent. Si possible un avion avec très peu de sparadrap sur les ailes et un pilote, qui, à défaut d’être sobre, supporte aussi bien l’alcool de banane que l’altitude. Un pilote qui s’est vu retirer sa licence officielle quoi !

Sodomito n’a pas de potes et deux dents en or. Je ne peux m’empêcher d’avoir un élan d’admiration pour le courageux dentiste qui plongea ses mains dans cette chose. Peut être ce fervent praticien avait-il été séduit par le côté téméraire de l’épreuve. Noble art que celui de l’odontologie qui redonne museau presque humain à n’importe quel lutteur simiesque.
Rectomito me tend une main tremblotante et humecte ses lèvres en matant Slignia. Le mec me rend service, je suppose qu’il s’imagine que cela lui confère des droits. Des droits comme se chopper le gourdin dés notre seconde rencontre, en convoitant sans gène le popotin de ma nana. J’avais initialement rencontré Sido dans un bar où il avait élu domicile depuis quelques heures. Il était déjà bien défoncé quand je me suis contraint à lui parler. A cinq minutes prés, les mauvais cocktails aidant, il aurait pu devenir méchant comme tous les dégénérés de son espèce.

-Son espèce ?
-Oui, celle des bricoleurs du crime. Les techniciens de surface du banditisme.


Enfin, et c’est une chance, j’ai du lui inspirer le respect, alors il est resté très sage durant tout notre entretien. Avec ce genre de bestioles, il suffit d’employer des mots simples mais précis et surtout d’avoir une chemise blanche. Bref si tu passes pour un patron, il reste à sa place prédéterminée, celle qui lui va le mieux, sa place de larbin. N’empêche que le larbin aime la tune. Il a eu l’impression de conclure l’affaire du siècle avec un nabab des narcos. Je n’ai pas cherché à le contredire, de toute façon ce service sera le dernier qu’il va rendre. J’ai remarqué deux choses, un précipice en bordure de la piste et surtout : Cullito parles beaucoup trop, il a la langue très râpeuse…

Le Beechraft blanc et or sommeille dans un hangar à l’ombre. C’est un bimoteur à hélices un peu ancien mais très fiable. Larbino va s’occuper des mondanités et nous présenter, Slignia et moi, à un pilote à la tronche carrée, aux épaules carrées, aux cuisses carrées, à la mentalité carrée. De par son accent, je devine sans peine que prospecter sur ses origines nous conduirait tout droit vers une de ces impossibles néo – contrées Est européennes. Ce genre d’endroit où un jour tu es communiste et trinques à la santé de Staline avec ton voisin, puis le lendemain ton voisin te mitraille parce que vous n’êtes plus communistes et que tu réside du mauvais côté de la vallée.

Je soupçonne mon magicien du manche à balais d’être un vétéran de l’Afghanistan. Je le soupçonne aussi et surtout d’être vaguement impliqué dans tout un tas de trafics plus ou moins nets. Je ne sais pas ce qui me met la puce à l’oreille, peut être le PPSh-41, peut être les billets qu’il compte par brassée. Plongé dans son activité gestionnaire, il ne s’interrompe pas lorsque nous pénétrons dans le baraquement en tôle. C’est d’un simple signe de la tête qu’il nous salut. Puis, il repose ses liasses, très calme, lâche un pet brutal et vide une cannette de soda tout en se frottant la barbe.

Bref, ce pilote à tout pour plaire et surtout il n’a pas envie de discuter. De ce fait les présentations suivent un protocole très simple. Puisqu’il apprécie de jouer au Monopoly, je lui tends un peu d’argent. Il calcul vite fait et me gratifie d’un sourire qui sera le seul et unique de toute notre rencontre. Galant il propose à Slignia de s’asseoir sur une caisse de lait concentré visiblement issue d’un détournement de matériel humanitaire. Slignia apprécie le geste. Il apprécie qu’elle apprécie le geste. J’apprécie qu’ils soient tous les deux satisfaits. Je montre au Slave que je trimbale avec moi la rue de la paix dans un sac en jute. Cent kilogrammes de Wallu Pappa locale qui le font beaucoup rire. Je crois qu’il est habitué à des cargaisons plus volumineuses. Contrairement à ce que j’imaginai, je ne promène donc pas avec moi la rue de la paix mais tout au plus la ruelle de la trêve.

Ma foi il faut bien un début pour obtenir une réserve de liquidité. Il s’agit de commencer par de raisonnables transactions avant de se forger un nom. Et puis, le transport de marchandises encombrantes n’a jamais été mon véritable hobbie. Ma vraie vocation, et il faudra bien que je vous raconte comment elle m’est venue, c’est les coffres, les sacs de grosses coupures, les maisons bourgeoises, les dîners mondains, les explosifs brisants et soufflants, les bijouteries et les coups de feu. Mais ici, en pleines terres aquatiques, sous le soleil caribéen il n’y a pas énormément de camions de la Blink. Alors, en explorateur honnête, je découvre le commerce coutumier et essaye de l’adapter à mes besoins.

Au fait, ces derniers temps ont été témoins de nombreux évènements. Vous savez, Slignia est très belle en meurtrière.

-Le petit rongeur ?
-Ça la beaucoup fait rire, contre toute attente de ma part. Mais pour elle, voir son père égorger un cabri sous un arbre ou tirer une balle cela ne fait pas une différence considérable.
-Le gros sanglier ?
-Elle a eu peur au début, c’était à la nuit tombée et l’animal était très en rogne. Puis elle visé, elle a appuyé sur la gâchette. Après avoir longuement couru, l’animal est tombé lourd sur son flanc. Ce fut ensuite un festin. Nous avions, pour l’occasion, utilisé une antique Remington. Vous voulez que je donne plus de détails ?


Elle avait une véritable allure de chasseresse divine. Il y a certainement quelque chose de génétique, son corps, ses jambes, ses bras semblaient faits pour cela. Très agile en terrain hostile, elle évoluait sans peine entre les branches et les grosses racines de fwomajé.
Vous savez, il est facile de reconnaître celui ou celle qui est adapté à ce genre d’épreuve. A la fin du parcours, c’est lui qui est le moins couvert de boue. Slignia avait su rester propre. Avec son madras pourpre négligemment noué sur la tête, elle suscitait en moi l’émergence de nouveaux sentiments. Je l’avais connu alors qu’elle venait de fêter ses seize ans et j’en été tombé immédiatement amoureux. Aujourd’hui, tandis qu’elle apprivoise la pénombre, tandis qu’elle se blotti dans mes bras, tandis que je remonte avec elle le fleuve, je ressens le goût de l’éternité.

-Bref c’est une chasseuse pas une meurtrière ?
-C’est là que vous vous trompez, tout est dans ces quelques secondes qui précèdent l’action, tout est dans le reflet cornéen, tout est dans ce mélange de décontraction et d’avidité, tout subsiste dans l’attente préalable.


Avec la carabine jetée sur l’épaule et la bête reposant à ses pieds, Slignia me toisait un peu crânement tandis que je me démenai avec les herbes grasses. J’avais d’énormes difficultés à grimper jusqu’au sommet de la petite colline. C’est là que le cochon sauvage avait choisi de fermer les yeux et Slignia flattait son groin avec le talon de sa botte. La silhouette de Slignia se découpait, sibylline dans le rouge du ciel, l’arme brillait faiblement sur son épaule.


Aujourd’hui sur le Tarmac, l’avion est prés pour un décollage et notre pilote - joueur de Monopoly nous conduit jusqu’à l’engin. Pour l’occasion il visse une casquette crasseuse de la Lufthansa sur sa tête. J’ignore où il s’est fourni un tel signe extérieur de noblesse aérienne mais le simple fait de la porter lui donne une autre allure, moins rustre. Il semble posséder une très haute estime, non de lui mais de sa fonction, c’est un capitaine avant tout, un officier clandestin.

Nous nous installons Slignia et moi, elle pose sa main sur ma cuisse, je caresse son poignet, le Slave nous adresse un clin d’œil. Il s’étonne de ne plus apercevoir Paolito sur la piste et me jette un regard interloqué. En effet, j’ai omis de vous le préciser, mais je suppose que vous l’aviez implicitement compris. Paolito et moi sommes allé faire une dernière promenade ensemble. Tout s’est passé très proprement, son dernier souffle fut probablement le plus hygiénique de tous. Il dort paisiblement, très en contrebas de la piste, dans une haie de piyong. Slignia me suivait non loin, mon geste fut très prompte et elle ne montra aucune émotion particulière.

La machine s’agite, le Beechraft élance ses moteurs enroués jusqu’à leur point de saturation. La piste est rouge et sèche, le ciel faiblement nuageux. Le climat tropical est l’ennemi des pistes de décollage improvisées, à cause de la pluie qui les ravine, les rend boueuses et donc inutilisables. De plus, la pluie favorise le développement de racines qui croissent très rapidement lors des moussons et déforment le nivelé du terrain. Notre piste est impeccable, ses bordures très nettes, elle doit donc servir couramment. Ainsi j’en déduis que nous nous apprêtons à décoller d’un aéroport commercial. Aéroport par lequel transitent toutes les marchandises faiblement taxées qui alimentent le plus pyramidal des commerces.

Dans un dernier choc, Slignia ressert son étreinte et nous nous arrachons, obliques. L’avion est lourdement chargé, de caisses, de boîtes qui bringuebalent un peu et l’île est derrière nous, la piste minuscule, la sépulture de Pablo majestueuse, l’océan grandiose, d’autres îles se dessinent peu à peu, microscopiques au loin. Slignia ouvre des yeux d’enfant, Slignia est une enfant émerveillée partagée entre l’effroi et une excitation de kermès.
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Message  apoutsiak Jeu 11 Sep 2008 - 19:57

.

Toujours une très bonne ambiance, on se croirait dans du Ambler qui a beaucoup plus d'humour. J'émets une réserve sur la déclinaison de tous les prénoms de Connardo, ça lasse un peu. D'ailleurs, je ne trouve pas son évocation aussi réussie que celle du pilote, en particulier :

Sodomito n’a pas de potes et deux dents en or. Je ne peux m’empêcher d’avoir un élan d’admiration pour le courageux dentiste qui plongea ses mains dans cette chose.

il a plus de deux dents en or ? aucune ?
quelle chose ?

Et puis, attention aux fautes en tout genre, tu les distribues par paquets, cette fois.

.
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Message  mentor Jeu 11 Sep 2008 - 20:25

kermès
:-)))

pas mal pas mal
oui, de l'excellentissime SAS
la suite ?

mentor

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Message  le pilou Jeu 11 Sep 2008 - 22:49

Le plus drôle mentor : Je n'ai jamais lu un SAS, je sais que cela existe, y a des jolies dames sur la couverture, mais te dire ce qu'il y a dedant ???

Apoustiak : judicieuse remarque sur les dents , il faudrait donc lire : "Sodomito n'a pas de potes c'est certain. Il faut dire que le garçon est peu avenant et puis sa dentition est effroyable, au milieu de chicots abjectes brillent deux dents en or. Je me demande sur quel cadavre il a pu les dérober, on dirait un roi et sa reine trônant sur une décharge à ciel ouvert. En soi cela est surprenant, une fois dans sa vie le bel Andalou aurait donc subit des soins dentaires. Je ne peux m'empêcherd’avoir un élan d’admiration pour le courageux dentiste qui plongea ses mains dans ce gouffre malodorant.
."


Aprés, en ce qui concernent les fautes, svp montrez moi lesquelles afin que je progresse, je suis si mauvais (et pourtant je me relis des dizaines de fois). Merci de votre compréhension.
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Message  le pilou Jeu 11 Sep 2008 - 22:54

Au fait mentor j'aime bien ce mot kermès, mais peut être dénote t-il un peu...
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Message  Invité Ven 12 Sep 2008 - 8:50

Pour moi, kermès, c'est une cochenille.
Suis de l'avis d'Apou, pour les déclinaisons de Pablo, trois ou quatre suffiraien largement.
Pour les fautes, j'ai repéré Paolito jouit
à qui on souhaiterait
dès notre seconde ...
à cinq minutes près
j'ai dû
Il ne s'interrompt
il nous salue
il calcule
j'imaginais
hobby
ça l'a fait beaucoup rire
qu'elle se blottit
je ne comprends pas l'utilisation de "subsiste" réside me semblerait plus approprié
je me démenais
l'avion est prêt
sommes allés
geste prompt
Slignia resserre
et je pense que l'agitation est de kermesse

L'ambiance est très présente, j'ai chaud en lisant, je vais me le garder pour l'hiver ! Merci le pilou , tu vas me faire économiser du fuel !

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Message  Invité Ven 12 Sep 2008 - 8:55

Quelle verve ! C'est nickel ! Juste cette epxression :
La silhouette de Slignia se découpait, sibylline dans le rouge du ciel
j'ai du mal avec la silhouette sybilline, en fait je flaire le contresens, mais je me trompe peut-être.
Ma phrase préférée dans le texte (et il y en a plein qui sont percutantes) :
Contrairement à ce que j’imaginai, je ne promène donc pas avec moi la rue de la paix mais tout au plus la ruelle de la trêve.
Pour ce qui est de l'orthographe, je veux bien essayer de trouver le temps de les relever.

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Message  Invité Ven 12 Sep 2008 - 10:09

Le type qui nous attend sur le tarmac se nomme Pablo. Pablo mon cul oui ! La veille il devait se faire appeler Pedro et je pense que dans toute sa carrière il aura usé l’intégralité des rimes en O. S’il vit suffisamment longtemps il pourra passer aux rimes en A. Les noms à consonance ibérique ça pulse pas mal, les noms à consonance ibérique ça sent la sueur de conquistador.

Ce qui est sûr par contre c’est que les filles de St Clara l’ont affublé du doux surnom de « Langue râpeuse ». J’ignore quelle particularité anatomique remarquable peut lui valoir ce titre envieux. Toujours est-il que notre compère Paolito jouit de l’adorable réputation d’être un radin hors pair et un redoutable vecteur de gonocoque. Il aurait semble t-il déclaré la guerre bactériologique totale et sans rémission à l’intégralité du monde connu. Je le soupçonne d’œuvrer incognito pour la confédération des intégristes réunis.
En tout cas, lors de cette entrevue, et malgré la croix catholique que Publico arbore autour de son cou, il n’est pas tellement question de religion et encore moins de mœurs légères. D’ailleurs tant mieux, le simple fait d’évoquer le corps d’une femme en présence de Paolo suffirait à me convertir en jésuite caprinophile. Pépito dégage une odeur de curry, d’ail et disons le franchement…de crasse épaisse. Hidalgo a autant de sex-appeal qu’une hyène gangréneuse.
C’est le genre de mec dont on a inévitablement besoin à l’occasion mais à qui on souhaitera dire : « va te laver ou retourne voir tes amis à l’usine d’équarrissage ». Présentement j’ai besoin de lui, pour des choses simples et futiles comme dégoter un avion et son pilote afin de faire le trajet jusqu’au continent. Si possible un avion avec très peu de sparadrap sur les ailes et un pilote, qui, à défaut d’être sobre, supporte aussi bien l’alcool de banane que l’altitude. Un pilote qui s’est vu retirer sa licence officielle quoi !

Sodomito n’a pas de potes et deux dents en or. Je ne peux m’empêcher d’avoir un élan d’admiration pour le courageux dentiste qui plongea ses mains dans cette chose. Peut être ce fervent praticien avait-il été séduit par le côté téméraire de l’épreuve. Noble art que celui de l’odontologie qui redonne museau presque humain à n’importe quel lutteur simiesque.
Rectomito me tend une main tremblotante et humecte ses lèvres en matant Slignia. Le mec me rend service, je suppose qu’il s’imagine que cela lui confère des droits. Des droits comme se choper le gourdin dès notre seconde rencontre, en convoitant sans gêne le popotin de ma nana. J’avais initialement rencontré Sido dans un bar où il avait élu domicile depuis quelques heures. Il était déjà bien défoncé quand je me suis contraint à lui parler. A cinq minutes près, les mauvais cocktails aidant, il aurait pu devenir méchant comme tous les dégénérés de son espèce.

-Son espèce ?
-Oui, celle des bricoleurs du crime. Les techniciens de surface du banditisme.

Enfin, et c’est une chance, j’ai du lui inspirer le respect, alors il est resté très sage durant tout notre entretien. Avec ce genre de bestioles, il suffit d’employer des mots simples mais précis et surtout d’avoir une chemise blanche. Bref si tu passes pour un patron, il reste à sa place prédéterminée, celle qui lui va le mieux, sa place de larbin. N’empêche que le larbin aime la tune. Il a eu l’impression de conclure l’affaire du siècle avec un nabab des narcos. Je n’ai pas cherché à le contredire, de toute façon ce service sera le dernier qu’il va rendre. J’ai remarqué deux choses, un précipice en bordure de la piste et surtout : Cullito parle beaucoup trop, il a la langue très râpeuse…

Le Beechraft blanc et or sommeille dans un hangar à l’ombre. C’est un bimoteur à hélices un peu ancien mais très fiable. Larbino va s’occuper des mondanités et nous présenter, Slignia et moi, à un pilote à la tronche carrée, aux épaules carrées, aux cuisses carrées, à la mentalité carrée. De par son accent, je devine sans peine que prospecter sur ses origines nous conduirait tout droit vers une de ces impossibles néo – contrées Est européennes. Ce genre d’endroit où un jour tu es communiste et trinques à la santé de Staline avec ton voisin, puis le lendemain ton voisin te mitraille parce que vous n’êtes plus communistes et que tu résides du mauvais côté de la vallée.

Je soupçonne mon magicien du manche à balais d’être un vétéran de l’Afghanistan. Je le soupçonne aussi et surtout d’être vaguement impliqué dans tout un tas de trafics plus ou moins nets. Je ne sais pas ce qui me met la puce à l’oreille, peut-être le PPSh-41, peut être les billets qu’il compte par brassées. Plongé dans son activité gestionnaire, il ne s’interrompt pas lorsque nous pénétrons dans le baraquement en tôle. C’est d’un simple signe de la tête qu’il nous salue. Puis, il repose ses liasses, très calme, lâche un pet brutal et vide une cannette de soda tout en se frottant la barbe.

Bref, ce pilote a tout pour plaire et surtout il n’a pas envie de discuter. De ce fait les présentations suivent un protocole très simple. Puisqu’il apprécie de jouer au Monopoly, je lui tends un peu d’argent. Il calcule vite fait et me gratifie d’un sourire qui sera le seul et unique de toute notre rencontre. Galant il propose à Slignia de s’asseoir sur une caisse de lait concentré visiblement issue d’un détournement de matériel humanitaire. Slignia apprécie le geste. Il apprécie qu’elle apprécie le geste. J’apprécie qu’ils soient tous les deux satisfaits. Je montre au Slave que je trimbale avec moi la rue de la paix dans un sac en jute. Cent kilogrammes de Wallu Pappa locale qui le font beaucoup rire. Je crois qu’il est habitué à des cargaisons plus volumineuses. Contrairement à ce que j’imaginais, je ne promène donc pas avec moi la rue de la paix mais tout au plus la ruelle de la trêve.

Ma foi il faut bien un début pour obtenir une réserve de liquidité. Il s’agit de commencer par de raisonnables transactions avant de se forger un nom. Et puis, le transport de marchandises encombrantes n’a jamais été mon véritable hobbie. Ma vraie vocation, et il faudra bien que je vous raconte comment elle m’est venue, c’est les coffres, les sacs de grosses coupures, les maisons bourgeoises, les dîners mondains, les explosifs brisants et soufflants, les bijouteries et les coups de feu. Mais ici, en pleines terres aquatiques, sous le soleil caraïbe il n’y a pas énormément de camions de la Blink. Alors, en explorateur honnête, je découvre le commerce coutumier et essaye de l’adapter à mes besoins.

Au fait, ces derniers temps ont été témoins de nombreux évènements. Vous savez, Slignia est très belle en meurtrière.

-Le petit rongeur ?
-Ça la beaucoup fait rire, contre toute attente de ma part. Mais pour elle, voir son père égorger un cabri sous un arbre ou tirer une balle cela ne fait pas une différence considérable.
-Le gros sanglier ?
-Elle a eu peur au début, c’était à la nuit tombée et l’animal était très en rogne. Puis elle visé, elle a appuyé sur la gâchette. Après avoir longuement couru, l’animal est tombé lourd sur son flanc. Ce fut ensuite un festin. Nous avions, pour l’occasion, utilisé une antique Remington. Vous voulez que je donne plus de détails ?

Elle avait une véritable allure de chasseresse divine. Il y a certainement quelque chose de génétique, son corps, ses jambes, ses bras semblaient faits pour cela. Très agile en terrain hostile, elle évoluait sans peine entre les branches et les grosses racines de fwomajé.
Vous savez, il est facile de reconnaître celui ou celle qui est adapté à ce genre d’épreuve. A la fin du parcours, c’est lui qui est le moins couvert de boue. Slignia avait su rester propre. Avec son madras pourpre négligemment noué sur la tête, elle suscitait en moi l’émergence de nouveaux sentiments. Je l’avais connu alors qu’elle venait de fêter ses seize ans et j’en été tombé immédiatement amoureux. Aujourd’hui, tandis qu’elle apprivoise la pénombre, tandis qu’elle se blottit dans mes bras, tandis que je remonte avec elle le fleuve, je ressens le goût de l’éternité.

-Bref c’est une chasseuse pas une meurtrière ?
-C’est là que vous vous trompez, tout est dans ces quelques secondes qui précèdent l’action, tout est dans le reflet cornéen, tout est dans ce mélange de décontraction et d’avidité, tout subsiste dans l’attente préalable.

Avec la carabine jetée sur l’épaule et la bête reposant à ses pieds, Slignia me toisait un peu crânement tandis que je me démenais avec les herbes grasses. J’avais d’énormes difficultés à grimper jusqu’au sommet de la petite colline. C’est là que le cochon sauvage avait choisi de fermer les yeux et Slignia flattait son groin avec le talon de sa botte. La silhouette de Slignia se découpait, sibylline dans le rouge du ciel, l’arme brillait faiblement sur son épaule.


Aujourd’hui sur le Tarmac, l’avion est prêt pour un décollage et notre pilote - joueur de Monopoly nous conduit jusqu’à l’engin. Pour l’occasion il visse une casquette crasseuse de la Lufthansa sur sa tête. J’ignore où il s’est fourni un tel signe extérieur de noblesse aérienne mais le simple fait de la porter lui donne une autre allure, moins rustre. Il semble posséder une très haute estime, non de lui mais de sa fonction, c’est un capitaine avant tout, un officier clandestin.

Nous nous installons Slignia et moi, elle pose sa main sur ma cuisse, je caresse son poignet, le Slave nous adresse un clin d’œil. Il s’étonne de ne plus apercevoir Paolito sur la piste et me jette un regard interloqué. En effet, j’ai omis de vous le préciser, mais je suppose que vous l’aviez implicitement compris. Paolito et moi sommes allés faire une dernière promenade ensemble. Tout s’est passé très proprement, son dernier souffle fut probablement le plus hygiénique de tous. Il dort paisiblement, très en contrebas de la piste, dans une haie de piyong. Slignia me suivait non loin, mon geste fut très prompt et elle ne montra aucune émotion particulière.

La machine s’agite, le Beechraft élance ses moteurs enroués jusqu’à leur point de saturation. La piste est rouge et sèche, le ciel faiblement nuageux. Le climat tropical est l’ennemi des pistes de décollage improvisées, à cause de la pluie qui les ravine, les rend boueuses et donc inutilisables. De plus, la pluie favorise le développement de racines qui croissent très rapidement lors des moussons et déforment le nivelé du terrain. Notre piste est impeccable, ses bordures très nettes, elle doit donc servir couramment. Ainsi j’en déduis que nous nous apprêtons à décoller d’un aéroport commercial. Aéroport par lequel transitent toutes les marchandises faiblement taxées qui alimentent le plus pyramidal des commerces.

Dans un dernier choc, Slignia ressert son étreinte et nous nous arrachons, obliques. L’avion est lourdement chargé, de caisses, de boîtes qui bringuebalent un peu et l’île est derrière nous, la piste minuscule, la sépulture de Pablo majestueuse, l’océan grandiose, d’autres îles se dessinent peu à peu, microscopiques au loin. Slignia ouvre des yeux d’enfant, Slignia est une enfant émerveillée partagée entre l’effroi et une excitation de kermesse.
Voici donc ce que j'ai pu relever. Un doute sur "caraïbe" mais les dicos ne disent rien d'autre.
.

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Message  Lucy Ven 12 Sep 2008 - 10:58

Même sentiment qu'Apou et Coline quant à la déclinaison des prénoms.

La suite est bien torchée, on plonge facilement dans l'histoire.

Bon courage pour la suite de cette suite !
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Message  mentor Ven 12 Sep 2008 - 21:11

le pilou a écrit:Au fait mentor j'aime bien ce mot kermès, mais peut être dénote t-il un peu...
il dénote ? :-))))
je l'ai souligné tout simplement parce que jamais de ma vie je n'aurais pu imaginer qu'on puisse l'écrire comme ça !
pas plus ;-)

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Message  mentor Ven 12 Sep 2008 - 21:16

Island a écrit:Voici donc ce que j'ai pu relever. Un doute sur "caraïbe" mais les dicos ne disent rien d'autre.
.
Peut-être ce fervent praticien
j'ai dû lui inspirer le respect

d'autres ?
des volontaires pour la correction ?
:-))

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Message  le pilou Ven 12 Sep 2008 - 22:33

Merci merci, aprés l'ortographe attaquons nous au fond.

:-)))))
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Message  Sahkti Ven 19 Sep 2008 - 9:37

Toujours un rythme trépidant et beaucoup d'action.
Comme ça, dans un morceau pas très long, on pourrait dire que ça donne du pep's, mais compilé dans un format plus grand, je crois que ça me fatiguerait :-)
Tu réussis en tout cas à créer un chouette univers, c'est très visuel et tes personnages sont parlants. Me manque simplement des aérations, des digressions, une manière différente de faire parler l'histoire dans l'histoire afin d'adoucir un peu tout cela, mais sinon, c'est une écriture plutôt maîtrisée que tu proposes là.
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Message  pierre-henri Ven 19 Sep 2008 - 16:56

J'aime bien tes relances dialoguées.
J'aime bien l'ambiance.
Mais y'a quand même un truc qui me chiffonne: ça sent le récit d'aventure, s'pas ? Et, comment dire, dans ce genre-là, l'atmosphère n'est pas tout, le style non plus, il faut, comment dire, de l'étonnement, peut-être ?
Et je me demande si ça n'en manque pas un chouya.



Ce qui est sûr par contre c’est que les filles
Je ne vois pas l'intérêt du "par contre".
me "convertir en jésuite": mal formulé, me semble-t-il
(qques fautes "s" qui manquent, par exemple à la deuxième personne, mais je crois que ça a déjà été repéré)


Avec la carabine jetée sur l’épaule (...) , sibylline (bof) dans le rouge du ciel, l’arme brillait faiblement sur son épaule. (Paule...)


très prompte (euh ?)
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Message  le pilou Dim 21 Sep 2008 - 2:28

Mon cher Pierre Henri, bonjour.
Je m'excuse mais je n'ai pas compris tous tes commentaires (qui par ailleurs sont trés instructifs) : pourquoi
Paule ?
trés Prompte (euh ?).
Bon personne n'aime
sibylline
et bien j'adore (tiens je vais le glisser lors de ma prochaine réunion d'équipe)....

A bientôt et merci
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Message  le pilou Dim 21 Sep 2008 - 2:30

Ah ok ok épaule épaule paule
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